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Monsieur Hitler qui voulait s'avancer dans son travail - ce genre d'ambition ne l'ayant pas touché depuis fort longtemps - lisait ses notes en faisant quelques croquis.
_ Tu crois que c'est vraiment le moment ?
Bonne question. Monsieur Kafka avait bien des raisons et tout à fait valables de s'inquiéter. Et il trouvait encore plus inquiétant - ce qui était un autre sujet tout à fait légitime de s'inquiéter- l'espèce de nonchalante insouciante avec laquelle son associé prenait les choses.
La secrétaire partageait son avis. Mais étant une femme, le fait d'être perpétuellement inquiète n'avait rien de nouveau.
Car tout allait mal.
On se rappellera qu'ils étaient monté dans la boite du camion pour se cacher, n'ayant aucun autre endroit où aller. Là, ils avaient découvert une jeune prisonnière ficelée et baillonnée qu'on amenait on ne sait où. Avec eux.
Ils avaient pensé sauter du camion à la première occasion. Mais comment sauter avec la prisonnière sans tous se tuer ? Ils ne pouvaient pas décemment l'abandonner. Même si cette idée passa dans la tête de l'un d'entre eux qui osa même l'exprimer à voix haute, le cri strident de protestation de la secrétaire l'en dissuada aussitôt. Elle aurait pu attirer l'attention de l'un des passagers du camion. Heureusement, le moteur du camion était bruyant. Les pneus sur la route faisaient du bruit. Tout grondait dans leur grosse machine roulante.
Au lieu de s'améliorer leur situation se complexifiait. Tout n'était pas désespéré, certes, pas encore, mais qui sait de quoi sera fait l'avenir. Si le pire n'est pas toujours sûr, il lui arrive d'arriver.
Parfois.
Et le camion allait vite. Ils attendraient la prochaine courbe qui le forcerait à ralentir. L'un des homme porterait la prisonnière dans ses bras au moment du saut. Il se jetterait dans le vide et s'il y a un Dieu dans le ciel. Un Dieu compatissant, Bon et Généreux.
Mais l'asphalte ou la terre battue des routes non asphaltée avait l'air fort dure.
Ils décidèrent de faire de la théologie plus tard.
Il y avait de l'herbe dans les bas côtés de la route.
C'était tentant.
Petit paysage routier qui avait l'air plus confortable. Mais peu rassurant. Si on l'observait mieux. À cette vitesse, ils pouvaient se casser quelque chose.
Monsieur Kafka se souvenait avoir vu au cinéma des films de Mack Sennett où on se poursuivait et tombait beaucoup. C'était très drôle. Il y avait tant de façon de tomber. Peut-être était-il possible de tomber sans mourir ou finir handicapé ?
Mais, ici, du haut de la boite du camion, ce n'était pas aussi amusant que dans la salle de spectacle.
L'autre idée qui leur vint à l'esprit était d'attendre que le camion s'arrête pour faire le plein. Ils en profiteraient pour s'enfuir. Il y avait toujours le risque d'être repéré par un des 3 passagers de l'avant du camion.
Mais ils devraient expliquer aux témoins éventuels la présence de leur prisonnière. Ce qui ne sera pas facile.
Malheureusement, la camion continuait à aller lentement mais bien trop vite et bien trop longtemps. On avait probablement rempli le réservoir d'essence avant de partir. On essaya de calculer combien de temps et de kilomètres, il faudrait pour vider le réservoir. Mais aucun d'entre eux ne s'y connaissait assez en matière de mécanique pour avoir une réponse sûre qui leur permettrait de mettre leur vie en jeu.
Toujours le camion avançait.
Ils étaient encore là.
Le réservoir d'essence ne donnait aucune impression de se vider. Et le moteur fonctionnait tout à fait normalement.
Après mûres réflexions, on abandonna l'idée stupide de sauter. La secrétaire ne sauterait pas. Elle refusait même d'avancer vers le rideau fermé du camion de peur qu'on ne la pousse. Ce qu'aucun des 2 autres n'auraient fait. Mais cette idée s'était mise dans son cerveau et ne voulait plus en sortir. Et il y avait l'otage. Au début, elle avait l'air petite et légère mais plus le temps passait plus elle avait l'air de s'alourdir.
Où que le camion aille, ils iraient.
Ils n'avaient aucunement l'intention d'accompagner les 3 bandits jusqu'au bout mais par peur de se faire mal, ils risquaient de plus grands maux encore. Que leur ferait ces 3 crapules lorsqu'ils découvriraient leur présence. Et comment ne les trouveraient-ils pas lorsqu'ils se donnerait seulement la peine d'ouvrir la toile du camion pour en sortir les caisses et leur malheureuse prisonnière.
Le paysage changeait au fur et à mesure de leur longue route.
Ils traversèrent un grand bois de chênes. De grands arbres aux troncs larges et hauts comme les plus grands mats de voiliers. Quel âge avaient-ils ? Ils étaient déjà immenses bien avant leur naissance. Et seraient encore là à leur mort pour des générations d'humains encore.
C'est au centre de ces forêts anciennes que l'on installait les dalles de pierres qui faisaient autel afin qu'on sacrifie de jeunes victimes aux dieux anciens. Toujours assoiffés de sang et de combat.
Le temps était passé. Il n'en restait aucune trace. Mais un historien qui serait passé là aurait pu remarquer des détails discrets rappelant certains secrets.
Ils regardaient leurs montres.
Trop de temps s'était passé. Ils étaient en campagne après avoir traversé la forêt. La ville était loin, trop loin. La route de terre coupait une sorte de désert d'herbes rares et sèches. Il était trop tard pour sauter, car ils n'avaient plus d'endroit où se cacher. On les verrait peut-être et on se mettrait à leur poursuite.
Il fallait attendre.
Monsieur Kafka qui était le plus pessimiste des 3, recommença à penser à la mort comme à son habitude. Ce qui était déprimant pour tous ceux qui l'écoutaient.
Monsieur Hitler qui commençait maintenant à croire qu'un grand destin lui était destiné - et que, logiquement, il n'allait pas mourir ni finir handicapé - continuait à essayer d'illustrer sa crème de beauté.
Il aurait bien aimé continuer les aventures périlleuses d'Henry Dickson, il avait tout le temps pour ça - à partir du moment où on cesse de penser à la mort ou qu'on vous conduit comme des brebies innocentes vers l'abattoir, il y avait bien du temps du penser. Mais Henry Dickson, le gentleman détective attendrait son tour car son scénariste, monsieur Kafka était plongé dans de sombres pensées et bien incapable de lui fournir la suite de ces aventures.
La jeune femme ligotée restait là dans une sorte de coma. Respirant encore mais peu.
Tandis que la secrétaire avait redécouvert les vertus de la prière.
Ce qui était bien le moment.
*
État 1. 30 oct. 2013
L'autre idée qui leur vint à l'esprit était d'attendre que le camion s'arrête pour faire le plein. Ils en profiteraient pour s'enfuir. Il y avait toujours le risque d'être repéré par un des 3 passagers de l'avant du camion.
Mais ils devraient expliquer aux témoins éventuels la présence de leur prisonnière. Ce qui ne sera pas facile.
Malheureusement, la camion continuait à aller lentement mais bien trop vite et bien trop longtemps. On avait probablement rempli le réservoir d'essence avant de partir. On essaya de calculer combien de temps et de kilomètres, il faudrait pour vider le réservoir. Mais aucun d'entre eux ne s'y connaissait assez en matière de mécanique pour avoir une réponse sûre qui leur permettrait de mettre leur vie en jeu.
Toujours le camion avançait.
Ils étaient encore là.
Le réservoir d'essence ne donnait aucune impression de se vider. Et le moteur fonctionnait tout à fait normalement.
Après mûres réflexions, on abandonna l'idée stupide de sauter. La secrétaire ne sauterait pas. Elle refusait même d'avancer vers le rideau fermé du camion de peur qu'on ne la pousse. Ce qu'aucun des 2 autres n'auraient fait. Mais cette idée s'était mise dans son cerveau et ne voulait plus en sortir. Et il y avait l'otage. Au début, elle avait l'air petite et légère mais plus le temps passait plus elle avait l'air de s'alourdir.
Où que le camion aille, ils iraient.
Ils n'avaient aucunement l'intention d'accompagner les 3 bandits jusqu'au bout mais par peur de se faire mal, ils risquaient de plus grands maux encore. Que leur ferait ces 3 crapules lorsqu'ils découvriraient leur présence. Et comment ne les trouveraient-ils pas lorsqu'ils se donnerait seulement la peine d'ouvrir la toile du camion pour en sortir les caisses et leur malheureuse prisonnière.
Le paysage changeait au fur et à mesure de leur longue route.
Ils traversèrent un grand bois de chênes. De grands arbres aux troncs larges et hauts comme les plus grands mats de voiliers. Quel âge avaient-ils ? Ils étaient déjà immenses bien avant leur naissance. Et seraient encore là à leur mort pour des générations d'humains encore.
C'est au centre de ces forêts anciennes que l'on installait les dalles de pierres qui faisaient autel afin qu'on sacrifie de jeunes victimes aux dieux anciens. Toujours assoiffés de sang et de combat.
Le temps était passé. Il n'en restait aucune trace. Mais un historien qui serait passé là aurait pu remarquer des détails discrets rappelant certains secrets.
Ils regardaient leurs montres.
Trop de temps s'était passé. Ils étaient en campagne après avoir traversé la forêt. La ville était loin, trop loin. La route de terre coupait une sorte de désert d'herbes rares et sèches. Il était trop tard pour sauter, car ils n'avaient plus d'endroit où se cacher. On les verrait peut-être et on se mettrait à leur poursuite.
Il fallait attendre.
Monsieur Kafka qui était le plus pessimiste des 3, recommença à penser à la mort comme à son habitude. Ce qui était déprimant pour tous ceux qui l'écoutaient.
Monsieur Hitler qui commençait maintenant à croire qu'un grand destin lui était destiné - et que, logiquement, il n'allait pas mourir ni finir handicapé - continuait à essayer d'illustrer sa crème de beauté.
Il aurait bien aimé continuer les aventures périlleuses d'Henry Dickson, il avait tout le temps pour ça - à partir du moment où on cesse de penser à la mort ou qu'on vous conduit comme des brebies innocentes vers l'abattoir, il y avait bien du temps du penser. Mais Henry Dickson, le gentleman détective attendrait son tour car son scénariste, monsieur Kafka était plongé dans de sombres pensées et bien incapable de lui fournir la suite de ces aventures.
La jeune femme ligotée restait là dans une sorte de coma. Respirant encore mais peu.
Tandis que la secrétaire avait redécouvert les vertus de la prière.
Ce qui était bien le moment.
*
État 1. 30 oct. 2013