Ils étaient piégés.
Faits comme des rats.
Il y avait encore 1 étage au-dessus de leur tête. Mais ils ne pourraient aller plus loin. Si ces gens venaient pour l'arme oubliée, ils ne monteraient jamais jusqu'ici. Mais sait-on jamais ? Ici, là où il y avait l'ancien poste d'observatoire du détective.
Aller encore plus haut? Là, où il ne leur resterait plus qu'à se battre jusqu'au sang.
C'est ce qu'aurait fait leur héros.
Mais monsieur Adolf Hitler ne s'était jamais battu. Il était un homme pacifique. Et son ami, monsieur Franz Kafka, malgré qui'il fusse Juif, race particulièrement agressive, connue pour sa pugnacité, était aussi inoffensif que son ami. Quand à la secrétaire qui l'accompagnait, incapable de se défendre elle-même, à cause des faiblesses de son sexe, elle regardait les 2 hommes qui l'accompagnaient, qui seuls auraient pu la défendre et qui n'en avait aucune envie, et soupira de découragement.
Il fallait penser vite.
Monsieur Hitler prit sur lui de décider la suite des chose. Dans le genre: qui m'aime me suive! Ralliez-vous à mon panache blanc! Et toutes ces sortes de choses.
_ Mais on n'aura jamais le temps d'atteindre la porte d'entrée ?
_ Ils ne savent pas qu'on est ici.
_ Pour le moment.
_ Ce sont des animaux, ils sentiront notre odeur.
_ Vous croyez vraiment?
_ Ce qui les intéresse est en haut. Il faut descendre plus bas. Peut-être pas jusqu'à l'entrée. Du moins, pour une première étage. On se cache dans une pièce et on les laisse passer. Quoiqu'on ait pu faire, on a du laisser des traces de notre passage. Une fois sur place, ils les verront. Et se mettront à notre recherche. Vers le haut. Ils ne penseront pas qu'on est descendu.
- Du moins, pour un moment.
La chance étant avec eux. Ce qui arrive parfois. Mais pas pour ce malheureux détective qui avait peut-être mérité son sort. Mais ceci, on ne le saura jamais. Puisque désormais, il ne fait plus parti de notre histoire. Il a été une étape qui nous a permis d'aller en avant. Il fait parti du passé. Il ne nous servira plus aussi on l'oublie dès ce moment.
Ils entendaient toujours du bruit. Et des voix. Se croyant seuls dans une maison vide, les étrangers indésirables ne se gênaient pas pour parler sans nécessité. Et les bruits et les voix venaient toujours d'en bas, de très bas. Ils avaient beau descendre avec toutes les précautions possibles (mais sans traîner) dans l'escalier branlant; la position des bruits et des voix ne changeaient pas.
C'était probablement au sous-sol comme on l'avait déduit dès le début. Ils faisaient quelque chose. Ils étaient venus pour faire quelque chose. Et ceci se passait au sous-sol.
Impossible de savoir quoi.
Ce qui était, pour le moment, tout à fait secondaire. Sauf pour la secrétaire qui, comme toutes les femmes, étaient démangées par le démon inférieur de la curiosité maladive qui a tant perdu des créatures de leur sexe. Il n'y a qu'à penser aux femmes de Barbe Bleue, quelle idée d'aller fouiner dans le seul recoin où il est interdit d'aller. En toute confiance, le maître de la maison vous a remis les clés. Il s'agit d'une preuve de confiance. Mais aussi d'une épreuve. Comme, jadis, Dieu, lui-même, a fait usage envers leur mère à toutes. Et qui a échouée. Comme toutes les autres. Et la femme de Barbe Bleue ouvre la chambre secrète, fait une terrible découverte. À son retour, son époux voit à son air qu'elle est bien allé dans la chambre interdite. Même si les femmes sont profondément hypocrite et indigne de confiance, elle n'a pu parvenir à se composer un air innocent qui aurait convenu dans la situation. Et la voilà prise à son jeu. Pauvre, pauvre femme. Quand enfin comprendrez-vous?
Mais l'important était qu'ils continuent à faire ce quelque chose, peu importe quoi. Tant qu'ils n'en auraient pas fini, ils ne penseraient pas à aller plus haut. Si aucun n'en profitait pour désobéir - qui l'aurait dénoncé ? - c'est qu'ils avaient un maître sévère qui les avait bien dressé. Et aucun, même en son absence, même s'il ne l'aurait jamais su, ne pensait désobéir. Quel terrible maître peut inspirer autant de crainte à des hommes que, d'habitude, rien n'effraient?
Plus ils descendaient et se rapprochaient du sous-sol, plus les bruits devenaient plus clairs. Ces hommes faisaient des efforts. Déplaçaient ou soulevaient des choses. Des objets lourds, pesants, encombrants. Ils allaient lentement. Comme les marins et les manoeuvres des ports, ils se donnaient un élan en faisant un son qui ressemblait à un long cri.
Nos 2 amis (la femme ne compte pas) avaient atteint le rez-de-chaussée où se trouvait la porte d'entrée par où ils étaient entré dans la demeure et par où ils allaient sortir. En toute logique.
Malheureusement, la porte, même crochetée refusait de s'ouvrir. Peut-être l'homme qui les avait amené ici et avait ouvert illégalement la serrure avait brisé quelque chose à l'intérieur?
Peut-être qu'ils auraient pu sortir quand même en faisant plus d'effort? En tirant violamment. En poussant énergiquement.
Mais ils auraient fait du bruit.
Et les gens qui étaient entré étaient en ce moment en bas. Sous leurs pieds. En un instant, ils seraient ici.
Quelques marches à monter.
Et même s'ils ouvraient enfin la porte, ils se seraient trouvés dans la rue. À devoir courir. Et se mettre à l'abris.
Où ?
En face, était l'immeuble remplie d'individus louches et hors-la-loi.
Il imaginait déjà tous ces gens les poursuivant où qu'ils aillent.
Courir ?
Monsieur Kafka faisait de l'asthme.
Courir ?
L'asthme est une maladie des poumons et du système respiratoire touchant les voies aériennes
inférieures et les bronchioles.
La définition la plus simple serait une gêne
respiratoire à l'expiration.
Ou une difficulté à respirer qui empêche le sujet
atteint de respirer normalement et facilement comme on a coutume généralement
de le faire.
Et qui rend de ce fait, par conséquence, tout effort difficile.
La maladie aurait 3 mécanismes caractéristiques : Une inflammation
avec œdème de l'épithélium bronchique. Une bronchoconstriction par
bronchospasmes. Une hyperactivité bronchique se manifestant par une sécrétion
accrue de mucus.
Une des variantes est l’asthme d'effort qui se manifeste par
crise survenant pendant un effort physique. Comme courir dans un escalier et
une rue, poursuivi par des étrangers menaçants.
Homère, dans L’Illiade, au chant XV, «Réveil et colère de
Zeus» employa pour la première fois le mot pour désigner la
suffocation atroce dont souffrit Hector étendu dans la plaine.
« Dans la plaine, il voit Hector étendu dans la plaine. Il
est la proie d'une suffocation atroce, il crache du sang »
«Tes forces semblent épuisées ; tu as peine à respirer:
quelle douleur a abattu ton intrépide courage ?»
Dans Wikipedia et le Traité de l’Asthme de Sir John Floyer,
publié en 1698, on en dit des choses intéressantes.
Ce qui fait qu'à l'idée de courir aussi longtemps, monsieur Kafka eut un mouvement de recul. Et ces promenades dans les escaliers l'avaient déjà mis à mal.
Quant à la secrétaire qui portait des petites chaussures à talons, il était hors de question qu'elle coure où que ce soit.
*
29 oct. 2013. État 1