HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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5.10.13

342.38

Parce qu'il a découvert

Que la ville est immense, que c'est un gros organisme presque vivant qui peut vous avaler et vous digérer vivant.

Parce que.

Qu'il a découvert que mendier dans la rue n'est pas si facile. Qu'il fait froid. Que pisser ou chier par terre n'est pas amusant.

Parce qu'il pleut.

Et que la pluie ne lave rien.

Le pluie est de l'humidité qui ne sèche jamais et qui fait tout pourrir.

Être sale et puer quand on n'est pas dans cette situation depuis toujours est généralement difficile pour un novice. Ceci demande un temps plus ou moins grand d'adaptation.

Devenir un professionnel de la pauvreté et de la misère prend un certain temps.

Il faut que l'esprit soit détruit et reconstruit.

Comme on fait dans les prisons, les camps de concentration, les salles de tortures et les bases militaires pour les novices.

Lors de la reconstruction de l'esprit, tout ce qui était encore humain et vous reliait au reste de l'humanité et votre ancienne vie doit être désintégré.

On - on - n'existe plus. Ça, cette chose nouvelle, modifiée, améliorée, devient alors une sorte d'insecte broyeur.

Gardien de prison. Prisonnier. Soldat. Fonctionnaire. Prostitué.

Autre catégorie: Le pauvre.

Chacun des insectes a ses particularités qui permettent de le décrire et de le classer.

Le processus d'auto-digestion de l'esprit prend un certain temps et entraîne un certain inconfort.

La honte.

Pour soi. Le mépris, le dégoût des autres pour soi.

Compréhensible parce qu'on se sait laid et répugnant - prend un certain temps avant de devenir naturel.

Et on s'en veut d'avoir fait telle ou telle chose pour survivre. On se dit qu'on ne le fera plus. Et on le refait. Parce qu'il faut survivre.

Quoiqu'on pense, on s'habitude à avoir honte de soi. A avoir le dégoût de soi. Ceci est tout à fait normal et fait parti du processus de destructuration et de reconstruction de l'esprit. On devient non un nouvel homme (la méthode serait différente) mais une nouvelle bête.

Perfectionnée.

Spécialiste de la survie.

Beaucoup de gens biens détestent les pauvres. Le spectacle déplorable de miséreux qui tendent la main (sale) dans leur quartier ou devant le commerce où ils vont dépenser leur $ durement ou facilement gagné (ceci ne change rien) est pour eux un scandale. L'odeur des pauvres. De leurs enfants. Car certains mendient en famille. Ne cessent de se perpétuer. De se reproduire. Il y a des femmes pauvres enceintes. Des foetus pauvre. Des bébés pauvres.

Ils insulteront donc le pauvre. Ou la malade pauvre. Ou l'infirme pauvre.

L'acculumation des dommages augmentant le courroux vengeur.

Imploreront un nazi quelconque pour faire le ménage - avec violence - de ces dégénérés.

Ces sous-hommes.

Qui osent ne pas être morts. S'entêtent à vivre devant eux. Et semblent exiger une contribution financière de leur part afin d'assurer leur survie. Une légère subvention pour traverser le jour et la nuit.

Mais que fait l'État ou Dieu ?

Un éclair vibrant pour désintégrer toute cette saleté. Cette saleté qui ose vivre. Qui s'entête à durer. À être là.

Sur votre trottoir. Votre terre. Votre espace.

Danx votre air.

À l'intérieur de votre lumière.

Dans votre esprit.

Ces horreurs vivantes sur pattes violent votre cerveau.

Ils se sentent salis après qu'ils aient traversés ses yeux.

Et, malgré les taxes, l'État n'intervient pas. Et, comme toujours, Dieu se désintéresse du chagrin des payeurs de taxes.