La cliente leur appris aussi qu'elle revenait du rendez-vous que lui avait imposé lors de leur dernière rencontre, le patron de l'agence en tel lieu, tel jour à telle heure. Là il devait lui apprendre des choses nouvelles. Mais il n'était pas venu. Le second endroit où elle était allé était donc ici, au bureau, où avait eu lieu leur première rencontre. Si la patron qui s'occupait de son affaire n'était pas là, elle était néanmoins heureuse - pauvre femme - de rencontrer du personnel sérieux et capable.
Cette femme ennuyait les 2 artistes et ralentissait la progression de leurs oeuvres. Ils n'avaient eu que le temps de cacher leur petit matériel avant son arrivée, craignant que ce soit le patron bourru.
Aucun des 2 n'ayant jamais pensé être détective. Chacun ayant par devers soi d'amples raisons de se méfier ou de craindre la police ou tout ce qui y ressemblait. Monsieur Hitler pour avoir fait quelques faux tableaux du temps de sa période folklorique - il faut qu'un artiste ait eu des malheurs dans sa jeunesse afin que son triomphe tardif (on espère qu'il n'attendra pas trop) soit encore plus éclatant par contraste. Après tout, même Michel Ange avait fait des faux avant qu'il ne devienne aussi célèbre que mort. Il avait sculpté des antiques genre Romain et les avait enterré dans son jardin afin qu'un mécène les déterre et les découvre et s'émerveille. Pour donner un air de vieux, il avait sablé le marbre pour lui donner une texture lisse et savonneuse presque comme du verre. Et avait pissé dessus pour le faire jaunir. Le cardinal amateur d'art fut ravit et récompensa généreusement le jeune archéologue. Il avait eu la chance de découvrir une oeuvre d'art en bêchant son jardin. Après tout Rome était remplie d'oeuvres enterrées et il suffisait de se pencher.
Tandis que monsieur Kakfa avait dans un moment de faiblesse défié l'autorité en protestant contre un vague projet de loi quelconque. Il était jeune et avait manifesté devant la mairie avec une pancarte incendiaire écrite à la main. Et depuis ce temps, il était terrorisé par son audace tenant pour acquis qu'en tout temps la police pouvait débarquer ici et l'emporter dieu sait où pour lui faire subir toutes sortes de supplices.
Nos 2 imbéciles avaient tout de même suffisamment de jugement pour se tenir loin de la loi et du crime.
Mais la cliente était suffisamment éprouvée pour par ses larmes émouvoir le coeur le plus endurci.
Et la secrétaire qui était devenue complice et compatissante d'une femme de son espèce éprouvée par le malheur les poussait à faire quelque chose.
Et, sans qu'ils en aient la moindre envie, les voilà tous les 3 accompagnant la pauvre femme vers son rendez-vous manqué.
Une question taraudait la secrétaire: qu'était-il devenu de son patron ? Il y avait longtemps qu'elle ne l'avait vu et la découverte de sa vie secrète l'inquiétait. Dans quel bourbier s'était-il mit les pieds ?
Si cette pauvre femme avait su la vérité jamais elle ne serait sorti de son bureau confortable où elle ne remettra plus jamais les pieds. Ni aucun de nos héros intempestifs.
Le sort s'acharnera sur eux.
Comme le sort s'était déjà acharné sur le gros détective, le patron de la secrétaire. Car il était mort.
Ceci il ne le savait pas encore.
Mais ils le découvrirait bientôt.
Et il y aurait pire encore.
Fusse ce jour ne jamais avoir existé où ces 3 êtres se sont retrouvés ensemble dans le même bureau.
La fatalité s'acharnera sur eux.
Mais ce sera la semaine prochaine.
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27 oct. 2013. État 1
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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