Monsieur Dickson lui avait aussi conseillé de laisser toute cette beauté à la maison.
Ces appareils ont des GPS qui peuvent vous repérer où que vous soyez. Ou vous suivre où que vous alliez.
On peut les déclencher à distance pour vous écouter sans que vous les manipuliez. Comme on pouvait déjà pour n'importe quel téléphone. Même plus besoin de monter dans un poteau pour zigonner après les fils. Suffit de donner votre numéro à l'ordinateur.
Et, évidamment, écouter vos conversations en direct pour les enregistrer. Que ce soit dans un centre de contrôle au bout du monde ou dans une auto de l'autre côté de la rue.
Bien sûr, on pourra si on le veut bien, mais on ne le fera pas parce qu'on est bon, noter vos déplacements sur Internet.
Et déclencher la caméra sans laisser de traces pour essayer de voir ce que vous voyez et avec qui.
Merci CIA et NSA.
Ou son équivalent Canadien.
S'il y a des lois qui interdisent d'espionner (vilain mot) ses propres citoyens, on espionnera ceux du pays voisin avec son consentement. Et on s'échangera les fichiers.
De toute façon, le monde entier est sur écoute par l'organisme bureaucratique qui prétend régenter ce monde et contrôler les passagers provisoires de la Terre.
Et, les mémoires informatiques étant devenu si gigantesquese, on a simplifié la logique de l'espionnage. Plus besoin de soupçonner quelqu'un. D'obtenir un mandat du juge pour mette son téléphone sur écoute. Ce qui prend 15 jours. Même si les juges complaisants ne manquent pas.
Seule la police utilise encore ces méthodes antiques. Mais elle n'a affaire qu'à des criminels ordinaires. Les agences de renseignement et d'espionnage qui s'occupe des menaces extérieures et intérieures et de la sécurité nationale ont plus de liberté. Et le budgets.
Illimité.
Des milliards pour s'occuper de quelques terroristes presque inoffensifs.
Comparé aux banquiers et boursicoteurs de 2008 qui ont fait sauter le système économique mondial. Provoqué la ruine de pays entiers. Le chômage de millions de personnes. La ruine d'autres millions. Et qu'à t-on fait avec ces terroristes financiers ? Ces traîtres - simple jeu du dictionnaire, car beaucoup travaillaient pour des puissances étrangères et misaient contre leur propre pays lorsqu'ils spéculaient. Tout ceci aurait inévitablement entraîné la décapitation dans des époques plus passéistes où les rois n'aimaient pas les plaisanteries déplacées. Au contraire, on a sauvé la peau (personne n'a jamais pensé leur prendre) de ces braves crapules. Et, avec l'$ de tous ceux qu'ils avaient floué, on a sauvé leur fortune. Il y a probablement une morale qu'on pourrait enseigner aux enfants des écoles et il faudra y repenser.
Au même moment, des milliards sont consacrés à l'éliminations de chômeurs agressifs du tiers-monde qui ont découvert la foi. Et on peut les assassiner du haut des airs. Ou leurs frères et leurs cousins. Du moins quelqu'un de la même couleur de peau. On s'en fout.
Ce qui permet de dépenser la moitié du budget du pays pour GI Joe.
Et d'engraisser l'industrie militaire qui cesserait instantanément d'exister sans perfusion perpétuelle.
Alors que la police qui doit s'occuper d'hommes d'affaire véreux ou de mafiosi ou de banquiers cupides (heu!) doit. Devrait.
En fait, selon le dicton qu'il n'y a que les gestes qui comptent et non les paroles - c'est quelque part dans la Bible - si elle dit régulièrement se soucier de ces problèmes, elle préfère enquêter sur les étudiants poètes anarchistes que sur ces déplaisants mafiosis/banquiers/fonctionnaires crapules/maires aux doigts croches/ministres louches.
Des gens très bien. Bien habillé. Qui ne disent pas des gros mots comme la petite blonde lorsqu'elle est fâchée.
Donc, au lieu d'enregistrer ce qui se dit de la part de tel nom ou tel numéro comme la police ou le bureau du premier ministre; on enregistre tout le monde tout le temps. On peut enregistrer des milliards de personnes.
Et garde le tout dans les mémoires climatisée.
Au besoin, il suffira de faire une recherche à partir d'un nom, un mot ou avec un algorythme et tout ce qu'aura dit ce nom, tous ceux qui auront prononcé ce nom ou ce mot ou tout ce qui se sera dit à partir de ce numéro ou de cette adresse et tout ce qu'auront dit les personnes à partir des numéros appelés ou appelant pourront aussi.
Le progrès dans toute sa beauté.
Elle racontait tout à monsieur Dickson cherchant et mendiant un moment d’espoir ce qu’il lui accordait.
Oui. Il n’est pas trop tard.
Non. Il est encore temps.
Tout en parlant, il avait une autre conversation dans sa tête. Se demandant où passent les filles qui disparaissent et ne reparaissent pas.
Suicide.
Probablement.
Agression et meurtre.
Possible.
Accident.
Accident pas fatal.
Accident grave mais pas fatal ni terminal.
Accident provoquant une perte de mémoire.
Définitive.
La victime errait quelque part sans nom. Ne se souvenant plus de qui elle était et où elle avait été.
Ou elle était dans le coma dans un hôpital.
Ou.
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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