Monsieur Dickson comme bien des gens n’aimaient pas être insulté. Il lui était arrivé de l’être. On l’avait même humilié quelque fois. Le genre de chose qu’un supérieur ou quelqu’un qui se pense tel ou ainsi. Qui se croit plus fort. Qui n’a jamais pensé qu’on se vengerait.
On l’avait même blessé. Dans son esprit et son corps.
La douleur devenait un phénomène extérieur arrivé à un certain stade. On pouvait l’analyser, la comparer, l’étudier.
À ce moment, monsieur Dickson était plus jeune.
Lorsqu’il eut beaucoup vieilli ce genre de chose n’était plus jamais arrivé.
Il y avait ici et là quelques cadavres d’ennemis pourrissant ou déjà pourri de ceux qui avaient essayé encore. Et s’il avait oublié le passé. Il lui était arrivé de rencontrer par hasard quelques-uns de ses ennemis du passé. Comme si un dieu souriant avait amené ses adeptes et ses proies au lieu de leur abattage.
Et à ce moment, il n’avait eu aucune pitié.
Dès que cette femme eut fermé la porte de sa maison, il effaça son numéro de son téléphone et le transforma en spam. Ses appels seraient dorénavant bloqués.
Il se dit qu’il la reverrait peut-être dans sa prochaine réincarnation mais pas dans celle-ci.
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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