Elle avait fait une erreur.
Une de plus comme aurait dit son mari.
Depuis des jours, depuis le premier jour de cette horrible tragédie, elle s’empiffrait de pilules pour dormir et se réveiller. Pour tenir le coup toute la journée.
Pour penser.
Pour ne pas penser.
La nouvelle de la mort de sa fille, fut une émotion de trop.
Depuis des années, les pilules l’aidaient à survivre. Elle n’était pas la seule. 1 million de personnes sur 7 million ne supportent leur journée ou leur misérable vie ou leur pitoyable existence sans la science et la chimie. Ces bienveillantes et miraculeuses capsules de bonheur.
Elle avait sa dose régulière.
L’avait dépassée lors du déroulement du drame, pour elle, interminable.
Et, maintenant que tout était terminé, cette fin qu'elle craignait tant la précipita dans le vide.
Et avait alors engouffré dans son gosier tout ce que contenait toutes les bouteilles qu’elle avait rencontré sur sa route.
Avait perdu conscience.
Le bruit des travaux l’avait réveillée.
Puis ce fut la pluie.
Ensuite, elle ne savait plus.
Puis elle se réveilla, découvrit qu’elle n’était pas morte. Il aurait fallu qu'elle prenne plus de pilules mais il n'y en avait plus.
Ensuite, elle eut bizarrement le goût de vivre. Ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps.
Ou, simple esprit de contradiction. Comme lui disait son mari.
Comme les enfants. Non qu'ils aient raison ou soient conscients de l'être mais une manière puérile de manifester un début de personnalité. Il suffisait de dire noir pour qu'elle dise blanc. Sa fille avait été brièvement ainsi avant de redevenir une fillette polie et serviable appréciée de tous. Comme toutes les filles et futures femme qui veulent être aimé et, un jour, trouver un mari secourable.
Essaya d’appeler au secours.
Avait de la difficulté à parler.
Essaya de téléphoner.
Dans un était de semi conscience, elle ne se rappelait plus quand, elle avait essayé de faire la cuisine comme elle le faisait, elle ne se rappelait plus quand. Elle avait failli mettre le feu. Les pilules encore.
S’était férocement brûlé aux mains.
Il y avait d'autres pilules.
Heureusement, les pilules avaient l’avantage d’atténuer toute émotion et toute doleur mais ne pouvait malheureusement rien pour réparer la peau.
Elle avait déjà été aide-infirmière dans un passé lointain. Se souvenait comment on se guérissait avec les moyens du bord. Essaya.
Dans la mesure du possible.
Mit des bandages sur la crème médicamenteuse qui recouvrait ses mains.
La pilules la séparait de la douleur comme d'habitude.
Si elle commençait à sentir quelque chose, d'autres pilules la sauverait.
Mais pas définitivement.
La douleur dans ses mains brûlés la réveilla brutalement.
Comme si des pointes de métal s'enfonçait dans sa peau.
Et la présence de sa fille près de son lit.
Elle courut à la salle de bain où se trouvait ses flacons. Elle eut tout juste la force de revenir à sa chambre où son grand lit vide l'aspira.
Sa petite fille la regardait et lui disait de ne pas s'inquiéter. Que tout allait bien.
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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