Des employés de la voirie qui nettoyaient les fossés des routes des jongs et des hautes nerbes avant l’hiver de façon à faciliter l’écoulement des eaux trouvèrent le petit corps.
Depuis le temps qu’on cherchait une fillette, qu’on parlait de récompense dans les journaux et à la radio, lorsqu’on vit le petit corps, on pensa à cette fillette-là.
La police arriva rapidement.
Elle était encore reconnaissable. On ne savait pas depuis combien de temps elle était morte. L’autopsie le dirait.
Elle ne puait pas encore.
On avait des photos et c’était bien elle.
Tout à fait ressemblante. Même nue.
Lors de l’autopsie, avec ce petit corps nu, on découvrit tant d’autres indices.
Tout ce qui avait tant manqué, tant désespéré. Avec profusion.
Du sperme dans sa bouche, son vagin et son anus. Sur son corps.
Et l’ADN d’une personne.
Des fragments de peau sur et sous ses ongles des doigts de ses mains et de ses orteils.
Car elle s’était défendue autant qu’elle avait pu.
Et il y avait du sang sous ses ongles.
Avec l’ADN et les chromosomes d’une personne.
La même
Et des empreintes digitales sur ses verres de contact comme si des doigts avaient pesé sur ses yeux.
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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