Elle essaya de téléphoner à monsieur Dickson. La ligne était occupée. Elle le serait dorénavant pour elle.
Monsieur Dickson avait encore de nombreuses amies. Qu’il voyait moins depuis que la petite blonde vivait avec lui. Mais qu’il pourrait revoir si l’envie lui prenait. Chaque femme est unique. Aucune ne peut remplacer toutes les autres.
Il venait d’en éjecter une autre de sa vie.
Il pensa à une autre qui, l’année dernière était venue à sa maison. Et qu’il avait raccompagnée jusqu’à son auto. Il avait refait la scène dans son esprit. Comme de petits personnages d’une crèche de Noël – mais on était en été - . Il était de dos à la maison. Elle était face à lui. Le regardait et souriait. Lui disait au revoir. Allait s’approcher pour l’embrasser lorsque sa tête et ses yeux dévièrent comme si son attention était attirée ailleurs. Vers quelque chose derrière lui. En haut. Il se retourna pour essayer de voir ce qu’elle avait vu ou venait de voir car il n’y avait plus rien à ce moment. Et, étant donné l’angle de sa tête, c’était quelque chose qu’elle avait, aurait vu, dans une des fenêtres de l’étage. Une des petites fenêtres à pignon du toit. Fenêtre fermée. Il n’y avait même pas de rideau qui pouvait bouger. Pas de vent pour le faire bouger s’il avait été là car la fenêtre était fermée. Après son départ, il passa en revue toutes les chambres et toutes les fenêtres de ce côté de la maison. Toutes étaient fermées. Quelques-unes prises dans la vieille peinture depuis des décennies et jamais rouvertes. Qu’est-ce qu’elle avait vu? Et il vit son visage. Il la vit s’enfuir. Il vit l’auto partir rapidement. Il ne la vit jamais revenir. Il fut incapable de la rappeler. Elle ne répondait jamais au téléphone. Il alla chez elle, elle n’avait jamais remis les pieds dans son appartement. Personne ne savait où elle était allé. Il savait qu’elle avait vu ou cru voir quelque chose d’effrayant. Puis il y pensa moins. Il lui sembla que son visage ne ressemblait plus à ce qu’il avait cru voir. Il devenait plus pacifique. Il ne resta bientôt plus que cette image. Et il l’oublia.
Et il aima cette simplicité nouvelle
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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