HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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21.10.13

394.90.9. MONSIEUR ADOLF HITLER PENSE À SA SECRÉTAIRE

Monsieur Adolf Hitler pensait à sa secrétaire. On était en mars. C'était son anniversaire de naissance.

Monsieur Hitler aimait faire plaisir aux gens.

Et les personnes qui travaillaient pour lui appréciaient son ton peut être paternaliste et vieille école mais qui laissait transparaître son humanité.

Monsieur Hitler était un peu timide ce qui donnait peu de naturel à ses mouvements. Et ses maladresses intimidaient les gens.

Il aurait voulu être plus naturel et faisait des efforts constants mais sans grand résultat car il était né trop tard dans un monde trop vieux. Et ce nouveau monde et les gens qui y habitaient l'intimidaient un peu. 

Èva qui comme toutes les femmes dans les appartements les plus humbles jusqu'aux maisons des plus illustres, veillait à tout, lui avait encore une fois suggéré de ne pas oublier. Il avait en effet oublié. Ne l'avoua pas.

Il lui répondait qu'à 2, ils faisaient une tête entière. Ce qu'elle appréciait plus ou moins selon le moment du mois. Elle le voyait comme un trait d'esprit et une finesse subtile qu'elle comprenait mal ou une critique envers son espèce. Monsieur Hitler, né un autre siècle, avait du mal, parfois, à considérer les femmes comme ses égales. Mais qui n'a pas de défauts ?

Et il commençait à avoir des problèmes de mémoire comme en avait sa mère et sa grand mère. Perdre la tête le terrifiait mais que pouvait-il y faire? On pardonnait ses petits défauts pour ne penser qu'à ses grandes qualités.

Comme tout ce qu'il faisait et entreprenait, il tenait à le faire du mieux qu'il pouvait. Considérant qu'écrire une carte d'anniversaire n'était pas une chose superficielle à faire nonchalamment. Une maladresse pouvait blesser les gens.

D'abord quel papier choisir ?

Et quelle couleur d'encre ?

Il voyait de plus en plus mal. Même avec ses lunettes et devait écrire de plus en plus gros. Il écrivait donc de plus en plus rarement à la main. Avec la pointe de plume la plus large. S'il devait envoyer un message qui ne concernait pas son cercle privé, il utilisait la dactylo spéciale construite spécialement pour lui. Avec des grosses lettres sur les touches qui tapaient sèchement de grosses lettres sur le papier.

Mais cette machine manquait de sentiment. Il préféra donc tenter encore une fois d'écrire à la main.

Il était préférable qu'il ne prenne pas le papier de la chancellerie à entête du Reich/Aigle/Croix Gammée et tout le tintoin qui faisait vraiment trop sérieux. Fait personnellement pour lui à son seul usage. Du beau papier lourd à la texture agréable qui ne servait que dans les grandes occasions. Papier de notaire. Qui ferait très bien pour son testament.

Il était préférable qu'il choisisse une carte de souhait. C'était la première suggestion d'Éva. Il y en avait de différentes variétés avec des motifs dessinés par les plus grands artistes du Reich. Pour Noël. Pâques. Et pour les anniversaires variés. Avec de jolies enveloppes.

Eva lui avait aussi suggéré de la laisser penser une pensée de circonstance. Mais il préférait que ce soit personnel. Èva écrirait sa propre carte si elle le voulait.

Il n'avait pas de famille et n'en aurait pas.

Èva ne pouvait avoir d'enfant. Un défaut quelconque dans la conception de son appareillage. Les femmes sont compliquées et délicates et un rien les endommage. Défaut que les médecins germaniques même au sommet de leur science ne comprenait pas.

Alors son entourage était devenu sa famille. Et sa secrétaire, presque, une de ses filles. Qu'il encourageait à se marier. À ne pas se montrer si difficile. Il y avait beaucoup de jeunes hommes bien. Et il veillerait personnellement à ce que le candidat soit bien sous tout rapport, aussi bien génétiquement, médicalement que socialement ou moralement. Tant de jeunes SS fringants ne demanderaient pas mieux.

Monsieur Hitler jouait les marieuses autant de fois qu'il pouvait. Encourageant ses généraux célibataires à affronter une nouvelle fois l'adversité. Trait d'esprit que n'approuvait pas son entourage féminin. Les femmes, c'est bien connu, sont susceptibles.

Il voyait cette splendide jeune femme, représentante parfaite de l'idéal féminin germanique, comme sa fille. Elle aurait pu être sa fille et si ça avait été le cas, il en aurait été content.

De son côté, sa secrétaire trouvait qu'il était le meilleur des patrons qu'elle avait connu - elle était très jeune, 22 ans, lorsqu'elle entre à son service - et, à ce moment, n'en avait pas connu beaucoup. Et le meilleur qu'elle connaîtrait dans sa longue vie. Car elle vécut très longtemps.

Monsieur Hitler tenait sa carte de souhait d'une main et sa plume de l'autre main qui tremblotait un peu. Début du parkinson qui l'affligerait de plus en plus. Et que son médecin et son diététiste personnel n'arriveront pas à guérir. La science allemande n'était malheureusement pas encore arrivé à cette étape.

Et le dernier attentat ne l'avait pas aidé. À la longue, même si vous êtes stoïque et philosophe, cela finit par vous tomber sur les nerfs.

Chère Traudi.

Était-trop intime ?

Trop personnel. Les gens pourraient jaser. Les gens sont si méchants.

Il la ferait relire par Èva qui était toujours de bon conseil.

Madame.

Madame Gertraud Junge. 

Tout le monde l’appelait Traudi. 


Traudi


Elle avait une jeune sœur Inge. Il se demanda si elle était mariée.


Chère Gertraud 

Elle était trop jeune pour qu'il utilise le mot «madame» 


En ce beau jour de mars


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État 1. 21 oct. 2013