HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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10.10.13

373.69

Loin.

Très loin.

Peut-être à Tel Aviv.

Son mari trouvait les sentiments trop compliqués.

Il avait toujours eu de la difficulté avec ces ... choses.

Il laissait ce genre de détails féminins aux faibles, homosexuels et femmes diverses.

Il avait fait ce qu’il avait pu quand elle appelé au secours. Avec de l’$, suffisamment d’$, on peut déplacer les choses et les gens.

On s'attaquait à lui. À sa femme. Sa fille. À tout ce qu'il possédait. Il n'allait certainement pas se laisser faire.

L'$ agirait à sa place. Avec encore plus de conviction.

Mais il n’en avait pas assez pour résister au destin.

Ou changer le passé.

Il avait appris la terrible nouvelle. Bien avant que sa femme lui téléphone encore pour l'accuser. Plusieurs personnes de ses diverses équipes l'avaient prévenus. Avec plus ou moins de détails, trop, parfois, plus ou moins de ménagement.

Il y avait le fait que c'était une petite fille.

Qui avait. Qu'on avait.

Il y avait aussi le fait qu'ils avaient échoué.

Tous.

Et il n'aimait pas l'échec et encore moins ceux qui échouaient.

Quoiqu'il savaient mesurer ses attentes. Quand on tente quelque chose avec 50 % de risque de réussite, il est normal qu'on échoue. Il est préférable de ne pas échouer. Ceci fait parti des risques. Envisagés et comptés dès le déclenchement de l'offensive.

Parce qu'on ne pouvait faire autrement.

Parce que la récompense était trop. Combien de fois avait-il pris le risque de tout perdre. Parce que le gros lot était.

Parce qu'on ne pouvait faire autrement.

Comme cette fois.

Et cette affaire, après qu'il eut consulté des spécialistes qui avaient déjà vécu plusieurs fois ce genre de de. Bon. Il lui avait dit que 10 % était tout ce qu'on pouvait espérer.

L'espoir.

La chance.

Les statistiques.

Le pire n'est pas toujours sûr. Lui avait dit l'un de ceux-ci. Qui avait été impliqué dans des prises d'otages, des enlèvements, des disparitions.

Tous n'étaient pas morts. Beaucoup avait été délivrés.

Ce genre d'événement n'était pas nouveau, il s'en passait des semblables partout dans le monde.

Il ne pouvait se déplacer et avait donc engagé des spécialistes qui, mieux qu’il n’aurait pu le faire lui-même, avaient essayé. Et échoué.

Dans le monde de la finance ou de l’$, il devait sans cesse faire bouger des chiffres, comme le jongleur qui s’il s’arrête un instant de mouvoir ses assiettes, les rendra disponible à la physique traditionnelle qui les fera s’effondrer avec tracas.

Parce que seul le mouvement maintient à la fois la position de la pyramide d'assiettes tournantes au bout du baton mobile au bout de sa main et l'illusion que tout ceci est normal.

C’était un jeu.

Il fallait le connaître. Ses règles et savoir quand il n’y avait plus de règle.

Savoir aussi que ce jeu existait et que c’est ainsi qu’on faisait vraiment de l’$.

Avec de l’air et des chiffres. Des illusions. De l'imagination. Des mots. Non des sourires mais des airs graves d'hommes sérieux qui savent ce qu'ils font. Alors qu'ils ne le savent pas eux-mêmes.

Que c'est un jeu.

Qu'il n'y a pas de règle.

Sauf une. Si tout le monde ou trop de monde se met à jouer, le jeu s'autodétruit.

On appelle ceci une bulle financière.

Qui est un autre jeu.

Ceux qui savent ou découvre que c'est une bulle, s'enfuient dès qu'elle a suffisamment gonflé pour leur système nerveux. Tandis que tous les joueurs amateurs s'engouffrent et gonflent à tour de rôle la bulle jusqu'à ce qu'elle éclate comme toutes les bulles non gonflées.

Le vrai joueur attendra au dernier moment. Se sauvera fortune faite juste quelques minutes avant l'éclatement.

Les autres continueront à engouffrer de l'$, leurs dernières économies alors que la bulle a déjà éclaté sans qu'ils le sachent. Car comme les journalistes, ils sont les derniers informés.

Il prévoyait déjà la prochaine. Et caculait le moment approximatif - on ne peut jamais savoir avec précision car il n'y a pas encore de science physique de l'économie quoiqu'on prétende - des millions de gens allaient perdre des milliards de $.

Ainsi va la vie.

Et sa pauvre petite fille.

De sa disparition à sa réapparition, il avait fait tout ce qu'il avait pu pour ne pas penser. Délégué ce genres de pensées à d'autres.

Pour se changer les idées, il avait pris encore plus de risques.

Et, comme si le Destin voulait compenser ce coup du sort, il avait été récompensé au centuple. C'était presque Biblique.

Un ancien auriat parlé de sacrifice humain.

On sacrifie sa fille pour avoir bon vent, bonne mer, que se bateaux traversent l'océan pour aller piller Troie.

Les Dieux anciens aiment le sacrifice des filles.

Sanglant.

C'est ainsi que lui et ses semblables faisaient, fabriquaient, attirait l'$.

Pas en produisant, fabriquant, vendant. Donnant du travail à des nécessiteux. Contrôlant leur vie misérable et inutile. Tenant en laisse des ouvriers paresseux.

Sa femme l’avait submergé de ses sentiments.

Il avait fallu qu’il prenne une douche.

Pour penser clairement.

Se nettoyer de ce magma d'émotion poisseuse.

Elle n’était visiblement pas de taille à affronter un tel défi.

Elle était de ces êtres charmants et décoratifs que l'on sort au bout d'une laisse. Symbole de votre réussite comme votre nouvelle Porshe. Qui va dans les musées, les théâtres. Donne aux oeuvres. Votre $.

Tout ceci déductible.

Tout comme elle.

Et, inévitablement, elle avait perdu. C’était prévisible.

Mais il n’avait pu rien faire.

Et quoi faire?

C’était le maniaque – on était finalement arrivé à la conclusion qu’il s’agissait réellement d’un pervers dégénéré ou d’un malade ayant besoin d’aide, de soutien et de réconfort.

Il était actuellement en clinique car on n’avait pas été capable de prouver hors de tout doute qu’il savait ce qu’il voulait ou avait fait - il se souvenait mal - c'était flou - peu clair - et qu’il était criminellement responsable.

À une autre époque, on l’aurait fouetté, castré et pendu.

Mais, dans une époque civilisée, on le comprenait.

Lui était vivant. Avait encore le potentiel d’être réhabilité.

Et sa fille était morte. Définitivement. IL ne la reverrait plus jamais. C'était comme ça. Elle ne se précipiterait plus quand il reviendrait pour sauter dans ses bras et le serrer.

Et sa femme ne valait pas mieux.

Il se demandait comment il allait la consoler. Lui envoyer une boite de chocolat Suisse ou Belge n’était pas ce qui convenait.

Les Suisses faisaient aussi des montres. Mais elle avait déjà plusieurs montres.

C’est sa femme qui dénoua l’impasse.

Elle demanda le divorce.

Après l’avoir insulté. Et en l’insultant encore après.

Disant que tout était de sa faute. Que s’il avait été là.

Il ne répondit pas qu’elle, elle était là, et, et, qu’est-ce que ça avait donné ?

Si les sentiments et les émotions le rendaient mal à l’aise, presque boiteux. Par contre, la haine, la colère, la rancune, les attaques, les conflits, ça, il savait comment réagir.

Toute sa vie, il s’était battu.

Il avait perdu.

Lorsqu’il était jeune. Inexpérimenté. Mais de moins en moins par la suite.

Depuis quelques années, il gagnait presque tout le temps.

Elle voulait la guerre. Elle l’aurait.