HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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30.12.12

319.15. FAUT-IL BATTRE LES FEMMES ET COMBIEN DE FOIS PAR JOUR?

Henry Dickson lisait le journal Le Couac. Abonnement d'un an (10 numéros).

Comme ils l'écrivent si bien: Si vous en avez marre de la rectitude des «journalistes» et de leurs courbettes devant patrons et publicitaires. Ou. Après avoir reçu une injonction des avocassiers de la société minière Barrick Gold interdisant d’utiliser l’expression "poursuite-bâillon", Le Couac a proposé d’utiliser l’expression «poursuite "ta yeule, ta criss de yeule!» pour éviter tout malentendu. Comme un peu de culture ne fait pas de tort, Wiki précise qu'un bâillon est souvent porté durant les activités de bondage et jeux de rôles sadomasochistes coutumier du capitalisme et des relations patronales/ouvrières. L'ouvrier faisant la femme.

Et comme disait monsieur Dickson: pourquoi payer de la propagande quand on peut l'avoir gratis sur internet?

Ce qui faisait qu'il ne lisait plus de journaux locaux - sauf ceux des Publi-Sac (extrêmement locaux) et gratos. Il y avait aussi le mensuel de la municipalité et le Bulletin Paroissial, nouvelles de l'église, disponible au bureau de poste, à la pharmacie, à la Caisse Populaire et à l'épicerie. Tout ce que vous avez voulu savoir sur le clergé et que vous n'auriez pas osé demander.

Et tout ce qu'il y avait à savoir d'officiel - sans les odes au Fédéralisme, au Marché, à la Loi et à l'Ordre, aux Bourgeois inc.), il le trouverait dans les sites internet de RC, CBC et BBC (Radio Canada, Canadian Broadcasting Corporation - Radio Canada Anglo et British Broadcasting Corporation ).

Mais un lecteur de moins était rapidement remplacé et la petite blonde ne pouvait commencer sa journée sans Le Devoir, La Presse, Le Soleil, Le Journal De Québec, La Gazette. Et si elle n'avait pas le temps - et qui avait le temps de lire tout ça?- elle se les gardait pour les matins et les après-midi du samedi et du dimanche.

Tous finiront sous la litière du chat.

Là où ils n'auraient pas dû émerger.

Avec un café qu'il lui préparait sur la machine qu'elle lui avait offert et qui l'effrayait par son coté gothique techno labo table d'opération à coeur ouvert). Elle avait poussé des cris de terreur (elle criait très bien et c'était si émouvant dans certaines situations) lorsqu'il avait pensé acheter une cuisinière au gaz pour remplacer la vieille Bélanger centenaire qui foctionnait au bois. Le gaz! Si ça explosait! Si j'oubliais de fermer le gaz! Si on se réveillait mort un matin gazé comme à Auschwitz la nuit! L'Alzheimer, ça commence à tout âge! On oublie de fermer le rond du poèle et on est mort et la maison prend en feu et on brûle dedans et on est mort. On dit que des footballeurs et des boxeurs l'attrappent à 30 ans à force de se faire cogner sur la tête. Et si on l'attrappe jeune, ça peut durer 30 ou 40 ans. On décline doucement. Comme un casse-tête terminé qui perdrait ses pièces une à une. Et elle se mettait à penser à une de ses tantes. Ou comme une aquarelle qu'on mouille! Et la peinture qui coule par terre.


Elle était comme ça.

Il fallait lui pardonner.

Parce que la petite blonde est un peu parano.

Mais pas assez pour l'enfermer.

_ Henry...

Il lève la tête de son journal

_ Je n'ai pas d'idée.

_ Pense à ceux qui font des BD tous les jours dans les journaux. 365 jours par an.

_ Tu dis ça pour m'encourager.

_ Ce serait une idée pour quoi? Si je peux t'en prêter une...

_ C'est pour mon travail à l'université. Je dois rendre compte de mon expérience de militante lors des manifestions du printemps et de l'été. Le carré rouge. Tu sais.

_ Et tu étais pour ou contre?

_ Pour. J'étais dans le comité organisateur. Il n'y avait pas de chef. On était anarchiste et on pensait que le mouvement se guiderait bien tout seul grâce à l'énergie de chacun. Et que les chefs exploitent les gens à leur bénéfice.

_ Et tu préparais les sandwichs?

_ Oui. Comme les autres filles.

Il la regarda intensément

_ Tu penses que je me suis fait avoir?

_ C'est à toi de penser quelque chose. Il y avait des choses à faire et il fallait que quelqu'un les fasse.

_ Et c'est toujours les mêmes qui les font

_ Je n'ai rien dit. C'est toi qui vient de le dire

_ Je dessinais les pancartes. Ou les étudiants en art faisaient des affiches à la sérigraphie ou des banderoles au pinceau. Il fallait prévoir les horaires. Les autobus.

_ Pour un mouvement qui se dirigeait tout seul, tu l'aidais beaucoup.

_ Chacun faisait sa part. Il fallait appeler les parents quand les militants se faisaient arrêter. Mais ce n'est pas le sujet. Je sais ce qui s'est passé, j'étais là.

_ Très bien. Écrit tout ça.

_ Mais je ne sais pas par où commencer.

_ Commence.

_ Je suis devant le clavier et l'écran est vide. Comme ma tête.

_ Si on allait baiser.

_ Non.

_ Si. Tu ne fais rien.

_ Je n'ai pas le temps. Tu penses que l'université ce n'est pas ma place? Je suis trop jeune. Je devrais être au Cégep.

_ Il y a des petits génies, surtout en science ou math, qui sont entré à 15 ans.

_ Merci. Je sens déjà que je suis une ratée.

La petite blonde, elle est comme ça, angoissée facilement.

_ S'ils t'ont laissé passer, ils devaient avoir leur raison. Sinon, tu serais encore en secondaire V.

_ Si je me refuse à toi, qu'est-ce que tu vas me faire?

_ Ben!

_ Tu va me battre?

_ Évidamment!

_ Et ensuite?

_ Et ensuite, je t'enchaîne dans la cave pour te donner une leçon.

_ Il n'y a pas de chaîne dans la cave. Et s'il y en a déjà eu, il n'y en a plus.

_ Alors, il te faudra attendre que je fasse venir le forgeron.

_ Merci.

_ De rien!

_ Étrange. Moi, qui en ait tout le temps envie... maintenant. Les études. Les travaux. En fait, je n'en ai pas envie tout le temps. Je ne suis pas. Qu'est-ce que tu vas penser de moi? Que je suis une salope!

Il lui arrive de faire à la fois les questions et le réponses ce qui simplifie une conversation.

_ Un homme à qui une jolie femme dit qu'elle a envie de lui et qui ferait le difficile serait...

_ Un crétin.

_ Et pour ce qui est de mes pensée au sujet du second terme...

_ Lequel?

_ La salope...

_ Comme tu sais ce que je penses.

_ On n'y peut rien. On a des siècles de programmation. Quant je pense que j'aurais pu naître en Afghanistan, porter la Burqa et me faire lapider.

Son cerveau est comme une Ferrari dans la F1 quand il prend un virage, on sent la force G.

_ Tu penses trop.

_ Je me concentre. Je me concentre. Il me faut une idée.

_ Pourquoi une idée? Commence par écrire les noms des gens avec qui tu étais. Puis les lieux où tu as été. Les événements auxquels tu a participé. Le but de ces manifestations. Et le résultat  final.

_ On était tous contre les augmentations des frais de scolarité tel qu'imposés par les Libéraux. Notre groupe était pour la gratuité.

_ Et vous avez obtenu.?

_ Grâce un peu à nous, le gouvernement mafieux Libéral a été battu et le Parti Québécois a été élu avec une femme à sa tête.

_ Et vous avez obtenu?

_ La promesse que le P.Q. avait fait d'abolir la hausse a été effacée devant leur nouvel objectif de déficit zéro. Et ils font des coupures de 150 millions dans le budget des université prétendant que ça ne nuira pas à leur fonctionnement ni aux étudiants. Et pour faire passer la pilule, ils promettent une augmentation de budget de 600 millions. Essaie d'y comprendre quelque chose.

_ Je n'essaie même pas.

_ Il me faut une idée.

_ Tiens en voilà une: Tout est donc à recommencer.

_ Que tu es donc négatif!

_ Écris, remplis les blancs, tu broderas ensuite.

_ Dac chef!

_ Tu laisses ce que tu as écrit. Et tu reviens quand ta tête ne sera plus vide. Tu relis. Corrige. Et tu remplis encore les blancs. Il y en a qui font des romans ou de la peinture abstraite comme ça.

_ Si j'écris avec le stylo (plume fontaine) que tu m'a offert pour ma fête?


Photo 1.
Photo 2.
Photo 3.
Elle essaya et aimait la douceur de la pointe dorée 18 carats et le trait liquide bleu sur le papier, l'odeur épicée de l'encre mais aucune idée ne venait.
_ Peut-être que la plume d'oie? Et on peut essayer de faire de l'encre avec de la suie de la cheminée?
_ Je connais un écrivain qui utilise une vieille machine à écrire. Il l'a trouvé dans une armoire chez son père.
_ Tu as un ordinateur flambant neuf et tu veux?
Elle étudie la question. Les machines à écrire électriques sont trop bruyantes. Il a fallu du temps pour que les fabricants d'ordinateurs apprennent à calmer les ventilateurs de leur machine. Et les lecteurs grincheux de leurs diques durs. Aujourd'hui, on ne le entend quasiment pas ou on s'y est habitué. Mais la technologie n'était pas encore arrivé là lorsqu'on a cessé de faire des machine à coudre... heu! des dactylo. Erreur. Il s'en fait encore mais c'est pour le tiers-monde, là où l'élecricité est une rareté qui arrive en ville quelques heures par jour. D'où l'utilité des dactylo manuelles.

La meilleure, l'Olympia mechanische Schreibmaschine SG 3N faite par la compagnie Olympia d'Allemagne ne se faisait plus sur place et n'était même plus listée dans le site de la compagnie. Olympia Business Systems Vertriebs GmbH à Hattingen, Ruhrkreis. D'ailleurs achetée par un consortium asiatique qui la faisait faire en Chine. Avec la restructuration de Daimler Benz/AEG/Olympia, la division Olympia business désormais spécialisée dans les technologie de l’information fut vendue et la Olympia International Holdings Ltd. fut fondée pour contrôler la production internationale et les ventes. En résulta la Olympia Business Systems Vertriebs GmbH (OBS) avec la Olympia's business spécialisée dans les équipements de bureau. Sous le chapeau de la Olympia International Holdings. Aussi une succursale au Philippines.

Machine à écrire manuelle. Métal. Chariot 15", 18", 24". Interligne de 1/1.5/2/2.5/3. Caractères Elite ou Pica typestyle.
http://www.olympia-vertrieb.de/de/suche.html
Mais on pouvait aussi s'en procurer dans une boutique en Allemagne (qui la faisait venir d'Asie.) 590 euros. Manû Factum. Es gibt sic noch, die guten Dinge

http://www.manufactum.de/olympia-mechanische-schreibmaschine-sg-3n-p761558/?c=189680
À Montréal, chez Jacques Coulombe Ltée. Reconditionné. 295 $. Olympia chariot 18 pouces
Aux Philippines
http://www.ph.all.biz/typewriter-olympia-sg3-g1374

http://1175.ph.all.biz/goods_typewriter-olympia-sg3_1374

http://1175.ph.all.biz/

Le chariot de 24 pouces était particulìèrement impressionnant. À l'origine destiné aux grands tableaux comptables des compagnies importantes (pour avoir besoin de si grandes feuilles avec tant de colonnes), il devint une forme de perversion esthétique pour un ami de monsieur Dickson, écrivain de son état, qui sur la trace de Jack Kirouac, et voulant faire encore mieux que lui, décida donc d'écrire à la volée sur un rouleau de papier. Ici, du papier d'emballage de 24".

Kerouac n'y avait pas pensé et sa machine était trop petite pour cet usage. Une Hermes 3000 manual typewriter, modèle no. 3337316. Vendue 22, 500 $ chez Christies. Lui qui n'avait pas une cenne au moment de sa mort.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Jack_Kerouac%27s_a_piece_of_the_roll_On_The_Road.JPG

http://www.museedeslettres.fr/public/exposition/sur-la-route-de-jack-kerouac-l-epopee-de-l-ecrit-a-l-ecran/85?PHPSESSID=834ffabef71861c57fed5db0dc7e0eee

http://www.christies.com/lotfinder/books-manuscripts/kerouac-jack-hermes-3000-manual-typewriter-5331946-details.aspx

Sur la route. Écrit en un seul jet, en 3 semaines, 2 - 22 avril 1951, sur un rouleau de papier de 36 mètres de long fabriqué avec des feuilles de papier à calligraphie japonaise/papier pelure jaune, collées bout à bout, selon une version mais aussi rouleau de papier à couvrir les étagères, selon ses propres mots. Et non sur un rouleau de papier à télétype ce qui aurait été plus simple. 12 000 mots le premier jour. Un seul paragraphe de 370 pages. Comme en publie (mais avec une écriture traditionnelle) et en plus court Marie Claire Blais Ou Jonathan Littell avec Les Bienveillantes. Roman à entendre ou écouter plutôt qu’à lire. Autrement mal de tête.

Le manuscrit original a été vendu aux enchères 2.5 millions $ US en 2001. Kerouac aurait été content parce que parce que on l'a dit.

L'ami de monsieur Dickson lorsqu'il en faisait usage, dès 7 heure le matin, partait Dieu sait où, jusqu'à l'heure du souper, 6 heures du soir, 11 heures plus tard. Ayant écrit des lignes et des lignes. Plus d'un mètre d'écriture de lignes de 22 pouces de long. À 12 caractères au pouce, ceci fait 264 caractères. Si une page de manuscrit à double interligne, est faites d'environ 60 caractères par ligne. Il y avait de quoi faire de nombreux romans de gare. Simenon disait prendre 11 jours pour un Maigret. Et Fyodor Mikhaïlovitch Dostoïevski ou Достоевский, Фёдор Михайлович a composé Crime et Châtiment en 26 jours en le dictant à une stnégraphe qui devint sa femme.

Difficile à dire si ces détails éclaireront la petite blonde. Un coussin vola dans les airs.

Elle reçut donc ceci.



Un mois plus tard.

Après passage au douane. Et navigation maritime. Tant de métal en un espace assez limité - quoique- avait fait croire à une sorte de bombe. Les douaniers étaient jeunes et peu instruits et avaient une vague idée de l'usage de cette chose. En fait, aucune idée. Ce n'était qu'un chef, plus vieux, qui leur apprit. Heureusement, ils n'ont pas eu l'illumination de la démonter. Il reste peu de gens vivants de la génération où cette machine était aussi commune qu'indispensable. Au moins pendant 100 ans.

De toute façon, à ce moment, son travail était déjà terminé et elle s'inquiétait pour un autre.

Il lui restait à apprendre à écrire là-dessus. Ce qui améliorerait sûrement son doigté de clavier pour son ordi. 2 doigts pour être plus précis. Et combien de journalistes ont fait leur carrière avec 2 seuls doigts.

Quelle méthode utiliser. Il y avait des versions modernes. Adaptée à l'ordi. Mais comme on utiliserait une machine antique mais moderne - on l'avait usinée et assemblée cette année- pourquoi ne pas se servir des méthodes qui ont fait si bien pendant des générations. Si on en trouve.

Elle espérait peut-être qu'on n'en trouverait pas. Et on en trouva.

Et ce qu'elle trouva fut un manuel d'époque chez un antiquaire ou bouquiniste puisque l'antiquaire était spécialisé dans les livres anciens/antiques ou assez vieux. L'odeur est une indication.

C'était l'époque où on tapait à la règle de bois ou de métal sur les doigts des élèves qui écrivaient mal, s'étaient salies d'encre - signe d'une mauvaise méthode de travail de la plume e de l'encrier ou si les mains avaient le malheur d'être gauchères. Une claque derrière la tête aidait à retenir l'attention assoupie.

Méthode bilingue La Salle
Cours élémentaire
Les Frères des Écoles Chrétiennes
Approuvé par le Conseil de l'Instruction Publique
De Frère Mérule-Olivier, É.C.

La répétition est l'âme de l'enseignement et la mère de l'instruction.

Mais une répétition soutenue engendre parfois une certaine monotonie dont l'effet néfaste est un fléchissement de l'attention dans l'effort. Rien de mieux que de recourir à un expédient psychologique. On offrira donc à l'apprenti-dactylographe un stimulus dans la marche à travers les exercices sous la forme triomphale d'un CERTIFICAT.

Un certificat arstistiquement décoré attestant que l'élève à exécuté à la satisfaction de son professeur et du comité de correction, ses exercices. PLus un certificat miniature délivré avec le grand diplôme. Avec un bouton insigne artistique: précieux souvenir pour les heureux candidats. 

Et la note EXCELLENCE méritée pour un travail soigné et exactement conforme.

Le diplôme Junior comporte 2 degrés: EXCELLENCE et GRANDE PRÉCISION.

Un dollar est le prix du diplôme.

Toute l'étude du clavier repose sur le principe des touches guides, comme centre d'action.
Les 2 clefs  guides extrêmes de chaque main sont choisies dans la rangée du milieu de l'alphabet.

Posant donc les 2 auriculaires sur ; et A. Les index toucheront F et J.

Quant aux 2 grands doigts, ils s'allongent naturellement au-dessus de la 3 e rangée des lettres, à droite sur O et I. À gauche sur W et E.

Une clef est toujours frappée par le même doigt.

La frappe.

Les touches ne doivent ni êre pressées ni écrasées. Il faut les frapper légèrement.

Grâce à l'angle du poignet, la main gauche devient parallèle à la main droite quand le coude gauche se presse contre le corps.

Les doigts se placent suivant les rangées de cléfs qui leur sont attribuées.

À l'auriculère droit e à chacun des index est confiée la frappe d'une seconde rangée de caractères.

Afin d'écrire avec régularité, frapper les cléfs en comptant posément de 1 à 10 pour chaque groupe de lettres. Rectifier la tenue.

Écrire une fois parfaitement chacune des lignes suivantes. Ne remuez que le doigt qui écrit.

Index 1. jjjjjjjjjjffffffffffjjjjjjjjjjffffffffffjjjjjjjjjjffffffffff

Majeur. 2. iiiiiiiiiieeeeeeeeeeiiiiiiiiiieeeeeeeeeeiiiiiiiiiieeeeeeeeee

Annulaire 3. oooooooooowwwwwwwwwwoooooooooowwwwwwwwwwoooooooooowwwwwwwwww

Auriculaire 4. ;;;;;;;;;;aaaaaaaaaa;;;;;;;;;;aaaaaaaaaa;;;;;;;;;;aaaaaaaaaa

Dire la lettre mentalement.

wewewewewewewewewewewewewewewewewewewewewewewewewewewewewewewe
oioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioioi
fafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafafa
jojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojojo

Et on n'est qu'à la page 10. Première leçon.

Elle lança à monsieur Dickson un air de désespoir implorant. Comme l'élève pianiste de 5 ans à qui on apprend que les pianistes adultes pratiquent leur clavier 8 heures par jour toute leur vie.
Il arrêta de lire son Guide de l'Auto 2013 pour aller lui faire un café. Sauver les demoiselles en détresse était désormais son idéal.

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Photo 1. (ancienne adresse. image disparue)
Photo 2.4.5
Photo 6
Image 7. Logo. http://www.olympia-vertrieb.de/nc/de/produkte/olympia.pdf

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30 décembre 2012. État 2

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29.12.12

318.14. 50 % DES QUÉBÉCOIS NE LISENT RIEN CE QUI N'EST PAS LE CAS DE MONSIEUR DICKSON ET DE LA PETITE BLONDE

Henry Dickson lisait à un bout du divan/sofa/canapé simili LeCorbusier (avec l'aide du plombier, de l'atelier d'usinage et du rembourreur) pendant que la petite blonde lisait à l'autre bout, étendue de tout son long, les pieds dans des bas de laine de monsieur Dickson, la tête sur un oreiller de duvet d'oie au motif de soleil et de lune. Écouteurs de son mini baladeur iPod shuffle coloré rose Apple aux oreilles. Le chat était étendu sur son ventre et lui servait de liseuse pour sa revue. La revue Elle Québec, la revue de la femme moderne. Curieuse comme tout et bien jeune, elle tenait à savoir ce que les femmes modernes, ses aînées, faisaient et pensaient. Une idée comme une autre. Il y avait aussi un questionnaire. Il y a toujours  dans ces revues un sondage, un questionnaire ou des questions comme si les femmes n'étaient pas naturellement assez inquiètes et insécures naturellement.

_ Henry, quel est ton idéal de femme?

_ Admirative, soumise et reconnaissante!

Wooosssh!

La revue passa au-dessus de sa tête.

_ Tu vises mal!

Monsieur Dickson lisait à un bout du canapé, on va l'appeler comme ça, la revue Spirou qui venait d'arriver par la poste rurale comme chaque semaine. Il achetait aussi les albums où on les retrouvaient quelques mois plus tard, reliées, qui font très bien dans une bibliothèque. Mais si on achetait la revue au comptoir à journaux et (autres) revues - difficile à trouver - il y en avait à Québec - on avait un supplément en prime mais si on s'abonnait, on avait encore plus de cadeaux. Des nouveautés exclusives. Parce que la distribution des revues en commerce coûtait cher, il fallait imprimer 5 revues pour en vendre une. Parce qu'il aimait les BD.

La petite blonde lisait le Monde Diplomatique.

Le chat ne lisait rien, car on le sait, les chats ne sont pas des intellectuels.

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29 décembre 2012. État 1

28.12.12

317.13. UNE FEMME. UN CHAT. QUE DEMANDER DE PLUS?

Henry Dickson avait l'impression de se retrouver à Saïgon avec du vermicelle de riz plein la bouche ou était-ce dans une autre ville asiatique où le riz serait si fin que.

En fait, il en avait plein le visage.

Curieux.

Il ouvrit les yeux, se rendit compte qu'il avait dormi et n'était pas tout à fait réveillé et qu'il avait rêvé de ces sortes de rêves si réels que vous avez l'impression d'avoir vécu une autre vie parallèle, ailleurs.

Avez. Aviez.

Impression fugace.

Car au moment où vous viviez cette vie là, cette seconde (?) vie, vous ne saviez pas que vous rêviez. Ce n'est que le réveil brusque, l'interruption de ce rêve, hum!, mais était-ce un rève ? qui vous fait comprendre que. Que.

Vous passez à votre autre vie et gardez un bref moment un souvenir de l'autre, qui s'efface. Et n'existe plus. Et pendant cet espace de temps vous pouvez les comparer.

Et vous voilà dans la vraie, hum!, vie. La seule.

?

Et vous avez encore du vermicelle de riz dans la bouche, le visage, les yeux. Qui sent bon. Est si fin. Qui n'a pas la couleur qu'il devrait avoir.

Blanc.

Non.

Blond.

Monsieur Dickson écarte délicatement tout ce qui recouvre son visage et comprend. Il y avait ce poids. La petite blonde est aussi petite que légère mais elle n'est pas immatarielle ou pas tout le temps.

La tempête lui fait peur. Elle qui n'a peur de rien. Et elle n'aime pas le froid. Pourtant, elle est toujours chaude. Quelque chose dans son métabolisme ou son caractère. On pourrait l'accrocher au plafond et s'en faire une chaufferette.

Un ami médecin qui avait fait son internat dans l'étage des futures accouchées lui avait dit qu'il n'avait jamais eu aussi froid de sa vie, ce qui l'avait à jamais découragé de cette spécialité. Les grosses femmes pleines comme des oeufs, brûlantes, qui réclamaient qu'on ouvre les fenêtres de leur salle commune - à ce moment, dans cet hôpital, on avait décidé de regrouper les futures accouchées dans le même local pour ne pas dérégler à jamais le système de chauffage de l'établissement. Et, les fenêtres ouvertes, en plein hiver, elles transpiraient encore. Et le médecin qui se consacrait dorénavant aux pieds, plus tranquilles et moins exigeants, ne savaient pas si on procédait encore de cette façon et n'avait pas osé le demander tant cette période de sa vie l'avait traumatisée. Ces étranges animaux l'avaient convaincus de repenser ses préférences sexuelles.

La petite blonde n'aimait pas le froid. L'hiver.

On dit qu'il est impossible de se souvenir d'autre chose que son passé personnel. Que le passé des autres, fut-il celui de votre lignée, vous est inaccessible. Disparaissant avec son possesseur. Détruit avec la mémoire de son cerveau décomposé.

Comme s'il ne restait rien de tous ceux qui avaient vécu avant vous.

Comme si une telle chose était possible.

Mais elle parlait de cellules de pierre, de grottes profondes, de chaînes rivées aux parois. De gros bracelets de fer rudes qui entaillent la peau et cisaillent jusqu'aux os.

Et le froid qui entrait sous la peau, devenait liquide dans le sang, s'incrustait en vous, vous faisait frissonner indéfiniment. Mais même terrible, ce qui vous attendait lorsqu'on viendrait vous chercher serait pire.

Ou celle qui avait froid était nue, les pieds dans la neige, attachée à un poteau de bois dans un champ. Attendant. Attendant le pire.

Elle disait se souvenir de tout ceci.

Des lieux. La pierre. L'humidité. La terre. La paille, quand il y en avait, qui puait. Remplie de bestioles. Et les souris. Et les rats.

Elle compensait par sa propre chaleur tout de froid accumulé depuis des générations. Et même si les tuyaux de fer et de cuivre qui passait le long des murs pour rejoindre les gros calorifères de fonte sculptée en amenant l'eau chaude bienfaisante, ne suffisait pas.

Elle avait donc quitté la grande chambre où elle était seule. Cela ne lui faisait rien d'être seule - quoiqu'elle aimait bien la compagnie- mais les jours de grands froid et de tempête, lorsque le vent faisait vibrer la maison tout entière, lorsque le vent faisait chanter les murs, les planches et les clous, lorsqu'il faisait peur aux vivants et aux autres, tous ceux qui habitent la maison. Sauf monsieur Dickson qui aimait la pluie, l'orage, le vent, la tempête qui, disait-il, le faisait dormir comme une bûche.

Elle avait donc quitté la grande chambre et le grand lit, le champs de bataille où de grandes victoires se déroulèrent et d'aussi satisfaisantes défaites s'étaient passées. Pour descendre au salon. Où il y avait le grand foyer de pierre. Et toutes les bûches.

La chaleur des lourds calorifères à eau chaude irradiait mais la chaleur du feu de foyer se projetait comme d'une grande bouche. Il fallait se tenir devant l'âtre, à la limite où c'était trop chaud et où ça faisait mal. Et cette chaleur vous entrait dans la peau et dans cette chaleur elle se baignait.

Et elle avait découvert encore mieux.

Monsieur Dickson s'était réveillé quelques fois avec la sensation de lourdeur sur l'estomac. Se demandant s'il avait trop mangé. Ce qui était parfois le cas. Et il avait découvert le chat couché bien endormi sur son ventre. Le chat avait, lui, découvert qu'il aimait la chaleur de monsieur Dickson et le bruit de son coeur. Et qu'il pouvait dormir là sans qu'on lui fasse du mal. Une telle naïveté n'est ordinairement pas naturelle chez un chat. Mais c'était un chat bien particulier, l'esprit familier de la maison.

Monsieur Dickson regardait le chat enroulé sur lui-même couché sur sa poitrine, dormant et ronronnant et rêvant des rêves de lions et de chasse. Ce qui l'avait éveillé, lui. Il avait trouvé cette situation amusante, s'était demandé s'il allait renvoyer le chat et pensé que non. Et à son second réveil, le chat n'était plus là. Et, parfois, il revenait. Le chat était comme ça.

Et la petite blonde regarda le grand corps de monsieur Dickson les yeux pleins de convoitise. Et le grand feu aux multiples bûches, mélange de bûches d'érables et de bûches industrielles en poussière de bois qui feraient un feu qui durerait longtemps, bien après que les bûches de bois d'arbre soient devenues tisons. La plaque à feu en fonte épaisse qui prenait tout l'espace au fond du feu, contre la parois de pierre, se gorgeait de chaleur et de flamme et réverbérait la chaleur vers ceux qui se tenaient en admiration devant les motifs coulés dans le métal, chiffres, dessins d'animaux connus et disparus se mettaient à vibrer et danser. Les étincelles du feu prenaient des formes rapides que depuis des millénaires on essayait d'interpréter. Comme on le faisait pour les nuages, les mouvements de l'eau et les lignes des mains.

Et monsieur Dickson après avoir découvert le chat sur son ventre, avait découvert tous ces cheveux blonds sur son visage. Et la petite blonde au bout des cheveux, couchée sur lui. Aussi endormie que le chat. Paisible comme une fillette.

S'il n'avait pas osé interrompre le sommeil du chat, il fut encore plus délicat avec la petite blonde qui avait eu si froid. Et qui s'était souvenu de tant de froid. Là. En pyjama. Avec 2 robes de chambre enfilées sur elle. Et elle et monsieur Dickson enseveli sur une immense couvertuere en polar avec un motif de loup. Comme si elle avait monté sa tente sur lui.

Heureusement, le sofa Le Corbusier était assez grand et long. Quoique ce ne soit pas un véritable mais une adaptation locale. L'original étant trop petit. Le plombier du village avait soudé les tuyaux de cuivre réunis avec des attaches préusinées en angle droit ou T alors que le vrai était beaucoup plus raffinée. Ses soudures étaient aussi imperceptibles que sur un vélo de compétition. Mais il était trop petit. Et on avait ajouté d'autres coussins qu'on avait recouvert de tissus car le cuir était froid. Hors tout, un homme pouvait s'y coucher de tout son long et une épouse pouvait s'asseoir sur le coussin qui restait au bout. Et tout ceci pour une fraction du prix du meuble raffiné qui était, on l'a dit, plus beau mais un peu petit. Conçu pour un appartement de ville et non un grand salon. Et le tissus était rouge au lieu du cuir noir qui était collant l'été. Et la plate forme de métal qui soutenait tous ces tuyaux de cuivre qui tenaient tous ces coussins - le dossier simplifié au maximum- était comme sur le modèle original fait simplement de grands coussins carré alignés.

Et monsieur Dickson y dormait avec la petite blonde couchée sur son ventre. Elle-même couchée sur le ventre. Position déconseillée à toutes les jeunes filles par toutes les excellentes soeurs de toutes les congrégation. Ceci ne pouvant qu'éveiller leurs sens et les conduire à la damnation.

La petite blonde était-elle damnée et à quoi rêvait-elle en ce moment, car il sentait que ses seins collés à sa poitrine s'éveillaient, que leurs pointes durcissaient, s'allongeaient. Peut-être parce que lui-même commençait à avoir une érection et que cette information s'était transmise dans le monde imaginaire où était la petite blonde.

Comme il était trop tôt pour se lever et qu'il ne voulait pas réveiller la petite blonde étendue de tout son long sur lui, visage sur son cou, bouche qui bavait un peu, salive chaude, cheveux éparpillé sur son visage et l'oreiller, il s'amusa à penser et à se souvenir.

Il se souvint de la petite blonde, encore étendue sur lui, mais cette fois bien éveillée. Nue. Qui se reculait doucement pour s'empaler sur lui tout en le surveillant du regard. Et une fois le pénis bien planté en elle, elle s'allongeait encore, collait son menton sur ses bras croisés pour mieux observer les yeux de son amant. Qui ne perdait aucun des yeux charmant de sa douce passagère.

Puis elle semblait dormir. Mais ce n'était qu'une impression car elle se concentrait sur ses sensations. Ou rêvait. Contrôlant parfaitement les muscles de son vagin, elle pouvait presser, caresser, presque mordre ou étirer le pénis qui était en elle. Et l'éveiller dès qu'elle le sentait faiblir. Elle avait eu besoin d'être emplie de lui et s'était fatigué de sentir son vagin vide et inhabité. Il suffisait donc de l'accompagner là où elle allait, complice de son plaisir. Combien de temps se passait-il? Des heures peut-être. Et elle s'endormait. Et il s'endormait ainsi.

Ou elle était plus ardente et le réclamait. Elle était alors couchée sur le dos, tout en bas, aussi faible qu'on peut l'être, si vulnérable et innocente et, au dessus d'elle, la dominant, son amant prenait un air menaçant, comme s'il était une bête qui allait la saillir. Elle prenait alors une petite voix implorante. Rien de ce qui se passerait ne pourrait être empêchée. Elle était une victime soumise. Une proie vaincue. Sous la grande ombre et l'immense corps qui la surplombait. Parfois, elle avait aussi besoin d'être étouffée, écrasée sous le poid de son homme. Qu'il se jette sur elle. Au moment où il la pénétrait. Comme s'il la forçait. À d'autres moment, c'était toute douceur. Il y avait tant de choix.

Quelquefois, elle se mettait à 4 pattes comme les femelles de bien des espèces et attendait en soupirant. Elle soupirait si bien. Elle ouvrait les jambes pour bien faire voir les lèvres de son sexe. Et elle tenait de regarder au-dessus de son épaule pour voir ce qu'il allait se passer. Comme si elle n'était pas responsable, comme si c'était par hasard, un accident qui avait fait qu'elle s'était retrouvé toute nue dans cette position que l'on décrivait autrefois comme imprudente, compromettante. Qu'est-ce que son amant penserait de sa vulve, de ses lèvres, elle en avait toujours plusieurs, de son anus, de ses fesses, des 2 pointes de la fourche du diable au dessus de ses hanches, de ses hanches aussi, du long sillon suivant sa colonne vertébrable, de son cou, de ses petites vertèbres qu'il pouvait mordre et écraser? Qu'il mordait déjà. Pourrait-elle survivre? Quand enfin se déciderait-il? Elle n'en pouvait plus. Il fallait. Il fallait que quelque chose se passe.

Mais pour le tigre mâle, il fallait attendre pour la couvrir et la monter. Laisser l'orage s'étendre en elle. Que ses lèvres coulent. Changent. Se colorent encore.

Puis il la prendrait et s'accouplerait férocement. Ses dents claqueraient tant elle vibrerait. Elle pouvait alors serrer un oreiller entre ses bras et ses seins pour amoindrir les coups. Ou s'agripper à pleines mains aux barreaux de la tête du lit pour retenir son corps secoués comme un bateau fou dans l'océan. Elle pouvait garder le dos droit ou l'arrondir ou le courber avec tant de souplesse que toujours à genoux sur ses jambes, toujours son amant en elle, elle pouvait coucher sa tête au bout de son menton posé sur le plat de ses mains. On n'avait pas idée comment elle pouvait être souple.

Quelqu'un de puissant la possédait et s'était rendu maître d'elle. De grandes mains avait saisi ses hanches et les manoeuvraient. Une volonté plus grande que la sienne avait pris le contrôle et elle ne pouvait que se soumettre à l'inévitable. Et ceci durait. Et durerait.

Et puis ils s'endormaient. Aussi mouillé qu'on peut l'être. Puis prenaient une douche ensemble au réveil. Et se disait bonjour, comment vas-tu, je crois qu'il va faire beau.

Et une excellente journée commencerait.

Mais en ce moment, elle dormait et rêvait et parlait ou chuchotait. Puis silencieuse encore.

Toujours couchée sur lui.

Et il s'endormit de nouveau.

Et elle se réveilla un jour. Le regarda la regarder. Il lui dit: madame, vous avez de beaux yeux. Et, en effet, la dame avait de jolis yeux. Je le sais, monsieur, dit-elle. Mais j'aime qu'on me le dise.

Elle dit aussi:

_ J'ai faim.

Il dit aussi qu'il avait faim. Et elle lui répondit:

_ Nous avons de l'excellent pain de la boulangerie du village.

Il se passait bien des choses dans cette maison.

*

28 décembre 2012. État 1



27.12.12

316.12. UNE AUTRE TEMPÊTE. LA TROISIÈME DE LA SEMAINE

Henry Dickson et la petite blonde sont assis dans le grand divan devant le foyer de pierre où brûle une série de buches soigneusement empilées. Dehors, une nouvelle tempête. Le vent est si fort qu'on l'entend gronder à travers les murs. Ou sur toit. Et la poudrerie grignote le verre des fenêtres. Parfois, comme de petits doigts secs.

Pas un temps à mettre un chien dehors. Ou un chat. Ou une épouse. Et, en effet, le chien est au pied de son maître. La femme à ses côtés. Qui tricote.

Le chat est passé pour voir si sa maîtresse et sa soeur était encore là. Rassuré de voir la petite blonde encore vivante, il était parti ou était disparu. On ne sait jamais avec les chats. Ou ce chat en particulier.

Mais il était revenu ce qui voulait dire que sa disparition n'était pas défintive. On ne sait jamais avec les chats.

Et il n'y avait plus tous ces gens qui envahissaient son territoire. Ce qu'on appelle chez les humains: invités. Et, chez les chats: étrangers. Ce qui avait entraîné chez lui la même réaction cutanée que chez monsieur Dickson disparaître. Mais l'un et l'autre était revenu.

Et les étrangers peuvent soudainement devenir dangereux. Mais les gens que l'on connaît peuvent aussi devenir dangereux. Sa mère ou sa grand mère, difficile à dire dans une vie de chat de 15 ans, ou son arrière grand mère lui avait parlé de cet homme qui avait tué sa femme à coups de hache. Là. Entre le foyer de pierre et le fauteuil. Le fauteuil n'était plus le même. Il y avait eu la tache de sang. Entre le fauteuil qui n'était pas le même et le foyer de pierre. La tache de sang, la flaque de sang ou la mare de sang coulée sur le bois et incrusté dans ses fibres. Combien de sang contient une femme?

Il y avait eu cet autre homme qui avait changé soudainement. Qui avait pris un fusil de chasse calibre .12 à 2 coups. Et qui avait tué sa femme et un de ses enfants. Le temps de recharger l'autre était disparu.

Puis l'homme avait réalisé ce qu'il avait fait.

Et avait ouvert son arme et inséré 2 autres cartouches de papier. À ce moment, le cylindre contenant les plombs était en carton. Aujourd'hui, le tube de plastique est devenu commun. Le fusil avait 2 gachettes. À peu de distance l'une de l'autre. Chacune actionnait le percuteur d'un des canons doubles. Il s'était assis sur une chaise de bois qui n'est plus là et avait enlevé un de ses souliers et un de ses bas. Avait inséré son gros orteil dans le pontet recouvrant les 2 détentes ou gachettes. Et avait pesé. Sa tête avait disparu et on en avait retrouvé des morceux un peu partout dans la pièce. Il arrive encore qu'on retrouve des petits plombs - les billes des cartouches étaient à ce moment en plomb mais comme les chasseurs aux canards en abusaient et que les billes retombaient dans les lacs et intoxiquaient les poissons, on utilise maintenant des métaux variés qui n'empoisonnent plus l'eau des lacs mais peuvent adéquatement tuer les canards et les oies ou les épouses ou les enfants ou les tueurs d'épouse et d'enfant.

Ceci s'était passé il y a longtemps mais on ne sait si on peut dire que ceci s'était passé il y a très longtemps. C'est ce que lui avait raconté sa grand mère ou son arrière grand mère qui l'avait entendu de leur grand mère. Il est donc difficile d'arriver à une conclusion précise. Étant donné qu'une vie de chat dure 15 ans. Et que 15 ans c'est très vieux pour une chat. Et qu'il arrive lorsqu'on est très vieille que l'on confonde les choses et les lieux et les époques. Tout ceci est bien compréhensible.

Par exemple, il y avait ce médecin qui avait son cabinet ici. C'était la faute de sa femme. C'est toujours la faute de la femme parce que c'est toujours la faute de la femme. Voilà. Il était devnu jaloux. C'était SA femme après tout. Elle s'était donnée à lui et elle lui appartenait dorénavant et il avait le droit d'en faire ce qu'il voulait. Mais elle s'était sauvée. Parce qu'elle était folle. Et si folle qu'elle avait oublié ses 2 enfants. De 3 et 4 ans. Et il faut qu'une femme soit bien folle pour ainsi oublier ses 2 enfants.

Le médecin devenu fou - à cause de sa femme- prit un couteau et commença à piquer ses enfants. L'un après l'autre. Pendant qu'il enfonçait son couteau dans un des enfants, il entendait dans l'autre chambre son autre enfant qui agonisait mouillé de tout son sang. Une respiration très forte.

46 coups de couteau.

Et il leur coupa la tête à chacun. Mais pas complètement car il est difficile de couper la tête d'un enfant ou d'une épouse avec un couteau, même un gros couteau.

Finalement, ses enfants cessèrent de respirer.

Il était alors couvert de sang.

Sa femme, son bien, était dehors, en train de hurler comme une louve blessé. Elle avait senti sans sa chair - il y a des femmes qui sont comme ça- chacun des coups de couteau.

Le médecin entendit ensuite que la police arrive. Il avait une bonne explication et se la répétait. Pour ce qui s'était passé. Il n'était plus lui-même. Et l'était maintenant. On comprendrait. Il fallait expliquer.

Il y avait aussi la femme qui avait étouffé ses enfants avec un oreiller. Un après l'autre. C'était une femme incomprise qui souffrait. Elle aussi, ensuite, avait attendu que la police arrive en pensant à ce qui était arrivé.

Ce genre de chose arrive.

Tant d'événement s'était passé ici. Car c'était une vieille maison. Et il n'y a aucune vieille demeure qui n'ait ses morts et ses mystères. Aucune.

Il y avait ausis le vieux mort dans la cheminée. Le vieux mort qui avait caché les armes et les explosifs dans la salle secrète du sous-sol. Parce qu'il était furieux. Lorsqu'il était vivant.

Tout ceci s'était passé depuis longtemps. Et il se passait moins de choses de nos jours.

Par exemple, hier et avant hier, la petite blonde avait reçu à la maison des amis et des parents. Des collègues étudiants et étudiantes de l'université. Quelques-uns avec qui elle avait été en prison lors des manifestations du carré rouge le printemps dernier.

Elle était de ces femmes qui provoquent le chaos et nuisent à l'économie comme avait dit le premier ministre d'alors et la ministre des Affaires Culturelles. Celle qui laissait démolir les vieilles églises, comme tous les ministres des Affaires Culturelles avant elle. C'était une sorte de tradition dans son ministère.

Car selon le premier ministre d'alors, la petite blonde et les gens comme elle, la rue ou le ruisseau comme il disait, provoquait la violence.

Mais la veille elle n'avait pas provoqué la violence ou le chaos mais avait plutôt distribué des cadeaux de Noël.

Monsieur Dickson n'était pas là car les humains l'énervait.

Mais les femmes sont des animaux communautaires et ne peuvent vivre qu'entourés. De parents, d'enfants, de plantes, d'animaux d'autres espèces.

Ou de chiffon, de fil, de balles de laine.

Ou de sucre, de cannelle, d'oeufs, de farine, de poudre à pâte, de chocolat et de lait.

Monsieur Dickson faisait parti de ces vieux mâles cardiaques vivant au fond d'un grotte avec un fusil. Quoiqu'il n'en soit pas arrivé à des symptômes aussi préoccupants.

Elle tricotait.

Lui lisait.

Elle tricotait un chandail.

Lui lisait quelques revues arrivées la veille lorsque la poste avait repris son service. Black Belt. Guns & Ammo. Soldier of fortune.

Il ajusta la lampe sur pied luxo MLC sur pieds à roulettes (5) ajustable à volonté qui se trouvait de son côté du fauteuil. Dans l'abat-jour, flurescent circulaire et au centre ampoule à incandescence 100 watts. Ce que lui avait conseillée son ami dessinatrice.

Elle préférait tricoter ou coudre ou broder dans le noir ou avec peu de lumière car elle voyait très bien dans le noir ou avec peu de lumière ou si peu. Comme les chats.

Le chenet contenant les bûches dans le foyer brillait.

Tout était bien et quoi demander de plus.

Dehors le froid et le vent poudrait.

Ceci cesserait lorsque la nature en aurait assez.

Monsieur Dickson regarda la petite blonde à l'autre bout du fauteuil/divan/canapé Le Corbusier, le feu la faisait luire tant la peau de son visage était lisse. Et il admira.

Il se trouva chanceux d'être là à ce moment, avec elle, le feu, la chaleur.

Et il s'endormit parce qu'il commençait à être vieux.

Il aurait pu mourir ce qui aurait été aussi bien.

*

27 décembre 2012. État 1



25.12.12

315.11. IL FAIT BEAU MAIS ÇA NE DURERA PROBABLEMENT PAS

Henry Dickson arrive au village lorsque les cloches de l'église sonne comme toutes les cloches de la province et du monde catholique. C'est Noël. Encore.

La petite blonde va encore recevoir des invités. Elle va encore être déçue qu'il ne soit pas là. Quoique la nuit de la veille, elle avait de toutes autres idées. Elle lui avait dit d'attendre, qu'elle avait encore un cadeau pour lui.

Malgré que le livre de recettes sur le suicide et l'oeuvre complète de Cioran sur papier bible couverture de cuir aient été appréciés. Un des 8900 auteurs de Gallimard. Il l'avait déjà dans la collection Quarto avec 1820 pages, usées. Il lui resterait à le relire sur 1728 pages. De l'inconvénient d'exister. Sur les cimes du désespoir. Précis de décomposition. Syllogisme de l'amertume. Bréviaire des vaincus. Exercices négatifs. Bréviaire des vaincus. Et il avait déjà les Cahiers sur NRF, les notes qu'il écrivait journellement sans qu'il ait eu le temps ou l'envie d'en faire un livre et qu'à réunie sa blonde à sa mort. 1008 pages. Que l'on ne peut lire qu'un petit moment à la fois. Comme on boit différamment de la bière à 5%, du vin à 10% et du cognac à 40% ou l'alcool de contrebande du maire (suicidé?) à 90%. Un très bon antiseptique pour la peau, un rince bouche en cas de grippe et un tord boyau pour digérer des roches.

Elle arriva donc avec son cadeau. Descendant, comment dire, majestueusement, oui, c'est bien, l'escalier. Majestueusement, c'est bien.

Somptueuse.

Elle, revêtue d'un drap blanc et elle dévêtue lorsqu'elle laissa tomber le drap. Elle ne portait alors pour tout vêtement qu'un ruban rose au cou.

Elle s'était fait raser intégralement pour l'occasion ce qui était un autre elle privée de ses petits poils blonds si fins.

Elle en rose.

Il apprécia le cadeau comme il convenait et l'ouvrit, non, elle était déjà ouverte, et le consomma sur place, sur la table du salon.

Il y aurait beaucoup à dire mais ce sera suffisant.

*

25 décembre 2012. État 1

Mort. Personne.

24.12.12

314.10. JOYEUX NOËL ET TOUTES CES SORTES DE CHOSES

Henry Dickson regardait le salon magnifiquement décoré. Le grand sapin sompteux. Et la grande table mise pour recevoir dieu sait combien de gens. Rien qu'à compter le nombre de chaises dressées.

Tout était parfait. De toute façon tout ce qu'elle touchait était parfait. Il n'y avait qu'un accroc à se beau tableau des Fêtes, lui-même. Jusqu'à la dernière minute, elle ne crut pas un mot quand il lui disait qu'il ne serait pas là. Pour une femme, être seule lorsque tout le monde ou à peu près vient par couple ou par paire (on comptait quelques homosexuels de sexes divers). Surtout le soir de Noël. Et, pire, lorsqu'elle n'est pas vraiment seule.

Elle eut beau lui dire qu'il rencontrerait des gens intéressants, qu'il n'y aurait pas que des femmes ou des veuves, qu'il y aurait bien quelques hommes, ce qui le changerait de l'éternel et continuel papotage féminin. Elle l'avait regardé en énonçant cette observation pour voir s'il approuverait cette évidente exagération.

Tout ceci était beau, parfait, mais il avait envie d'être seul. Habituellement, il l'était. Et du 20 décembre à 2 janvier, il ne dessoulait pas ou s'envolait vers où tout est plus léger grace à aux cigarettes de marihuana mais rien ne valait une pipe à opium.

C'étaient ses amis, ses parents, ses connaissances, ses souvenirs, son futur. Et il n'avait pas envie d'en faire parti.

Il trouvait ce moment de l'année funéraire. Noël lui foutait un coup de cafard. Pour d'autres, c'était le premier janvier quand ils réalisent qu'une autre année est passée. Pour certains, c'était le jour de leur anniversaire. Chacun ses phobie.

Il resterait dans la cabane à sucre cette nuit. En attendant que les invités partent.

Elle lui dit qu'il y en aurait d'autres. Il y avait ceux de Noël (le 24 jusqu'à minuit) et ceux du 25. Et ceux du jour de l'An. Du 31 décembre en dépassant minuit. Elle aimait les fêtes et les amis.

Elle avait prévu aller à la messe de minuit et revenir à la maison avec la première brassée d'amis et de parents.

Il la regardait.

_ Messe. Minuit. Noël. Le petit Jésus. Étant donné ta nature, tu ne crois pas que tu...

_ Ma nature va très bien. Je n'ai rien contre le bébé Jésus ni même le grand Jésus adulte, j'en ai contre l'Église qui s'est interposée entre lui et nous. Et c'est une jolie tradition qu'on croit ou non à la vérité de toutes ces choses.

_ Je ne crois en rien

Elle regarda monsieur Dickson

_ Crois-tu en moi?
_ Oui.

Mais tu ne resteras pas...

Il avait cru qu'elle se fâcherait. Des tas de femmes se seraient extrêmement fâchée. Mais elle était déçue. Heureusement, elle n'allait pas se mettre à pleurer.

_ Est-ce que tu vas te saoulet et me battre en revenant à la maison?

Il la regarda hahuri.

_ Comment pourrais-je te faire de mal?

En effet, comment pourrait-il lui faire du mal?

Il s'en alla donc dans sa retraite fermée écouter du Bach dans le noir. Et elle s'habilla pour la messe de Minuit à l'église du village. Et elle se rhabillerait pour ses invités de la nuit.

Finalement, le dernier invita et son auto partit en écrasant bruyamment la neige. Bruit insignifiant mais comme tout était silencieux, on n'entendait que ça.

Elle les salua au haut des marches de la galerie, attendit de voir disparaître les derniers phares et les rouges des feux arrière lorsque les autos freinent au bout du chemin en attendant d'avir la voie libre pour traverser sur la route. Freiner, regarder à droite et à gauche et avancer.

Elle alla ensuite à la cabane à sucre, cogna à la porte avant d'entrer. La porte n'était pas barrée. Monsieur Dickson était endormi sur sa chaise berçante tout près du poèle à bois. Elle le trouva vieux. Puis changea d'avis.

- Hum!

Il s'éveilla.

_ Tout s'est bien passé?

_ Tout était parfait mais tu n'étais pas là. Bien des gens auraient aimé te voir. Mais toi tu ne voulais voir personne.

_ La vie est mal faite.

_ La vie est comme elle est.

L'éternel pessimiste asocial et mysanthrope et l'optimiste souriante. Ils n'étaient vraiment pas fait pour être ensemble. S'ils avaient été des vedettes, il y aurait bien eu une revue pour parler de leurs malheurs.

_ Tu as l'intention de rester toute la nuit ici?

_ Ça dépend. Tout le monde est parti?

_ Rien que toi et moi.

_ Je met mes bottes et mon manteau et j'arrive.

_ Il reste des cadeaux à développer. J'avais numéroté tous ceux que j'avais emballé pour ma liste mais j'ai remarqué que certains se sont ajoutés lorsque j'avais le dos tourné.

_ Les fées et les lutins.

_ C'est la nuit pour ça.

Ils allèrent donc à la maison, la main de la petite blonde passée autour de son bras au cas où il y aurait de la glace ce qui pourrait faire qu'elle glisse et tombe ce qui était de toute évidence une absurdité.

Ils faisait froid dans l'espace de nuit entre la cabane à sucre surchauffée et l'intérieur de la maison où la chaleur était plus douce. Il y avait là en plus de la chaleur des odeurs de nourriture exquises et de desserts raffinés. Mais il restait peu de chose des uns et des autres, les invités étant en appétit après être eux-aussi passé au travers de tout ce froid.

Ils s'assirent côte à côte sur le grand divan devant le foyer de pierre où brûlait les restse d'un feu de bois d'érable. Ils ne disaient rien. N'ayant rien à dire.

Puis elle n'y tint plus.

_ Si on déballait les cadeaux. Je suis curieuse.

_ Qui commence?

_ Les femmes et les enfants d'abord.

Il se pencha donc vers le sapin qui au début de la journée débordait de boites multicolores et de rubans frisés et lui tendit un paquet. Elle suivit son geste et son regard et le sourire qu'il dissumula vite.

Elle prit donc tout son temps pour défaire le fragile papier comme s'il était blindé. Allant d'un coin à un autre, déchirant doucement, interminablement. Puis son mouvement étant interrompu par le ruban et le chou, elle fit donc de plus grands efforts pour en parvenir à bout.

Elle ouvrit donc la boite et sourit, ce n'était pas aussi pire qu'elle pensait.

_ Un ouvre-boite comme c'est charmant!

_ Ne me dis pas que ça ne te fait pas plaisir?

_ Ce n'est pas toi qui pestait contre ces imbéciles d'ingénieurs incapables de faire un ouvre boite qui fonctionne.

_ Il n'y a que dans le catalogue Lee Valley qu'on en trouve un qui a de l'allure. La compagnie est de l'ouest du Canada et l'ouvre-boite est importé de France. C'est le seul qui a une lame en pointe. Tous les autres, peu importe la marque, semble provenir de la même usine. Et ont tous une roulette de métal pour ouvrir les boites de conserves. Roulettes qui s'usent en un rien de temps puisque le métal est cheap. Une vendeuse m'a même fait la recommendation d'enlever l'emballage de papier autour des boits avant de m'en servir car le papier usait la roulette. Le but du machin est d'ouvrir un couvercle de métal mais le papier l'use.

_ On n'est pas loin de la fin du monde.

_ C'était vendredi le 21 et on est peut-être déjà morts sans le savoir.

_ Quelle charmante attention.

_ Je suis sûr que tu t'en souviendras le reste de tes jours.

_ Non pas vraiment.

Et elle prit l'ouvre boite et le lança dans le feu du foyer.

_ C'est du métal, ça ne brûle pas.

Mais le choc de l'objet de métal sur les bûches et les tisons provoqua quelques étincelles.

_ J'ai quelque chose pour toi.

Elle prit l'avant dernière boite sous le sapin et lui tendit.

_ Qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur?

_ Probablement des bretelles.

_ Tu as remarqué toi aussi que je prends du ventre. C'est ta cuisine.

_ Je t'engraisse pour mieux te dévorer.

Il ouvrit les 2 paquets qu'elle lui avait tendu.

Dans chacun, il y avait des livres. Le premier était Exit Final. Un traité sur le suicide et des recettes pour bien réussir le sien. Et le second la nouvelle édition de Cioran de la Pléiade de Gallimard.

_ Il y a des commentaires partout dans le livre.

_ Que demander de plus.

Il restait une dernière boite, toute petite sous le sapin. Ce n'était pas une de ses boites, elle aurait reconnu l'emballage et sa méthode d'emballage et ce n'était pas non plus un des cadeaux apportés par les invités, ils avaient tous été bien déballés et plus ou moins apprécié selon l'intuition du donateur et la politesse de la personne qui recevait. Mais la plupart du temps, ce fut apprécié.

_ Un autre ouvre-boite?

_ J'ai comme l'impression que tu es déçue. Pourtant c'est l'intention qui compte.

_ C'est ce qu'on dit.

Elle ouvrit la boite, il y avait une jolie montre qui allait très bien à son poignet. Elle la garderait pour les grandes occasions car elle portait toujours la montre de sa mère qui était celle de sa grand-mère. Elle ne faisait que changer le petit bracelet de cuir qui s'usait au fil des années.

_ C'est une montre superbe.

Elle lit le petit papier dans la boite.

TISSOT MONTRE POUR FEMME
Tissot LOVELY
T058.009.61.116.00
Ce modèle éblouissant doté d’un boîtier rond très discrèt d’une féminité absolue incarne l’essence même de l’élégance. Il est monté sur un bracelet en cuir, mais se décline aussi avec un bracelet métallique, serti ou non de diamants pour une touche d'éclat, qui se porte lâche sur le poignet, à la manière d'un bijou. Totalement irrésistible, la Tissot Lovely porte bien son nom.
_ C'est écrit qu'il peut y avoir des diamants.
_ J'avais remarqué. Il n'y a pas de diamants et elle n'est pas en or. C'est aussi possible. Tu peux l'échanger si tu veux.
_ Jamais pour tout l'or du monde.
_ J'ai aussi acheté des fourchettes à fondue. Elles ont des manches de toutes sortes de couleur pour que chaque invité reconnaisse la sienne.
_ Quelle belle initiative. Il y en a combien?


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24 décembre 2012. État 1

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Photos. http://www.maganat.com/658-945-thickbox/tissot-montre-pour-femme.jpg