HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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25.9.12

246. CARABINE LEE-ENFIELD






CARABINE LEE-ENFIELD
LEE ENFIELD NUMBER 4 MK I
Calibre .303 British
.303 Mk VII SAA Ball
7.7×56mmR
Même munition que pour le Bren light machine gun et la mitrailleuse M1919 Browning

Distance efficace 550 verges
Distance maximale 3000 verges
10 cartouches
Longueur 44 pouces
Longueur du canon 30.2 pouces
Poids 8.8 livres
Tir 5 coups par minute
Jusqu’à 30 coups en 1 minute
Le record 38 coups dans une cible de 12 pouces à 300 verges en 1 minute.
17 millions d’exemplaires furent produit
Durant la Première Guerre Mondiale, l’Angleterre fabriqua 7,000,000,000 de cartouches de .303
Quelques modèles Lee-Enfield
MK I, Mk II, Mk III, Mk V, 1 Mk VI, 4 Mk I, 5 Mk I, 4 Mk 2, 7.62mm 2A, 7.62 mm 2A 1
Son nom vient de son ingénieur James Paris Lee et de l’usine où il fut conçu, la Royal Small Arms Factory à Enfield.
Utilisée par les forces armées de l’Empire Britannique et du Commonwealth de 1895 à 1957.

Au Canada, on s’en sert encore et on pense le remplacer en 2014.
21 April 1918. Première Guerre Mondiale. La balle de .303 la plus célèbre fut la .303 British Mk 7 qui tua Manfred Albrecht Freiherr von Richthofen, le Baron Rouge (la couleur de son avion).

Héros national Allemand, qui descendit 80 avions (lors de l’Avril Sanglant de 1917, il descendit 22 avions Britanniques dont 4 en 1 seul jour.) Sans compter ceux qu’on n’a pas confirmé officiellement, ce qui mettrait le total à plus de 100. Avant de se faire descendre lui-même. Par un tireur à partir du sol. Blessé mortellement, il put tout de même faire atterrir son avion avant de dire son dernier mot : kaput!
La Convention de La Haie déclara en 1899 que les balles dum dum/à expansion/à pointe creuse étaient inhumaine si utilisée sur des humains ce qui fait que plusieurs versions de la balle furent interdites au combat : Mk III, Mk IV, and Mk V . 

Avant cette interdiction, on s’en servit sans se poser de question – sauf pour s’émerveiller de leur capacité à estropier des ennemis surtout de couleurs variés. Inde. Afrique. 

L'Empire Britannique n'a pas régné sur la moitié du monde en offrant des fleurs. Il a fallu tuer des millions de personnes qui n'avaient pas envie d'être civilisée.

On se servit des 45 millions de cartouches qui restaient pour du tir à la cible
L’Armée Canadienne utilisa la 4 MK la première fois en Sicile en 1943 et tout le reste de la guerre. Puis en Corée.
Les usines Britanniques fabriquant ces armes employaient 12 000 personnes dont 70% des femmes. Les hommes étant au front ou en prison.
1987. Le terroriste Vijitha Rohana s’en servit pour attaquer le premier ministre Indien Rajiv Gandhi
1979 – 1989. L’Opération Cyclone dirigée par la CIA arme les Afghans (de préférence les fanatiques Musulmans préférés par le Pakistan) pour combattre les envahisseurs Soviétiques.

On envoya des centaines de milliers de Lee-Enfields aux Mujahideens par l’entremise du service secret Pakistanais ISI.

La CIA subventionna l’Égypte afin de produire les munitions. Plus tard, on les remplaça par des AK-47.
Utilisé par les Talibans en Afghanistan. On découvrit un jour que ceux qu'on avait subventionné étaient devenus mystérieusement des Talibans.
Lorsque la CIA, après le départ des Soviétiques cessa de subventionner les Talibans, ceux-ci, comme on dit, se remboursèrent sur la bête. Ils prirent le pouvoir et étendirent leur sagesse sur le pays.

Quand l’URSS cessa d’exister en 1989, on continua à les oublier. Les USA trop contents d’être la seule superpuissance survivante pensèrent que l’implosion de l’URSS et la fin présumée (et définitive) du communisme qui venait de perdre son «modèle et inspirateur» était le signe Divin que leur temps était venu de régner sur le monde en l’éclairant de leur lumière puisqu’ils étaient le nouvel Israël, le phare sur la colline, pays élu de Dieu. Proclamant leur foi en l’$, aux Riches, au Capitalisme, au Libre Marché, à la Main Invisible du Marché, à la Libre Entreprise, la Libre Circulation des Capitaux et à la Globalisation. Jusqu’au 11 septembre 2001.
Henry Dickson essaya quelques-unes de ces armes sitôt une caisse ouverte. Neuves. Comme neuves. Comme tout juste sorties de l'usine. Un peu comme un pain chaud, un gateau ou une pizza chaude sortie du four. Ou une femme toute chaude et luisante qui sort du bain ou de la douche. L'odeur enivrante.

Comme au moment de leur naissance. En parfait état de marche. Les petits sons parfaits des mécaniques qui n'avaient pas bougées depuis 70 ans mais qui ne demandaient qu'à bouger, servir, être utiles. Qu'on se serve d'elles.

Des armes de guerre, conçues non pour le tir à la cible ou la chasse ou, peu-être la chasse aux humains. Des armes de guerre raffinées et robustes et parfaites reconnues en leur temps comme des modèles inspirants. Pour une fois qu'on faisait aussi bien ou mieux que les Allenands. On a fait mieux depuis - les Allemands encore- mais à l'époque c'était ce qu'il y avait de mieux

Pour des raisons bureaucratiques et pour encourager l'industrie locale (qui était déjà subventionnée à coups de milliards pour produire tout le matériel de guerre qu'elle pouvait mais dont les grands patrons pouvaient bien engranger quelques millions de plus), le Canada essaya de fabriquer son modèle canadian d'arme qui fut un échec. Heureusement, celui qui avait entreposé toutes ces armes était suffisamment connaisseur pour ne pas faire cette erreur. Il la laissa donc aux soldats qui se firent tuer avec elle pour la patrie. Ce qui est une bonne chose pour les idiots.

Les carabines de guerre étaient à ce moment actionné par un mécanisme à verrou, dépassé depuis, mais encore utilisé de nos jours pour les armes de chasse. Après le tir, la douille vide est extraite de la chambre en tournant et levant un petit levier ce qui débarre le mécanisme. On tire le tout en arrière et on refait le contraire et une cartouche neuve entre dans la chambre prête à être percutée par le percuteur sur une pression de la gachette. Si c'est bien fait, lors du tir, la balle, les flammes et les gaz de combustion partent vers l’avant du canon et non vers l’arrière ce qui arrivait avec la carabine Canadienne d'où un certain nombre de soldats morts par accident. Le verrou entier entré dans l'oeil et dans le cerveau.

On ne précise pas ce genre de détail déprimant pour ne pas diminuer le moral des familles qui ont au moins l'impression que leur fils/mari/père est mort pour la patrie. Glorieusement et non stupidement par la faute d'un ingénieur même pas foutu de concevoir un ouvre-boite qui marche. Ou d'un capitaliste verra qui utilise un métal moins coûteux mais plus rentable.

De tout temps, les États-Majors ont détesté les innovations. Les bureaucrates détestent toujours le nouveau. Mais les militaires, avec le clergé, sont les pires. Parce que ce ne sont pas les plus intelligents qui montent en grande ou les plus courageux. Les plus intelligents ne sont pas assez fous pour se battre pour rien. Les plus courageux meurent les premiers. Avec les maladroits et les malchanceux. Il reste donc tous les autres. Ce sont donc les peureux prudents qui trouvent toujours moyens de se tenir à distance du danger qui sont recrutés à l'ancienneté. Comme leur cerveau est lent, ils comprennent toujours assez mal ce qui se passe et finissent par gagner la guerre d'avant. Sur papier. Ne comprenant absoluement rien à celle qu'ils dirigent.

La Ligne Maginot pour les Français. Le Mur de l'Atlantique pour les Allemands.

Le chasseur F-17 pour les Canadiens alors que les combats aériens du Baron Rouge de la Première Guerre Mondiale ou ceux de la Bataille d'Angleterre de la Guerre Mondiale Numéro 2 ou de la Guerre de Corée sont loin derrière. Les derniers duels aériens datent de la guerre du Vietnam. Bien sûr, on s'en est servi des F-18, l'année dernière contre la Libye, un pays du Tiers Monde. C'est comme voler le sac à dos d'une écolière du cours primaire. Bel exploit. Et on les a fêté pour ça. Et on aura certainement besoin de quelques F-35 à 1 milliard la bête pour chasser les phoques. Et, peut-être, les Russes lorsqu'ils contesteront les frontières Canadienne en Artique. Bonne chance.

Et le verrou comme toutes les autres avant. Comme les carabines à répétition (tir à un coup, encore, mais avec plusieurs balles). Puis les mitraillettes.

S'il n'en était tenu qu'à eux, les soldats tireraient encore en ligne au mousquet. Au coup par coup. L'idée étant que s'ils avaient plusieurs balles, ils gaspilleraient. Et deviendraient peureux, se contentant de tirer au lieu de charger sus à l'ennemi à la baïonnette. Et si cette idée glorieuse prend à l'ennemi, au lieu de leur tirer lâchement dessus, et de finir trop rapidement une si belle envolée. Encore, faute de balles (un fusil à un coup qui ne tire vraiment qu'un coup). Ils se lanceraient aussi à leur tour rencontre baïonnette en avant. Bedaine contre bedaine. S'embrochant mutuellement. Le sang clair sur l'acier poli, pointu et aiguisé.

Mieux, avec un sabre, s'ils en avaient.

1939 -1940. Le soldat Simo Häyhä de la milice Finlandaise Suojeluskunta, utilisant une copie d’une carabine Russe Mosin-Nagant White Guard M/28 Pystykorva. Cartouche 7.62 X 53 mm R. Détient le record. 542 soldats Soviets durant l’invasion de la Finlande par l’URSS lors de la Grande Guerre Mondiale numéro 2. Son exploit s’est déroulé en hiver, en 100 jours soit 5 meurtres par jour. Finalement, un tireur Russe lui tira dans la mâchoire et un coéquipier dit que la moitié du visage lui manquait. Mais il survécut. Étant donné la technique chirurgicale du temps, assez amoché.

1974. Philippines. Hirō Onoda, lieuteant japonais. 218e régiment d'infanterie.  En poste sur l'île de Lubang dans les Philippines. Il refusa de croire à la fin de la guerre et à la reddition du Japon en 1945 et qui continua la guerre seul jusqu'en 1974. Sa mission était de retarder le débarquement des troupes US. Il avait reçu l’ordre de ne jamais se rendre ni de se suicider. Finalement, les US débarquèrent massacrèrent ou capturèrent tous les soldats Japonais sauf lui et 3 soldats Japonais qui prirent le maquis dans les montagnes. Il se retrouva finalement seul. Retrouvé par un intellectuel Japonais qui faisait le tour du monde à la recherche des mystères de la nature. Dans sa liste : trouver le Lieutenant Onoda, un panda et l’Abominable Homme des Neiges. Mais il refusa encore d'accepter l'idée que la guerre était finie et de se rendre à moins de recevoir l’ordre de son supérieur hiérarchique. Celui-ci était devenu libraire. Sur l’ordre du gouvernement Japonais, il se rendit dans l’île et informa Onoda de la défaite du Japon et lui ordonna de déposer les armes. En tant que son chef, en partant, lui avait fait le promesse qu’il reviendrait le chercher. Et il lui donna les ordres suivants : Selon l’ordre du pouvoir Impérial, le 14 e armée à cessé de combattre. Selon l’ordre A-2003 de l’État Major militaire, votre escadron  est relevé de ses devoirs militaires. Les soldats de votre escadron doivent cesser toute activité militaire immédiatement et se placer sous les ordres de l’officier supérieur le plus proche. Le code de l’honneur ayant été préservé : on lui avait ordonné de se rendre et il ne s’était jamais rendu. Il remit son épée et son fusil Arisaka Type 99 calibre 7,7x58. Il lui restait 500 cartouches et des grenades. Il quitta la jungle 29 ans après la fin de la Guerre Mondiale Numéro 2. Section Japon. Pendant son séjour sur l’île, il tua une trentaine de Philippins. On ne précise pas le nombre de soldats US.
L'homme secret qui avait bricolé dans cette maison avait déjà fait l'erreur d'entasser des tas de caisses de Sten Gun, produits Britanniques douteux (annonciateur de la fin de l'Empire et de ce qui arriverait à leur industrie automobile rachetée par les Allemands - Mercedes + BMW + Volskwagen (on se reppellera qu'ils ont perdu la guerre) (2 fois). Ou à toute leur industrie dont on a stupidement fait fabriquer les produits en Chine ou en Inde (2 ex-colonies) ne gardant que les chômeurs. Ce qu'on appelle la Mondialisation.
Mais ce n'est pas du gaspillage puisqu'ils y aura toujours des collectionneurs nostalgiques. Un Lee-Einfield usagé mais d'époque se vend plus de 500 Livres. Alors un neuf.

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Photo 2. http://en.wikipedia.org/wiki/File:Lee-Enfield_No_4_Mk_I_(1943)_-_AM.032027.jpg

Lee-Enfield No 4 Mk I rifle, made in 1943. Caliber .303" British. From the collections of Armémuseum (Swedish Army Museum), Stockholm, Sweden.
Photo 8. Lee Enfield No4 .303 Rifle 1943
http://callofduty.wikia.com/wiki/File:Lee-Enfield_CoD2.png

Image 21. Lee Enfield No4 Mk 1
Photo 22. British Troops defending the south coast, 1940. These men are armed with the Lee-Enfield Rifle (Imperial War Museum).
Photo 23. British troops, armed with Lee-Enfield rifles and the light Bren machine-gun, moving forward on the back of a Sherman tank in Spetember 1944.
Photo 24. http://www.airsoftnews.fr/wp-content/uploads/2009/06/mgw.jpg
An Afghan Mujahideen carries a Lee-Enfield  in Kunar, Afghanistan in August 1985.
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25.30 sept. 2012. État 2