HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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22.1.13

327.23. TOUS LES JOURS DES CHOSES INCOMPRÉHENSIBLES SE PRODUISENT, DOIT- ON ESSAYER DE LES COMPRENDRE?

Henry Dickson aiguisait sa hache.

À la radio, la voix d'un prédicateur inspiré résonnait:

Et si ton oeil droit est pour toi une occasion de péché, arrache-le et jette-le loin de toi.
Car il  il vaut mieux n'avoir qu'un seul œil que 2 yeux et ainsi éviter que ton corps entier ne soit jeté dans la géhenne.
Si l’œil qui te reste t’amène à voir, à lire et à apprendre des choses dangereuses qui rendront fou ton esprit, le rempliront d'orgeuil, le feront douter des sages enseignements et de la loi, il vaut mieux que tu sois aveugle.
Prend une tige de fer et crève l’œil qui te reste.
Et si ta main droite est pour toi une occasion de péché, coupe-la et jette-la loin de toi.
Car il vaut mieux pour toi qu'un seul de tes membres périsse que ton corps entier n'aille pas dans la géhenne.
Car il vaut mieux n’avoir qu’une seule main que 2 inutiles, nuisibles et dangereuses
Si ta langue te scandalise, coupe-là.
Si ta sœur, ta femme, ta mère, ta fille te scandalise et amène le scandale et le péché dans ta maison, il vaut mieux qu’elle soit chassée et périsse afin que sa mort serve d’exemple aux vierges folles avec leurs lampes éteintes.
Comme on coupe le bois.
Comme on fauche les blés et l'herbe folle.
Ainsi l'homme inquiet se doutait que sa femme le trompait. Elle n'attendait que son départ pour faire entrer des hommes étrangers dans sa maison et se moquer de lui. Il avait eu beau l'épier, la surveiller, tendre l'oreille pour suivre ses conversations avec ses amies, demander aux voisins et aux gens du village s'ils avaient su que des étrangers allaient dans sa maison quand il n'y était plus, personne ne voulait lui répondre franchement. Car lui savait la vérité. On lui mentait effrontément. Tous dans le village savaient ce que faisait sa femme quand il partait.

Il avait eu beau retarder son départ, prolonger son séjour à la maison, pendant ces périodes, il n'y avait jamais rien d'inhabituel. Rien qui pouvait éveiller sa méfiance, ce qui le rendait d'autant plus méfiant et soupçonneux.

Elle cachait bien son jeu.

Il la regardait, l'épiait, notait ses allées et venues. Demandait au médecin du village qu'elle allait voir si elle lui avait déjà parlé d'avortement. Car si lui ne pouvait plus avoir d'enfants malgré tous ses essais, un homme plus jeune et plus vigoureux le pouvait.

À moins qu'elle ne lui demande des informations sur les moyens et les herbes contraceptives, ce qui était illégal, de même que l'avortement était criminel. Et il prévenait le médecin que s'il apprenait quelque chose, il le déoncerait et il irait en prison. Tout médecin qu'il était.

Il alla voir le curé pour lui demander ce que sa femme qui allait régulièrement à la messe et se confessait tout aussi souvent - il l'avait vu- pouvait bien dire. Et qu'avait-elle à se confesser aussi souvent, elle qui sortait peu, selon son dire, elle qui recevait peu, du moins ce qu'elle affirmait; mais qu'avait-elle à s'accuser autant.

Le curé lui dit qu'il savait comme tous les autres habitants du village à qui il avait enseigné ce qu'était le secret de la confession.

Mais s'il savait, il serait délivré, soulagé.

Son esprit était inquiet, fiévreux, ne dormait plus. Il pouvait s'il ne voulait pas tout lui dire au moins répondre par oui ou non à cette question: est-ce qu'elle le trompait?

Le curé s'en allait en lui disant qu'il allait prier pour lui.

Encore à ce moment, elle était dans la cuisine à préparer à manger. Elle chantait. Mais qu'est-ce qui la rendait si heureuse? Parce qu'elle était seule? Parce que, lorsqu'il arrivait, elle prenait un air inquiet, comme si elle avait quelque chose à se reprocher ou comme si elle avait peur de lui.

Parce qu'elle avait quelque chose à se reprocher.

Parce qu'elle avait fait quelque chose qui pouvait lui mériter une punition. Comme un enfant que l'on éduque fortement pourqu'il ne recommence plus.

Il évitait donc de l'approcher se contentant de suivre ses mouvements à distance.

Tout avait l'air normal, ce qui n'était pas normal.

Comment pouvait-on se conduire ainsi, avoir un tel passé et pousser l'effronterie à chanter comme se de rien n'était?

Il ne quittait plus la maison, prétextant une nouvelle maladie.

Dans son bureau, il laissait la porte entre-ouverte et laissant son oreille surprendre tous les sons. On ne pouvait aller nulle part sur tout ce bois sans que quelque chose craque ou grince. Aucune porte ne pouvait s'ouvrir ou se fermer, aucun tiroir glisser sans que le vieux bois sec même ciré à la cire à chandelle ne fasse quelques bruits qu'il attendait, surveillait.

Un meuble. Un tiroir.

Un secret.

Sa mère lui avait défendu de tenir un journal personnel ce qui ne faisait qu'exaspérer les filles qui ne sont jamais satisfaites de rien. Les soeurs avaient interdit aux collégiennes et pensionnaires tout écrit personnel et intime car la prière suffisait pour les moments où il n'y avait pas de devoirs et de leçons. L'encre était rare comme le papier, on ne pouvait laisser ces instruments précieux et chers servir à la vanité des fillettes.

Mais il soupçonnait qu'elle avait un cahier caché où elle notait les noms et les heures de visite de ses amants.

Quand elle sortait pour aller étendre le linge à la corde à linge, il allait vérifier ses tiroirs. Pas seulement une fois mais aussi souvent qu'il le pouvait au cas où il aurait manqué un détail. Que le cachier interdit bien caché les fois précédentes ne soit revenu et oublié.

Puis c'étaient ses armoires.

Et son linge.

À la recherche de sang.

Quand elle montait à la première dans la chambre parce qu'elle était fatiguée, il attendait un peu puis la suivait dans les marches, après avoir enlevé ses souliers, de façon à ne pas faire de bruit. Il la voyait à la lueur de la chandelle, en robe de chambre, à genoux près du lit en train de faire ses prières.

Qui priait-elle?

Et quelle était le motif de ses prières?

Il croyait se rappeler que le curé avait l'intention de lui révéler quelque chose avant que l'inquiétude ne lui prenne. Priait-elle pour la santé de ses enfants, sa santé à lui ou celle de ses amants?

Mais il n'entendait pas ses mots.

Quand elle était couché dans le vieux lit, à côté de lui, il se forçait à ne pas dormir afin de surprendre ses rêves.

Dirait-elle un nom?

Quand elle ne disait pas qu'elle était fatiguée et consentait à faire son devoir conjugal, la prérogative de son époux, il lui faisait mal afin qu'elle échappe un nom.

Mais elle ne disait rien.

Ou parlait.

Disait ce qu'il fallait dire.

Combien d'homme était allé dans son ventre?

Tous ces secrets l'obsédaient.

Ses enfants étaient-ils de lui? Ils étaient d'elle, le médecin l'avait affirmé mais s'il ne pouvait plus en faire maintenant peut-être n'avait-il jamais été capable d'en faire avant. Et un autre homme ou plusieurs ou tous les hommes du village avaient défilé à tour de rôle dans ce ventre.

Il cherchait sans cesse des réponses.

Il demandait une solution.

Et c'est à ce moment qu'en allant chercher des patates dans le carré aux patates de la cave qu'il buta sur la hache.

Pourtant, il était passé tant de fois sur cette terre et jamais avant il n'y avait eu quelque chose d'enfouis mais si peu et une hache une hache presque neuve comme si on venait de l'avoir fait.

Il se retrouva donc avec la hache dans la main et pour la première fois depuis longtemps se sentit rassuré apaisé.

Il monta comme un homme l'escalier de la cave et l'escalier de l'étage.

Avec une hache dans la main ou les 2 mains car elle était lourde cette hache, il était enfin ou était de nouveau un homme.

Elle était encore là, en longue robe de chambre blanche en train de prier à côté du lit confugal pour le repos de ses amants.

Elle ne le vit pas.

Mais il eut le temps de se voir lever la hache dans le petit miroir de la commode près du lit éclairé par une chandelle.

Et il abattit la hache sur le petit bonnet de coton brodé qu'elle avait sur la tête.

Jugement avait été rendu.

Les femmes adultères, dans la Bible, seront lapidées, traînées dans le désert et tuées à coups de pierre. C'est écrit.
Oui, il était écrit.
Les soeurs avaient encore une fois à se plaindre de ses fillettes. Et de leurs cheveux roux. Et de leurs ongles. Car on avait surpris l'une d'elle pendant la récréation à se couper les ongles avec un petit ciseau. Signe de luxure, d'attention désordonnée au corps qui ne peut perdre que la femme qu'elle était en germe. Et ces rognures d'ongles, ces souillures étaient tombées au sol, le contaminaient. Elles avaient cherché avec des gants et les pinces du laboratoire de chimie et les avaient fait cherché à la fillette car il était inconcevable que ces choses, ces huuuuu! car tout ce qu'on ne pouvait dire et prononcer ne pouvait être dit aussi on utilisait des sons variés, indication qu'il valait mieux ne pas écouter ni comprendre. Seule la personne concernée saurait. Car malgré les sons étranges, leur intensité et les tons graves et aigüus avec lesquels on les émettait étaient suffissant pour que celle qui avait à savoir sache. Et toutes les autres pourraient dire qu'elles n'étaient pas là et n'avaient rien entendu. Et il y a tant de choses dans la femme qui ne peuvent être dites. Il était donc bon de disposer de sons variés et d'onomatopées appropriées.

Le père était furieux.

Il avait demandé à ses filles de comparaître devant lui.

Il tenait comme un juge la lettre de la directrice du couvent l'informant de leurs fautes. Il agitait la feuille devant la lampe à l'huile pour montrer qu'il avait bien lu, qu'on avait deviné leurs pensées et désespérant de parvenir un jour à tempérer leur comportement, en désespoir de cause, on s'en remettait à lui. Le père de famille. Celui à qui Dieu avait remis son autorité terrestre.

Justice serait rendu.

Car si Dieu est bon, il est aussi juste. Et la bonté pourrait être vu comme une faiblesse si une justice inexorable n'était pas rendue promptement.

À chaque fois qu'il agitait la feuille, le petit courant d'air semblait effrayer la langue de feu dans le globe de verre de la lampe à l'huile.

Comme l'Esprit Saint veillait sur le monde et la petite salle de bois.

Toutes étaient coupables. Et si leur comportement ne changeait pas, elles seraient chassées. Il était inconcevable que leur exemple puisse être observé par les autres élèves.

C'est par ce genre de scandale que les Révolutions commencent et, un jour, on coupe la  tête d'un roi.
Et d'où venaient ces cheveux roux?
Il n'y avait personne de roux dans la famille. Ni sa femme ni lui.
Tout ceci était de ces choses qui font parler les gens.
Mais son épouse était morte avec ses secrets.
Il était donc seul à élever des filles. Ce qui l'avait amené à les inscrire comme pensionnaire. Ce qui faisait qu'elles n'étaient de retour à la maison que la semaine de Noël. Même l'été, à la fin des classes, elles demeuraient parmi le petit groupe qui avait la vocation. Les soeurs avaient cru longtemps ou espéré qu'elles en feraient de solides recrues. Des filles dociles comme il convient.
Mais la tentation féminine revenait sans cesse.
Quoiqu'on fasse, on ne pouvait les empêcher d'être des filles.
Aucune élévation qui les sortirait de ce corps gras et inutile. Propice à la naissance, certes, qui peut-être contre le seul rôle édifiant de la femme, rôle que même la vierge Marie avait accepté de l'ange Gabriel - mais inutile pour les grandes missions nécessaires à l'église pastorale et universelle.
On avait pensé les envoyer en Chine ou au Congo.
On pensait maintenant les renvoyer chez elle.
Il valait mieux les marier le plus tôt possible et qu'elles aient le moins de temps libre disponibles. Mais elles étaient trop jeunes.
Leur père se demandait quoi faire d'elle, qu'est-ce qu'il avait fait au ciel pour mériter un tel sort?
Et ce qu'il pourrait faire pour corriger leur conduite.
Les soeurs avaient tout essayé. Les réprimandes, les punitions, morales, intellectuelles et corporelles. La petite et la grande pénitence où la coupable à genoux devant la classe se dénonce à voix haute, dans la cas de la petite. Et pour la grande, c'était à genoux, accroupie, dans le réfectoire, à l'heure du dîner, devant toutes les autres élèves qu'on avouait ses fautes et demandait la punition et ensuite le pardon.

Leur père les fit agenouiller et prier.

Vérifia que leurs petites mains soient bien droites et bien réunies, posées l'une contre l'autre.

Il leur dit d'attendre, de rester là en cette position et qu'il allait revenir.

C'est alors qu'elles priaient encore qu'il arriva derrière elles.

Sa hache s'abattit sur la tête de la première et le sang rutilant et admirable de beauté se mêlà à ses cheveux roux.

Et ainsi de suite pour toutes les autres.

Il vit leur petits corps étendus sur le sol. Aucune n'avait crié. Tant la surprise avait été efficace. Elles étaient tombées sur les planches de bois et le sang au fur et à mesure qu'il était bu par les planches coulait sans s'arrêter.

Il s'était acharné sur leurs têtes dans cet organe était dangereux et nuisible pour la femme. Mais avait épargné leurs robes blanches signe de virginité.

Il avait fait ce qu'il avait à faire. En bon père. Parce qu'il ne pouvait pas faire autrement.

Mais s'il espérait retrouver enfin la paix de l'esprit ce ne fut pas le cas.

Une étrange terreur se prit à lui. Qu'il expliquait mal. Quelque chose en lui se révoltait contre ces petits corps innocents et sans vie étendus sur le plancher.

Lui aussi avait péché, car il s'était réjoui du sort qu'il leur réservait.

Il étendit sa main droite sur le bureau et abattit sa hache dessus. Puis regarda la main à terre et le poignet coupé net et sec. Étrangement, aucune goutte de sang.

On le comprendrait.
Comme on comprendrait l'époux que son épouse voulait abandonner.

L'ampoule de la lampe électrique suspendue au plafond par le fil torsadé de toile allait et venait comme un métronome implacable.

Des ombres jouaient dans les planches et les lambris. Si noires.
Ce n'étaient que des reproches. Comme si pendant des années, elle avait emmagasiné tout ce qui lui déplaisait pour le lui redire à ce moment, lorsqu'elle allait partir, à còté de ses valises. Le taxi étant sur le point d'arriver.
Jusqu'à ce que la mort vous sépare.
Tel était le serment prononcé à l'autel. Lui et elle avait juré.
Ceci s'était passé à l'église du village et ceci se passait dans le salon de la grande maison. Près du foyer qui brûlait. La maison dorénavant vide parce qu'il se retrouverait seul.
Jusqu'à ce la mort vous sépare.
Il ne savait que dire sauf prononcer ces mots.
Et le destin placa juste à ce moment une hache dans sa main.
Il réduisît la tête de son épouse en une bouillie. Même à terre, il continua à frapper. Son corps était comme une île au milieu d'une mer rouge de sang et d'eau alors que ses entrailles et son crâne se vidait.
Et c'est tout ce qu'il prononça par la suite. Même lorsqu'on lui enfonça un sac de coton noir sur la tête. Même lorsqu'on serra le gros noeud coulant qui allait lui briser la nuque, le cou et les os.
Voilà.
La petite blonde était couchée sur la grande table de la cuisine.
Les mains et les pieds attachés par des sangles de plastique aux pattes de bois.

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Autour d'elle, le curé, le vicaire regardait son corps vêtus d'un t-shirt de monsieur Dickson, Sears, Protocol, Bengladesh, coton 100%, noir. Se désolant.
Elle avait péché.
Depuis longtemps, elle était un objet de consternation et de scandale et, enfin, sa conduite répréhensible était révélée, connue de tous.
Le vicaire lisait un livre saint afin de chasser le démon qui l'habitait pendant que le curé priait.
Elle les regardait comme si elle ne comprenait pas.
Mais qu'elle comprenne ou non, il était inévitable que ceci arrive.
Elle regardait aussi monsieur Dickson avec sa grande hache brillante d'acier neuf.
Elle le regardait comme si elle espérait quelque chose.
Elle ne pouvait que regarder sans parler car on lui avait coupé la langue avec les ciseaux rouge et luisant qui était à côté de ses cheveux. Ciseaux de cuisine Zwilling J.A Henckels.
Et on venait de lui crever un oeil.
Toute sa vie était un scandale. Qui n'était rien comparé à celles de sa mère et de sa grand-mère mais toutes deux étaient mortes. Ayant reçu leur juste châtiment.
Et la voilà, elle, qui imitait la mort du Christ.
Scandale.
Une femme les mains et les pieds et le coeur percé comme au Vendredi Saint.
Une imitation pour se moquer comme ne peut le faire que Satan le grand imitateur.
Depuis que l'Église avait renvoyé dans l'ombre de leur caverne les anciens cultes et leurs prétresses et devineresses, les femmes avaient pendant des millénaires tenté par tous les moyens de ressurgir, de sortir de leur fosse, de dominer de nouveau.
Ceci ne serait pas.
Le prêtre dit une dernière prière comme si ceci avait la moindre importance et ordonna à monsieur Dickson de frapper.
D'un seul coup, sur la gorge, la petite tête blonde se sépara de son cou et roula sur la table puis tout au bout avant de tomber plus ou moins lourdement sur le bois. Et de rouler encore un peu.
La petite blonde avait une grosse tête mais à ce moment bien petite.
Il était temps que ce scandale cesse.


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22.23 janvier 2013. État 2
Mortes. 6
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Note 1.
Vous lisez présentement le second cycle des histoires de fantômes. Ou second roman.
Le premier cycle ou premier roman s'étant terminé au numéro 301.
Ensuite quelques commentaires, intermèdes et interludes.
Comme il y avait encore des choses à dire, on trouva le temps de les dire. Un nouveau roman – ou la suite du premier commença.
Le nouveau roman a précisément recommencé au numéro 305 puisque la numérotation originale fut conservée et simplement prolongée.
Le .1 fut ajouté pour le premier chapitre.
Donc 305.1
En attendant d'être publié sur un autre blog ou dans un «vrai» livre (mais restera-t-il des arbres?), ce qui permettrait de repartir à zéro ou 1, car il y a rarement chapitre zéro et pourquoi pas!?
On est donc, ici, arrivé au chapitre 23, de la suite des histoires palpitantes de monsieur Henry Dickson.
Soit 327.23
Et bonne lecture.
Faîtes de beaux rêves.
*
Bible suite by Biblos

21.1.13

326.22. PARFOIS, IL VOUS PREND DES ENVIES DE MEURTRE. UNE VOIX À L'INTÉRIEUR DE VOTRE TÊTE VOUS DIT QUE CE SERAIT SI FACILE, PERSONNE N'EN SAURAIT RIEN.

Henry Dickson tendait son bras à la petite blonde qui s'y appuyait. On aurait dit 2 vieux se promenant dans un parc. La petite vieille chargée par toutes ces années trop pesantes suivait lentement son compagnon. Sauf qu'elle avait 20 ans et était en parfaite santé avant d'être crucifiée.

Dieu?

Le Diable?

Des forces obscures?

Probablement.

Il ne servait à rien de se demander «pourquoi» ou «pourquoi moi». C'était arrivé. Ce sont probablement des choses qui arrivent. Le problème est que c'étant antiscientifique et que personne ne la croirait. On l'enfermerait de force. Et on la bourrerait de pilule. Il n'y a pas si longtemps, on lui aurait donné une douche froide, des électrochoc, ouvert le crâne pour planter des aiguilles dans son cerveau, ce qu'on appelait lobotomie. Et des pilules pour finir.

Avant, c'aurait été des douches ou des bains glacés, des lavements, des purgations, des vomitifs, des sangsues, des saignées.

Avant, c'était carrément le bûcher.

Quand il y avait encore un médecin au village, une de ses clientes qui souffraient d'on ne sait quoi - on a parlé de folie diabétique- allait dans la salle d'attente, se mettait à genoux, commençait à prier en levant les bras au ciel, invoquant le seigneur. Elle avait commencé le même manège à l'église mais le curé n'avait pas apprécié. S'il y avait une courroie de transmission entre le Ciel et la Terre, c'étaient les professionnels comme lui, les fonctionnaires de Dieu, ce n'était pas au simple citoyen priant de s'improviser courroie de transmission. Il fit un diagnostic rapide de maladie mentale et lui conseilla d'aller consulter un fonctionnaire de la maladie pendant qu'il se préparait à changer l'eau en vin et le pain en corps du Christ pour son repas dominical.

Un peu avant, elle aussi, aurait fini sa vie sur le bûcher et probablement qu'on lui aurait coupé la langue aussi.

Tandis que monsieur Dickson, autre version possible, aurait été son assaillant. Ce sont des choses qui arrivent. Les hommes ne sont pas capable de s'en empêcher.

Justement. Précisément à ce moment, il arrivait à côté de la porte menant à la cave. Ou y descendant. La porte s'ouvrir subitement révélant un grand rectangle noir. La cave et son escalier n'étaient pas éclairés tandis que la cuisine l'était.

Probablement un coup de vent. Si on tient à expliquer les choses. Sauf que les fenêtres de la cave étaient fermées.

Il y avait eu encore une tempête la veille. Brouillard de neige le main. Visibilité gros zéro. Des grands vents sans neige. Et des bourrasque de tempêtes vers le soir. Pas longtempts. 30 minutes chacun. Suivit des mêmes vents grondants mais sans neige. Comme si on en avait manqué. Problème de coordination métérologique.

Pendant ce temps, aux îles de la Madelaine, on recevait 60 centimètres de neige. 2 pieds. Ce qui devait les rendre joyeux.

Les vents avaient ragé toute la nuit et monsieur Dickson était descendu et remonté pour voir s'il n'y avait pas de carreaux de cassés. Les grandes fenêtres du salon faites de dizaines de petits carreaux de verre pouvaient être fragile d'autant plus que le vent de l'est - point cardinal le plus terrible- poussaient dessus depuis des décennies.

Même dans la cave rien ne cassa. Donc il était improbable que le vent s'infiltre par une fenêtre et pousse la porte et l'ouvre. En maniant la clanche et le verrou.

Donc le vent - dont ne sait où- ouvrit subitement la porte de la cave et, au même moment, une impression subite et suave emplit l'esprit de monsieur Dickson. Il n'avait 1u'à pousser la petite blonde dans l'escalier. Ce serait si facile. Elle ne s'y attendrait pas. Un changement de caractère aussi subit, sans cause apparente, la prendrait par suprise. Et un instant plus tard, elle déboulerait l'escalier.

Le voyage serait plus ou moins long selon le nombre de marches qui varait selon les jours et les mois. Certaines périodes, l'escalier semblait allonger les marches se multiplier et la hauteur du plafond de la cave augmenter. Ou diminuer.

Comme pour toutes les autres choses bizarres provenant de cette maison, on faisait comme si on ne remarquait rien. Et, en général, ce genre de choses inexplicables cessait.

Une petite voix dans la tête de monsieur Dickson lui chuchotait que ce serait facile. Il n'avait qu'à pousser. Dans un moment, ils seraient elle et lui devant le cadre de la porte, noir comme un tombeau ou une fosse. Elle était même du mauvais côté. On n'a pas idée d'être aussi malchanceuse. Aucun effort ne serait nécessaire puisqu'elle tenait à peine debout.

Ce genre de vois avait suggéré à un groupe d'enfant que c'était amusant de pousser leur petit camarade en chaise roulante dans l'escalier. Sur le moment, ceci semblait une idée intéressante, passionnante, irrésistible. Ce n'est que lorsque l'enfant et sa chaise roulèrent sur le seuil et au delà de l'escalier puis tombèrent et se séparèrent sur les marches de béton que l'idée devint moins drôle et chacun se sauva ici et là.

La même voix avait dit tout doucement à 2 petits garçons dans une gare de demander à un petit garçon plus petit et plus jeune qu'eux de les suivre. Une caméra filma toute la scène. Les 2 enfants encadrant le troisième et allant au bout d'une ruelle où chacun d'eux prit une pierre qui était là comme par hasard afin de commencer à tuer le petit enfant. Et c'est ce qui arriva. Au bout d'un moment, le petit enfant fut tué. Et les 2 plus grands, à peine, semblèrent réaliser ce qui venait de se passer. Qui pouvait faire qu'ils soient punis. Ils se sauvèrent donc pour retourner à la maison sans penser à laver leurs mains rouges.

L'homme qui avait tué sa femme dans le salon avec une hache trouvée dans la cave entendit lui-aussi cette voix. C'était une des dernières haches de l'artisan forgeron qui avait installé longtemps son atelier dans une grande partie de la cave. Il ne restait rien de lui et de ses oeuvres mais en marchant dans la terre de la cave, le pied de l'homme avait buté sur un bout de bois qui était un manche quand on enlevait la terre et la poussière qui le recouvrait et tout au bout du manche il y avait le fer de la hache. Comme neuf. Pas rouillé. Aussi aiguisé qu'un éclat de verre. La réputation de l'artisan et de ses haches étaient reconnues de bien des gens et on venait de loin pour se procurer ce que l'on voyait comme des oeuvres d'art d'un profond artisan.

Il déterra donc le manche et le fer. La lumière de la lune brillait par une des fenêtres. C'était la pleine lune que l'on appelle lune des fous. Il était resté toute la journée à regarder le fer de la hache briller dans le soleil puis dans la lune. Et, la nuit venu, il lui vint l'envie de la montrer à sa femme. Ce qui arriva ensuite est peu clair et varie selon la persoonne qui raconte et encore de nos jours bien peu de gens se rappellent de tout ceci et ils sont trop vieux pour le raconter.

On eut beau chercher ensuite, on ne trouva pas d'autres haches.

Et, pourtant et pourtant, un nouveau locataire de la maison, un père de famille fatigué, buta sur un autre manche de hache, comme une racine qui poussait. Ceci arrive que dans un jardin ou dans une forêt, les racines passant au-dessus d'une roche effleure le sol et il peut arriver qu'un passant qui passe s'accroche le pied et même se le foule ou le casse, ceci peut arriver. Et c'est un peu ceci qui arriva dans la cave. Le père de famille fatigué faillit tomber, devint furieux, se demanda ce que cette hache faisait là. Il n'avait pas de hache comme celle-ci mais pensa que c'était la sienne. Une hache de cette qualité, aussi bien balancée et équilibrée, on ne la laisse pas par terre. Encore une fois, c'était ses étourdies de filles qui ne pensaient qu'à jour au lieu d'aider leur mère malade. Comme bien des femmes elle était devenue malade à force de faire des enfants. Rien que des filles. Des membres inutiles. Que peut-on faire de fillettes dans une ferme alors qu'il faut des bras, des bras solides et non des êtres gras et fragiles. Elles étaient allés probablement fouiller dans on atelier pour, selon leur idée de la chose, mettre de l'ordre - le genre de chose qui passe par dans ou à travers l'esprit des femmes et à laquelle elles sont incapables de résister et elles mettent de l'ordre et on ne s'y comprend plus à la suite dans tout cet ordre. Et qu'est-ce que ça avait donné si, pour on ne savait quelle raison, c'étaient des filles, elles s'étaient mises à jouer avec une hache et l'avait amené ici, descendu en bas, de quoi se blesser, il n'y a rien de plus maladroit qu'une fille. Et oublié. C'était ça leur ordre! Donc, il monta avec la hache pour leur montrer. Leur dire de faire attention à l'avenir. Qu'il avait failli tomber. Qu'elles auraient pu se couper tant le fil du fer de la hache était aigüu. Il était d'ailleurs surprenant qu'il ne leur soit rien arrivé. Mais un jour quelque chose leur arrivera qui leur mettra du plomb dans leurs petites têtes de rousses avec trop de cheveux. Avait-on idée d'avoir une tignasse pareille. Même la soeur enseignante s'en était émue. Y voyait un motif d'orgueil et de péché de luxure. On se caresse soi même en commençant à se peigner, on ne peut plus se contrôler ou c'est la main d'un homme et voilà votre vie définitivement gâchée pour une erreur de jeunesse. Trop de cheveux, trop longs, trop fins, trop roux. La perpétuelle tentation du miroir. Se comparer, s'adorer, se dévêtir devant le miroir, seule dans sa chambre, faire des gestes inappopriées alors que le Seigneur observe et juge. Tout ceci effrayait les soeurs mais elles ne pouvaient avour jusqu'où allait leurs craintes. Tout ce qu'elles pouvaient dire était que tous ces cheveux roux impossible à peigner étaient étaient. Comment dire?

Mais ce n'est pas les conversations des soeurs au parloir qui inquiétaient l'homme. Il ne s'en souvenait même plus. C'était le danger de cette hache. Sur laquelle on aurait pu se blesser. Il fallait à tout prix éviter que ce genre de chose se reproduise. Il fallait qu'il leur donne une bonne leçon. Sa femme étant incapable de le faire. Toujours malade. Encore enceinte. Il ne faisait que la toucher et elle était en famille. Et ensuite elle refusait qu'il l'approche de nouveau. Toutes ces femmes dans sa maison. Toutes ces frustrations.

Il monta donc avec la hache dans la main.

Pour leur montrer.

Voulant d'un geste autoritaire désigner le fer de la hache en faisait imaginer ce qui aurait pu se passer.  Sans trop de précision, car c'étaient encore des enfants, pire, des fillettes, trop impressionnables. Elles ne cessaient de parler d'ombres, de bruits, de choses qui bougent, disparaissent, de signes. Elles voulaient partir.

Ce qui s'est passé ensuite est compliqué.

Lui-même n'arriva jamais à expliquer.

Il avait beau essayer de se souvenir, il n'y parvenait pas. Au procès. Dans sa cellule. Avec le prètre qui le visitait régulièrement et l'autre prêtre qui receuillit sa dernière confession et qui le bénit, même sur la trappe, la corde au cou, il avait beau.

S'il avait fait tout ce qu'on lui reprochait, il méritait son sort.

On l'avait jugé, condamné, des gens plus savants que lui avait comparé sa vie avec celle d'un honnête homme et l'avait rejeté comme il faisait avec les patates malades de son champs.

Et tout avait été oublié.

La porte de la cave était ouverte. Monsieur Dickson avait retrouvé une nouvelle hache sous des décennies de poussières dans un recoin où n'allait pas.

Il avait laissé la hache à cet endroit dès qu'il avait buté dessus, que la terre avait été légèrement déplacée et qu'il avait compris ce que c'était.

La porte de la cave était ouverte.

La petite blonde passe devant et lui à côté. Elle lui sourit. Comment pourrait-il faire du mal à un être aussi charmant?

Elle lui sourit comme si elle avait compris ou parce qu'elle avait compris.

C'était une jeune femme bien étrange.

La porte se referma.

Comme si un courant d'air venu de la cave avait aspiré la porte sur ses gonds au lieu de l'ouvrir.

Monsieur Dickson aida la petite blonde à monter les marches menant à l'étage. En tenant sa main, il sentait les battements de son pouls et de son coeur de son petit poignet sous son pouce.

Lorsqu'il était allé à la pharmacie louer tous ces attirails qu'elle refusait d'utiliser, il avait acheté un stéthoscope. Il avit découvert qu'il aimait entendre le bruit de son coeur. Comme sa poitrine était maintenant ouverte, le son était plus fort qu'à l'habitude. Et même sous les bandages qui refermaient le sternum, le coeur de la petite blonde faisait un son bien particulier, invitant, inspirant.

Une autre journée s'était passée.

*

21 javnier 2013. État 1

19.1.13

325.21. TOUT SE COMPLIQUE ET ENSUITE QUELQUES SIMPLIFICTIONS

Henry Dickson était allé louer une chaise roulante, des béquilles et une canne - celle se terminant par 3 petites pattes au bas, avec des bouts de caoutchouc, pour, supposément plus de stabilité. L'avantage était que la canne d'aluminium se tenait toute seule debout, ce qui était censément bon signe pour la personne qui s'en servirait. Elle lui servirait de tuteur s'il avait tendance à vaciller.

Mais sa petite malade n'en voulait pas.

Elle s'entêtait à marcher sur les talons ce qui lui évitait de marcher sur les plaies de ses pieds. Et de saigner sur le parquet.

S'il était difficile d'expliquer le pourquoi et le comment, on ne pouvait que remarquer la perfection du procédé. Les plaies traversaient parfaitement les os de ses pieds, de part en part.

Et ses mains, encore une fois de part en part. Dans les os des paumes.

Et, l'évènement était arrivé un 13 janvier à minuit, jour pour jour, heure pour heure, du moment où son arrièr grand-mère avait été crucifiée sur la porte de l'église du village par l'officier de l'armée canadienne.

Qu'est-ce que ça voulait dire?

Qu'était-ce censé signifier?

Il y avait bien eu des 13 janvier pendant les 19 années précédentes de sa vie. Et sa mère, avant elle, n'avait jamais subi un tel sort. Du moins à ce qu'elle sache.

Et, selon les rares témoins de la découverte du cadavre - il ne restait aucun témoin ou acteur de cet acte barbare. Tous périrenet, disons, difficilement, le modèle de crucifixion était du genre moderne, tel que popularisé par les crucifix esthétiques de la Passion du Christ, qui avaient peu à voir avec le véritable instrument de mort et la véritable torture qu'était la mise en croix. Supplice millénaire et presque international, encore pratiqué de nos jours dans quelques contrées barbares.

Si des milliers de gens ont péri ainsi et que des milliers ont été témoin de cet acte politique destiné à impressionner les dissidents et les contestataires, il n'y a preque aucune représentation et description du procédé, sauf la déclaration de son nom.

On trouva dans une catacombe un seul pied de condamné avec les marques de clous sur les côtés de la cheville et non sur le dessus du pied, ce qui rend difficile l'opération de supporter un corps tout entier pendant les heures ou les jours de son agonie. Les bourreaux de l'époque étant des gens pratique et ayant expérimenté sur des centaines de prisonniers étaient arrivé à une technique sûre et éprouvée.

Mais chaque société avait sa manière de crucifier.

La technique Romaine consistait à faire traîner sur ses épaules les bois de justice, au moins la barre du T et non la croix entière qui était trop pesante, ce qui n'était pas impossible si le condamné était costaud. Comme la croix devait pouvoir resservir, on ne gaspillait pas le bois. Une fois sur place, le madrier vertical était placé à terre et le condamné accoté dessus. Les trous pour les mains étaient déjà fait - si on les avait refait à chaque fois, on aurait affaibli le bois qui aurait fini par casser. On avait donc pris une mesure moyenne des bras étendu d'un condamné statistique. On attachait ses bras avec des cordes et on perçait son poignet - où se trouve les os, donc emplacement plus solide que les paumes de la mains (mais moins esthétique pour sa représentation picturale) et le clou entrait comme une cheville dans le trou déjà taraudé dans la poutre. On le repliairait lors de l'élévation du corps. Il restait l'autre poignet. Si le bras était de la bonne longueur, correspondant au trou déjà fait, on répétait l'opération. Si le bras n'était pas assez long, avant de l'attacher avec la poutre, on l'étirait avec ses cordes jusqu'à ce que l'épaule se déboite. Enfin, on pouvait percer le poignet avec le clou. Quelques coups de marteaux suffisaient. Ceci fait, 2 hommes, chacun soulevant un bout du madrier, la soulevait jusqu'à l'emboiter sur le sommet de la poutre déjà planté en terre. Pas besoin que le tout soit très haut, sinon, il aurait fallu que chacun monte sur une échelle ce qui aurait compliqué l'opération et l'aurait rendu dangereuse, risquant de précipiter tout le monde à terre, ce qui aurait fait rire la foule et ce n'était pas le but. Comme toujours, l'État voulait terrifier ses sujets en démontrant sa puissance. Démontrant par l'exemple ce qui arrivait aux mécontants. Ou à ceux qu'on avait désigné comme tel. L'important n'était pas le crime ou sa punition ou que la victime soit innocente, c'était la démonstration de la puissance et de la violence de l'État et de sa machine concentrée sur un de ses misérables sujets.

Une fois juchée en haut de la machine, ce n'étaient pas les clous ou les plaies qui tuaient mais l'asphyxie. Ou le sang répandu. On avait les moyens d'en répandre bien d'avantage. Car le poids du corps le tendait vers le bas, coinçant les muscles de la cage thoracique, empêchant les poumons de respirer. Si on gardait cette position, on mourait assez vite mais comme c'était intenable, les muscles tétanisés faisant très mal, le condamné essayait maladroitement de survivre en faisant des pull up sur ses clous.

Les clous des pieds n'étaient pas enfoncés esthétiquement sur le dessus des pieds et il n'y avait pas de repose pied comme on a vu sur cette sculpture. Le clou était enfoncé dans la cheville gauche, passant par le trou de la poutre et on poussait la cheville droite sur la pointe jusqu'à ce qu'elle s'ouvre. On clouait le bout du clou ensuite.

C'est donc ainsi que le condamné soulevait son corps, tenu ou embroché par les clous de ses pieds, jusqu'à ce qu'il puisse enfin respirer et soulager ses muscles. Mais comme l'effort était surhumain, il retombait vite, épuisé, et, de nouveau, il manquait d'air, de nouveau, ses côtes brûlaient et, encore, à bout de souffle et de souffrance, il recommençait à essayer de ses soulever.

Dépendant de sa vigueur, de son endurance, de sa force, de son acharnement à vivre, il pouvait se soulever durant des heures mais de plus en plus difficilement au fur et à mesure que le temps passait.

Certains mettaient des jours à agoniser sur leur croix.

Quant à Jésus, on brisa ses jambes pour qu'ils tombent enfin et meurent au bout de son air, car il y avait une cérémonie Juive le lendemain et on ne devait pas travailler dépassé l'heure conseillée. Et on l'acheva d'un coup de pilum dans le coeur pour plus de sûreté.

L'assassin de son arrière grand-mère avait eu une éducation catholique et s'était fié aux représentations des églises quand à cette forme de mort. Qui n'était pas spécifiquement Romain, les hébreux, eux-aussi, crucifiaient sans qu'on les y force beaucoup.

Donc, à juger par les plaies de la petite blonde qui correspondait à celle des sculptures et des tableaux de l'église et à la photo, l'unique photo du journaliste du journal local (qui avait cessé d'être publié il y a longtemps), photo qui n'avait jamais été imprimé mais était parvenu au petit fils du journaliste mélangé à un tas d'archive des défunts successifs. Archives ou vieilleries qu'on n'avait même pas pris soin de dépouiller, pris entre l'idée habituelle des héritiers, voulant que l'on jette tout ce qui n'a pas de valeur et encombrerait une épouse impatiante ou que l'on range le tout dans un endroit où ça ne dérangerait que les souris, si on a l'espace et comme on avait l'espace pour oublier ces choses, c'était la seule raison qui avait fait que ces choses avaient été conservée pour, disons, la postérité. Et, un jour, le petit fils qui était archiviste, trouva toutes ces piles de vieilleries, y compris des piles et des piles du journal local disparu, entreprit de fouiller et ranger. Et trouva. Et parla. Et entra en contact avec le réseau de la petite blonde.

Il y avait donc les journaux de l'époque, décrivant le crime odieux - si les crimes odieux ne manquaient pas dans le village, un crime de ce genre était le premier. Mais même si on avait la photo, les moeurs du temps empêchaient qu'on illulstre l'article. D'autant plus que la jeune femme crucifiée avait 20 ans et était nue. Mais le crime unique ne le resta pas longtemps, car en fouillant ce qui était devenu des archives de la petite histoire locale, on décrivit un autre crime, survenu quelque jours plus tard. Cette fois, sur la même porte, un homme avait été crucifié et égorgé. Sans doute pour précipiter sa mort ou l'empècher de crier davantage.

La jeune femme crucifiée avait été tué d'un gros clou planté dans le coeur, à travers le sternum, comme le montrait la photo. Car toute légère qu'elle était, les clous dans ses mains et ses pieds (le dessus) ne pouvaient soutenir son corps. La peau et les muscles auraient déchiré et elle serait tombé sur le parvis de l'église. Tandis qu'avec un gros clou, on la tuait et la suspendait à la fois, comme un gros papillon naturalisé. Ou un petit papillon parce qu'on n'a pas suffisamment dit qu'elle était petite. Probablement de la stature de sa fille, les femmes de cette lignée étant petite et lègère. Quoique la petite blonde détestat qu'on utilise le mot «petit» pour la décrire. Elle était d'ailleurs statistiquement dans les normes habituelles des femmes francophones québécoises.

Ce que le journal ne disait pas, c'était le rapport entre ces 2 crucifixions. Cette forme de mise à mort étant si inhabituelle dans nos contrées - même si les églises regorgeaient de souvenirs de l'événement pouvant servir de modèle, personne, avant ce moment, et personne depuis, n'avait pensé à s'en inspirer.

Probablement, mais cette idée est peut-être un peu rapide, que le souvenir de ce qui était arrivé au meurtrier de son arrière grand-mére avait dissuadé tous les imitateurs de la région.

On présume donc, même si aucun témoin n'est là pour le confirmer, en se fiant au peu que l'on peut lire dans le journal local - aucune autre source ne le confirme, pourtant les journaux de toutes les époques aiment les chiens écrasés ou les faits divers- mais l'endroit où ce crime odieux avait été perpétré, cette forme de crime dans une époque cathique mur à mur, était une chose impubliable et impardonnable. On en avait peut-être parlé ailleurs mais comme les archives étaient loin d'être informatisées, à supposer qu'il reste quelque chose à archiver. Car les journaux locaux avaient été vendus, achetés et revendus et les nouveaux proprios avaient fait souvent les ménage des archives qui encombraient de l'espace coûteux que l'on pouvait utiliser à autre chose ou simplement louer et rentabiliser. Les cahiers reliés des journaux, des décennies de souvenirs s'en étaient allé à la poubelle si quelques collectionneurs ou ramasseux inconnus n'étaient providentiellement intervenus. Mais si le fait était advenu, il était resté discret et on ne connaissait pas son nom. Dans les grands journaux, encore publiés, on s'était aussi débarrassé des reliures après les avoir microfilmés. Comme on était alors dans une forme primitive de reproduction, il ne restait que des images moches et, parfois, difficilement visibles.

On présume donc qu'il y avait un lien entre l'homme crucifié et la femme crucifiée. Quelques jours séparant un crime d'un autre.

Un même meurtrier ayant condamné l'un et l'autre.

C'est ce qu'on avait pensé, du moins dans le petit cercle pensant ce genre de chose, jusqu'à ce qu'on sache qu'un officier de l'armée Canadienne avait crucifié la jeune femme et que, comme par hasard, un officier de la même armée Canadienne soit crucifiée sur la même porte quelques jours plus tard. L'opinion changea donc pour aller vers la vengeance de quelqu'un qui aurait des motifs personnels d'être mécontent ou furieux devant le sort de la femme.

Et, entre les 2 événements, un autre drame local était survenu. Le curé et son vicaire avait été trouvé pendu aux cables des cloches du clocher.

Encore une fois, le même journal, ou une autre édition de la même pile en avait fait rapport. On cherchait encore à s'expliquer une telle abomination, car à cette époque pieuse, on ne pendait pas les curés. Même si la peine de mort officielle consistait à pendre les coupables.

Quelques mots vagues du texte et le journal personnel du journaliste frustré de ne pas pouvoir écrire tout ce qu'il voulait était donné les moeurs du temps, journal retrouvé encore une fois dans le tas de vieillerie sentant le vieux papier par un esprit collectionneur, notait vers ces dates que le curé, le curé pendu, avait le dimanche suivant dénoncé comme il se doit une telle désacralisation de son église, qu'il voyait comme un blasphème, ce qui était tout à fait normal étant donné les circonstances, mais il était allé plus loin, un peu trop loin, et avait dénoncé la victime au lieu de la plaindre. La jugeant responsable de son sort, sort qu'elle méritait. Et, selon le bon curé, elle devait en ce moment brûler en Enfer pour tout le mal qu'elle avait fait. Nous soulignons ici que c'est elle qui avait été crucifiée.

Quelqu'un dans l'assistance des fidèles à la messe ou quelqu'un avait rapporté ces sages paroles à quelqu'un d'autre à qui elles avaient profondément déplues. Et la semaine suivante, le curé et son vicaire était retrouvé pendu. Le bedeau égorgé.

On suppose que cette personne n'avait pas le sens de l'humour.

Et la semaine d'après, un autre homme, ce que tout désigne comme un soldat, était à son tour crucifié sur la porte de l'église sans qu'il y ait eu cette fois de curé pour dénoncer la chose. Comme les curés étaient très nombreux à ce moment, les morts furent vite remplacés et ils eurent la sagesse de demeurer prudent comme il est de mise dans la profession. Ils annoncèrent qu'ils allaient prier pour les âmes des disparus sans se demander si l'une ou l'autre méritait son sort.

Cette belle sagesse se perdait et se retrouvait selon les époques. Ainsi, il était arrivé que des gens du cru se rebellent contre l'envahisseur et voleur Anglais et ses armées. Il va de soi que trop faibles et sans expérience ni méthode, ils furent vite dénoncés par ceux-là même qu'ils voulaient libérés, arrêtés, jugés sommairement et pendus à un arbre. Le curé du temps dénonça imprudemment cette rebellion contre les autorités - peu importe laquelle, tout sujet de Dieu et du Roi devait se soumettre- il refusa donc qu'on les enterre dans le cimetière dans une terre consacrée. Et ce fut lui qu'on enterra, comme il se doit, dans son cimetière, dans une terre consacrée, le mois suivant. Ce qui provoqua une bénéfique prudence de la part des ecclésiastiques du clergé et de la soutane, jusqu'à ce que l'un d'eux, bien plus tard, oublie cette sage retenue.

Tout ceci avait été noté dans le journal du journaliste, seul de son espèce et propriétaire du journal local, athée convaincu. Avec la prudence nécessaire. Pour bien moins, il était arrivé que des journalistes et romanciers de la ville de Québec furent chassés de leur ville, devant aller s'encanailler à Montréal, ville de perdition, remplies d'anglais et de juifs. Le haut clergé commandant aux consciences des fidèles et des juristes tant qu'il pouvait. Mais on influence n'était pas aussi décisive dans la métropole du pays, elle se trouvait diluée de toute part et malgré ses tentatives de faire mourir de faim ses ennemis, il n'y parvenait pas toujours.

Tout ceci datait de la fameuse réunion de minuit s'étant tenu dans la maison à la fin de l'été. Celui qui parlait le plus avait laissé entendre qu'il y avait bien des choses à dire encore mais comme il était d'un esprit scientifique et prudent, il les dirait quand le moment serait venu.

Bref, peu importe ce qui s'était passé, il y avait un lien avec ces événements et les difficultés de marcher actuelles de la petite blonde.

Elle allait donc sur les talons, saignant ici et là. Changeant elle-même les pansements de ses pieds et de ses mains.

Monsieur Dickson avait examiné son coeur, du moins, ce qui en était visible sur sa poitrine. On - qui? - n'avait pas répété sur elle la mort de Jésus ou de son arrière grand-mêre et son coeur n'était pas traversé, sinon, elle serait morte. Par contre, son sternum était percé. Et sa peau belle et fragile. Et elle saignait. Mais ne mourait pas.

Il avait approché une flashligt Mag Lite puissante de sa plaie. Celle-ci était si bien faite, comme au couteau, qu'on pouvait voir le coeur battre au-delà. Spectacle fascinant.

Comme on vient de le dire, si la plaie avait traversé plus loin, elle aurait perforé le coeur et elle serait morte. On conclut donc que peu importe qui ou quoi avait provoqué cet état de fait, il ou ça, comment dire?, ne tenait pas à ce qu'elle meure.

On pouvait donc voir ceci comme une forme d'apprentissage ou d'expérience mais dans quel but?

Bref, elle marchait. Cuisinait, faisait la vaisselle. Monsieur Dickson mangeait, appréciait et essayait la vaisselle. Tout en regardant ses pieds et le sang qui percolait sur les pansements.

Ce qui devait être inconfortable, sinon douloureux. Mais elle ne se plaignait pas. Elle ne se plaignait jamais. Ce qui prouvait selon certains scientifiques que les femmes, étant d'une nature plus primitive que les hommes, premiers essais avant de parvenir un modèle idéal - l'homme, étaient d'une nature plus frustre, des brouillons. Les nerfs plus courts et plus grossiers. Après tout, les poètes sont majoritairement des hommes, malgré quelques essais - infructueux- de la part des femmes que l'on étudie d'un air de pitié. Et commisération. Un peu comme les homards que l'on ébouillante en se disant qu'ils ne souffrent pas. Dans la Bible, c'est Ève qui a été tentée par le serpent et sa faible volonté a immédiatement succombé. Elle a ensuite tenté Adam. Ce qui explique que les docteurs de l'Église punissaient plus durement Ève et ses femmes la rendant seule responsable de la perte du Paradis Terrestre. Le premier homme étant un être faible et influençable.

Il se demanda s'il pouvait la faire souffrir davantage. Juste du point de vue expérimental. Il saurait alors si elle souffrait autant qu'elle aurait dû.

Puis se rendit compte de cette pensée.

Pensa mieux ensuite.

Elle pouvait le tuer en le faisant cracher tout son sang ce qui serait fort déplaisant.

Pensa encore mieux.

C'était probablement l'influence de la maison ou de ce qui s'y cachait, quelque chose de malsain et de pervers.

Phénomène intéressant.

Il se demanda s'il devait lui en parler.

Comme elle lui souriait en lui tendant la soupière  - elle avait toute sorte de sourire selon les circonstances et ce sourire était nouveau - il comprit qu'elle avait encore lu dans ses pensées. Le moindre des ses talents curieux.

Oui, il faudrait parler de cette maison.

Mais à un autre moment.

Elle saignait encore.

Et il vit le sang couler de sous ses pieds et de dessus ses pieds sur ses bandages blancs, le sang couler doucement et tacher le bois sec, s'étendre et se diluer selon les fibres du bois, se déplacer, comme entre 2 eaux, comme il était arrivé l'été dernier avec les traces dernières de la femme tuée par son mari avec sa hache.

La maison aimait le sang.

Heureusement, avec modération.

*

19 janvier 2013. État 1

Morts. 6



13.1.13

324.20. SOUS PRÉTEXTE QUE LES FEMMES SONT DES ÊTRES BIEN COMPLIQUÉS FAUT-IL PRIVILIGIER L'HOMOSEXUALITÉ. QU'EN PENSE LE PAPE?

Henry Dickson n'ayant pu écouter la jolie demoiselle parler de ses dons révolutionnaires, elle lui raconta donc sa performance radiophonique à son retour. La petite blonde était contente d'elle. Pourquoi ne le serait-elle pas?

Elle s'en alla ensuite préparer le souper et monsieur Dickson n'entendit plus rien jusqu'à ce que le son d'un chaudron qui tombe attire son attention.

Il fit comme s'il ne s'était rien passé, elle n'aimait pas qu'on remarque ses maladresses. Aussi, il se replongea dans l'Annuel de l'Autombile, phantasmant avec délectation sur les photos couleurs de la Porshe 911.

C'est une petite voix venant de la cuisine qui le sortit de ses rêves de cuir et d'essence.

_ Je saigne

La petite blonde aimait parfois faire l'amour lorsqu'elle avait ses règles. Expérience curieuse tenant de la boucherie esthétique où l'homme a un pénis érigé sanglant qui empale une victime consentante. Et une plaie vive. Les ventres rougies. Et les draps. Elle disait que lorsqu'elle ne se supportait plus, ces moyens extrèmes l'aidaient à diminuer sa pression. Ce qui est une explication comme une autre.

Mais la voix si particulière de ces moments-là ou, d'autres moment, presque aussi humides mais moins colorés, n'était pas là. Une autre voix.

Il remarqua une inquiétude nouvelle.

Presque de la panique.

Comme bien des femmes, l'insécurité faisait parti de sa programmation de base, heureusement, sans que ce soit si fréquent pour en devenir handicapant. La plupart du temps, elle était sûre d'elle et confiante, le monde et l'univers étant ses amis et des membres de sa famille. Peut-être le début d'une maniaco-dépression non diagnostiqué.

Il arriva dans la cuisine pour la trouver étendue sur la table, au milieu des assiettes.

_ Désolée que tu assistes à ça mais c'est la première fois que ça m'arrive.

Elle avait les mains ouvertes où on voyait très distinctement des fentes, les mêmes que dans ses pieds - elle avait enlevé ses pantoufles, les mocassins de cuir rebourrée de toison d'agneaux, déjà suffisamment tachées de sang.

Et sa robe, à l'emplacement de son coeur, au centre de sa poitrine, avait une grande étoile luisante.

C'était un phonomène particulièrement intéressant.

_ Est-ce que ça fait mal?

_ Je ne sais pas.

Il chercha dans le tiroir à serviette un linge pour éponger le sang. Elle lui dit que s'étendre était le seul moyen pour elle d'arrêter le sang. Il y en avait peut-être d'autres mais elle ne les avait pas trouvé. Quand elle avait ses migraines et qu'elle voyait des cercles de couleur, elle allait s'étendre dans le noir, sur les grandes meules du puits.

Il remarqua que l'évier était maculé de sang. Qui correspondait probablement au sang qui était sorti de son nez et de sa bouche. Il mouilla le linge et nettoya son nez et sa bouche. Délicatement, car elle avait un petit nez mais une grande bouche. Elle ne saignait plus par là mais, doucement, de ses mains et de ses pieds. Une petite goutte perlait de temps en temps.

Monsieur Dickson était tout à fait calme. Il avait déjà vu tant de gens saigner et mourir. Les émotions ne servent à rien dans ce genre de situation. On peut bien sûr ressentir du plaisir. Mais ce n'était pas le cas alors.

_ Est-ce que tu penses mourir aujourd'hui?

Elle lui dit qu'elle ne savait pas.

_ Tu en meurs d'envie. Essaie.

Elle dit.

Il mit son doigt dans sa main et, effectivement, le doigt traversa la main. Comme si un couteau avait traversé de part en part.

_ C'est pareil pour chaque main et les 2 pieds.

_ Et le coeur.

_ Je ne sais pas.

_ On va dire que c'est une illusion, sinon, tu serais morte.

_ Je suis probablement morte.

_ On va dire que, pour le moment, ce n'est pas le cas. J'ai faim, je ne crois pas que les morts ont faim. Mais c'est peut-être une erreur logique.

_ J'ai le goût du sang dans la bouche.

_ Logique. Tu as craché du sang.

Après avoir traversa la paume de sa main avec son index, il regarda son doigt bien rouge.

_ J'ai l'impression d'être Thomas avec Jésus.

_ Désolée, je n'ai envie de fonder aucune religion. Et si on juge sur celle qu'on dit fondée par lui, je crois que je vais m'abstenir.

_ Disons que ce qui arrive est illogique et inhabituel mais comme tes plaies peuvent s'infecter même si elles sont, disons, miraculeuses, je ne sais pas si le mot convient, je vais aller chercher des bandages.

_ Je voudrais bien t'aider mais dès que je me relève, ça resaigne. Si on peut y voir quelque chose d'optimiste, je dirais qu'heureusement, je n'ai pas mes règles en même temps.

_  Je vais faire un effort d'optimisme et te dire que Sainte Thérèse d'Avila qui avait des stigmates comme toi disait que c'était bien incommodant pour laver la vaisselle. Et elle avait un avantage sur toi, c'est qu'elle pouvait flotter au-dessus du plancher, ce qui ne t'arrive pas souvent.

Monsieur Dickson alla chercher la pharmacie de la maison. Une petite valise métallique blanche avec une croix rouge contenant tout ce que sa cousine qui est infirmière prétend indispensable à la survie des êtres biologiques que nous sommes provisoirement.

Pendant qu'elle le regardait prendre soin d'elle - avec la plus grande délicatesse, comme avec une enfant, qui sait, si un geste inapproprié pouvait déclencher encore pire? - elle essayait de trouver une explication logique à la situation. Ou, à défaut de logique, une explication. N'importe laquelle.

Lorsque monsieur Dickson banda ses pieds, il testa, parce que, comme elle le disait, il ne pouvait pas s'en empêcher, son doigt passait au travers du pied. Et il lui chatouilla la plante du pied. Elle qui est extrêmement chatouilleuse ne l'était pas actuellement.

_ Tu poursuis tes expériences scientifiques.

_ Les femmes sont un merveilleux terrain d'expérimentation. On ne s'ennuie jamais avec vous.

_ Et dire que tu disais que tu avais suffisamment d'animaux de compagnie avec ton chat et ton chien.

_ Ce n'était même pas mon chat ni mon chien. C'étaient ceux de la maison. Le précédent propriétaire les avait trouvé là et il n'avait jamais pu s'en débarrasser. Effectivement, je ne voulais pas me compliquer la vie.

_ Et ta vie se complique de plus en plus.

_ Je ne sais pas si je détestes ça.

Elle était maintenant assise sur le rebord de la table de la cuisine, ses petites mains et ses petits pieds enveloppés de blancs médicaux.

_ On dirait que ça ne coule plus.

_ On peut aller à la clinique... non, c'est fermé le soir, à l'hôpital, l'urgence est ouverte toute la nuit toute l'année. Depuis qu'un des maires du village s'était arrangé pour écoeurer le médecin de famille local, le village était comme la plupart de tous les villages, sans ressources médicales. Il y avait la pharmacienne qui soignait les gens - même si c'était illégal selon le Collège des Médecins- et il y avait la clinique vétérinaire où on pouvait même emmener son bébé ou ses enfants. Après tout, c'étaient des mammifères comme tout le monde.

_ Et on leur dira quoi?

_ Effctivement. Les mots justes seront difficiles à trouver.

_ Je n'ai pas envie de voir arriver la TV ou le Journal de Québec. Un nouveau phénomène de foire ou de cirque. Je ne suis pas devenu mystique mais je crois savoir ce qui se passe actuellement même si je ne comprend pas pourquoi ceci se passe actuellement, là. Ici.

Elle ne disait jamais «pourquoi moi!?», les choses arrivent. C'est ainsi.

Même les choses en apparence absurde ont leur logique. Monsieur Dickson se souvenait de la réunion des historiens qui s'était tenue ici une certaine nuit. Réunion qui expliqua bien des choses et qui en compliqua d'autres. Elle expliquait donc l'inexplicable autant qu'elle le pouvait.
_  Elle est morte comme ça.
La femme crucifiée sur la porte de l'église. Son arrière grand mère.
Elle avait calculée les dates.

Même jour. 13 janvier. Probablement même heure.
1945. 20 ans. Morte. Elle venait d'accoucher.
1965. 20 ans. Morte. Sa fille.
1985. 20 ans. Sa mère. Pas encore morte. Ce qui prouvait que s'il y avait malédiction, elles n'étaient pas immuable. Il y avait des exceptions. Incompréhensibles. Mais des exceptions tout de même.
1992. Sa mère avait 27 ans. Et donna naissance à son unique enfant, une charmante petite blonde au visage intéressant, de 9 livres. Tout à fait conforme à ce qu'il faut attendre d'un bébé fille normalisé.
2002. Sa mère avait 37 ans. Elle était morte. Mais la petite blonde ne voulait pas dire comment. Elle avait alors 10 ans.
2012 (maintenant le premier mois de 2013). Elle a 20 ans.

Et qu'est-ce que cet événement nouveau signifiait ou signifirait?

*

13 janvier 2013. État 1

11.1.13

323.19. LA CULTURE EST VOTRE AMIE

Monsieur Dickson écoute Radio Canada FM première chaîne à la radio. Puis une idée passa au travers de sa tête. La petite blonde devait discuter à la radio communautaire universitaire ou quelque chose du genre. Mais il ne se souvenait plus de l’heure. Il ne faisait que dormir ces temps-ci et sa mémoire aussi.
Heureusement, même sans sa présence, il est désormais possible d’écouter le monde extérieur de l’intérieur de la maison. Tant de choses ont changé depuis qu’elle s’est manifestée dans sa vie. Une vie plus compliquée alors qu’il la voulait plus simple et n’avait pour but que de la simplifier davantage. Comme une balle dans la tête. Alchimie du cuivre et du plomb.
Ce n’était pas elle mais un autre animateur.

Pas la bonne heure.

Elle avait dû noter sur un Post It collé au frigo l’heure mais il ne le trouvait pas. Et la date aussi. Les jours passaient si vite. Et les semaines.

Pas ça non plus.

Quelque chose qui était disparu et qu'on ne pensait plus revoir était revenu. Mais ce n'était pas ce dont il avait besoin à ce moment précis.

Pas de Post it.

Encore une fois, les choses disparaissaient ou elle avait simplement oublié.

À tout hasard, il ouvrit le poste de radio au poste pré-sélectionné.
_ L’année 2013 marquera le 40 e anniversaire de la station de radio communautaire de Québec, CKRL 89,1. Sous la présidence d’honneur de l’ancien maire de la ville de Québec.

L’animateur lu la citation de l'ancien maire. Un des rares à peu près pas cinglé qui a dirigé la ville.
_ Pour moi CKRL est et a toujours été une école, une fenêtre ouverte sur l'avenir, la liberté de dire, de partager et de tolérer et
Après la citation de circonstance, l’animateur continue :
_ Vendredi, 11 janvier 2013. Soirée anniversaire. Et toute l’année, 2013 vibrera au rythme des festivités du 40e  qui culmineront avec le radiothon annuel. Le premier datant du 20 mars 1981.

La mère de la charmante demoiselle qui partageait sa vie et son lit ou le contraire devait avoir à peu près le même âge que sa fille, 20 ans. Ou 16 ans.
_ Pour les nostalgiques, des capsules historiques audio 40 e  anniversaire seront diffusées  toute l’année sur les ondes du 89,1 .
Et nous commençons par la première. Bref historique :
Automne 1970, 8 étudiants de l’université Laval préparent un dossier pour l’obtention d’un permis du CRTC – Conseil de la Radiodiffusion et des Télécommunications Canadiennes- dans le but de créer une station de radio communautaire dans le cadre d’un projet gouvernemental Perspective-Jeunesse du Secrétariat d'État du Canada.
Juin 1971. Dépôt de la demande devant le CRTC.
14 juillet 1972. Le CRTC accorde un permis de radiodiffusion pour l’opération d’une station communautaire francophone, FM-Laval.
Mais comme les choses simples ne sont jamais aussi simples qu’on le croit, ce ne sera que le 3 ans plus tard, après bien d’autres démarches, des demandes de permis et de subventions, des disputes au sujet des ondes à allouées, des plaintes des radios privés pour cause de concurrence déloyale subventionnée pour des gauchistes, que le jeudi 15 février 1973 à 17h.  des battements de cœur se font finalement entendre sur la fréquence 89,1. CKRL prend vie. RL. signifiant Radio Laval. CK, on s'en rappelle plus mais notre spécialiste sera bientôt là. Qui diffusera sur le 89,1 sur la bande MF pendant les 11 années suivantes du premier sous-sol du pavillon Charles-de-Koninck de l'Université Laval, qui l’héberge et participe à son financement.
13 septembre 1976. Après avoir été en ondes quotidiennement 19 heures par jour, de 5 heures de l’après midi à minuit, la station commence à émettre à partir de 7h le matin.
Et cet exemple sera imité. D’où la création de plusieurs radios communautaires au Québec. Selon notre historien des communications, professeur à l'université Laval, qui n'est pas là mais y sera bientôt, CKRL est la 2 e  fréquence MF de la ville de Québec et la seconde radio communautaire au Canada. Née 6 mois après celle de l’Université Simon Fraser en Colombie-Britannique. Première radio communautaire de langue française au monde. Les radios libres et pirates de France ne se manifestant que 4 ans plus tard.
Des centaines de bénévoles passionnés se sont succédés derrière son unique micro. Et la tradition se poursuit. Et nous avons maintenant quelques micros de plus. Nous conservons nos fidèles et des émissions sont à l’antenne depuis plus de 20 ans. 
Septembre 1978. CKRL accueille en ondes les groupes communautaires de la région de Québec.
La station, depuis ses débuts jusqu’à ce jour, n’a jamais dévié de ses buts : favoriser l'expression musicale québécoise, francophone et étrangère. Offrir une information critique afin d'améliorer la qualité de vie du milieu. Conception dynamique de la radio MF. Promotion des idées créatrices et de l'animation culturelle en intégrant les ressources du milieu. Développer la solidarité entre les groupes d'intervenants de la communauté en permettant la participation du milieu et l'accessibilité des ondes aux individus et aux groupes de la communauté régionale.
Avril 1984. Avec le soutien des Ministères des Communications, de la Culture et des Relations Internationales (maintenant, Ministère de la Culture et des Communications et MRIFCE, Ministère des Relations Internationales, Francophonie et Commerce Extérieur) CKRL  organise la première quinzaine de la radiophonie internationale.
Été 1984. CKRL quitte le campus de l’Université Laval et emménage dans le vieux Québec.
Avril 1987. à quelques mois du Sommet de la Francophonie à Québec, CKRL présente une soixantaine d’invités et 100 heures de radio francophone internationales.
15 février 1988. CKRL célèbre ses 15 ans.
Octobre 1992. CKRL  quitte le vieux Québec et emménage en haute ville, au coin de Grande Allée. 
Mai 1995. Le cordon ombilical avec l’Université Laval est définitivement coupé. La station n’étant plus logée sur le campus depuis 10 ans, le nom de la corporation est modifié pour celui de CKRL FM.
Février 1998. CKRL fête ses 25 ans et ses artisans. La station n’aurait pu exister sans la collaboration de 4000 bénévoles dont la petite blonde. Elle aura donné la parole à 600 organismes culturels et sociaux. Et son auditoire est de 80 000 personnes. dont font parti la petite blonde, le chat, le chien et monsieur Dickson.
Juillet 2001. CKRL est devenue propriétaire de son édifice sur la 3e avenue.
11 septembre 2001. Soirée de poésie multiculturelles et de musiques arabes.
12 novembre 2001. Inauguration officielle des nouveaux locaux.
25 mars 2004. 23 e radiothon. Commencement de la 31 e  année avec des retrouvailles à la Galerie Rouje. 200 personnes sont présentes. Et non la petite blonde qui a 12 ans.
Janvier 2009- 35 e  anniversaire.
Année 2013. 40 e anniversaire. Le 11 janvier 1973 à 17h, CKRL émet enfin sur la bande FM à Québec à la fréquence 89,1 et 40 ans plus tard, jour pour jour, heure pour heure, 17 h. c’est l'occasion pour tous les artisans de la radio de célébrer ensemble ce long parcours radiophonique: réalisateurs, recherchistes, auditeurs et amis de CKRL, anciens et actuels animateurs. Tous sont conviés à cette soirée retrouvaille à l’espace Hypérion .
Message publicitaire.
Dans la mythologie grecque, Hypérion est le fils d’Ouranos, dieu du vent, et de Gaïa, la déesse de la Terre. Ce qui le situe entre le Ciel et la Terre, les dieux et les hommes, les éléments spirituels et matériels. Hypérion se situe « au-delà de » et  est le symbole du «hors norme» tout comme l’espace Hypérion.

Hypérion, dieu Soleil qui brille de toute sa splendeur. Objectif ultime de l’espace Hypérion.

Pour les amateurs de dictionnaires, comme la petite blonde, Hypérion est également le nom d'un séquoia, l'arbre le plus haut du monde. Tout comme cet arbre exceptionnel et légendaire, le clocher penché de l’espace Hypérion sera le nouveau phare culturel à Québec et il franchira les hauteurs du domaine artistique et culturel afin d’atteindre Hypérion, le dieu qui brille de tous ses feux.

Même si monsieur Dickson fume régulièrement de l'opium (Afghan, le meilleur - 90 % de la production mondiale), il n'a jamais ressenti ce genre de chose à jeun. Bel enthousiasme. On a l'impression d'être sur les cimes de l'Himalaya et de manquer d'oxygène ou qu'il ne se rend pas au cerveau. Et le message n'est pas terminé.
_ Mais c’est d’abord une église. Construite en 1851 selon les dessins de l’architecte Raphaël Giroux, l'église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier.

Suit la description de l'église.

_ Décor extérieur d’une grande sobriété et chœur de style néo-classique. Une des plus anciennes églises catholiques à être encore debout et une des plus anciennes églises catholiques encore utilisée pour les services religieux.

Et il y a même un clocher qui penche. Chaque lieu sa tradition. Ici, au village, un curé et son vicaire ont été pendu aux cordes servant à faire jouer les cloches. Mais le clocher n'a pas penché.
_ Son surnom clocher penché vient de son clocher qui ne cesse de s’incliner vers l’arrière

Probablement à la suite d'améliorations diverses plus ou moins inquiétantes. Les mêmes constructeurs qui font les centrales nucléaires et les viaducs.

_ Située au cœur du quartier Saint-Roch.

On ne donne jamais d'adresse. Comme si tout le monde avait Google.

_ Vous serez conquis par les tableaux et l’architecture nos artisans qui ont fait la renommée du savoir-faire québécois en art sacré.

Ce qui n'empêche pas qu'on démolisse à tour de bras.

_ L’église vibre au diapason de tous les instruments,

Le clocher penché y est sans doute pour quelque chose?

_ ce qui la rend parfaite pour des cours de musique, des réunions de mélomanes et des spectacles. On y trouve un orgue centenaire Casavant à 4 claviers, l’un des plus beaux au Québec, ainsi que 2 pianos de concert. Acoustique naturelle exceptionnelle qui vous englobe. La conception unique tout en bois fait de cet espace un gigantesque instrument de musique où la moindre note se fait entendre d'un bout à l'autre de ses murs.

Nouvel espace multiculturel chaleureux, polyvalent et rassembleur. 350 sièges pour les spectacles, jubés d’une grandeur exceptionnelle pour des expositions. Par ses qualités tant acoustiques qu’architecturales, ce lieu deviendra l’un des endroits les plus fréquentés de Québec.

À moins qu'on le démolisse avant.

_  L’espace Hypérion se positionne comme un phare du quartier Saint- Roch. Un nouveau carrefour communautaire, social et culturel pour la musique et les arts à Québec. L’espace Hypérion veut promouvoir autant les artistes d’ici que ceux provenant des 4 coins du monde en offrant un milieu de diffusion exceptionnel. Vitrine exceptionnelle ouverte sur le monde. Pour y chanter, y jouer, y exposer, y enseigner, y danser ou démontrer votre savoir faire. Par l’entraide artistique et sociale, se produira un effet catalyseur pour le développement de la collectivité du quartier et de la ville de Québec.
C’est en ces murs chargés d’histoires et d’œuvres d’art que l’église au Clocher Penché a été nommée le 8 septembre 2011 l’espace Hypérion. Mais l'espace conserve sa vocation religieuse, puisqu’il y a encore des messes le dimanche matin.
Pour atteindre ces objectifs, il faut sauver l'église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier. C’est notre principal leitmotiv. La vigilance s’impose. Nous rappelons qu’on a détruit une église cet été et une autre il y a 2 ans. Et qu'à Lévis, en face, une église plus moderne sera démoli sous prétexe qu'elle n'est qu'un toit ou un triangle.
Fin de la publicité. L'animateur qui n'a probablement pas tout dit continue:
_ Lors de l’événement CKRL, un multi-instrumentiste offrira une prestation musicale enlevante et la nuit se terminera en beauté avec la musique du dj DJ et une prestation de l’Orchestre d’hommes orchestre.
Et à la fin ce ne sera pas fini. Le 4 avril se tiendra le tout premier cocktail-bénéfice à l'hôtel Boutique Château  Vroum. Cette soirée électrisante donnera le coup d’envoi à la fin de semaine du radiothon a annuel que l’on promet haut en couleur.
Nous retournons à notre programmation. Ce soir, rencontre poétique de poètes.
_ Tout à l’heure, vous nous rappeliez vos souvenirs d’enfance et ce qui, selon vous, aurait provoqué votre… ce qu’on appelait vocation. L'appel. Ce que certains d’entre vous appellerait mission.
_ Pour moi l’école a été un milieu exceptionnel de formation et d’entraide.
_ Je partage ce point de vue.
Tous les invités semblaient du même avis. Tous content d’être là. Chacun récitant quelques vers de son dernier livre, occasion exceptionnelle, la poésie ne se vendant pas, ce qui est un excellent euphémisme.

Peut-être quelques auditeurs auraient un jour un geste charitable.
Un des invités, à la poésie plus sombre que les autres, restait rêveur. Il avait fait son petit spectacle et se demandait ce qu’il y avait à manger dans son frigo. Rien. Puisqu'il n'y avait rien mis et que personne d'autre ne le ferait à sa place parce qu'il vivait seul.

Demain, il redeviendrait employé de bureau dans un ministère qu’il détestait et dans 30 ans, si son ulcère ne se transformait pas en cancer et s’il ne se mettait pas à chier de la merde bleue ou noire – signe de saignement interne aggravé, les premiers indices étant un sang rouge au derrière, il aurait une pension.

Et il pissait déjà rouge.

Ce qui est probablement mauvais signe.

Et ce mal de ventre qui lui tenait compagnie. Les reins. Le foi. L'estomac. Le tube digestif. À 21 ans, on lui en avait enlevé 3 pieds et ensuite raccordé et recousu le reste et il avait survécu.

Il avait été invité à l'émission puisqu'il avait un petit nom dans le milieu car tous les ans il publiait. Personne le lisait et personne n'achetait son livre. Mais son éditeur le publiait et l'imprimeur l'imprimait et on envoyait les livres restants retournés des librairies au pilon pour faire de l'excellente pâte à papier. Neuve, blanche et désencrée. Qui permettrait de faire du tout aussi excellent papier que l'on consacrerait cette fois sans doute à des circulaires publicitaires que l'on lirait probablement.

Et, imperturbablement, comme les plantes qui poussent, il publierait l'année suivante. Son éditeur lui ayant fait comprendre qu'un livre par année était bien assez. Il ne fallait pas fatiguer son public.

Quel public?

Il écoutait vaguement ce que disait les autres puisque son tour était passé et ne reviendrait pas avant un moment. C'était comme un acouphène ou le bruit de la mer dans un coquillage qu'on colle contre l'oreille. On n'interrompait pas quelqu'un qui parle à la radio, ce qui ne se fait pas comme on le fait très bien dans une réunion adminstrative. Il avait passé l'après-midi d'hier à écouter discuter de la différence entre cercle, boule et sphère. Il fallait choisir le terme le plus exact pour un communiqué quelconque et si tout le monde s'était d'abord entendu, quelqu'un ne l'entendait pas ainsi et tenait à dire (longtemps) son mot. Et cela dura. Il avait l'impression d'être chez le dentiste ou de subir une coloscopie où on vous enfonce un long tube dans le rectum en faisant attention pour ne pas faire éclater le patient mais il avait connu encore plus subtil, l'équivalent du tube mais plus petit mais pas assez qu'on enfonce dans l'urêtre du pénis jusqu'à ce qu'il pénètre dans la vessie que l'on peut alors observer. Il avait signé un papier donnant la permission de tester son urine, aussi, urine qui giclait au fur et à mesure qu'on enfonçait le tube et qu'on essayait de faire entrer dans une petite bouteille. Impression étrange, comment quelque chose de si grand et gros peut-il entrer dans une si petite ouverture? Mais il devait savoir ce qu'ils faisaient.

Même lorsqu'il pissa du sang, il se dit que c'était problablement normal compte tenu des circonstances.
Et les jeunes étudiants et étudiantes en blouses blanches - infirmieres ou médecins - qui observaient son tube d'inox dans son pénis et prenaient des notes. Sans doute qu'on leur poserait des questions lors d'un futur examen. Il leur souhaitait bonne chance. Lui se sentait comme à un méchoui, un cochon qu'on faisait tourner à la broche.

Sentiment de bétail qui fut encore confirmé lorsque, plus tard, un autre spécialiste lui enfonça un tube dans la gorge.

Il revoyait les annonces à la TV de St-Hubert BBQ. Tous ces poulets embrochés sur des barrs d'acier qui dorent et transpirent au four. Si appétissant.

Était-ce à ce moment qu'il était devenu un robot? Ou avant?

Avant.
Il pensa qu'on ne fait pas assez de poème pour les cochons. Il faudrait les remercier de leur dévouement. Et il y a là tout un sujet. Comme il était invité lors de l'anniversaire de CKRL, il y penserait.
On n'était pas non plus silencieux à la radio. Il n'y a rien de pire que le silence. Il dirait donc quelque chose. Tout en pensant en même temps à ne pas trop dire. La sincérité, comme toute bonne chose, devant être utilisée avec parcimonie. Il avait donc tout son temps pour rêver quoique ce ne soit pas le terme précis et adéquat pour ce qui lui passait par la tête.
Invitation.

École.

Émotions.

Sentiments divers.
Sensation complexe.
C'était plus ce genre de choses que des mots et encore moins des idées. Bien au-delà ou en-deça des phrases.
Il avait été invité, les ordinateurs gardant ces adresses, à des journées ou des soirées retrouvailles aux diverses écoles auxquelles il avait - il chercha le mot- participé.

S'en était suivi des émotions, des sentiments et des sensations diverses.

Le nom de chacune provoquant une boule dans le ventre – d’où son ulcère. Ou c’était son job actuel et sa boule actuelle qui lui donnait son ulcère et ses saignements rouges.

Un rouge brillant lorsqu'il s'essuyait le cul.
Mais la pire avait été l’école primaire.

Presque à égalité, les 3 écoles secondaires.

Mélange de cimetière, d’asile de fous, d’abattoir et de prison.

Il voyait des images.

Et un goût de sûr remontait dans son tube digestif.

Pourvu qu'il ne vomisse pas sur la table. On ne l'inviterait plus.

Il aimait bien être invité.

Il avait l'impression d'être quelqu'un.

Impression brève mais agréable.

Il aimait bien les impressions agréables.

On a rarement l'occasion d'en avoir tous les jours.

Il se demandait si les auteurs plus connus que lui et invités plus souvent, même dans des postes non communautaires, ressentaient des choses encore plus agréables. Et plus souvent. Ou étaient tous devenus blasés. Parce qu'ils avaient fini par croire que tout ceci était naturel et durerait toujours.

Il avait déjà vu des documentaires sur les prisons et y avait trouvé beaucoup de ressemblances : on est attaqué par les gardiens et les autres prisonniers. Et, parfois, on s’en tire vivant. On fait son temps. Et on sort. Ou on vous met dehors. Et on est devenu fou.
Il avait aimé étudier. Il avait imaginé stupidement que c’était ce qu’on faisait. Non. L’occupation principale était de raser les murs et de passer inaperçu. Et, comme ce n’était pas toujours possible, de pleurer.

Et d'avoir mal.

Partout.

Sur la peau. Et dedans.

Dans le ventre.
L’envie de vomir tous les matins à partir de sa sixième année de vie. Première année d'école. Jour 2. Il était probablement mort le jour 3. Était-ce un jeudi?

Vomir.

Dès qu’il avait compris l’enfer où ses idiots de parents l’avaient jeté. Et il lui faudrait subir ça pendant des années. Et le soir, il vomissait. La nuit, il rêvait à ce qui l’attendait. Rêvait de la veille, revoyait la journée passée, revivait chaque moment et imaginait celle à venir qui serait encore pire.
Et il faisait des listes. Des élèves et des professeurs qu’il tuerait un jour lorsqu’il serait assez vieux pour se venger.

Des listes au crayon de plomb.

Des listes sur une feuille qui s'usa à force de relecture. Et lorsque la feuille devenait illisible à force d'être usée et mouillée, presque transparente, il transcrivait les noms.

Détail. À ce moment, il savait écrire.

Détail. Il savait lire et écrire avant d'entrer à l'école. Ayant appris tout seul en lisant. Mais comme on n'aimait pas les prématurés et que cette méthode n'était pas la  bonne, on lui avait fait désapprendre et réapprendre avec la b0nne méthode.

Cogner est un très bon système mnémothecnique.
Et tous les soirs, il révisait sa liste. Enlevait parfois des noms, phénomène rare, en ajoutant souvent. Cas le plus fréquent.
Il survécut toutes ces années. Et devint fou.
À 20 ans, il regardait dans le miroir le robot biologique et respirant, un modèle de logique et de perfection qu’il était devenu. Sans plus rien d’humain. Sinon les apparences.

La seule chose qui n'était pas métallique était cette douleur dans le ventre. Un robot n'a pas de sensation et ne devrait pas souffrir.

Tout ceci était illogique.

Mais cette douleur était aussi métallique. Comme s'il avait avalé un couteau ou une lame de rasoir qui le cisaillait de l'intérieur.

Il y avait donc là quelque chose de logique.
Et un jour, il se rappela de la liste.
Il avait alors des fusils.
Il aimait les fusils.

Les fusils étaient métalliques comme lui. Froid. Dur. Logiques.
Il prit son auto et alla à la première école où il avait souffert. Il n’y avait plus qu’un trou. On l’avait démoli pour construire des condos. Les élèves avaient été relocalisés. Les autobus jaunes allaient désormais ailleurs.
Il conduisit un peu plus loin. Il y avait une nouvelle école primaire. Il stationna son auto en face de l’immeuble aussi moche que toutes les usines conçus pour l’abrutissement et la programmation des enfants.

Là, il.
Il en avait appris des choses. Il n’était pas allé là ou ailleurs pour rien.
À détester les adultes et détester les enfants.

C'était comme il y a 14 ans.

Comme s'ils étaient tous encore là à l'attendre.

Comme si le temps avait fait un détour, était revenu, n'était jamais parti.

Il ne pensa pas que les enfants et les professeurs étaient partis, n'étaient plus là et que ceux qui y étaient n'étaient pas les mêmes.

Ceux qu'il avait connu lui ressemblaient probablement, tous devenus des robots. Les professeurs déjà vieux étaient devenus plus vieux. Et les enfants s'étaient transformés en adulte.

Mais il n'y pensait pas.

Il était revenu dans le temps.

Avec cette fois la possibilité de se défendre et de se venger.
Il sortit son fusil et emplit ses poches de balles de .12.
Il entra.
Et sortit lorsqu’il n’y eut plus de balle.
Il jeta son fusil dans la neige ou l’herbe. Il ne se souvenait pas s’il y avait de la neige ou de l’herbe et en quelle saison c’était.
La police arrivait au moment où il dépassait les murs de briques jaunes et sales pourtant toutes neuves. Comme s’il y avait des entrepreneurs spécialisés dans la construction de murs jaunes et sales.

Et qui sont contents de leur travail.

Les voitures de police et les ambulances le croisèrent en allant en avant, à toute vitesse, alors qu'il marchait paisiblement dans l'autre sens.

Un piéton robot comme les autres.
Il n’avait pas compté les années qui s’étaient passé depuis. C’est lorsqu’il avait reçu l’invitation d’une de ses anciennes écoles, la plus anciennes n’existant plus, mais on avait gardé et recoupé les fichiers. Et on pensait que les anciens seraient contents de se revoir. C'était même écrit sur la lettre d'invitation.

Il reconnut même un nom dans le comité organisateur.
Il avait jeté sa liste et avait oublié les noms.

Mais ce nom là, fit comme un éclair dans sa tête, ce nom il ne l'oublierait pas. Ensuite, il l'avait oublié.

Il avait jeté la lettre d'invitation et toutes celles qui avaient suivi. Car on avait toujours son nom dans la banque de donnée de l'ordinateur.

Aucun des adultes et des enfants qu’il avait tué – il ne se souvenait plus du nombre mais autant qu’il avait de cartouches dans ses poches- ne figurait dans sa liste personnelle. Mais ils étaient interchangeables puisqu’il avait aussi appris que quelque soit l’endroit où on va, tous sont semblables. Comme des produits ménagers. Ils cognaient, humiliaient, disiaent des choses, volaient, faisaient mal tous aussi bien les uns que les autres. Ils faisaient peur. Tous. Et ceux qu'il n'avait jamais vu, selon la même logique, il était un robot et pensait donc rationnellement, devaient être similaires.

Ils avaient simplement payé pour tous les autres.

Winchester Super-X Super Steel Super Magnum pour gibier d’eau. Cartouche étanche. Sertissage étoile soudé à chaud. Amorce vernie contre toute intrusion d'humidité. La cartouche Super-X Drylok de WINCHESTER a été spécialement conçue pour résister à la corrosion et à l'oxydation courante des zones humides. Winchester est toujours reconnue comme une marque mythique d’armes de chasse et de munitions que des milliers de passionnés de chasse utilisent ainsi que les tueurs en série.
Chambrage 89 mm.
Culot 20 mm
Vitesse 410 mètres/seconde. 1400 pieds/seconde
Chaque cartouche contient 3 billes d’acier
Boite de 25 cartouches
Calibre .12. Cartouches 3 pouces. 1 ¼  once de chevrotines (ou 44 grammes de billes) d’acier.
L’acier a remplacé les plombs (en plomb), ce métal étant nuisible à l’environnement et à la santé des canards et à la nappe phréatique. Les canards gobaient les tonnes de billes de plombs tombées au fond des marais et s’empoisonnaient ainsi que leurs cuisiniers. On dit d’ailleurs que les anciens Romains du fait qu’ils ajoutaient du plomb pour conserver leur vin se sont ainsi empoisonnés lentement avant de devenir fous (un des symptômes de l’empoisonnement au plomb), explication de leur décadence et de leur future et définitive extermination. Explication qui ne satisfera pas un nouveau personnage qui arrivera sous peu et qui prétend que c’est lui-seul qui a décimé les Romains, son propre peuple. Les riches Romaines aimant se maquiller le visage avec du blanc de plomb, produisant les mêmes résultats, en plus de ravager prématurément leur peau.
25 cartouches = 25 morts.
Il avait remarqué qu’il n’était pas le seul puisque régulièrement un frère d’arme faisait un carnage dans une école. Une fois par 10 ans, il y a longtemps. Une fois par année, il y a moins longtemps. C’était maintenant une fois par mois.
On l’avait cherché. Ou quelqu’un comme lui. Comme le monde était juste ou injuste, on avait arrêté quelqu’un qui avait avoué et avait été condamné avec il ne savait quelles preuves –comme si ça avait la moindre importance. Et il avait été tué en prison.

Les journaux avaient tout raconté.
Innocents ou coupables, dans ce monde, il n’y avait aucune différence.
Il avait oublié.

Puis s'était souvenu.

Parce que.
Un frère de misère venait de faire un nouveau carnage dont on ne cessait de parler dans tous les médias. On en avait même parlé avant d'entrer en onde. Chacun des invités et l'animateur avait dit comment ce genre de chose les rendait triste. Mais dans quel monde vivons-nous. Quelqu'un avait même pensé ça et, pire, l'avait dit à voix haute ou intelligible.

Puis s’était mis le canon de son fusil-mitrailleur dans la bouche. En toute logique. Il n’avait pas expliqué son geste ce qui permettait à tous ceux qui ne savent rien d’imaginer des choses.
C’était alors qu’il s’était rappelé.

Et ce fut pire lorsqu'on posa les gentilles questions au sujet de l'éducation, de la culture, de l'école.

Et lorsqu’on avait fait le tour de table et qu’on avait demandé l’avis de chacun, la plupart avait menti. Il le savait. On ne devient pas écrivain parce qu’on est heureux ou qu’on l’a été. Les gens heureux n’écrivent rien.
Tous avaient aussi bien menti que lui.

Ensuite ou c'était avant, ils lurent des lignes de leurs textes.
Lui-aussi, il avait lu ses lignes. En se demandant pourquoi il les avait écrites. Et quand? Il ne se rappelait plus.
Il s’était demandé s’il devait être sincère et dire vraiment ce qu’il pensait. Pas tout. Seulement ce qui était disable. Mais on ne comprendrait pas.
On disait que sa poésie était indéchiffrable.
Tout simplement parce qu’elle ne pouvait être comprise que par certaines personnes. On l’avait donc publié pour les mauvaises raisons, pensant qu’il écrivait bien et avait du style. Qu'il faisait de la littérature. Autant que sur les pierres tombales. C’était supposé être le titre de son dernier recueil mais l’éditeur subventionné qui le publiait – mais ne le payait pas- tous les gens qui vivent dans la chaîne littéraires vivaient de son art et de celui de tous les autres et les seuls qui n’étaient pas publiés était lui et les siens.
Il se demanda s’il allait un jour faire un tour dans sa maison d’édition avec un fusil.

Il avait pensé entrer dans son ministère avec un fusil.
Mais il n’avait plus cette rage. Et n’avait plus de fusil.
L’âge use tout. L’énergie, la force et la rancune.

Le talent.

On avait demandé aussi à chacun pourquoi ils écrivaient. Il n'en avait aucune idée. Comme tous les autres avaient l'air de savoir pourquoi, il fit une moyenne de ce qu'il entendit et le raconta ce qui parut satisfaire la plupart.

Il y avait longtemps qu'il avait cessé de penser.

Mais à force de vieillir et de publier des livres, il arrive que quelqu'un se souvienne de vous. Il me semble que j'ai déjà entendu parler de. Il a un nom qui sonne comme. Il avait publié un livre avec un titre comme. Quelque chose du genre. Ou à peu près. Ce qui expliquait pourquoi on l'avait invité.

Ou le robot qu'il était.
On parlait de lui offrir une médaille.

Ou au robot. Car il y avait longtemps que tout ce qui était vivant en lui ou dehors avait pourri. Cessé de suer et de puer.

Il ne restait plus rien de lui.

Il suffisait de faire semblant. Et personne ne voyait la différence. Les gens sont si peu observateur. Ils ne voient rien.

Il faisait donc semblant d'être vivant et personne ne voyait la différence.

Jamais personne personne personne n'avait vu la différence.

Et il n'était pas le seul dans son genre. Des robots comme lui, il en voyait souvent. Quelquefois. Pas si souvent que ça mais assez souvent.

À un moment donné on a assez mal qu'on se transforme. On passe alors à un autre stade. Mieux. Logique. Alors on n'a plus mal. Ou si ça arrive, c'est une douleur extérieure, lointaine, d'ailleurs, de loin, d'un autre univers, objective, neutre, analysable, quelque chose dans le fond de la gorge, dans le ventre, le cul. Un symptôme de quelque chose quelque part dans le robot.

Et on peut alors très bien se regarder pisser rouge et trouver ce phénomène intéressant.

Et le robot aurait une médaille.

Un autre ministère. Avec des médailles. Des petites boites noires à couvercle et du velour ou du satin rouge dedans.
Il se demanda s’il y avait une subvention qui allait avec.
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11.12. 13 janvier 2013. État 3

Morts. 25

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Note

Les activités réelles de CKVL sont à l'adresse qui suit (en bas ). Ici (en haut ), on ne s'est servi du  texte promotionnel de base que pour des raisons ethnologiques, théâtrales et dramatiques, en modifiant les infos afin de satisfaire à la logique de l'intrigue.

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