Le matin du second jour, elle avait commencé à se souvenir de sa soulerie émotionnelle de la veille. Elle ne se souvenait pas de tout mais ce dont elle se souvenait lui faisait peur. Était-elle de taille à commencer une guerre? La réponse était simple : non.
Elle essaya d’effacer le courriel long, interminable et injurieux qu’elle avait composé une partie de la nuit et envoyé à son mari. Elle passait en revue tous ses manquements passés d’époux, d’amant, de père. Ses tromperies. Ses magouilles financières. Ou ce qu’elle en comprenait. Fatigué après ce flot d’inspiration qui durait plusieurs pages, elle avait envoyé le tout dans le cosmos. Ou vers un satellite. Et s’était endormie l’âme enfin en paix.
Elle courut vers l’évier de la cuisine pour se remettre à vomir.
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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