HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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30.10.13

414.110.18. MONSIEUR ADOLF HITLER EN PLUS DE DÉCOUVRIR LA BEAUTÉ DE L'ACTIVITÉ ÉMINAMMENT UTILE DE DE DÉTECTIVE PRIVÉ PENSE À L'ART MODERNE

Monsieur Adolf Hitler était inspiré. Aussi bien pour sa crème anti rides que pour sa future carrière. Il exposerait au Salon des Indépendants à Paris. Il découvrirait le cubisme de Braque et de Picasso. Il avait vu des photos qui ne lui avaient pas paru convaincantes mais il est difficile de juger de la qualité d'une oeuvre en couleurs lorsqu'elle est réduite à un petit carré d'encre noires et grise sur du blanc tirant sur le gris dans un journal. 

Il allait exposer à la galerie Der Sturm à Berlin. C'était décidé. Il irait voir ce qu'on y aimait. Et ferait ce genre de chose. Il publierait ses dessins dans le magazine de la galerie d’art. Peut-être serait-il tenté par l'expressionnisme? L'académisme commençait à lui peser. Il y avait tant de nouveautés possibles une fois que l'on commençait à penser différamment. 

Il avait entendu parler par ses amis artistes des multiples activités de ce groupe. La Sturmgalerie, autre nom de la galerie de l'orage. On y montrait les Fauves, les Futuristes Italiens, les Cubistes et les Orphistes. L’Orphisme ou le Cubisme Orphique avait été conçu par le poète français Guillaume Apollinaire. D'où son côté vague et poétique allant vers l'antique. Alors qu'il désignait des oeuvres tout à fait nouvelles et jamais vues. Variations musicales ou plutôt visuelles sur le Cubisme qui était encore relativement réaliste et pourrait devenir académique si trop d’artistes influençables le revendiquaient. Le nouveau terme qui serait remplacé par un meilleur dès qu'on le trouverait, essayait de donner une impression d’œuvres encore plus nouvelles allant vers la non figuration, l’abstration pure, l'abstraction lyrique et l’art abstrait. Toutes présentant des formes non reconnaissables et des jeux de couleurs brillantes ou pures, influencées par le Fauvisme et les écrits théoriques de Paul Signac et du chimiste des teintures Eugène Chevreul.

On organisait des expositions itinérantes en Allemagne et dans toutes les grandes villes européennes, les Wanderausstellungen.

La galerie d'art était aussi une maison d'édition qui avait déjà publié les Sturmbücher, les livres de l'orage. Et des portfolios d'artistes. On imprimait même des cartes postales pour rentabiliser toutes ces expérimentations. Il publierait dans le magazine de la galerie d’art.


Peut-être serait-il tenté par l'expressionnisme? On ne cessait de parler de l'art nouveau. Ce qui donnait un coup de vieux à l'art ancien et ses adeptes figés et poussiéreux. Il était jeune. Pourquoi vouloir faire comme ceux d'il y a 500 ans? Qui avait décidé une fois pour toutes qu'il n'y avait qu'une voie et un sens à l'art. 

Il serait du groupe des artistes expressionniste Der Blaue Reiter, le Cavalier Bleue, regroupant des immigrés russes, avec messieurs Paul Klee et Valery Kandinsky. Ou s'il ne pouvait pas, de la NKVM. Neue Künstlervereinigung München. La nouvelle association des artistes munichois dirigées encore par monsieur Kandinsky

Ou il rejoindrait le Bauhaus avec monsieur Walter Gropius. Il enseignera la gravure sur bois.

Oui, il aurait un avenir. Ce qui était nouveau pour lui.

Pendant ce temps, monsieur Franz Kafka s'endormait. Il n'avait jamais eu une très grande résistance physique. Le sang Juif d'innombrables générations se diluant et s'épuisant. Il en était le dernier résultat décadent. 

Et il luttait contre le sommeil. Parce que la secrétaire s'était déjà endormie. Parce qu'elle s'appuyait sur lui. Sinon, elle serait tombée entre 2 rangées de caisses. Son inconscient - notion que découvrirait bientôt messieurs Freud et Jung - lui avait fait découvrir la position la plus confortable. L'épaule de monsieur Kafka. Qui, quoique maigre et osseuse, sous les tissus épais de son costume, demeurait ferme et stable.

Sans son inconscient, qui existait avant même qu'on l'étudie, elle serait tombée de l'autre côté. Sur les caisses de bois. Aux côtés abrupts et durs.

Monsieur Kafka était un poète amical et confortable. Et elle abusait de lui.

Il était mal à l'aise de la sentir si près. Trop près. Pire, elle le touchait. Il n'avait jamais été, avant, aussi proche d'une femme. Et, sans le vouloir, il la touchait. Ce qui était impoli. Ou l'aurait été en une autre circonstance. Car, on vient de l'expliquer, elle ne savait pas ce qu'elle faisait. 

Et tout à fait inconvenant. 

Un homme ne devant pas toucher une femme. Et, le contraire aussi. 

Mais il ne pouvait faire autrement. En choisissant cette position, pour elle, confortable, elle le mettait dans le plus grand embarras. Si sa mère le voyait ! 

Elle s'était endormie. Comme si elle était tout à fait ignorante des circonstances tragiques qui les avaient amenés ici. Et qui n'avaient nullement changées, étant tout aussi tragiques, dramatiques, inextricables et, peut-être, mortelles.

Savait-elle qu'elle le mettait dans tous ses états en s'étant abandonnée aussi négligamment contre lui ou son corps?

Il souffrait le martyr.

Ayant l'impression de commettre quelque chose d'immoral. Le sens du péché ayant été implanté chez lui en un très jeunes âge. 


Ses grands parents venaient de Podiěbrady. Podebrad. Poděbrady. Podiebrad. Atation thermale du canton de Nymburk en Bohême dans la plaine de l'Elbe à l'est de Prague. Tchécoslovaquie. Ville provinciale de 14 000 habitants auxquels il faut ajouter 14 000 malades et patients qui viennent prendre les eaux. Ce qui explique peut-être la complexité de son esprit. Quoique la transmission des caractères acquis ne soient pas approuvés par la médecine.

Mais pouvait-il faire autrement ? Quoiqu'il fasse, il serait dans son tort.

Car, comme on vient de le dire, s'il lui retirait son appuis, elle s'effondrerait. Se ferait peut-être mal. Malgré qu'elle soit particulièrement moelleuse et dodue. Non qu'elle soit grosse. Ou grasse. Au contraire. Mais, cette proximité inattendue lui avait fait découvrir l'étrange conformation physique des femmes. Bien sûr, il la connaissait visuellement. Il lui était arrivé de voir des femmes. D'avoir une idée de leur apparence. Il avait 3 soeurs. Mais des soeurs sont-elles des femmes ? Il avait eu des frères, 2, il ne s'en souvenait pas mais on lui en avait parlé. Morts très jeunes. D'où l'idée que les femmes et les filles portaient malheur. 

Chez les peuples où les femmes ne son pas relégués dans le gynécée, une salle obscure, sous une table, sur un journal, par terre, près de leur écuelle, dans le recoin d'une pièce. Lorsqu'elles sont atteintes de ce mal si particulier de leur espèce qui les fait souiller tout ce qu'elles touchent. Ou sur le toit des maison. Ou, chez les peuples, plus ouvert d'esprit, qui leur permettent de sortir en public mais camouflées sous des tissus épais, on ne découvre la véritable apparence des femmes que le jour de son mariage. Il est alors trop tard. Car il peut arriver que l'on n'aime pas du tout. 

Quoiqu'il ait pu voir sa mère ou ses soeurs, ses grands mères, des tantes et des cousines. Mais ce n'est pas tout à fait la même chose. Il n'avait jamais eu l'occasion d'examiner une femme. Et, il se trouvait actuellement, immobilisée par une femme qui était presque étendue sur lui. 

Donc, il lui était arrivé d'apercevoir des femmes. Mais à distance. Élégamment vêtue. Il lui était même arrivé de saisir délicatement le bout des doigts d'une femme qui lui tendait la main en signe de bienvenue. Et leurs doigts avaient du tissus et du cuir fin montant jusqu'à un gant délicat. Tout de la femme était donc délicat. Mais si étrange. Et si mou.

Quoi faire?

Se réveillerait-elle inopinément? Aurait peut-être une réaction inappropriée, par exemple la colère. Qui sait comment réagissent les femmes ? 

Réveil brusque qui se manifesterait par des sons agressifs, ce qui attirerait l'attention des autres passagers du camion, qui, jusqu'à présent ne s'était douté de rien.

Elle ne lui avait jamais été présentée. 

Et il la trouvait si proche, trop physique, trop matérielle, pas assez spirituelle. 

Il sentait son corps. Sa chaleur. 

Elle était trop chaude. Il n'avait jamais pensé avant que les femmes puissent être aussi chaude. 

Sans l'aide d'instrument de chauffage. 

Chaleur produite par leur seul organisme. 

Et cette chaleur se transmettait à lui. À travers ses vêtements. 

Phénomène qui lui apparaissait mystérieux et qui demanderait à être étudié.

Était-elle contagieuse?

Serait-il malade ?

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30 oct. 2013. État 1