HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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30.8.12

227. MORT DU MAIRE. COMME ON DISAIT JADIS: MORT D'UNE VACHE: DÉSESPOIR DANS LA MAISON. MORT D'UNE ÉPOUSE, JOIE DANS LA DEMEURE: MARIAGE AU PRINTEMPS. MORT DU MAIRE, JOIE AU VILLAGE, ÉLECTION À L'AUTOMNE.

Henry Dickson disait parfois absence de preuve n'est pas preuve d'absence

Le maire eut moins de chance que le maire suppléant. Il travaillait dans sa grange à faire de l'alcool clandestin avec son alambic artisanal qui explosa.

Il fut ébouillanté vivant instantanément lors de l'explosion ou tomba dans la cuve et fut bouillie lentement avant que le tout explose. Les versions diffèrent.

Les portes étant barrées de l'intérieur, on présume qu'aucune intervention extérieure ne s'est manifestée.

Mais comme dit monsieur Dickson qui était un de ses clients: absence de preuve ne veut pas dire preuve d'absence.

Quelques personnes furent très satisfaite par cet événement miraculeux.

Une délectation rarement éprouvée.

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30 août 2012. État 1

Mort: 1

226. LES CRÉTINS ET LA RÉINCARNATION. TOUTES LES INFIRMITÉS ONT LEUR RAISON D'ÊTRE ET CORRESPONDENT AU GRAND PLAN DE DIEU

Henry Dickson

Un malheureux incident survint à la fin de la séance du conseil, le maire suppléant se leva en rigolant avec son humour et sentit un malaise soudain. Sans le savoir, il avait un défaut génétique consistant en un anévrisme cervical.

Phénène passionnant.

DESCRIPTION

Un anévrisme est un amincissement de la paroi d'une artère. Comme pour un vieux pneu trop usé et ou trop gonflé d’air, la pression sanguine tend à faire gonfler la peau amincie de l’artère vers l'extérieur formant un ballon plus ou moins gros rempli de sang. Et au fil du temps, la peau de l’artère amincit de plus en plus tandis que la pression augmente régulièrement la peau va se rompre et l’artère, logiquement, va éclater. Ou le sang peut s’écouler en un mince filet dans l’organisme ce qui n’a pas été prévu par la nature. Tôt ou tard, surviendra la rupture d'anévrisme qui provoque l’éclatement de l'artère et un saignement incontrôlable et mortel.
La variété la plus courante est celle de l'aorte abdominale qui est la plus grande et la plus grosse artère du corps, où le plus de sang à la plus grande pression passe car là s’achemine le sang du cœur vers tous les organes. Sauf aux poumons. Elle part du cœur et va vers le haut du thorax puis descend le long de la colonne vertébrale, pour passer à l'abdomen en  plusieurs branchements vers les reins, le foie et les intestins. dans chaque branchement un anévrisme peut se former. Si on est malchanceux né dans une famille malchanceuse, on peut en avoir plusieurs à différents endroits du corps.
Comme si ce n’était pas assez, il peut aussi s’en produire à la base du cerveau comme chez le maire suppléant, ce que le médecin légiste qui fera l’autopsie notera comme un anévrisme cérébral normal mais mortel.
Les anévrismes sont presque normaux chez les hommes blancs d'âge mûr. et ceux de l'aorte abdominale se produisent chez 10 % des hommes de 65 ans et plus. 90 % des personnes dont l'anévrisme abdominal se rompt mourront. Et 100% de ceux qui sont victime d’une rupture de l’anévrisme du cerveau. Ce qui est particulièrement impressionnant pour un public non averti comme celui de la salle du conseil.
Le maire suppléant se lève, vacille, sent un malaise, comme une sorte de vertige puis une explosion à l’intérieur de sa tête, son crâne, son cerveau, siège du peu de pensée qu’il avait vient d’être détruit par la pression sanguine. Du point de vue extérieur, le sang coule de son nez, de sa bouche, de ses yeux, de ses oreilles.
Sa vision devient double, il louche, ses yeux deviennent exorbités et ses paupières tremblent puis il devient aveugle. Son visage lui fait mal puis il a l’impression que sa tête veut fendre. Sa respiration siffle et il est incapable de parler.
Et comme il est déjà mort, il s’effondre subitement sur la table du conseil dans une mare de sang qui mouille et rougit ses dossiers et déborde de la table et coule sur le plancher de tuiles vers les souliers des spectateurs du premier rang qui n’ont que le temps de lever les pieds pour ne pas salir leurs chaussures. Les 6 litres de sang que contenait son corps se répandent partout.
Il aurait pu réduire ses risques d'anévrisme et de rupture d’anévrisme en  mangeant des légumes vert de préférence foncé et en ingurgitant moins de sel. En faisant de l'exercice et en perdant du poids et en arrêtant de fumer tout en prenant des suppléments de potassium. jusqu’à ce que de nouvelles études le déconseille.
Et en évitant de se moquer de certaines personnes suseceptibles

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30 août 2012. État 1

Mort: 1

225. DE LA PUDEUR ET DE L'IMPUDEUR DES FEMMES

Henry Dickson, de la fenêtre de l'évier de sa cuisine, regardait à la jumelle la petite blonde creuser près du pommier. Elle creusait très bien. Si elle creusait près du grand chêne, elle trouverait des choses encore plus intéressantes. Allait-il lui parler de ses expériences esthétiques à la scie mécanique?

La petite blonde se réveilla.

Son point n'avait pas bougé dans la liste des points à traiter ce jour-là. Sauf le point 3. Elle s'endormit donc un peu (avec dignité sans s'affaler sur sa chaise de plastique la bouche ouverte) quand on passa interminablement en revue la séance précédente. On allait probablement parler du ponceau du rang 3 et des règles qui font qu'on pourrait peut-être creuser à droite ou à gauche. Les ronrons des douces paroles bureaucratiques avaient le don de l'endormir.

Quelqu'un - elle - lors de la séance précédente avait proposé qu'on enlève le gros crucifix de bois sur le mur du fond et qu'on cesse de dire la prière. Et un conseiller avait soutenu sa proposition, ce qui lui avait permi de la faire transcrire au procès-verbal pour étude ultérieure. On attendait une directive sur la laïcité et l'usage des signes religieux ostentatoires venant du Ministère des Affaires Municipales.
C'est la voix du maire qui la réveilla. Et le fait que les femmes présentes dire hooo! ce qui la réveilla encore plus vite.
Alerte!
Quand le peuple des femmes s'indigne ou est sur le point de l'être: danger!
Le maire venait de prononcer plusieurs fois le mot «morale» ce qui était définitivement trop. Surtout provenant d'un homme tel que lui.

Déjà quand ce mot sort de la bouche d'un politicien, toute personne qui n'est pas politicienne doit s'inquiéter.
Elle chuchota donc à son compagnon de droite pour lui demander de lui résumer ce qui venait de se passer. Il lui dit que le maire faisait sa crise habituelle sur les shorts.
Le secrétaire municipal venait d'installer sur le dalot du tableau vert une affiche provenant du groupe de morale local présentant différents vêtements féminins, plus précisément, des pantalons courts. Et de plus en plus courts.
C'est ce raccourcissement qui faisait problème.
Selon lui, et ceci valait la peine de lui consacrer tout un numéro de l'ordre du jour de la réunion. Numéro qui donnerait un chapitre dans le procès verbal de mois prochain.
Comme il lui arrivait d'entendre des voix, cette fois, il lui semblait entendre un cri d'indignation provenant de toute la province et de l'Archevêché de Québec (chanoines, évêques, cardinaux, archèvêque, recroquevillés sous la grande table sculptées, tout craintifs dans la grande salle de délibération, luttant spirituellement contre les démons féminins aux gros nichons et aux grosses fesses qui jour après jour menaçaient leurs âmes fragiles.) contre cet accoutrement vestimentaire qui rabaisse la femme au rang de l'animal ou d'un objet sexuel.

Les plus vieilles femmes intransigeantes préféraient le mot «objet sexuel». Il s'excusa donc pour le premier terme qui ne convenait visiblement pas à la circonstance.
Les experts de la morale se plaignaient que ces bouts de  tissus qui recouvrent la pudeur de la femme et ses organes reproducteurs raccourcissent d'année en année. Et d'été en été, au gré des vents et de la chaleur. Comme si les femmes ne supportaient plus d'être vêtues. Pourtant, le tissu protecteur est la seule chose - avec les lois sévères - qui les protègent des abus divers qui pourraient inévitablement leur arriver de la part des malades qui ne pourraient résister à l'appel de leur sens.

Généralement des hommes.
Il n'en restait plus qu'un pagne qui recouvrait avec de plus en plus de peine de moins en moins de leur anatomie. Oui, leur anatomie se laissait découvrir au grand scandale des enfants innocents qui pourraient être durablement perturbés.
Le maire, charitable - il avait une femme et des filles- comprenait qu'on pouvait imaginer que c'était plus confortable durant les périodes de canicule mais c'était la longueur du pantalon court ou sa brièveté qui le remplissait de malaise. Qu'est-ce que court? Qu'est-ce que trop court? Comment l'évaluer? Le mesurer?

Et si les jambes raccourcissaient, il en était de même de la taille et de la ceinture qui se portait désormais bien en dessus du nombril. Et le gilet qui recouvrait d'autres signes extérieurs féminins remontaient de plus en plus haut, on ne savait plus où regarder.

Et les pantalons, comme si ce n'était pas assez, était faits désormais d'une matière souple et extensible qui semblait coller à la peau et ne laissait rien deviner de la rondeur des fesses, du fait qu'elles étaient généralement 2. Même le sillon fessier, comme le sillon des seins étaient visibles alors qu'on n'aurait jamais dû savoir qu'il existait. Et il arrivait que le tissus si fin, si souple et si extensible s'insinue dans les infractuosités de la craque des fesses.

Il y avait déjà les pantalons capri. Quelle idée de couper de si bons tissus. Puis les bermudas. Ce que certaines appelaient les short des moumounes. Voilà le minishort.

Il y avait la minijupe qui ne cachait rien quand un coup de vent sournois s'emmêlait dans le tissus, le pauvre tissus, le peu de tissus qui restait.

Mais pourquoi lui en voulait-on tellement à cet honnête tissus?

Et les culotte de lycra des cyclistes, des collants, en fait une seconde peau qui se collait et se moulait sur la première et moulait les signes extérieurs sexuels féminins quand une étourdie (celà arrivait) le revêtait sans mettre de culotte. Ou de protège dessous afin que tout reste en place.

Le maire relisait ses notes.

Et l'exemple des jeunes femmes se propageait. Maintenant dès qu'une fillette se formait, elle tenait à ce que tous sachent qu'elle avait enfin des seins. 2 à la fois. Les gilets étaient serrés et précis. Et lorsqu'elles portaient des chemises, on voyait encore la forme générale de la poitrine, heureusement moins évident que lorsqu'elles portaient un gilet, mais ce qui blessait l'oeil était le décolleté. De plus en plus bas. Et comme les seins ne cessaient de grossir, on, il, je, les mots lui manquaient.

Comme les jeunes filles étaient souvent petites et que les adultes étaient souvent grands, ils ne savaient plus où regarder car dès qu'ils se penchaient, leurs regards tombaient comme par hasard sur le décolleté et entre les seins et il fallait tout un effort de volonté confinant à l'héroïsme pour s'en détacher.

Mais c'était trop de point au même moment. Pour le reste, on y verrait prochainement. Actuellement, le point à l'ordre du jour était le short.

Il fallait en déterminer la longuer tolérable. Et le tissus acceptable.
Il approuvait la campagne provinciale qui voulait interdire le port de ce qu'on ne pouvait plus appeler vêtement qui est à la fois provoquant et scandalisant.

On découvrit donc qu'il existait une campagne provinciale dont personne avant ce jour n'avait entendu parler.
Un conseiller se leva et proposa d'adopter une loi. Un autre conseiller le seconda. Le secrétaire municipal leva son stylo pour commencer à écrire la dite loi. Le Conseil Municipal du village ne serait pas le seul puisqu'une pétition circulait qui serait envoyé au Ministère de la Justice pour que la police des moeurs si présente dans les décennies passées et dont on n'entend plus parler malgré qu'elle existe encore, fasse des inspections dans les rues et donne des contraventions.
On découvrit donc qu'il y avait une pétition au bureau du secrétaire ou sur le comptoir de son assistante.

Et que les femmes auraient des contraventions. Idée particulièrement intéressante.
Le conseiller proposa d'amender le règlement municipal de 1935 qui prohibait le port du costume de bain hors des plages. Le secrétaire fouilla dans le répertoire des innombrables lois des cités et villes et trouva le numéro 57.

Il faudrait que l'inspecteur municipal se munisse d'un galon à mesurer car une loi ne peut se fier au pifomètre. Qu'est-ce qu'une loi qui prétend qu'il semble que. Il fallait donc mesurer à partir du genoux. Donc déterminer à quelle distance, en pouces et en centimètre, l'ourlet ou les franges, car certaines femmes aiment les bords de pantalon rongés par les rats.

Un autre conseiller s'émut aussi du fait que ce n'était pas seulement les vêtements trop courts ou insuffisants qui étaient à déplorer mais aussi les vêtements trop étroits et trop savamment usés. Car s'il était une époque où seuls les pauvres portaient des vêtements usés, maintenant on payait un supplément pour l'usure. Encore une fois à des endroits litigieux, sur les cuisses et les fesses. Il y avait même des jambes de pantalons fendus qui laissaient voir la peau des cuisses. Heureusement, on n'avait pas encore osé pour les fesses. Mais, il avertit solonnellement qu'un jour on oserait.
Il faudrait adapter sans doute la terminologie et résumer les lois à l'essentiel, trouver la clause la plus satisfaisante tenant compte de l'évolution des moeurs. Le règlement original mentionne que le port du pantalon est interdit de la part des femmes. De même que le port de la robe pour un homme. Sauf la soutane pour les frères et les prêtres. De même que le kilt Écossais. Puisqu'un des régiments d'occupation du village lors de la Conquête avait été Écossais.
On allait résumer le projet de loi (adaptation du règlement numéro 57) que l'on peaufinera lors de la réunion à huis clos de la semaine.
On espérait que la population se conformerait aux nouvelles directives et coopérera avec les autorités dans son application. On chargeait l'inspecteur Municipal de veiller sur la moralité des femmes avec une règle de 12 pouces. Car on n'avait pas encore déterminé ce qui était court et problématique et suffisamment court pour permettre à l'air et au soleil d'atteindre la peau sans causer d'émois.
Le port du short diminuera graduellement au fur et à mesure que les femmes étourdies comprendront la gravité de leur manquement. Et que quelques délinquantes seront sanctionnées.
Le maire rappelait qu'il était possible de profiter des avantages de l'été tout en respectant la morale, la politesse, l'hygiène, la bienséance, le civisme et les bonnes moeurs.
La pudeur a ses règles que l'on a oubliées. Les règles de la plus élémentaire  pudeur. Et la modestie est le manteau protecteur de la femme.

Où était le jour où les femmes rougissaient devant le regard d'un homme et où elle baissait humblement la tête. Dociles et soumises. Et alors, elles ne parlaient, comme les enfants, que lorsque l'homme avait terminé de l'admonester et lui en donnait la permission. Aujourd'hui, il n'y a que des effrontées qui regarde les hommes dans les yeux quand il lui parle.

Et elles pensent. Qui leur a donné la permisson de penser?

Livrées à elles-mêmes et à leur propre réflexion, sans les sages conseils de prudence du clergé, il est à la fois normal et terriblement triste de voir où leur absence de raison peut les conduire. Oui. Affligeant.
Personne ne songerait à se promener nu dans les rues. Ou en pyjama ou en déshabillé ou robe de nuit. Le port du short devrait être réservé pour la maison si le père et le mari le tolère. Dans une maison, où il n'y a ni fils ni frère.

Et si on tient absolument à le porter comme un costume de bain que ce soit dans la cour arrière de la maison, derrière une clôture de piquet serré de 6 pieds de haut. Afin que nul ne nous voie et qu'aucun enfant ne se scandalise.

Un conseiller était attristé du comportement des femmes.

_ Personne ne leur donne plus le sens du bien et du mal. Elles n'ont pas de jugement. Elles doivent donc être dirigées par d'autres. Il y a 70 ans. Le 25 avril 1940. Je le sais, car mon grand-père a milité contre cette abomination qui divise les foyers. Il disait qu'elle transformerait l'être gracile et délicat qu'est la femme en une abomination poilue et virile. Même sa voix chantante et enfantine muera et se virilisera. Ce jour fatidique à tué mon grand père. Il s'est effondré près de la radio comme un chêne qu'on abat.

Ce fut la fin d’un ordre social dont le fondement reposait sur la mise à l'abris de ces êtres charmants de la politique et de la terrible réalité du monde. Un cardinal proclama que l’entrée des femmes dans la politique, même par le seul suffrage, car personne n'osait encore penser qu'elles s'abaisseraient à faire elles-mêmes de la politique, pîre, à choisir un autre homme que leur époux ou leur père comme représentant, est déjà bien assez grave, serait pour notre province un malheur. L'ordre public serait troublé. Rien ne le justifie, ni le droit naturel, ni l’intérêt social et les autorités romaines approuvaient les vues de tout l'épiscopat.

La femme ressemblerait à un astre sorti de son orbite. La femme a pour rôle d'être la gardienne de la foi dans la famille. Discrète comme la lune, elle n'a pas à resplendir et briller comme le soleil. Les Canadiennes françaises risquent de devenir des « femmes publiques », des prostituées, les furies de Babylone telles que décrites dans l'Apocalypse de Saint Jean. De véritables femmes-hommes, des monstres, des hybrides répugnants qui détruiraient la femme-mère, la femme-femme et les femmes-enfants si vulnérables et si charmantes. Sans compter toutes sortes de problèmes d'hygiène.

Le féminisme est un mouvement pervers, qui menace les bases de la famille et de la société. L’intérêt public, la décence, la modestie du sexe exigent que ces scandales ne se répètent plus.  C'est la famille chrétienne, formée par la femme chrétienne, qui a sauvé le Canada français. Si la famille chrétienne et la femme chrétienne est attaquée, sa déchéance marquerait celle de notre civilisation et de notre ordre social, préservés au prix de tant de sacrifices. Malgré les averstissements, nous avons gaspillé l'héritage des ancêtres.

Les dames patronesses ne se sont pas contenté de leur place. Car la place de la femme est dans sa cuisine avec ses amis les chaudrons. Les devoirs du foyer exigent tout son temps et le peu d'intelligence que peut contenir sa jolie petite tête. Toutes choses compliquées sont bien au-dessus des capacités et des aptitudes des femmes.

La moitié de la population n'a pas le droit de vote et alors, elles peuvent s'exprimer à la maison à leur perruche. Des ménages se sont brouillés parce que telles femmes ne savaient pas adopter les opinions politiques de leurs maris. Des enfants sans mère se sont retrouvés à la rue. Des hommes se sont jetés dans la  boisson à cause des cris insupportables de leurs femmes qu'on a du hospitaliser dans des maisons de santé pour leur bien. Frappées de démence, elles se croyaient tout permis.
Et, en 1964, c'est la première femme ministre qui fait, comme disent les hystériques, avancer la cause des femmes en présentant un projet de loi qui met fin à l’incapacité juridique des femmes mariées. La femme mariée était une incapable du point de vue juridique, comme les enfants mineurs, les déficients mentaux et les anathèmes. Car elles devaient avoir l'autorisation de leur époux pour signer des contrats. Elles ne peuvent être les gardiennes de leurs enfants qu'avec la tolérance de leur époux, ni se défendre ou intenter une action devant les tribunaux, recevoir un héritage ou le garder, avoir droit au produit de leur travail. Un époux déçu de sa conduite pouvait la faire saisir et enfermer dans une maison de santé et seule sa signature pouvait l'en faire sortir si lui et les médecins traitants jugeaient qu'elle s'était suffisamment repentie de sa conduite. La fatalité historique a fait qu'elle a gagné. Et cette diablesse a dit que si on y met le temps, on arrive à cuire un éléphant dans un petit pot!

Dieu merci, elles ne sont pas allé aussi loin que les Britanniques, dont les plus radicales ont incendié des églises, se sont enchaînées aux grilles de monuments comme le Buckingham Palace, ce qui leur a valu un séjour bien mérité en prison. Là, certaines feront la grève de la faim. Une pauvre folle se suicidera en se jetant sous le cheval favori du roi lors d'une course. Blessant atrocement le cheval. Elles sont capables de tout.

Une voix vient de la  table du Conseil sans qu'on puisse distinguer d'où elle venait ni à qui elle s'adressait.

_ Maudite gang de putes!

Comme si ce n'était pas suffisant pour décrire son point de vue, la voix ajouta pour préciser à qui elle s'adressait:

_ Maudite gang de fendues.

Les femmes dans la salle poussèrent un cri silencieux qui fit dresser les cheveux des hommes présents. Et certaines allèrent plus loin que le silence méprisant de leurs soeurs. Des cris perçants suivis de descriptions inamicales.

On fut peu charitable pour les conseillers.
La petite blonde ne disait rien se contentant de sourire. Mais, le maire l'insulta comme si c'était elle qui dirigeait les protestataires.

_ Ça fait le trottoir et ça vient faire la leçon et en plus ça vient quêter de l'$ !

Elle alla parler mais se ravisa comprenant qu'au point où on en était ça ne servirait à rien. De toute façon des commentaires venaient d'un peu partout de la salle. Des hommes comprenaient que le combat éternel contre les femmes reprenaient et qu'ils pourraeint enfin avoir leur revanche au lieu de les faire saigner une à une au fond d'une ruelle. Qu'on les tuent une bonne fois pour toutes. Enfin. Ils étaient les plus forts, après tout. Pourquoi se laisser dominer par les femelles et les guenons?

Il dit tout haut ce que les autres pensent tout bas et ce que certains des autres refusent de penser.

La sévère voix de la raison.

D'autres hommes, comprenaient aussi qu'on s'en prenait à leurs mères, leurs épouses, leurs filles allaient se lever pour démontrer la matérialité de certainss problèmes de physique théoriques dans la face des conseillers. Par exemple, le déplacement d'un corps uniformément accéléré, à partir de l'état de repos rectiligne et uniforme. Phénomène particulièrement intéressant à observer. Il convient de remarquer que dans le cas particulier où l'un des corps à une masse beaucoup plus importante que le second corps le résultat peut être passionnant.

Malheureusement sa femme, assise à côté de lui, préféra se lever et l'emmener avec lui en lui chuchotant à l'oreille. Comme il chaussait du 11, mesurait 7 pieds, pesait plus de 300 livres, avaient les poings gros comme des choux, comme il aurait été intéressant de regarder.

En passant, tout en s'en allant, pour montrer par l'exemple, comme on fait à l'école primaire ce qui pouvait arriver au maire et à toute personne assez stupide pour être là à ce moment, il prit la poignée de la porte et sortit la porte entière et une partie du cadre du mur. La porte de sécurité de bois laminée de 2 pouces, recouverte d'acier devait bien peser 100 livres, sans compter le cadre de métal rivé au mur de béton. Un soupir de tristesse vint à quelques hommes et plusieurs femmes de la salle.

Le maire suppléant lui dit:
_ Si j'étais toi, je me la fermerais.

Puis, le maire mis son grain de sel. Poussé par l'intervention du Saint Esprit ou par quelques puissances indéfinissables. D'abord, on ne le compris pas trop bien, il semblait se parler à lui-même ou à quelqu'un près de lui que personne sauf lui ne pouvait apercevoir puis on le compris trop bien, d'autant plus qu'il s'était levé et désignait du doigt la petite blonde qui était assise au premier rang juste en face de lui:

_ Je suis le seul à te voir telle que tu es: un monstre. Une erreur de la nature. Tout aussi étrange que ta mère, tout aussi anormale, tout aussi différente.

Le maire suppléant approuvait: Être différente est mal. Être étrange est mal. Être anormale n'est pas normal.

Un soulier arriva du fond de la salle et atteignit le secrétaire municipal qui avait pourtant tout fait au cours des 3 décennies passée et des 20 conseils municipaux qui s'étaient succédés, pour ne jamais prendre parti et ne se mêler de rien. Victime innocente de la colère déchaînée.

Le maire regarda la petite blonde d'un air sournois:

_ Tu sais ce qui est arrivé à ta grand mère et à ta mère?

Et il rit d'un rire que l'on aurait autrefois appelé diabolique.

La petite blonde regarda le plafond et vit la lumière (pas seulement les fluorescents de 4 pieds - lumière du jour) et son sourire radieux, toujours aimable s'éclaira.

*

20. 30 août. 1 septembre 2012. État 3

224. ÉTAIT-ILS CONVENABLE DE CÉLÉBRER LA MESSE DANS UN SALON FUNÉRAIRE?

Henry Dickson joue au Sudoku à l'ordinateur. Pendant ce temps, la petite blonde s'endort au Conseil Muncipal et que l'auteur toujours fieilleux dit du mal de l'Église ce qui va certainement lui attirer des malheurs.

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Alors quand on perdit les revenus des services funèbres et qu'il ne resta plus que les enterrements (100$ et 50$ par an pour l'entretien du lot) on poussa des plaintes qui remontèrent au haut clergé et redescendirent précipitamment.
Comme on ne pouvait attaquer sur les impératifs financiers malgré que quelques marguillers firent entendre leurs lamentations, on utilisa sournoisement des arguments théologiques. Était-ils convenable de célébrer la messe dans un salon funéraire? Dans un lieu qui n'avait pas été consacré? On eu beau jeu de rétorquer qu'un prêtre professionnel y officiait, il avait beau avoir été curé de la paroisse désormais retraité, il serait prêtre jusqu'à sa mort. Et, lui, il avait consacré les lieux. Il n'était pas le seul puisque la chapelle servait aussi aux cérémonies funèbres bouddhistes (rares) ou étranges et bizarres et civiles. Et n'y avait-il pas des chapelles dans les résidences pour vieux ou les centres commerciaux?
À force d'entendre à la TV que les consommateurs ont toujours raison, certains avaient fini par le croire, et lorsqu'ils voulaient consommer des services religieux; ils entendaient que ceux-ci se déroulent comme ils l'exigeaient puisqu'ils payaient. Et qu'on ne leur parle pas de choses trop déplaisantes à entendre comme la justice et la charité ou l'Enfer, ce que l'Église avait compris d'elle-même depuis longtemps, se concentrant désormais et depuis des siècles sur la moralité des femmes et leurs perversions diverses.
L'Église présentait ses produits aux consommateurs et ceux-ci choisissait ce qui leur faisait plaisir et les options désirées comme au comptoir des téléphones cellulaires. Il était fini le temps où l'Église pouvait vous faire briser les jambes à la barre de fer parce que vous avez raté un précepte. Même les Dominicains jadis les piliers de l'Église et de la Sainte Inquisition étaient devenus socialistes, comme si les SS militaient dorénavant pour les droits de l'Homme.
Et d'autres ignorants, croyant que l'Église était une institution démocratique ou qu'elle l'était devenue depuis la fin de la monarchie, prétendaient que la voix de la majorité a toujours raison. Alors que l'Église affirmait le contraire. Dieu et le Saint Esprit, éclairait le Pape qui ordonnait à tous les autres. Ce qui n'est pas démocratique du tout. Les têtes des fidèles ne servant qu'à recevoir de l'eau bénite et des cendres un mercredi par an.
Si le défunt avait voulu s'entendre lors de son décès et qu'il tenait à qu'on amène une TV pour qu'on le voit donner des leçons à son peuple personnel, pourquoi pas. Ou si c'était de la musique Rock. Ce n'est pas parce que le curé ou l'organiste le défendait ou manquait s'évanouir qu'il n'en entendrait pas si c'était possible. Du moins, ses parents, amis et voisins en entendraient. Et le salon funéraire ne voyait aucune raison qui ferait qu'ils n'en entendraient pas. Que ce soit de la musique sur CD ou un orchestre au complet, même Agadoudoudou. Comme à un mariage, on inviterait un chanteur. Tarifé bien sûr à la famille.
Et la cérémonie durerait le temps voulu par la famille. Le prêtre, spécialiste de ce genre de détail pouvait vous étirer une cérémonie presque indéfiniment ou, au contraire, l'expédier comme les Trois Messes Basses d'Alphonse Daudet ce qui avait valu au curé et aux spectateurs quelques problèmes.
Ensuite, à l'heure prévue, il y aurait le banquet. Comme pour un mariage. Tout dépendant des tarifs du traiteur. L'important était que l'horaire soit respecté. Les parents les plus proches et les derniers amis pourraient rester jusqu'au dernier moment mais tout le monde serait déjà parti lorsque le traiteur ramassera les restes et la vaisselle. Le salon funéraire n'avait pas de salle de fête mais la municipalité avait une grande salle vide dans son centre communautaire qui ne demandait qu'à servir.
Un homme d'affaire riche et célèbre avait voulu que lors de son service, pour éviter que les gens soient tristes - au cas où il y en aurait -que des Mariachis et des danseuses de flamenco avec des danseuses du ventre et des danseuses hawaïennes se précipitent autour de son cercueil. La cérémonie, haute en couleurs, comme aiment écrire les employés des journaux pressés (ils ont tout un tas d'expressions toutes faites pour chaque situation ce qui leur évite le supplice de penser) fut très appréciée des photographes. Il aimait qu'on parle de lui et de ses maîtresses de son vivant, on parla encore de lui lors de sa mort et de son service puis de son enterrement (son monument était digne d'un Pape). Il était très laid mais étant riche et célèbre, ingrédients irrésistibles pour toute personne ambitieuse, il vécut donc aussi longtemps que possible, toujours aussi laid mais environné des plus belles femmes qui ne demandaient qu'à coucher avec lui. Qui paie le magazinage sans compter ni regarder les factures a toujours un attrait irrésistible. Ce qui s'appelle prendre une femme par les sentiments. Avant de la prendre partout ailleurs. Et qui se met soudainement à compter se retrouvera bien seul.
La mort était devenue un buffet chinois. Service à volonté. All you can eat!
Bien sûr, la mort est une étape importante de la vie.
Et il fallait penser à ceux qui n'avait pas la foi ou ne l'avait pas encore ou l'avait perdu et qui devait, eux-aussi, mourir. Car qu'il y ait un Ciel ou non pour recevoir les braves gens, ce dont on débattait encore après quelques milliers d'années. La terre était toujours là pour vous acceuillir à défaut d'autre chose. La terre, elle, croit en vous. Et ne vous laissera pas tomber. Elle vous digérera comme les millions et les millions avant vous.
Un cercueil révolutionnaire
Un cercueil créatif
Un cercueil local
Un cercueil équitable
Un cercueil solide et écologique qui respecte l'environnement.
Et elle continuait à chercher son slogan
Tout en feuilletant la revue The Director. De la NFDA, National Funeral Directory Association. Leur convention aurait lieu à Charlotte en Caroline du Nord, le 7 octobre.
Ce qui permettait aux familles éplorées de regarder une dernière fois leur proche (on fermerait bientôt définitivement la boite) bien cancéreux et tout maigre affalé dans un oreiller de coton blanc rembourré et de mousseline comme un cornichon jaune dans la crème fouettée.
Les autres cercueils venaient des autres provinces ou de gigantesques usines des USA. La population vieillissait et on mourait beaucoup. Et mêmes les pauvres qui enterraient les leurs avaient cette fierté de ne pas les envoyer dans le trou dans n'importe quoi. On n'a pas les moyens de se payer une auto mais le meilleur des cercueils - du moins, ceux en bois vernis - ne coûtaient qu'une fraction du prix d'une auto. Les autres, en bronze ou aluminium coûtaient le prix d'une auto.
Elle avait eu l'idée - elle avait toujours des idées et c'était celle-là du moment- de faire une petite fabrique artisanale locale. On avait des chômeurs, elle en engagerait. Il y avait des artisans, elle en engagerait. Et quelques machines puisqu'ils n'étaient plus aussi habiles que les anciens.
Des cercueils concepts. Des cercueils innovateurs scientifiques. Ou presque. Un nouveau design révolutionnaire. Des produits innovateurs en constante évolution comme elle. Elle pensait qu'il ne serait rien de copier les autres ou de faire la même chose plus cher puisqu'on n'avait pas des machines aussi coûteuses et compliquées. Et on ne pouvait battre les prix des cercueils Chinois qui arrivaient par bateaux entiers. Elle pensa donc faire des cercueils simples mais illustrés. En bois ou en carton. Écologique. Sans acide. Moins cher.
Illustrés sur tout le pourtour et sur tous les côtés.
L'acheteur ou sa famille choisirait l'image qu'il ou qu'elle voudrait. Le drapeau de sa nationalité ou celui de son équipe de foot préférée. Son instrument de musique. Elle avait fait dessiner un catalogue d'idées et de suggestions par une graphiste.
Le tout serait sérigraphié sur un coffre de bois ou de carton. Le carton ne laisserait aucune empreinte écologique comme aiment le penser les adeptes de la protection de la Nature (qui est  bien  plus vieille qu'eux et accepte néanmoins ces petits gestes avec politesse). On pouvait aussi les brûler directement au four crématoire sans les transférer du cercueil loué dans la boite à pizza de carton blanche. Même la peinture ne produisait aucun gaz dangereux en crâmant.
Elle avait même préparé le roman imaginaire appelé plan d'affaire si apprécié des banques et autres institutions financières gouvernementales peuplées de fonctionnaires sans imagination. Elle prévoyait donc des profits. Et un nombre de cercueils vendus correspondant à ces profits. Dans les règles de l'art de l'affabulation.
Elle était donc à la séance du Conseil pour quêter une subvention au, au pire, ou faute de mieux, une lettre d'appréciation de ce sage organisme qui ferait bien dans son dossier de crédit à la Banque.
*

20. 30 août 2012. État 2

223. C'EST ALORS QUE 2 FEMMES PROSTITUÉES VINRENT CHEZ LE ROI ET SE PRÉSENTÈRENT DEVANT LUI

Henry Dickson lit la revue Spirou qui vient d'arriver par la poste rurale.

LE JUGEMENT DE SALOMON
Livre des Rois 1. 3. 16-28
C'est alors que 2 femmes prostituées vinrent chez le roi et se présentèrent devant lui. L'une des femmes dit: «Pardon! Mon seigneur, cette femme et moi, nous habitons dans la même maison et j'ai accouché près d'elle dans la maison. 3 jours après, cette femme a aussi accouché. Nous habitons ensemble et il n'y a que nous 2. Le fils de cette femme est mort pendant la nuit, parce qu'elle s'était couchée sur lui. Elle s'est levée au milieu de la nuit, elle a pris mon fils qui était à côté de moi pendant que moi, ta servante, je dormais et elle l'a couché contre elle. Quant à son fils, qui était mort, elle l'a couché contre moi. Ce matin, je me suis levée pour allaiter mon fils et voici qu'il était mort. Je l'ai regardé attentivement, le matin venu, et ce n'était pas mon fils, celui que j'ai mis au monde.» L'autre femme dit: «C'est faux! C'est mon fils qui est vivant et ton fils qui est mort.» Mais la première répliqua: «Absolument pas!» C'est ainsi qu'elles discutèrent devant le roi qui constata (et) ordonna: «Apportez-moi une épée. Coupez en 2 l'enfant qui est en vie et donnez-en la moitié à chacune.» Alors la femme dont le fils était vivant fut remplie de compassion pour son fils et elle dit au roi: «Ah! Mon seigneur, donnez-lui l'enfant qui est en vie, ne le faites pas mourir.» Mais l'autre répliqua: «Il ne sera ni à moi ni à toi. Coupez-le!»
L'histoire continue encore un peu mais elle finit bien.

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30 août 2012. État 1

20.8.12

222. MÊME JÉSUS Y AVAIT PENSÉ ET ÉTAIT MORT UN VENDREDI ET RESSUSCITÉ LE DIMANCHE SUIVANT.

Henry Dickson se demandait ce qui était arrivé à ses visiteurs du mois dernier qui étaient venus sans être invité, avaient donc été mal reçu, aussi mal que possible, étaient repartis rapidement, avaient promis de revenir puis étaient subitement disparus. Non qu'il s'ennuyait d'eux ou qu'il tenait tant que ça à les revoir. D'ailleurs, personne ne les avait cherché beaucoup. Sans qu'il en fasse l'effort, son esprit s'était mais à penser à eux puis un instant après, pensa à autre chose.

*

Le danger est donc la personne détestable riche.

Pour éviter un avenir aussi funeste à une jeune entreprise qui n'existait pas encore, il fallait prévoir le futur.
De bons plans.
Et, pour commencer, un bon slogan.
Elle lisait les textes de présentation des concurrents.
Tout directeur de maison funéraire sait que lorsque les endeuillés se présentent dans son établissement, ils cherchent avant tout à faire honneur à leur être cher défunt avec un cercueil unique et d'une élégance discrètement remarquable. 
Elle nota donc.
Design élégant et féminin
Raffinement
Développa un peu le sujet
Avec quelques broderies rappelant l'amour de la nature et des grands espaces pour réléter leur style de vie. Un cheval au gallot ou un voilier. Satisfaction garantie.
Un golfeur.
Ceci ne se voit pas sur le cercueil fermé - elle allait remédier à ce détail déplaisant. Personne avant elle n'y avait pensé.
Le couvercle ouvert, à la vue de tous, est la première chose que l'on voit (il faut s'approcher tout près pour voir le mort couché). Demi-couvercle pour le haut du corps. L'autre moitié  est fermée. Et qu'est-ce qu'on voit? Une boite vernie avec des poignées de cuivre et le couvercle. Encore. Bien visible et visible pour rien.
Parfait pour de la publicité mais malgré que ce soit tentant, il y avait trop de réticence. Mais le temps viendra pour les esprits innovateurs.
Et le couvercle ouvert, on ne voyait plus que le rembourrage du couvercle, sorte d'annonce pour les oreillers en duvet ou les oies et on ne voyait que lui tant il y en avait. Tant de blanc. Et, là,  il y avait amplement de la place pour broder ce qu'on voulait. Classiquement blanc mais on pouvait avoir une croix discrète ou moins discrète. Mais aussi ce qu'on voulait. Joueur de hockey. Quinte flush royale.
Il fallait prévoir des motifs pour ceux qui n'étaient plus assez catholique ou chrétien pour tenir à ces détails mais tenaient néanmoins à une cérémonie dans l'église.
Quoiqu'il y ait eu récemment un différend entre le curé de la paroisse et le salon funéraire.
Justement à cause de ceux qui n'étaient plus assez catholiques pour insister sur des motifs pieux mais ne tenaient pas non plus à faire subir à leur famille une cérémonie interminable à l'église. Donc une autre catégorie de croyants. Et, la parenté qui avait maintenant son mot à dire (le mort étant supposé avoir dit et écrit tout ce qui lui passait par la tête) et d'autres choses à faire ne voulaient pas être encarcanés dans l'agenda diocésain ou paroissial.
Le dimanche réservé à la messe du matin et au mariage l'après-midi.
Donc le Jour du Seigneur ne doit pas servir à une cérémonie triste.
Même Jésus y avait pensé et était mort un vendredi et ressuscité le dimanche suivant. Toute l'année, il n'y a rien le vendredi, sauf au bout du Carême, le Vendredi Saint. Sinon, ça ferait trop juif. Ou Arabe. Et l'église catholique a eu assez de misère pour se séparer de l'encombrante parenté Juive de son fondateur (Jésus, les apôtres et Judas étaient tous Juifs) (12 au milieu de tout un peuple particulièrement susceptible - ça n'a pas changé- et assez prompt à la lapidation - ce qui a changé, on utilise des drones avec des missiles- ce sont maintenant les Musulmans dont l'origine compliquée provient également des textes Juifs et des hallucinations de Mahomet écrites par d'autres sur des tessons de poterie; ce qui n'a aucune importance ici, sauf qu'ils ont eux aussi une forte tendance à la lapidation) pour rappeler les origines floues de leur religion. Ou probablement trop claire.
On se contente de dire que la Bible (la Torah) Juive prouve la véracité des écrits suivants. Bien obligé, puisqu'elle a été écrite avant par les sorciers Juifs. En copiant sur les Babyloniens. Le Nouveau Testament (non reconnu - euphémisme- par les Juifs) (Ils pissent dessus.) Et que c'est le même Dieu. Mais que le nôtre est meilleur.
Il y a aussi de bonnes raisons pour lesquelles l'Église (qui est la vraie religion catholique) (ou la vraie religion tout court) interdisait sa lecture et sa traduction. Ce que les esprits curieux et qui, eux, savaient lire, même le Latin, ont essayé imprudamment au cours des siècles. Avec même des arguments pour camoufler décemment faute de pouvoir les expliquer convenablement à des esprits sensés, ces bonnes raisons une fois que le peuple les aurait découvert comme eux.
On ne les remercia nullement de leurs bons offices. Car on n'avait aucunement besoin de ces bonnes raisons tant que le peuple ne savait pas lire. Et que ceux qui savaient lire (même le latin) respectait l'interdiction de lire le Livre Saint (réservé aux prêtres). On les brûlait donc tant qu'on pouvait avec leurs traductions mais d'autres recommençaient. Et on les brulaient à leur tour. Et d'autres recommençaient. Encore. Encore. Et on les brulaient. Leur coupait la langue. Leur crevait les yeux. Les taraudait les oreilles à la perceuse manuelle. L'électrique n'ayant pas encore été inventée. Pour ne rien dire des perceuses DeWalt jaunes 18 volt à batteries lithium-ion rechargeables.
Et s'ils avaient la chance de mourir de leur belle mort sans intervention du clergé et du pouvoir civil et qu'on apprenait trop tard leur déviation pour pouvoir les faire souffrir comme des chiens de leur vivant (jusqu'à ce qu'ils en meurent), on les déterrait, les sortait du cimetière pour pouvoir traîner leur cadavre dans les rues attachés à des sangles de cuir derrière un cheval. Ensuite, on jetait les morceaux d'intellectuels sur le tas de vidange puis on expropriait leurs maisons et leurs biens et expulsait leur famille. Petit bénéfice de l'opération. L'Église sait compter et l'a toujours su.
Et les intellectuels suicidaires et dépressifs recommençaient sur les cendres encore chaudes de leur prédécesseurs.
Si la bêtise est puissante, historique et universelle, les ennemis de la bêtise qui sont moins nombreux que les gens stupides sont têtus. Et, généralement, suicidaires. Et dépressifs.
Avec de bonnes raisons.
Ce n'est que la secte protestante ou Église Réformée (détestation des Papistes) (la haine est le péché mignon de l'humanité qui empoisonne tout ce qu'elle fait) qui réussit à la traduire à sa façon et obligea l'Église à tolérer ce sacrilège et ce blasphème et à oublier cette (désormais) inutile interdiction.
Même si on n'avait aucune envie de le faire et que l'Église manifesta son déplaisir de la manière habituelle. Torture, bûcher, décapitation, couper les langues, les mains, crever les yeux. Incendier les livres, les imprimeurs et les imprimeries. Les librairies, les bibliothèques avec les bibliothécaires.
Bref, la tolérance, ce sera plus tard.
Quand on ne pourra plus faire autrement après avoir essayé toutes les autres méthodes: jeter les hérétiques du haut de leurs fenêtres, mettre le feu à leur maison, ect. ect. ect. Voir liste.
Et tant que l'Église crut pouvoir gagner, elle recourut aux techniques Cathares et Albigeoises habituelles qui lui avaient tant réussies dans le millénaire passé. Tuer une personne n'est rien; c'est en tuer 1000 du coup qui montre votre véritable puissance.
Mieux, faire accepter ce fait par leurs voisins et parents que vous n'avez pas eu le temps de tuer. Encore mieux, faire que tout soit ensuite oublié. Génocide et justification et acceptation. Et mettre par dessus la fosse commune le sourire angélique de la bonté de l'Église. Et de Dieu. Infiniment bon. L'Église, moins. Qui recouvrira donc matériellement et intellectuellement la fosse à merde.
Malgré qu'on ait essayé tant et tant de tous les tuer; ce qu'on ne réussit malheureusement pas à faire tant il y en avait parce qu'ils étaient tout simplement trop nombreux.
On avait beau les tuer, recommencer, il en restait encore.
Un monopole suscite automatiquement la concurrence. Le monopole Divin comme les autres. Qui dura tout de même 1500 ans. Tous les autres cultes, dont certains encore plus millénaires: grecs, romains, égyptiens ayant été éradiqués: prêtres, livres, temples, monuments. Sauf le Juif qu'on toléra. En en brûlant ou en en faisant bouillir quelques-uns de temps en temps. Et, une fois l'an, on faisait venir le Grand Rabbin à la cathédrale pour le souffleter. Mais contrairement à tous les autres, il en ressortait vivant.
Ce qui obligea, comme souvent chez les humains, à recourir, faute de mieux, à la tolérance quand le massacre de millions de gens n'a pas suffit.
Il va de soi que l'hérésie Protestante dès qu'elle en eut les moyens essaya en même temps d'exterminer les Catholiques pour détourner l'attention du fait qu'elle n'existait que depuis quelques jours alors que l'Église (selon Elle, il n'y en a qu'une) datait de 1500 ans, ce qui est un peu gênant.
Bref, tout en prêchant la tolérance, les protestants tuaient autant de catho qu'ils pouvaient. Dès qu'ils furent assez nombreux ou avait un roi tueur de femmes à leur côté. Et, en plus des Catho, dès qu'ils avaient du temps de libre, les adeptes de leurs propres déviations de leur nouvelle et originale déviation devenue foi obligatoire. Sous peine de torture, bûcher. On voit le genre.
Morts aux hérétiques. Tout ça!
Luther avait la main particulièrement lourde. Surtout sur les pauvres et les paysans. Cet atavisme n'a pas changé. Et le Vatican moderne qui se trouve aux USA manifeste une adoration extatique qui va jusqu'à l'éjaculation spontanée pour l'$, l'or, les riches et les puissants et un mépris tout aussi bruyants pour les pauvres, surtout s'ils sont noirs. Ce qui ne signifie pas qu'on méprise moins les pauvres blancs mais il n'y a tant de variations possible des degrés du mépris. Et même les moins pauvres méprisent ceux qui sont en plus mauvaise situation qu'eux.
Tout ceci la main sur le coeur, de belles paroles et des leçons de morale à l'humanité entière. Hypocrisie et absence de scrupule à des degrés fascinants qu'il faudrait étudier dans un laboratoire.
On revient à nos morts. Service. Samedi à 11 h. Pour les enterrements et les services anniversaires. Le salon funéraire du village (il y en avait en fait 2 dont un à 2 pas de l'église, car on mourait beaucoup ici et de toutes sortes de causes et dans toutes sortes de circonstances souvent brutales et tragiques et, parfois, horribles. Mais pas tout le temps.) le plus innovateur essaya comme tout commerce de satisfaire sa clientèle. Et d'aller au-delà des satisfactions habituelles, lui découvrant de nouveaux besoins.
Comme on n'avait pas le temps ou que ce n'était pas prévu dans l'agenda électronique ou papier d'aller à l'église, samedi à 11 h., on décida de séparer l'événement en 2.
L'enterrement ou l'incinération se ferait plus tard, entre spécialistes.
Même s'il y a des gens qui aiment suivre le cortège après la cérémonie à l'église. Donc après être entré à l'église, le cercueil en sort par les même grandes portes avec les mêmes porteurs, cette fois, jusqu'au cimetière et, de là, à la fosse fleurie recouverte de tapis vert. Parce qu'ils tiennent à voir la tombe descendre doucement dans la fosse. Avec le curé qui dit encore quelques mots d'espoir. Menum menum! Ouin! Ouin! Puis tout le monde s'en va. Dans ce cas, si on tenait à avoir la cérémonie traditionnelle entière, il fallait supporter tout le cérémonial de l'église à la date et l'heure prévu. On n'enterrait qu'une personne à la fois sauf dans le cas de massacre. Si un samedi était occupé, il fallait choisir le samedi suivant ou un autre. On en trouverait bien un.
Mais si on n'était pas si capricieux, on pouvait s'arranger avec le directeur des funérailles. Il y a toujours moyen de s'arranger quand on sait compter.
Et dans un premier temps, on ferait le service funèbre et la messe au salon funéraire à la date et l'heure prévue pour les clients. En semaine. Même dans ce cas, la plupart des gens, par une sorte de respect craintif ou prudent, préféraient éviter les enterrements le dimanche. Même si on meurt et on tue à toute heure du jour et de la nuit et 7 jours sur 7 et 365 jours par an, 366 jours aux 4 ans lors d'une année bissextile.
Ce serait le jour ou le soir, le matin, l'après-midi. Mais pas la nuit, et certainement pas à minuit, sans doute par crainte respectueuse de certaines cérémonies oubliées dont personne ne parle. Et encore moins, si elles se pratiquent encore.
Et une vraie messe avec un curé retraité qui ne demandait pas mieux. C'était pour lui une manière de rejoindre les fidèles (vacillants) où ils étaient comme au premier temps de la chrétienté lorsqu'il fallait convertir les païens. Contrairement à l'Église institutionnelle qui profita du travail des premiers prédicateurs (souvent décédés de façon violente) et de sa clientèle captive. Les gens n'aimaient pas être dérangés dans leurs habitudes et celles de leur foi et leurs sorciers, comme bien plus tard, les sorciers Catholiques, avaient une vague idée de ce que c'était que discuter ou d'échanger des idées.  Bref, comme pendant les siècles passés, l'Église qui n'est pas au courant que les temps ont changé et le bon temps passé, veut encore forcer ses fidèles (de moins en moins) à officier au jour et à l'heure prévue. Aussi longtemps qu'elle le voudra.
Comme elle ne pouvait les tuer tous, devenue scrupuleuse (on a peine à la reconnaître si on se rappelle sa glorieuse histoire bien rouge et bien saignante et sanglante) elle reculait même désormais devant le meurtre individuel, même le meurtre d'une femme anciennement si tentant, elle se contenta de protester. Prenant l'air triste et angoissé de son archevêque. Comme si toute la souffrance du monde reposait sur ses épaules ou sur son calendrier.
Si le Pape était trop loin et avait trop de chats à fouetter pour se soucier de ce matou là, la chose était donc parvenue aux oreilles de l'archevêque de Québec puis des évêques d'autant plus que les marguillers de la Fabrique joignaient leurs implorations à celle du curé et du vicaire. L'archevêque souffrit. L'évêque aussi. Rien de plus.
Alors qu'il y a un siècle tout ce petit monde aurait été pendu à des arbres ou des lampadaires. Mesure clémente comparée à ce qui leur serait arrivé le siècle d'avant. Et que dire de l'autre siècle. Et le lieu de leur commerce honni brûlé aussi. Non. Aujourd'hui, c'était le clergé qui était devenu poète. On y pleurait beaucoup sans faire grand chose.
Sans compter le bedeau qui récoltait son $20 à chaque service pour faire sonner les cloches. Activité peut être fatigante lorsqu'il fallait manipuler les grosses et longues amarres qui faisaient tourner les poulies des énormes (et moyennes et petites) cloches et qui pouvaient par le retour du balancier vous amener au plafond à 40 pieds dans les airs ou aussi haut que soit la voûte ou vous déboiter les épaules ou les poignets; mais on avait fait installer des moteurs et l'électricité. Et il suffisait de peser sur des boutons selon l'air de cloches désiré. Il y en avait plusieurs: baptême, mariage, enterrement, décès d'une femme, d'un homme (sonnerie différente). Et tout le carillon les jours de fêtes.
Et une minuterie pour la cloche du réveil qui correspondait autrefois à la première messe de la journée qui ne se disait plus faute de curé et de fidèles. La cloche du midi. Celle du souper. Les citoyens s'étant plaint de la première, on cessa de la faire sonner pour laisser dormir les retraités. Au lieu de mettre le feu à leurs maisons.
L'église locale qui en était à compter ses sous car en elle manquait sans cesse ne vit pas d'un bon oeil cette nouvelle concurrence qui se partageaient les morts disponibles. Qui n'étaient qu'une petite part du total des morts car la plupart, désormais, mourait sans demander ses services. Il était bien fini le temps où on ne pouvait agoniser sans le prêtre à vos côtés qui entendait votre dernière confession et vous crémait le front. On mourait comme un chien. Mais confortablement, comme un chien de salon.
L'époque où les vieux riches laissaient leur héritage à l'église était aussi passée. Le dernier connu avait permis de changer le tapis du choeur. Si ça se passait encore, c'était le plus souvent au bénéfice d'une secte bizarre qui croyait au retour des Vénusiens.
On avait réparé le toit ce qui avait coûté une fortune. Le chauffage coûtait 10 000 $ par mois. Et on devait changer ses fenêtres dont la dernière réparation datait de 200 ans. On pouvait acheter symboliquement un carreau de verre et votre nom y figurerait. Comme on avait fait pour les pierres qui avaient remplacé le béton moulu du parvis. Et celles des murs qui avaient été descellés par le vent du nord. On aurait pu faire ainsi pour les tôles du toit et du clocher mais on n'y avait pas pensé.
Depuis toujours, on louait les bancs de l'église. À l'année. Cher en avant, près de l'autel, pour les belles et bonnes familles. Moins cher, loin, en haut, pour les bancs du jubé. Derrière les poutres et les colonnes, c'était le plus économique. Sinon, on restait debout. Mais plus personne ne louait de banc. On ne savait même plus qu'il aurait fallu.
Quant à la dîme, presque plus personne ne savait que c'était obligatoire pour un bon chrétien ou même un chrétien tout à fait ordinaire. Mais même si on le pouvait, on n'allait pas vous poursuivre et vous faire jeter en prison. L'Église, faute de mieux, avait choisi de montrer un visage moins austère.
On avait même fait recouvrir la trappe centrale au milieu de la grande allée, là où on descendait les morts les plus honorables qui tenaient à se faire enterrer dans l'église ou, plutôt, sous l'église. Pour bénéficier directement des faveurs de toutes les messes dites.
Quelques-uns étaient enclos sous les fenêtres. Dans les enfeus. Mais c'était encore plus cher. De toute façon, il ne restait plus de place, toutes les fenêtres étant prises depuis longtemps. Si on s'intéressait à cette intéressante coutume, on pouvait lire leurs noms sur une grande plaque de bronze qui fermait leur logis. La forme s'était simplifiée avec le temps mais les plus anciens habitaient une sorte de niche voutée sous leur fenêtre. Mais de toute façon, plus personne ne savait qui ils étaient et ce qu'ils avaient pu faire pour bénéficier d'un tel privilège.
Certains avaient été encastrés à l'extérieur de l'église, tout autour, dans ses murs de pierre, dans une niche creusée et sculptée sous les fenêtres. Mais le vent du fleuve du nord avait effacé les noms gravés dans la pierre. Et le vent des tempêtes de l'est avait fait de même.
Les registres ayant été brûlés par les Anglais, on ne savait pas vraiment qui ou combien de gens étaient enterrés sous l'église. Avec l'église. Pour ceux qui étaient sous les fenêtres, on savait. Suffisait de les compter. Quand la première église avait brûlée, on n'avait réussi qu'à sauver les murs. Et on avait reconstruit par dessus les murs effondrés qui tenaient encore debout. Quand les Anglais brûlèrent la deuxième, on avait aussi réétulisé les vieilles pierres. On voyait très bien la ligne de démarcation entre l'ancien temple usé qui faisait place aux pierres nouvelles finement équarrie. Et, ici et là, en montant, quelques vieilles pierres ébréchées. Parfois avec des textes gravés incomplets. Comme si on s'était servi des ruines d'un autre monument ancien dont plus personne ne se souvenait.
Ainsi, en Égypte, on trouve dans les maisons les plus anciennes, si on casse le plâtre des murs, les pierres d'anciens temples des anciens cultes Égyptiens. Avec des bouts de bas relief et de fresque comme si on avait joué au casse tête avec un ciseau et de la colle. Plusieurs maisons du village avaient ainsi bénéficié d'anciennes pierres dont la forme et la couleur et l'usure rappelaient celles de la première église. Pour porter chance. Parce qu'on en aurait besoin. La maison de monsieur Dickson en avait plusieurs.
On ne savait donc pas dans quel état étaient les locataires des murs. Dernièrement, on avait découvert 2 autres squelettes dans la salle des fournaises. Les vieux réservoirs d'huile avaient coulé et s'était répandu jusqu'au cimetière. Comme tout était compliqué, on alerta le ministère de l'environnement qui fit venir des spécialistes en costumes d'astronautes pour retirer toute la terre contaminée dans la salle des fournaises et autour de cette partie de l'église. Mais pas la terre du cimetière car il aurait fallu déplacer tous les morts. Et les familles auraient brûlés les camions des dépollueurs avec les techniciens dedans. C'est en déterrant qu'on trouva les 2 morts. On n'aima pas le mot mort ni le mot cadavre. On arriva à un moyen terme avec celui plus historique de squelette.
C'était probablement des squelettes très historiques. Plus personne ne savaient ce qu'ils faisaient là, pourquoi ils avaient été là, qui avait décidé de les y mettre. Et encore moins qui étaient ce qui avait été un homme et une femme.
Et qu'il fallait mieux tout oublier et les enterrer ailleurs. Ou sous l'église. Mais avant d'en arriver à ces conclusions apaisantes, en même temps que les spécialistes dépolluaient, la police arriva. Il n'y avait aucune trace de violence. Ce qui ne voulait pas dire qu'il n'y en avait pas eu mais ce n'était pas de celles qui laissent des traces. Pas de vêtements. Ils avaient été enterrés nus, ce qui était troublant. Pas de trace de tombe non plus. Mais les squelettes datant de 100 ans ou plus, on ne saurait jamais ce qui avait pu leur arriver. Et plus on chercherait plus les esprits s'exciteraient et pourraient arriver à des conclusions troublantes pour la paix sociale, l'esprit communautaire et les oeuvres de l'église. Comme le disait depuis longtemps l'Église, trop penser nuit. Et peut mener jusqu'à l'orgueil intellectuel qui doit être remplacé par la pauvreté intellectuelle.
On sortit les vieux réservoirs d'huile devenus aussi minces que du papier de soie et on profita de l'événement pour changer le chauffage à l'huile pour une fournaise électrique qui permettrait de conserver les calorifères à eau chaude. Ce qui s'ajouterait aux dettes de l'église qui faisaient déjà sourciller l'évêché. Dans le pire de cas des mesures drastiques seraient prises. On paierait les dettes, fermerait les livres et l'église, la vendrait avec le presbytère. Comme on faisait partout où il n'y avait plus assez de catholiques pratiquants et riches pour entretenir ces énormes monuments plantés au coeur des villages et des quartiers des villes. On devait donc discourir comme devant un parent malade, si on devait s'acharner encore ou si ça ne valait pas la dépense. Ou avait-il trop souffert? Était-elle assez ancienne ou vieille ou historique ou originale ou belle. Et qu'est-ce que c'était que la beauté? Heureusement, il s'en incendiait accidentellement ou criminellement un certain nombre par année, ce qui évitait de devoir faire des choix cruels à la David ou Salomon. La destruction de l'une retardant la vente inévitable d'une autre. Et, peut-être, puisqu'on était dans les églises supposément habituées à ce genre de chose, un miracle surviendrait.

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20. 30 août 2012. État 2

221. MOMENT PASSIONNANT AU CONSEIL MUNICIPAL DU VILLAGE: LECTURE DU PROCÈS VERBAL DE LA PRÉCÉDENTE RÉUNION ET DE L'ORDRE DU JOUR DE LA RÉUNION DU SOIR

Henry Dickson

C'était séance régulière du Conseil. Premier lundi du mois. Le Conseil était tout entier présent. Maire. Pro maire. Secrétaire municipal. Et 5 conseillers.

Prière. Menum! Menum!

La plupart des gens se levèrent pour faire menum menum quoique la plupart ne se rappelaient plus du tout des prières de leur enfance. Celle du Conseil n'en était qu'une variante demandant à Dieu de les éclairer. Ce qui Lui arrivait souvent. Mais pas tout le temps alors c'était seulement quand ça Le tentait ou qu'IL feelait pour ça. Il ne leur restait donc que leurs petites lumières intérieures souvent bien insuffisantes dont ils faisaient souvent bien mauvais usage.

Lecture de l'ordre du jour. Qu'on avait distribué dans la salle. Mais dans la pré-réunion, on avait fait passer un point du varia (à la fin) au début. Suivant le résumé du procès-verbal de la séance précédente (du mois dernier) et le compte-rendu des cheminements de quelques dossiers ayant besoin de cheminer.

La petite blonde était là pour son nouveau dossier. Elle avait décidé de créer une fabrique de cercueils. Anciennement, il y en avait partout. Le bois étant également partout. De même que les artisans capables de le traiter avec le soin nécessaire. Il ne restait plus maintenant qu'une entreprise dans la province. Qui faisait des Cadillac rembourrés (mais élégants et raffinés) (avec parfois une touche féminine) comme si le mort qu'on y mettait se souciait de son confort. Ou pouvait se plaindre dans le cas contraire.


50 livres, rien que des os tenus par des cartilages et de la peau.

Mon Dieu, on dirait qu'il dort!

Comme il a l'air confortable!

Il a l'air reposé

Contrairement à l'hôpital où il n'était pas du tout reposé. Où selon le protocole médical ou expérimental, on chercherait à tirer de lui la dernière respiration disponible. Une sorte de course à la prouesse: celui-là, je l'ai vivre 1 mois de plus que dans les statistiques.

Actuellement, il est maquillé, vidé de son sang, gonflé de produit chimique et la bouche pleine de ouate. Les paupières et les yeux et les lèvres collés à la Crazy Glue.

Un peu comme les autos US des années 60. De gros sièges mous, moelleux, un moteur bruyant, le tout reposant sur des lames molles, de gros ressorts mous et des pneus mous. Un peu dégonflés. Pour donner l'impression que le salon entier se déplace avec vous sur des fauteuils comme un radeau sur l'eau. Vous êtes en pantoufles sur un tapis mou ou une moquette molle. Par mer calme.

Une fois dans votre dernière demeure, vous ne serez pas dépaysé.

Elle prenait des notes pour son dépliant:

82 1/4 pouces de long X 28 3/4 pouces large x 24 pouces de haut.

Dimension intérieure 78 pouces de long X 24 pouces de large.

Résistance: 1400 livres par poignée.

Importantes les poignées.

Assez d'espace pour les grosses mains de 6 porteurs. Pour la coutume. Le protocole. Ou l'embonpoint du boulimique qui a creusé sa tombe avec sa cuillère, sa fourchette, sa paille et qui va maintenant être digéré, à son tour, par la grosse bouche édentée de la terre.

Mais il faut calculer les frais pour un cercueil aussi résistant. Les coins renforcés, les équerres de métal boulonnées. La colle.

Il était déjà arrivé que le fond du cercueil, simple feuille de veneer mince ou de masonite tout aussi mince découpée et clouée avec le minimum de clous à la va-vite (si on est un bon capitaliste, on compte ses clous et l'épaisseur du veneer ou du carton collé (masonite): 1/4 au lieu de 3/4 et le temps pour clouer) se décloue au moment du transport et que le cercueil crève et que le gros corps s'effondre au milieu des jambes des porteurs et tombe de tout son long, couché sur son pavois rembourré sur les pierres du parvis de l'église. Ça fait mauvais genre. Et s'il glisse sur sa luge sur les marches. Ça fait plus mauvais genre encore. Ça vous fout le décorum d'une cérémonie en l'air: les curés, les vicaires et les bedeaux détestent ça.

Et la réputation d'un salon funéraire. Avec la réputation du fabricant de boites à morts. Et si le gros mort était aimé, tous les parents qui formaient le cortège et suivaient à pieds les porteurs sont en furie. Les premiers ont tout vu. Le mort a déboulé jusqu'à leurs pieds. Les autres, en arrière, comprennent ce qu'on leur raconte et qui sera inévitablement exagéré. Même si on n'en a pas vraiment besoin. Même si ce n'est pas tout à fait nécessaire.

Le gros mort n'a pas nécessairement glissé toutes les marches de pierre, peut-être seulement quelques-unes.

Et ce n'est pas toutes les fois que le salon funéraire ne lui met pas son pantalon ou sa jupe ou ses sous-vêtements puisque cette partie du couvercle du cercueil n'est jamais ouverte. Vous savez ce que c'est, on parle, on fait l'intéressant, on exagère toujours un peu.

Et s'il était détesté, tout le village est mort de rire, si on peut dire. Mais ce n'est pas ça qui va améliorer l'avenir du salon funéraire, du directeur des funérailles.

Si on le détestait: c'est qu'on avait peur de lui; c'est aussi probablement qu'il était puissant. Vraisemblablement riche. Il a donc possiblement des héritiers riches qui tiennent férocement à leur réputation d'autant plus qu'elle est immanquablement douteuse. Autant que l'origine de leur fortune. Les gens qui leur doivent quelque chose se joindront assurément à eux. Mauvais.

Peut-être.

Si on le détestait parce que c'était un voyou pauvre, il n'y aura pas grand monde. La plupart comptant parmi ses victimes ou leurs parents. Ils ont déjà eu affaire à lui une fois ce qui est suffisant. Un fois est déjà de trop. Et on aura pu voir grandir et proliférer la petite vermine depuis son enfance. Donc il peut lui arriver n'importe quoi on s'en fout. Depuis le temps qu'on attendait qu'il lui arrive quelque chose. Enfin. Il est mort. Malheur est bon, parfois, souvent, quoiqu'on dise.

Quoiqu'il lui arrive, il n'y aura personne pour en être témoin. Il n'y aura probablement pas de cortège. Peut-être même pas d'exposition au salon funéraire. Au risque qu'on vienne à sa tombe pour lui cracher dessus.

Directement de l'embaumeur ou du four crématoire à l'église puis au cimetière pour boucler une vie ratée qui vient de se terminer abruptement. Mais qui a tout de même duré trop longtemps. Entre les 2, on fera une cérémonie vite fait si on tient à sauver son âme. Si quelqu'un s'obstine encore à cette formalité ou croit qu'une telle chose est encore possible ou que ce rat possédait cette chose particulière et étrange qu'est une âme. Ou ce qu'il en reste.

S'il est mort accidentellement à moto en entrant dans un arbre, un poteau téléphonique, un camion ou le mur de pierre l'église, en jouant à l'alchimiste avec de l'huile de hashish ou mitraillé ou perforé ou étranglé par ses amis ou ses ennemis ou ceux entre les 2 ou un voisin qu'il cambriolait ou le pied pris dans un des pièges à ours qui entourent les plantation de marihuana (le piège ne tue pas mais il entaille et ronge la chair jusqu'à l'os ce qui est très douloureux et conçu pour un  ours qui a de bons os, il peut vous casser les vôtres comme des chips Lays) est impossible d'en sortir et si vos cris et hurlements et blasphèmes attirent la police ou un garde-chasse ou un agronome vous êtes chanceux: le gardien des plans, lui, dès qu'il vous trouvera vous achèvera).

Et ce qu'il en reste. Restes pourris que l'on vient de déterrer dans un champs de blé d'inde qui servait aussi de plantation de chanvre exotique, cannabis, marihuana ou quelques os trouvés dans la forêt du moins ce qu'en avait laissé les bêtes qui l'avaient rongé et qui tient tout juste dans une petite boite de carton ou au sortir de l'eau, bien gluant et visqueux, tout pourri, enroulé dans du fil de fer barbelé ou des chaînes ou les mains menottées. Supposons qu'on a pu identifier tout ça.

Ou en se suicidant une fois qu'il a réalisé qu'il s'était fait trop d'ennemis.

Ho! Ho!

Regrettant ses péchés.

Tout le mal qu'il avait fait à des victimes innocentes.

Comme un politicien véreux ou un homme d'affaire imaginatif. Dans un vieux roman, il serait entré dans un monastère.

Morale de TV.

Quoiqu'on n'encourage pas le suicide à la TV. Dans la boite à images, il y a toujours une leçon de morale qui se cache quelque part entre 2 circuits électroniques ou 2 rideaux. Qui l'aurait probablement fait regretter ses erreurs (on ne dit plus péchés) après qu'il eut découvert toute la souffrance vécue par son entourage.

Pourquoi pas les larmes de sa mère.

Ou de sa soeur qu'il avait engrossée sur la sécheuse.

Les scénaristes et les psychologues et les spectatrices aiment penser ce genre de chose. Ils se sentent mieux ensuite.

Morale de film. On peut être plus sec au cinéma. Mais la plupart des films sont pour les enfants donc on retourne à la morale TV. Celles des vieux feuilletons du XIX. Les bons sentiments. Les grosses émotions.

Trop de morale pour une ordure de ce genre. Mais pas impossible. Mais douteux.

Ou le piège à ours faisait trop mal et qu'il est impossible de se sortir de là et que ce ne serait rien quand les gardes reviendraient faire un tour de garde aux champs. Ou que ses collègues de travail avec qui il jouait aux cartes, mal, comme tout ce qu'il faisait, lui réclamait trop d'$ que personne ne voulait lui prêter. Parce qu'il ne remboursait jamais. Pourquoi rembourserait-il quelqu'un de si crétin qui va jusqu'à lui prêter de l'$?

Ça finit par se savoir. Une si belle mentalité.

Ou il allait retourner encore une fois en prison. Là où d'autres confrères l'attendaient. Histoire de trahison. De butin mal partagé. Pourquoi partager? Lui était libre et pas eux. Et quelle idée de lui confier ce secret. Histoire de femmes de chef qu'on emprunte sans demander la permission. Qu'on fourre sans penser plus loin que le bout de sa queue comme d'habitude. Une vie bien remplie, comme la femme du chef. Bien content de lui. Tant que ça durait. Et, subitement, ça a cessé de durer.

Bon débarras. Mais dès qu'il y en a un qui part, un autre arrive.

Il était disparu depuis un an et ne manquait à personne. Et le revoilà pour sa dernière sortie publique. Dans une tombe fermée ou un pot de plastique.

Comme le fils du garagiste et ses amis qui ne manquaient vraiment pas à personne. 8 ordures d'un coup. Ou presque. On se sent tout de suite un peu plus léger.

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20. 30 août 2012. État 2