HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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28.10.13

408.104.12

Ils n''oubliaient pas que leur personnage vedette était un être fictif.  Un héros de papier. Ils pouvaient donc le plonger dans toues les difficultés qui auraient tué ou rendu à l'état d'épave tout homme ordinaire. 

Leur héros était éternel. 


Pas eux et aucun des 2 ne l'oubliaient. 


Leur héros était invincible.


Et aussi faux que tous les héros du monde. Du moins les hommes réels que l'on appelle ainsi. Tandis que les héros des épopées que l'on se raconte depuis des millénaires au coin du feu sont les seuls héros qui remplissent toutes les caractéristiques idéales puisqu'ils n'existent pas.


Et le mot danger qui suffit à exciter de jeunes adolescents inconscients de se jeter du haut d'un  toit ne provoquait en eux aucun effet particulier. Ils étaient déjà vieux avant que d'avoir vécu, ce qui est particulièrement désolant. Quelle tristesse. Comment une nation peut-elle prospérer avec de telles épaves? 


Oui, il leur faudrait une bonne guerre pour leur remonter le moral et mette enfin de l'ordre dans leur esprit. Car, l'art est une fantaisie coupable et il y a des choses sérieuses dans la vie. 


Malheureusement, même le père de monsieur Hitler qui frappait abondamment pour lui mettre un peu de plomb dans la tête  - combien d'époux font ainsi pour leur épouse sans obtenir d'avantage de résultat ? Le rôle éducatif d'un père ou d'un époux n'est pas à négliger .Heureusement, le père de monsieur Hitler était mort avant que celui-ci arrive à la conclusion qu'il faudrait inévitablement le tuer. La Nature étant bien faite.


Le taxi arriva enfin à l'adresse indiquée.


Qui, comme de raison, était un bouge malfamé. Un de ces endroits où se réunissent les complices pour décider d'un vol ou partager un butin. Heureusement que la secrétaire était accompagné de nos 2 héros, sinon elle aurait rebroussé chemin. Les seules femmes présentes étant des prostituées qui dansaient avec les clients contre rémunération et finissaient leurs travaux pratiques à l'étage si le client était motivé.


Monsieur Hitler avait déjà vu ce genre d'établissement et de clientèle tandis que monsieur Kakfa aussi innocent qu'on peut l'être trouvait l'endroit tout à fait original. Ce n'est pas chez lui qu'on trouverait de si belles natures. En quoi il se trompait puisqu'on en trouve partout. Il suffit de chercher. Au bon endroit. Dans les bas quartiers où ne vont pas les bourgeois sauf pour s'encanailler. 


Pour éviter qu'il ne fasse d'erreur, monsieur Hitler expliqua à monsieur Kafka ce qu'était ce lieu, ce qu'on pouvait en attendre et en quoi se tromper pouvait être particulièrement dangereux. 


Ils allèrent tout droit au bar pour s'informer mais le robuste tenancier leur appris qu'ici on ne causait pas sans consommer. 


Elle prit une menthe à l'eau. Et eux des bière de qualité moyenne, selon monsieur Hitler. 


Après avoir payé leurs consommations - on était méfiant et il fallait payer immédiatement. Une affiche indiquait qu'on ne faisait pas crédit puisque monsieur Crédit était mort un tranchoir de boucher dans le dos. Et il y avait un tableau noir contenant la liste des mauvais payeurs. Des joueurs - car on jouait aussi. Et perdait beaucoup. Aucun établissement respectable ne commençant à permettre le jeu sans qu'on ne triche avec les idiots, perdant d'avance puisqu'ils avaient eu l'imprudence de venir ici. On aurait pu les voler à leur sortie avec une bonne lame sur la gorge mais c'était plus amusant de jouer aux cartes et aux dés et de voir la lente déconfiture des perdants nés. Qui seraient peut-être égorgés à leur sortie, tout dépendant de l'humeur des autres clients .


La secrétaire demanda si on connaissait cet homme. 


Ce qu'on confirma, en l'encourageant à boire davantage. Ce dont monsieur Hitler se doutait parce que la photo qu'elle avait prise dans le bureau pour éviter une description littéraire stérile montrait certes un homme costaud et puissant mais une tête d'ivrogne. Le genre de tête que l'on fabrique ici et retrouve en grand nombre. 


Oui, il était bien venu ici. La dernière fois qu'on l'avait vu était la semaine dernière. Mais on ne l'avait pas revu depuis.


Mais pourquoi avait-il donné rendez-vous à sa cliente ici ? Aucune femme normale et tenant à ce qui lui est le plus cher dans son anatomie ne viendrait seule ici. Et encore moins accompagnée. Surtout d'un homme comme le patron de l'agence que les physionomistes du passé auraient décri comme un pervers criminel. Ou un homme d'affaires.


Bonne chose qu'elle soit retourné à sa maison dans l'autre taxi. Elle avait encore des enfants à s'occuper. Elle serait littéralement irresponsable d'en faire des orphelins que l'on confierai à des établissements publics ou privés. 


On n'est jamais seul, s'était tant de fois plaint monsieur Kafka. Ce à quoi aurait pu répondre monsieur Hitler: suffit d'être pauvre !

Et comme on n'est jamais seul, si on a un peu d'$ et si on est une jolie femme; un autre client du bar s'approcha pour se mêler à la conversation. Si le barman n'avait pas revu l'homme dont elle montrait la photo. Lui, pouvait dire où il était allé. Par curiosité, sans penser à mal, il l'avait suivi.


En réalité, il avait pensé à mal, l'avait suivi pour le dépouiller puis était revenu sur cette idée stupide qui envoie ses congénères en prison ou à l'hôpital. L'homme qu'il suivait était vraiment trop costaud pour lui. Et l'idée qui lui avait paru particulièrement brillante, une fois exposée à l'air froid, s'étiola comme la fumée d'une chandelle. 


Il ne fit donc que le suivre et le vit entrer dans telle maison. Il était tout à fait prêt à leur nommer l'endroit ,leur dire où c'était, mieux, à les amener sur place, tout dépendant du montant d'$ qu'on voudrait bien échanger avec lui. 


Il était un homme pratique qui ne faisait rien pour rien. Cette grande idée ne l'avait pas enrichi jusqu'à présent mais tant de grands hommes ont commencé ainsi et se sont élevés à la force de la seule ambition mêlée à la cupidité vers les plus hautes sphères de la société. 


Bien sûr, il ne savait pas s'il était encore là. Il avait attendu un moment. Juste pour voir. Et l'homme n'était pas ressorti. Mais pour ce qu'il en savait, c'est-à-dire pas grand chose, il aurait pu s'en aller plus tard, car il ne l'avait pas attendu. Ne voulant pas qu'il découvre qu'il avait été suivi et parce qu'il faisait froid dehors. Et chaud dans la taverne. La vie étant bien faite. 


Comme les maisons des environs n'avaient pas de numéros civiques, sauf les commerces, comme cette taverne, il ne servait donc à rien de donner une adresse. Compter le nombre de maison et indiquer une direction aurait pu les amener dans des endroits encore plus louche et suspect que cette taverne, il valait donc mieux que l'informateur les accompagne. Contre rémunération. La moitié maintenant, l'autre moitié s'ils retrouvaient l'homme qu'ils cherchaient. Ce que l'ivrogne - un autre de ses défauts - trouva bien injuste. Il leur avait dit qu'il ne savait pas si celui qu'ils cherchaient tous était encore présent. Mais comme ils ne voulaient pas qu'on se moque d'eux, ce qui était toujours possible, ils tenaient à cette condition. Après tout, il aurait pu les amener où il voulait. Et la abandonner à leur sort. 


Ils sortirent de la taverne et suivirent l'homme qui trouvait tout à coup moins drôle cette expédition. Il ne connaissait pas la force de monsieur Hitler et Kafka mais ils étaient au moins 2 hommes contre lui. Et méfiant. Surtout monsieur Hitler qui, comme on a dit, avait beaucoup souffert dans la vie, et avait été souvent déçu par la nature humaine, ce qui l'avait rendu presque agressif.


Ils arrivèrent finalement après bien des détours et des ruelles - il leur aurait été impossible de trouver l'endroit sans guide - vers la porte qu'on leur avait décrite. 


C'est là. Dit l'homme louche. 


Et il tendit la main pour recevoir le reste de son $ faisant semblant de ne pas se souvenir du marché qu'ils avaient passé entre eux. Ils devaient entrer et retrouver l'homme disparu. Était-ce le bon mot?


Il n'y avait personne dans les environs. La porte était fermée et barrée mais comme leur guide était aussi voleur, il avait toujours avec lui son petit équipement qui lui permit de crocheter la serrure en 1 instant. Car lorsqu'on fait ce métier, la pire chose qui puisse arriver c'est d'être découvert en cours d'opération. Ce qui fait que celles-ci doivent être brève. Une fois à l'intérieur, on peut prendre le temps qu'on veut. Mais entrer et sortir d'une maison qui ne vous appartient pas sont les moments les plus dangereux. Heureusement, la police ne passait pas souvent ici. On savait que ne s'y trouvaient que des gens suspects pratiquant des activés particulièrement louches, aussi on y venait le moins souvent possible. Ce qui leur permettait d'éviter les coups. On n' y venait, qu'obligé, lorsqu'on avait signalé le corps d'un homme ou d'une femme morte. Aucun homme ou femme blessés ne restait longtemps allongé dans la rue, le risque qu'on vous achève pour vous faire les poches étant trop grand. Si on pouvait encore marcher, on le faisait. S'il vous restait des amis, ils venaient à votre secours pour vous emmener plus loin le temps de penser vos plaies ou d'en mourir.


Une fois dans la place, ils firent le tour. Monsieur Hitler proposa de se séparer et que chacun cherche de son côté. La secrétaire n'aima pas cette idée, pas plus qu'elle n'aimait la manière déplacée qu'avait leur informateur de lui reluquer les fesses. Ce que certaines femmes trouvent dégradants a t-on dit. 


Et comme ce pouvait être un piège, il était d'autant plus impératif de rester groupé que leur informateur de plus en plus inquiet ou réticent ne cessait de regarder la porte qu'il avait fracturé avec élégance. Il ne fallait pas le quitter de l'oeil. Mais on air louche était devenu une sorte de seconde nature qui attirait immédiatement les forces policières, en réalité, lui-aussi tenait à rester, près de la porte pour s'enfuir si quelque chose devenait déplaisant, mais il tenait encore plus à recevoir ce qu'on lui avait promis. La peur, le désir de s'enfuir et la cupidité, la peur de rester, se mêlant dans sa pauvre  tête endommagée par les coups et l'alcool frelaté.


Ils firent ensemble tous les étages et c'est tous ensemble qu'ils firent la macabre découverte. Le gros patron de la secrétaire était bien là. Assis sur une chaise. Encore plus gonflé que d'habitude. Car il était mort. Attaché. Le ventre gonflé par les gaz de décomposition. On l'avait battu pour le faire parler. Ou pour le punir de l'avoir découvert ici. Difficile à dire. 


Il puait vraiment. C'était cette odeur qui devenait de plus en plus vaste et puissante au fur et à mesure qu'ils montaient les marches. 


L'informateur, lui, avait bien reconnu l'odeur. Et il voulu très rapidement prendre la poudre d'escampette mais monsieur Hitler lui bloquait le chemin et il fut bien obligé de monter les marches une à une. 


Une fois à côté du cadavre, il exigea d'être payé immédiatement. Ce qu'on fit. Et il partit aussitôt en courant. Il ne voulait probablement pas être accusé de complicité de meurtre ce qui lui était peut-être arrivé dans le passé parce qu'on l'avait découvert inopinément à proximité d'un cadavre, ce qui arrive tous les jours même à des gens très bien. 


Ils avaient donc découvert ce qu'ils étaient venu chercher. Le patron de la secrétaire. Qui était mort. Assassiné. Attaché violamment sur une chaise inconfortable. Tué par qui ? Pourquoi ? Et que faisait-il là ? Sa mort remontait à plusieurs jours. Aucun d'entre eux n'auraient pu dire quand. Précisément. Mais ayant fait ou essayé de faire la cuisine, ils avaient été placé malgré eux devant la présence de nourriture avarié à un stade plus ou moins avancé de décomposition, il arrive qu'on oublie ses provisions. La texture du cadavre était molle. La surface de sa peau gluante et collante. Oui, ceci faisait quelques jours. Si ça avait été plus longtemps, c'aurait été pire.


Que faisait-il ici?


Pourquoi était-il venu ?


Ce n'est pas lui qui le dirait maintenant. Et rien de visible n'indiquait quelque chose en particulier. Tout était donc possible.


Ce qu'on savait, malgré tous ses mensonges, c'est que sa dernière cliente (connue) lui avait confié le sauvetage de sa fille. 


On pouvait conclure que s'il était là, c'est que ceci avait affaire avec la fille disparue.


Mais on pouvait conclure autre chose. 


Car tant de choses sont possibles sur cette Terre désolée.


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État 1. 28 oct. 2013