HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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25.10.13

401.97.5. MONSIEUR ADOLD HITLER ET MONSIEUR FRANZ KAKFA S'INTÉRESSENT À UN NOUVEL ART POPULAIRE, LA BANDE DESSINÉE

Monsieur Adolf Hitler allant mieux, retrouva son compagnon d'infortune - sujet au même mal - à la même  taverne. Où le propriétaire fut aussi heureux qu'une femme de voir  leur petit couple réuni. 

Monsieur Kafka fut fort intrigué de ses manières. Que lui expliqua brièvement monsieur Hitler lui faisant part de ses déductions. Ce qui insulta brièvement monsieur Kafka qui retrouva ses couleurs quand il apprit que faisait dorénavant parti d'une sorte de secte, par une série de quiproquos et de malentendus de plus en plus indétricotables, il valait mieux faire comme si et profiter des repas gratuits. 

Trop se comprendre ne peut qu'amener de terribles conséquences en ce monde si imparfait tandis que l'incompréhension est souvent si utile.

Monsieur Hitler voulait rencontrer son ami - était-ce le terme qui convenait ? - camarade ? - artiste. Car il avait un projet en tête. 

Monsieur Kafka dont les économies fondaient et qui devrait bientôt revenir chez lui pour reprendre son métier d'assureur, fut intéressé par les possibilités du plan qu'on lui expliquait.

Il y avait cet atelier en face du sien. 

Ils avaient des démarcheurs qui faisaient tous les journaux et qui arrivaient avec tant de commandes que les artistes et artisans du studio ne pouvaient fournir. Car il est plus facile de trouver un commis voyageur qu'un bon dessinateur. 

Mais monsieur Kafka qui était poète n'avait jamais pensé écrire une histoire.

_ Une sorte de roman feuilleton me dites-vous ?

_ Il y a des fascicules sur du mauvais papier broché que l'on obtient en pliant une feuille de journal en 4. On les voit dans tous les comptoirs à journaux. Ils content les aventures d'un monstre sanguinaire, d'un amant au grand coeur, d'un découvreur, tout dépendant du public. 

Il faut du texte. 

Beaucoup de texte.

Mais pas tant que ça.

Ce n'est pas un roman.

Ni un feuilleton quotidien pour les journaux à la Rocambole. 

Et une image en couleurs pour la couverture. Avec des serpents, des pieuvres, des inventeurs fous. Je peux faire. J'ai commencé la couverture du catalogue de Noël du grand magasin. Tout en couleurs. Au lieu de Saint Nicolas ce sera une sauvagesse africaine sacrifiée. Tout dépendra du texte que vous me fournirez. Mais il y a mieux.

Ensuite, monsieur Hitler lui parla de cet art nouveau, la bande dessinée. Il avait regardé faire les artistes, coloristes, lettreurs de l'atelier d'en face. C'est compliqué quand on y pense et lorsqu'on voit le résultat final mais une fois qu'on a séparé le tout en élément plus simple, qu'on commence simplement par le plus simple, on peut l'envisager. 

Une fois qu'ils auraient trouvé leurs héros, il pourront lui faire vivre des aventures diverses dans les journaux. Le texte sera plus bref. Mais tout le travail sera en dessin. Si ceci devenait trop complexe, il avait pensé à quelques camarades d'atelier pour les décors, les costumes, les paysage. Après tout, dans la grande peinture, Rubens faisait ainsi et personne ne le lui reproche. Seul le résultat compte.

Monsieur Kafka qui voyait son compagnon de table délirer n'osa pas l'arrêter dans ses rêves. Comment un poète qui n'a pu écrire que quelques lignes lorsqu'il allait relativement bien, pourrait-il écrire autant ?

S'il fallait écrire, à supposer qu'il puisse le faire, il valait mieux s'en tenir au texte des bandes dessinées du genre de celle que monsieur Hitler avait étalé sur leur table. Le plus gros du travail serait pour le dessinateur. Il n'aurait qu'à mettre quelques mots pour laisser deviner l'histoire ou l'atmosphère.

Il y avait aussi ce problème du dialogue. Il n'avait jamais fait attention avant sur la manière dont avait les gens de parler entre eux. Et la plus grande part du texte de ces machines littéraire était du dialogue. Il y en avait moins qu'au théâtre mais c'était tout de même plus de mots qu'un poème sur l'amour inaccessible. 

Le premier sentiment était qu'il n'en avait pas envie et le second qui suivait était qu'il ne le ferait pas.

Ensuite, il pensa à son loyer. 

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État 1. 25 oct. 2013