HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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29.10.13

412.108.16. MONSIEUR ADOLF HITLER DÉTECTIVE PRIVÉ

Il ne leur restait plus qu'à rester tapi dans l'ombre à attendre l'occasion favorable quelle qu'elle soit. 

Il y avait une porte entrouverte près de la porte d'entrée. Une pièce vide - on l'espère pour eux - qui les attendait.

Le moment était particulièrement propice car, soudainement, il n'y avait plus de bruit. Ni de voix. 

En bas.

Est-ce que, quelqu'un, en bas, les avait entendu ? Se doutait de leur présence. Pourtant, ils avaient été prudent. Monsieur Kafka avançait en se mettant les 2 mains sur la bouche pour respirer moins fort.

Ils refluèrent vers la pièce vide, se cachant de chaque côté de la porte, lorsqu'ils entendirent de pas lourds monter les marches. On venait vers eux.

La secrétaire qui était une femme craintive se retenait tout juste de crier. Ce qui aurait évidamment attiré l'attention des intrus, qui se seraient immédiatement rué sur eux pour les mettre à mal. Tout ceci à cause de la présence d'une femme. Dont les marins disaient qu'elle porte malheur sur un bateau. Ce qui faisait que lorsqu'on en découvrait une, on la jetait par dessus bord. 

Ce qui semblait-il leur portait chance.

Ainsi, les pirates, individus cruels et sans scrupule, lorsqu'ils arraisonnaient un navire, tuaient tous les hommes ordinaires dont ils n'avaient nul besoin. Gardaient les passagers riches pour une future rançon. Violaient toutes les femmes en âge d'être violée. Puis les jetaient à la mer. Car la présence d'une femme à bord, pire, de plusieurs, portait malheur. Tout le monde, à l'époque, savait cela. Voilà.

Ils virent passer les bandits - ils avaient cet air - devant eux. 

Non. Aucun d'entre eux ne se doutait de leur présence. Leur prudence avait été profitable. Et, lentement, épuisé par l'effort qu'ils avaient fourni dans la cave, ils montaient péniblement les marches de l'escalier vers les étages. 

Celui qui avait perdu son arme - donc un de ceux qui avait tué le détective - était-il parmi eux. Ou était-ce d'autres voyous. Les quartiers pauvres des environs en regorgeant. Car les femmes de ces endroits ne mettaient au monde que du gibier de potence.

_ C'est le dernier endroit où on est allé ou le premier. Et le dernier où je cherche. Mon pistolet est peut-être ici ?

Voilà la réponse à cette question.

Un des meurtriers était sur place. Et, comme aucun ne semblait lui reprocher d'être entré subrepticement dans une demeure sans y être invité ou sans en être locataire ou propriétaire, et de s'y promener incognito comme s'il était chez lui, on pouvait conclure que tous ceux qui l'accompagnaient ne valaient guère mieux.

Voilà ou la mollesse de la Justice envers le crime et ses adeptes nous mène. Vers plus de crimes encore. Et la prolifération de criminels.

Les étrangers habillés de façon outrancière passèrent devant eux. Devant leurs portes. En faisant des ombres. Le verre de la porte d'entrée laissant passer de la lumière qui faisait un contre jour et des ombres lorsqu'on surgissait à proximité.

Ils écoutèrent comme de prudents indiens d'Amérique du Nord, les pas dans le bois des marches, des corridors et des pièces.

Puis l'émotion joyeuse, née de la surprise d'un des criminels lorsqu'il découvrait l'objet adoré.

_ Enfin. Je savais bien que je le retrouverais.

_ Tu fais bien. Tu sais ce que le chef dit d'un de ses hommes trop crétin pour garder son arme sur lui?

Un homme se fâcha. Sans doute celui dont on parlait. Même si on ne pouvait voir ni les uns ni les autres.

_ Qui est crétin ?

Un autre homme, sans doute le chef du groupe, intervint.

_ Toi ! Et prends-toi à moi, si tu penses le contraire. On n'a pas idée, échapper une arme. Ça peut arriver. Ne pas s'en apercevoir ? C'est pire que tout.

_ Ben, c'est les émotions. Le gros criait comme une bête. 

_ Voilà t'y pas qu'on a une chochotte parmi nous. 

Les autres rirent.

_ Fini la récréation, il faut partir. La journée n'est pas finie.

Les 3 visiteurs camouflés entendirent les pas qui redescendaient. Ils n'avaient qu'à rester là et attendre encore que tous les autres soient partis.

_ On ne reviendra pas ici. L'endroit est brûlé. Prenez tout ce que vous pouvez prendre.

_ Le gros avait des longue vues, en haut, je les ai oublié. Ça aura un bon prix lorsque je les vendrai. 

_ Il a peut-être laissé d'autres trucs, faites le tour. On met le feu en partant. 

Maintenant, il était hors de question d'attendre. Ils pouvaient se ruer sur la porte d'entrée une dernière fois et espérer déboucher au grand air. Mais il y aurait ensuite, la course, la poursuite, et, à la fin, il valait mieux ne pas trop y penser.

La seule chose à faire, aussi absurde que ça semble, était de descendre encore. Cette fois au sous-sol. Par où était entré tous ces hommes. 

Mais combien étaient-ils ?

Ils descendirent les marches menant au sous-sol. Et à ce qui leur avait servi d'entrepôt. À juger par les traces sur le sol poussiéreux. Des rectangles étroits, comme s'il y avait eu des caisses. Le sol de la cave était en dalle de pierre recouverte par tant de couches de poussières déposée au cours des années qu'on aurait dit du sable. 

La secrétaire faillit s'exprimer à voix haute pour se plaindre que personne ne faisait le ménage ici.

Monsieur Hitler qui commençait à comprendre les femmes et à se désespérer, n'ayant jusqu'à présent que la terreur naturelle du fils cadet devant sa grande soeur.

_ Comme si c'était le temps de faire du ménage. Vous voulez vraiment qu'on nous enterre ici sous les dalles.

_ On ne prendra pas le temps. Vous avez entendu, dans un instant, cette bâtisse sera la proie des flammes. Et nous aussi. Dedans. Si on ne nous a pas tué avant.

En haut, toujours les pas qui descendaient les marches. On venait vers eux. Il n'y avait aucun endroit où se cacher. Il y avait eu des caisses. Plein de caisses. Beaucoup d'endroits où se dissimuler. Mais, actuellement, c'était aussi vide qu'un abattoir. Et eux étaient au milieu.

La seule voie de secours. La sortie de la cave. 

Dehors, il y avait le camion. 

On n'avait laissé personne pour le surveiller. Bonne chose. Mais dans la ruelle, qui n'avait que 2 sens, à droite et à gauche. Le camion étant dirigé vers la droit. Des voies trop droites, trop étroites. Juste assez pour permettre le passage du camion. Mais s'ils couraient - encore une fois, le cas de l'un d'entre eux rendait cette option si tentante impossible - ils seraient immédiatement aperçu aussitôt que les malandrins sortiraient de leur taupinière. Que ce soit à droite comme à gauche, la rue était comme un tube ou un crevasse dans les édifices, impossible de s'y dissimuler.

Seule solution absurde mais seule solution plausible, étant donné les circonstances. Le camion.

Ils montèrent dans le camion bâché. Aidèrent la secrétaire à en faire autant. Ses petits bras rendant l'escalade personnelle au delà de ses faibles forces. Tirèrent à 2 sur ses bras pendant qu'elle escaladait le bastingage ou tout autre nom que l'on voudra donner à l'arrière du camion.

À l'intérieur de la boite du camion, il y avait des caisses, les fameuses caisses mystérieuses qui se trouvaient précédammet dans la cave de l'immeuble. 

Il fallait se dissimuler malgré le peu de place disponible.

Évidamment, si l'un d'entre eux s'était avisé de faire une dernière inspection avant de reprendre la route, on les aurait découvert immédiatement. Mais comme tous les criminels, c'étaient des gens paresseux - sinon, ils travailleraient honorablement pour gagner leur vie. Et des esprits insouciants. Il ne leur serait jamais venu à l'esprit que des gens auraient profité de leur inconscience pour se dissimuler dans leur camion.

Jésus a déjà dit quelque chose sur les oiseaux des cieux qui ne sèment ni ne moissonnent. Et sur les innocents à qui les portes du Paradis sont ouvertes. Ce qu'aucun honnête homme souhaite. Mais Jésus était comme ça. Il faut lui pardonner. 

Le moteur fit du bruit. 

La camion rua ou quelque chose du genre. La charge était lourde. Les lames et les ressorts de la suspension s'affaissèrent encore lorsque les gens prirent place à l'avant. Il y avait au moins 3 hommes. La banquette d'un camion ne pouvant en contenir d'avantage. La suspension plongea 3 fois, ce qui sembla prouver la chose. 

Mais il y avait plus d'hommes encore qui étaient restés au côté du camion. Il n'y avait pas assez de place pour eux. Et ils avaient autre chose à faire quelque part. 

Ce qui prouvait aussi la véracité de la solution apportée par monsieur Hitler. Ils n'auraient eu aucune chance de rester dans la ruelle. En un rien de temps, ces hommes, dont le métier - si on peut l'appeler ainsi - exige qu'ils soient en excellente forme - les auraient rejoints.

Et ils virent une lueur dans les coutures et les fentes de la toile recouvrant l'arrière du camion. Et ressentirent une chaleur. 

L'immeuble où ils étaient il y a un moment était en feu.

S'ils y étaient resté pour se cacher, supposons dans les étages supérieurs, comme c'était leur intention première, ils ne leur serait plus resté qu'à griller ou sauter par les fenêtre du dernier étage et s'écraser dans la rue, au bas, pour éviter de brûler vif. Ce qui est un choix discutable.

Généralement, dans un cas de ce genre, les victimes meurent étouffées par la fumée avant de brûler vive. Si elles brûlent, ce sera ensuite, alors qu'elles sont déjà mortes. Ce qui est mieux que rien.

Mais dans leur situation présente étaient-ils vraiment au bout de leur peine ?

En se faisant une petite place entre des piles de caisses, ils trouvèrent un corps. Ils pensèrent tous au même moment à un autre cadavre. Que pouvait-il penser d'autre, vu leur expérience récente ?

Mais ce corps respirait. 

C'était celui d'une jeune femme.

Elle était attachée, ligotée, baillonnée.

Mais elle respirait encore.

Sinon, on ne se serait pas donné autant de mal.

Elle dormait. Ou à peu près. Elle dormait mal. Son sommeil semblait pénible. De mauvais rêves. 

Ou elle ne dormait pas vraiment mais était plutôt inconsciente.

Comme si on l'avait assommée.

Son corps était chaud au toucher. Du moins, sa joue. Et son bras. Un homme respectueux m'aurait pas osé toucher autre chose même dans les meilleures intentions. 

Ce qui voulait dire qu'elle provenait d'une autre cachette ou prison que la cave de la maison non chauffée. Là où elle était on chauffait. Mais elle y était prisonnière et ne pouvait probablement pas jouir autant qu'elle l'aurait voulu du confort moderne et des instruments améliorés utilisés pour le chauffage central des immeubles et celui de toutes les pièces de cet immeuble. 

Être une prisonnière ou une otage a bien des désagréments.

Et il y avait une forte odeur d'éther ou de chloroforme qui émanait d'elle.

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29 oct. 2013. État 1