HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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6.10.13

348.44

Dans le journal d'hier.

Un père revenait chercher ses filles qu'il était allé porter chez une de leurs amies dont c'était l'anniversaire. Il se stationne dans la cour. Il voit ses 2 filles sortir en le saluant. La fête était finie et elles l'attendaient derrière la grande fenêtre. Puis les perd de vue. Tout se passe très rapidement. Au même moment où il recule dans l'entrée asphaltée. Comme d'habitude, chacune se sépare pour prendre sa place préférée à l'arrière. Il voit la plus grande qui attend comme convenu l'arrêt complet de l'auto avant de s'avancer et d'attrapper la poignée de porte de la portière. Celle de gauche. Derrière le siège du passager avant. Vide. Mais encombré de sacs d'épicerie. La plus petite préférait toujours s'installer sur le siège arrière qui se trouvait derrière le sien, celui du conducteur. Il les avait vu dans ses rétroviseurs. Il se tournait pour regarder dans les vitres de l'auto. La grande (pas tant que ça) était toujours là. La petite - vraiment petite - n'était pas réapparue. Tout s'était passé très vite. Ce n'est qu'après qu'il a eu le temps de séparer chaque moment pour en faire une scène, une action. Et un son. Étrange. Comme quelque chose qui se brise. Comme une roue qui écrase de la glace. Ou un pot de verre. Les vitres étaient fermées mais le bruit avait été évident. Quoique difficile à identifier. Il commença à comprendre lorsqu'il vit dans la vitre de gauche, sa grande fille (pas si grande car elle était pliée à ce moment). Et les autres enfants dans les fenêtres de la maison. Tous réunis. Figée regardant quelque chose. La main sur la bouche. Les mains sur les bouches. Une plus grande mettant ses mains devant les yeux d'une plus petite. Il était sorti. Ceci arrive souvent. Peut-être pas dans cet ordre. Le décor change. L'auto recule sans voir ce qui se passe derrière. On ne pense même pas qu'il peut se passer quelque chose qu'on ne voit pas. Un enfant était là. Ou n'y était pas. Est arrivé en courant. Les circonstances changent. L'enfant glisse. Trébuche. Et une roue arrière passe sur sa tête. D'où le bruit de verre croustillant. Le petit crâne défoncé. Ceci arrive. Si on veut des chiffres précis, il y a des organismes qui classent ce genre de phénomènes. Il y a ensuite des sentiments et des émotions. Et des regrets. On a même calculé le nombre de fois où le couple se sépare ensuite. La femme, l'épouse et la mêre, reprochant au père. Ce genre de choses. Le père se sent coupable. La soeur, prudente survivante, se reproche aussi des choses. On aurait pu faire ceci. On aurait dû faire cela. Quelquefois, le couple survit. Il reste une fille à s'occuper. Si la femme qui est la mère est encore jeune, elle peut faire une autre fille. C'est possible. Mais comme on dit: on n'oubliera jamais celle qui est disparue. Mais on l'oubliera. Une autre vie commencera. Se poursuivra avec le temps.

Il n'y a que ce brit de verre écrasé lentement, soigneusement, qui restera.

Il y a tant de drames possibles à décrire.

Un petit corps projeté par le pare-choc d'une voiture qui roulait trop près du trottoir.

Tant de possibilités s'offraient à l'imagination.