Mais la secrétaire croyait toujours que l'espoir était possible. Tant que la preuve de l'irréparable et de l'irrémédiable n'était pas sous ses yeux, elle croirait encore. Dans cette vie, si on n'a pas la foi, il ne reste plus que le désespoir.
Tout cet optimiste béat faisait peine à voir. Comment lui faire prendre conscience de la réalité. Et à quoi bon? Aussi bien y renoncer.
Elle pensait toujours que quelque chose d'inattendu arrivait pour que tout se termine pour le mieux. Et, si ce n'était un événement miraculeux, ce serait un homme providentiel. Qui remettrait toutes les choses en place. Fini le désordre. Ainsi que le pense tous les gens simples lorsqu'ils pensent à la politique. Il y a mieux que la réalité. Et tout bientôt, notre sauveur viendront. Parce que nous le méritons. Et n'avons pas fait tous ces efforts pour rien. Subi tous ces outrages inutilement. Notre mérite sera reconnu et récompensé. Et ceux qui nous ont fait du tort injustement seront puni. Ainsi pensait-elle. Et on la laissait penser ainsi parce que ça paraissait lui faire tant de bien.
Pendant ce temps, les 2 jeunes hommes, les seules personnes sérieuses et censées dans cette demeure analysaient la situation désespérée dans laquelle ils se trouvaient.
Quoi faire?
Ils n'étaient pas suffisamment fou pour aller dans la maison d'en face. Pour s'informer ?
Ils étaient 2 artistes. Un écrivain d'avenir, monsieur Franz Kafka, scénariste de bande dessinée. Mais en réalité poète. Et, qui un jour, si ses rêves devenaient réalité, écrirait un opéra. Mais il n'avait pas encore rencontré de musicien. Un poème sur la Pologne. Patriotique. National.
Et un dessinateur d'avenir, monsieur Adolf Hitler. Dessinateur de bandes dessinées. Art nouveau et moderne. Qui, un jour, deviendrait célèbre en faisant de grandes murales à l'italienne, avec des chevaliers en armures sur des chevaux grandeur nature, sur d'immenses murs de plâtre. Il y aurait des drapeaux. Des oriflammes. Des voiles. Des anges. Ce serait un hommage à la culture, la science, la civilisation et la religion.
Pour le moment, parce qu'il faut bien vivre, ils travaillaient sur un projet qui les rendrait célèbres. Les aventures d'un aventuriers et découvreur d'élite. Un homme invulnérable. Ami des animaux et des femmes.
Célèbre auprès du grand public. Ce qui leur donnerait les moyens financiers de se consacrer à leur oeuvre véritable destinée aux âmes d'élite, les seules à même de comprendre l'art véritable. Le peuple préférant des émotions basses et vulgaires.
C'était probablement l'odeur de poussière qui les mettait en transe.
La secrétaire qui était une femme ordinaire qui ne rêvait jamais les poussa du coude. Elle dont les sens étaient toujours en éveil, comme la petite souris craintive, avait entendu dans la rue, le bruit d'un moteur. Celui d'un gros camion qui s'immobilisait. Le son des freins qui grinçaient. L'absence de bruit du moteur, indication qu'il s'était arrêté. Quelque part. Ils regardèrent précautionneusement par la fenêtre, il n'y avait aucun camion sur la rue devant la maison. Mais ils se souvenaient que dans ces quartiers, il y a aussi des ruelles derrière les immeubles. Il était possible que le gros camion soit en arrière de la maison. Pas le temps d'aller voir pour s'assurer de l'exactitude de leur raisonnement.
Ils entendirent tous ensemble une porte de fer grincer. Tout en bas. Des voix. Tout en bas. Ces immeubles ont un sous-sol où on entrepose des marchandises. Ils ont tous une porte donnant sur la cour ou la ruelle.
Il y avait plusieurs voix.
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29 oct. 2013. État 1