HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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6.10.13

344.40

C'était Pâques

Et voilà la seconde visite du jour par des enquêteurs neufs.

Bien enveloppé dans leur uniforme qui leur servait d'emballage cadeau.

On dit.

On dit et c'est devenu un dicton, un autre, qu'il y a ume médecine à 2 vitesses. Une pour les pauvres et une pour les autres. Il y aussi une justice à 2 vitesses. Et une police. Et des enquêtes du même genre.

On dira 2 vitesse pour simplifier le dicton. Alors qu'il y en a davantage. Mais aller plus loin dans la précision serait troublant.

La première enquête avait été du modèle standard.

Il est triste de perdre une enfant. La police est triste aussi et fait ce qu'elle peut. Elle partage vos émotions. Comprend vos sentiments.

Écrit sobrement.

Continue à faire ce qu'elle peut.

Même lorsqu'elle quittera le lieu du crime. Ou le dernier endroit où on aura vu la fillette, elle fera encore ce qu'elle peut.

Le tout deviendra un dossier comme les autres une fois la porte de la maison des parents tristes dans le rétroviseur.

C'est ce qu'il a été possible de faire.

Dans le circonstances.

Si les circonstances avaient été autres, si les choses s'étaient passées autrement...

Non seulement on vous comprend mais on peut vous affirmer que tout ce qui était possible a été fait.

Ainsi va la vie.

Et la mort.

Et autres proverbes de la sagesse policière.

C'est ce qui se passait normalement.

C'est ce qui aurait du se passer normalement.

Pour des gens ordinaires et sans importance.

Pour eux, il y avait un certain nombre de possibilités. Et, même pour ce nombre, il y avait des limites dans ces possibilités limitées.

Comme le malade quitte l'urgence de l'hôpital généralite où il attend depuis 2 jours en tenant son petit numéro pour une clinique privée. Supposant que cette possibilité existe parce qu'il a à la fois de l'$ et un manque de mémoire qui lui avait fait oublier cette possibilité intéressante. On voit donc l'absurdité de la situation.

Heureusement, pour lui, il y a une seconde vitesse au moteur médical. Il a l'espoir - et on a vu que l'espoir faisait vivre dans un proverbe précédent - que, cette fois, il ne serait pas un numéro.

Quoiqu'on n'aura peut-être pas un orchestre à corde avec piano jouant du Mozart dans le vestibule comme il en existe dans certains hôpitaux réservés aux grands de ce monde. Et inaccessible aux petits et insignifiants malades souffrant inutilemet.

Il fallait enclencher la seconde vitesse de la justice. Non celle des tribunaux, inutiles à ce moment, mais celle de la police.

Le mari avait des amis.

Influents.

Le mari aimait son épouse qu'il ne voyait pas souvent. Quoique le mot «amour», terme fréquent, inamovible, des magazines féminins, soit imprécis. Probablement qu'il n'y a, peut-être, que les femmes, lectrices de Elle ou Clin d'Oeil, qui comprennent véritablement son sens. Ou c'est une autre illusion féminine qu'il faut leur laisser sinon elles deviennent agressives. Donc comme on vient de le dire, il aimait sa femme mais pas souvent parce qu'il voyageait beaucoup pour affaires. Parce qu'il avait des affaires tout autour du monde. Et autour du monde, c'est loin. Pour aller et en revenir.

Et, son épouse s'ennuyant, comme quelques unes avait découvert monsieur Dickson.

Son époux était aussi père. Et il aimait sa fille. Et il n'allait pas facilement se résigner à ce que le sort s'acharne sur sa demeure. Ce n'était pas ce genre d'attentisme qui l'avait fait réussir sa vie et ses affaires.

Et il allait mettre en action son $ pour transformer la réalité.

La plupart des autres êtres vivants doivent se contenter de la subir ce qui développe le sens de la résignation apprécié des églises.

La chance, le hasard, l'espoir, la prière était des concepts trop féminins pour lui.

On avait donc chargé une seconde équipe, mieux équipée techniquement et intellectuellement, pour refaire l'enquête.

On ne pouvait rattrapper le temps passé.

Puis le premier 24 heures.

Ensuite, le premier 48 heures.

Et voilà la première semaine.

Une autre fois. Un autre cycle. Une autre semaine.

Puis le preemier ou le second 24 heures.

Ensuite, le premier 48 heures.

Ou le second.

On repartait tout à neuf. Des yeux neufs. Des esprits neufs. Une nouvelle tablette lignée.

Et le mari, l'époux, faisait comme pour ses autres affaires, harcelaient ses amis influents pour qu'ils motivent suffisamment ou encore mieux. On ne devient pas riche en laissant les employés suivre leurs rythmes naturels. Il faut des idées. Des concepts. Des images. Des résultats.

Pour un temps - il lui suffisait ou lui aurait suffi de voir sa femme (on a dit qu'il l'aimait ou quelque chose du genre.) (on a dit aussi qu'il voyageait souvent) pour comprendre que s'il ne poussait pas à bout ses troupes (il lui était facile d'utiliser ce concept qui était devenu une seconde nature)- celle-ci qui, comme ses semblables femelles, avait un esprit fragile serait définitivement défectueuse.

Du moins, c'est ce qu'il avait compris.

Son épouse s'était remise à prier.

Elle avait reçue une éducation religieuse. Était souvent allé à la messe lorsqu'elle était pensionnaire des soeurs. Dieu est une habitude qu'on n'oublie pas si on a été contaminé en jeune âge. Ou, si on croit l'avoir définitivement oublié, mis de côté - parce qu'on est moderne, civilisé, instruit, cultivé, perfectinné, moderne - Dieu revient vite dans ce qui reste de sa vie et de son esprit. Avec le malheur.

Si on a le cancer. Il n'y a rien de mieux pour retrouver la foi, la prière et les lampions à l'église quele cancer et la chimiothérapie ou les radiations.

Compostelle.

Sainte Anne de Beaupré

Ou si on a égaré sa fille.

Ou si elle s'est enfuie.

Ou si elle a été.

Ou si elle.

Ou si elle a été enlevée.

Pendant que son mari hurlait au téléphone et exigeait des résultats. Promettait des récompenses. Et des punitions.

Il était de ces hommes capables de punir. Dans son domaine social, il était une sorte de petit dieu.

Mais son épouse ne faisait pas que pleurer. Quoiqu'elle pleurait suffisamment.

Beaucoup.

Il y avait eu la première équipe de policiers.

Il y avait eu son mari.

Il y avait eu la seconde équipe de policiers.

Il y avait Dieu. La prière. Des promesses.

Il y avait encore son mari et son téléphone. Une quantité inouïe pour elle de noms et de postes qu'il mouvait et déplaçait dans un jeu d'échec à l'échelle de la ville que lui seul comprenait.

IL n'allait pas souffrir comme n'importe qui. Il n'avait jamais reculé devant un défi. Il n'était pas dit que le sort s'acharnerait sur lui. Que le sort, le destin, l'État, la malchance s'abatte sur les pauvres gens, les presque pauvres ou les moins pauvres; c'était la norme des choses.

Sans doute que tous ces efforts amèneraient des résultats?

Pendant ce temps, elle était laissé à l'arrière du jeu - pour son mari, les enquêteurs, c'était un jeu entre leur intelligence et leurs méthodes et celle de l'agresseur.

Maintenant, il y avait un agresseur.

Mot nouveau qu'on n'avait pas encore osé utiliser jusqu'à présent.

L'enquête avait mené peu à peu à cette synthèse de la situation.

On ne parlait pas encore de tueur en série.

Qui était une autre possibilité.

Déplorable.

À moment de cette situation, on utilisera un autre dicton: elle avait une autre carte à jouer.

Monsieur Henry Dickson