Il n'avait pas besoin de bouger, de se déplacer. Son $ déplaçait et bougeait les êtres comme l'$ bouge le monde et la Terre.
Légalement, il ne pouvait rien faire. Sa femme demandait le divorce. Invoquerait toutes sortes de situations - qu'elle avait déjà évoquée durement lors de ses appels téléphoniques - avec un bon avocat - payé par son $ - il perdrait.
Elle gagnerait.
Il perdrait.
Ses avocats trouveraient bien le moyen de le faire passer pour un chien fini devant le juge.
Elle garderait la maison. En plus d'une bonne pension alimentaire.
Rien de tout ceci ne le ruinerait.
Elle demanderait probablement la moitié du patrimoine familial sous prétexte qu'elle avait quitté son emploi d'infirmière pour l'aider dans sa profession. Elle avait fait des enfants, au moins 1, et la vaisselle et le ménage pendant qu'il faisait des millions.
Mais il n'allait pas la laisser gagner si facilement. Elle le gagnerait son $.
Il s'était battu pour l'avoir. Elle se battrait à son tour ou perdrait.
En fait, légalement, elle finirait par gagner, mais il pouvait faire durer cette affaire des années.
Elle aurait sa pension. Mais il ne partagerait pas son $. Personne sauf lui - et son banquierr spécialiste du patrimoine plus que lui - savait quelle était sa richesse nette.
Et il y en avait un peu partout sur la planète dans différentes iles exotiques où il avait des bureaux oun coffre postal.
La guerre commencerait le lundi suivant.
Lundi matin.
Une équipe avait demandé la semaine précédente un permis de rénovation à la ville qui avait été accordé.
L'entrepreneur en construction/rénovation/destruction arriva le lundi dès 6 heures du matin pour commencer les travaux.
En faisant beaucoup de bruit. Comme il est coutume sur un chantier.
Et on faisait du bruit jusqu'à ce que l'on parte vers 10 h. du soir.
Les ouvriers entraient et sortaient de la maison. Toujours polis mais occupés et bruyants.
Sur la table de sa cuisine, il y avait les plans de sa futures maison. Elle n'avait jamais rien demandé étant satisfaite de celle-ci. Mais qu'est-ce qui prenait à son mari de vouloir si subitement améliorer son environnement.
Pourtant, elle aurait cru le contraire. Avec tout ce qu'elle avait dit - elle ne se souvenait plus trop - elle était dans un état - second - il aurait dû lui en vouloir. Peut-être l'avait-elle mal jugé. Elle regretta les paroles dont elle ne se souvenait pas. Il ne méritait vraiment pas une femme comme elle.
Elle était défectueuse.
Avait 50 ans.
Il méritait mieux.
Comme d'habitude, comme bien des femmes, elle était incapable de se concentrer longtemps sur un sujet. C'était son cerveau. Parfois, il la regardait d'un air apitoyé. D'un air de pitié.
Pourtant, elle avait été très jolie lorsqu'elle avait été jeune.
Pourtant, à ce moment, il avait l'air très heureux d'être vu en sa compagnie. Il était fier d'être avec elle. Comme il avait été fier lorsqu'il vu sa fille. Lorsqu'il était avec sa grande (pas tant que ça) fille.
Elle s'endormit. Autant de fatigue. Quoiqu'elle ne faisait rien. Ou parce que le sang quittait sa tête pour tomber dans ses jambes.
Elle était défectueuse.
Elle s'endormit.
Se réveilla après avoir rêvé qu'il lui en voulait et était devenu fou.
Elle pensa que les derniers événements l'avaient rendu fou.
Finalement, il était un homme comme un autre que le malheur des autres ne laissent pas indifférent.
Mais qu'est-ce qu'une épouse fait quand son époux devient subitement fou?
Jusqu'au dernier moment, jamais un instant, elle ne comprit ce qui se passait vraiment.
Il y avait dehors le grand panneau avec le grand dessin où on montrait la maison modèle du futur. Ce que cette maison serait lorsque les travaux seraient complétés.
On enleva le recouvrement de tuiles de béton du toit.
Et on ouvrit le toit.
On enleva les fenêtres.
Et le gazon et les pavés de béton de l'entrée d'auto.
Il y avait maitenant une étrange maison en construction ou déconstruction. Les chevrons du toit à l'air, comme le squelette d'un grosse bête.
Et les larges trous sans vitre des fenêtres.
Et la pluie se mit à tomber.
Partout.
La maison, sans toit ni fenêtre laissait entrer l'eau de partout. Il pleuvait donc autant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Et pendant des jours, il mouilla sans fin.
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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