HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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11.10.13

378.74

Il était un homme du présent.

Le passé ne l'intéressait plus.

Quand les gens s'étaient enfuies de la ville en flamme, il leur avait été interdit de regarder en arrière. Une femme, encore, avait désobéi, pour être transformé en pierre. On l'avait laissé là et les flammes du ciel la recouvrirent et la liquéfièrent et elle se répandit en pierre fondue sur le sol.

Et le vent du désert la rongea et la transforma en sel.

Il ne se souvenait plus de l'enseignement religieux de son enfance. Et de bien d'autres choses dont il refusait de se souvenir.

Mais parfois, sans qu'il comprenne pourquoi, des restes de souvenirs revenaient.

Le passé appartient au passé.

Et les morts appartiennent au mort.

Il effaça tous les fichiers que contenaient le cadre photo. C'était un ancien modèle d'il y a 2 ans. Il le donnerait à un de ses employés. Ou à une oeuvre charitable. Selon la première possibilité qui se présenterait à lui.

Il ne regarda pas une dernière fois les photos de sa femme et de sa fille. Il y en avait trop. Il n'avait jamais regardé toutes ces photos. Sa femme passait son temps à lui en envoyer d'autres. Sa fille à la maternelle. Sa fille à sa première journée d'école. Sa fille a son anniversaire.

Toutes ces façons pour dire sans le dire qu'il n'était pas là.

Il n'y eut pas de bruit. Aucun son.

Pas de larme.

La mémoire vidée, il prit le cadre qui avait la forme d'une sorte de pierre tombale. Ou de miroir entouré d'un gros cadre trop noir. Tout ceci bien lourd pour autant de vide.

L'apporta à sa secrétaire pour qu'elle le donne à quelqu'un.

Sans ce cadre noir, la seule chose qui le reliait encore à sa vie passée, son bureau paraissait en effet plus vide.

Aéré.