HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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12.10.12

278. DES AMIS S'ENTRETUENT DANS UN BOMBARDIER DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE EN VOL QUI VIENT DE PERDRE UN MOTEUR


Il y avait le fils du garagiste
Il y avait l'ami du fils du garagiste qui venait de récupérer sa tête
Il y avait l'ami de l'ami du garagiste.

Comme si le temps était revenu de quelques minutes.
Le fils du garagiste, toujours prompt, venait de planter son couteau dans le ventre de son ami. Celui-ci regarda son ventre. Le couteau encore dans son ventre. La main de son ami (ex) tenant le couteau.
Un peu surpris de ne rien ressentir. Quoique, dans cette situation, il préférait ne rien ressentir. Autrement, c'aurait été très désagrable. Quoique ne rien ressentir plutôt que de ressentir quelque chose était aussi, mais d'une autre manière, presque aussi désagréable.
Son (ex) ami regardait sa main et son couteau. Et l'endroit où ils étaient tous les 2, dans le ventre de son ami.

Il regrettait un peu son geste. Il avait été trop prompt. S'il avait pensé davantage, il n'aurait peut-être pas agi ainsi. Mais il était comme ça. Comme on dit: prompt. Fallait plus lui marcher sur les pieds ou lui manquer de respect. Ou le contredire. De la cour de récréation de première année jusqu'en classe de secondaire 3 où le directeur l'avait mis à la porte, il n'avait jamais supporté qu'on lui manque de respect. Et, il avait continué ainsi dans sa vie adulte. Faisant une rivère (une petite) de sang pour la moindre entorse à ce principe qui guidait sa vie. Et l'avait amené à une disparition étrange il y a peu de temps.

On n'avait jamais retrouvé son corps. Il faut dire qu'on ne l'avait pas cherché beaucoup ni très longtemps. C'était le genre d'être qui, lorsque voisins et connaissances apprennent la mort (ou la disparition) ont l'impression qu'on leur enlève un poids sur la poitrine ou dedans. Le mot «enfin» arrive presque à être prononcé. Mais on ne sait jamais, il peut revenir. Et des gens peuvent alors bavasser.

Comme la situation devenait un peu embarrassante, il sortit le couteau du ventre de son ami qui n'avait pas l'air plus endommagé.

Il regrettait un peu mais pas trop.

Tandis que son (ex) ami ne cessait de regarder, fasciné, sidéré, le couteau plein de sang qu'on venait de lui enlever du ventre qu'il tâtait, regardant la tache de sang, le trou dans la chemise, le trou dans la peau. Comme pour être vraiment sûr, il entra son index dans le trou et le ressorti luisant de sang et le regarda briller.

Son ami, toujours devant lui, ressentit tout ceci comme un début de reproche et il était sur le point d'être de nouveau fâché. Comme on l'a dit, il était prompt.

Au même moment, devant lui, son (ex) ami était déjà fâché. L'idée que celui qui avait été son ami puisse faire ou avoir fait (car il l'avait fait ) une telle chose le mettait en rage. OU commençait à le fâcher car il était lent.

Combien de fois, il avait menti pour lui? L'avait protégé. Même à l'école lorsque sa carrière de terreur de cour de récréation, de corridor ou de vestiaire commença. Pour se poursuivre en terreur de ruelle.

Il avait pris les coups pour lui. Avait même été en prison à sa place.

Comme un vieux soldat, il comptait que pour ces sacrifices, il aurait un minimum de respect. Meunon!

Les voyous comme les États ou les hommes d'affaires sont oublieux de nature. Pour eux, les humains sont comme des kleenex dans lequel on se mouche et qu'on ne garde pas après usage.

Cette fois, c'était lui qui péta une coche et sans plus réfléchir, sortit son couteau de sa poche pour le planter dans le même mouvement dans le ventre de son ami qui fut très surpris.

N'importe qui l'aurait été à sa place.

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12. 18. 23 octobre 2012. État 3