HISTOIRES DE FANTÔMES

__________________________________________________________________________________________________

HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

___________________________________________________________________________________________________

27.7.12

202. LA MORT DE 3 HÉROS

Henry Dickson avait changé de journal. Un bien pensant répandant ses belles pensées sur ses lecteurs et ses abonnés avec un tas d'annonces de trucs inutiles et chers mais utiles aux gens qui pensent bien. Ensuite, ils se sentent mieux.

3 HONORABLES CITOYENS RETROUVÉS MORT PRÈS DU CORPS D'UNE JEUNE FEMME VIVANTE.

La jeune femme avait un poignard planté en plein coeur. Les secouristes ne sont pas arrivés à temps pour eux mais, heureusement, pour elle. On ne craint plus pour sa vie. On n'a pas retiré le poignard de la poitrine ce qui aurait provoqué une hémorragie massive qui aurait pu entraîné son décès. Ce n'est que sur la table d'opération qu'on a pu enlever l'arme du crime qui a été remise aux enquêteurs de la police.
Dans l'étage de l'hôpital où elle est gardé pour ses soins on parle d'une miraculée. On ne sait pas ce qu'elle faisait là, pas plus qu'on ne sait pourquoi les 3 hommes se trouvaient égalemtn sur les lieux. Elle aurait été agressée sexuellement et violée et on pense que les hommes ont essayé de la défendre.
Il s'agit de personnes honorablement connues de notre communauté d'affaire. On ne peut pas révéler leur nom pour le moment mais on peut tout de même dire que l'un était avocat fils de juge, l'autre associé dans une compagnie de construction et l'autre conseiller municipal. Leurs pères sont aussi des gens respectables. On espère que les individus qui les ont lâchement agressés seront retrouvés et condamnés
Bien sûr, c'aurait pu se passer autrement. Mais penser autrement aurait pu être compliqué. Aussi penser simplement est toujours plus facile.

Par exemple, 3 hommes. 1 femme.

Une femme par terre en train de se faire violer. 2 hommes attendant leur tour.

Le troisième sur elle.

Eux, comme à un arrêt d'autobus, attendaient. En fumant. Patiemment. Ils voulaient recommencer. Mais l'homme qui était sur elle était devenu encore plus fou, il était probablement déjà fou mais est devenu encore plus fou,  et avant que les autres puissent l'en empêcher lui avait planté un couteau à cran d'arrêt dans le coeur. Sans raison. Ou il avait une raison. Probablement une bonne raison. On ne plante pas un couteau dans le coeur d'une femme sans raison ni bonne raison. Ce qui déçu les autres. Non que la vie ou la santé ou l'état de son coeur ou la respiration de cette femme leur importait le moindrement. Leur ami les privait de leur amusement. Elle était encore vivante mais il y avait tout ce sang. Comme la dernière fois, dit d'un air de reproche un des amis.

Ou il aurait pu dire ça.

Quelqu'un qui arrivait, fumant sa dernière cigaratte du soir, aurait pu entendre des cris, des rires, de bonnes blagues. Et comprendre ce qui se passait et ce qu'il allait voir avant même de voir.

Tout était parfaitement logique.

Un des hommes pissait sur un mur en attendant. Puis se pissa dessus quand il vit le couteau et entendit le grand râle de la femme.

L'homme qui était sur la femme se releva et donna quelques coups de pieds dans ses côtes pour lui apprendre. Pour lui apprendre quoi? En ce moment, elle n'écoutait pas très bien.

C'aurait pu se passer comme ça.

L'homme qui fumait aurait pu voir les 3 hommes. Les 3 hommes auraient pu voir l'homme qui fumait.

Il était difficile d'expliquer d'une façon saine et compréhensible ce qui venait de se passer ici.

On aurait pu tout de même essayer.

Les 3 hommes virent que l'homme les avait  vu, peut-être pas tout vu mais vu assez. Il avait compris. Et l'homme qui arrivait a aussi compris ce que les 3 hommes avait fait et ce qu'ils avaient envie de lui faire puisqu'ils avaient abandonné l'alternative d'expliquer logiquement ce qui venait de se passer.

Les 3 hommes qui n'avaient pas de nom et auraient pu être des ouvriers, des sportifs des bandits ou autres professions libérales: veste de cuir, jeans. Comme pour aller à la chasse et ne pas craindre de se salir. Et si ça arrive, ne pas regretter de jeter les vêtements sales et endommagés.

La femme par terre était très bien vêtue, un habit de travail de femmes sérieuse dans une des boites sérieuses de la ville. Elle travaillait probablement tard et avait pris un raccourcis pour arriver chez elle plus vite. Pour économiser un taxi. Erreur.

Mais le sol d'asphalte était sale.

Il aurait pu y avoir des explications. Mais l'instinct de chasseur une fois réveillé est difficile à satisfaire. Peut-être sur une femme. Mais une fois qu'on a vu du sang, une fois qu'on a tué, il arrive qu'on ait envie de tuer plus. Rien de plus naturel.

On était en pleine nature. Mais en ville. Des millions d'années de programmation ne se modifient pas simplement.

Il aurait pu y avoir des rires.

Genre.

_ Voilà qui arrive qui?

_ Quelqu'un qui aurait mieux fait de rester chez-lui.

_ On y va!

C'aurait pu être comme ça. 3 contre un. 3 qui se précipite. Le sang dans les yeux. Le sang sur la poitrine de la femme. Qui imbibait sa chemise, son tailleur et coulait le long de sa poitrine vers l'asphalte. Le sang brillait un moment sur l'asphalte noir. Puis s'éteignait. Mais une nouvelle giclée de sang la faisait briller de nouveau. C'aurait pu être beau. Mais il vaut mieux que le sang reste dans le corps.

Le sang entre ses jambes. Elle était peut-être vierge. Mais difficile à dire.

Le sang sur le ventre d'un des hommes.

Ils auraient pu rire.

Comme il arrive, on peut imaginer, lorsque 3 hommes s'en prennent à un homme seul.

À part les rires, pas de mot.

Les 3 furent décontenancé un moment car le quatrième n'essayait pas de fuir ou de promettre quelque chose. Comme dire qu'il n'avait rien vu ce qui voulait dire qu'il avait tout vu, trop vu, ou bien assez. Ou qu'il ne parlerait pas. Tout en parlant. Ce qui voulait dire qu'il pouvait parler encore. À d'autres personnes.

Le dialogue était rompu avant même de commencer ce qui était décevant.

Ils n'avaient pas d'arme, sauf le couteau dans le coeur de la femme. Mais à 3 contre un qui a besoin d'arme?

L'homme qui arrivait, qui était là où il n'aurait pas dû être, était peut-être armé mais aucun des 3 ne pensa à ce détail.

S'il était armé, l'homme qui passait et arrivait et était là ne le montra pas.

Les 3 hommes se lancèrent ensemble.

Ils riaient beacoup.

Le premier d'entre eux, on ne sait comment, il ne le comprit pas lui-aussi fonça dans le mur de briques. Chaque brique s'imprima dans son visage.

Le deuxième homme eut le poignet brisé.

Le troisième eut l'épaule disloqué.

L'homme qui arrivait avait envie de les faire souffrir.

Ça s'était passé si vite.

L'homme au poignet cassé portait sa main invalide comme un objet en faisant des bruits.

L'homme au bras tombant faisait lui-aussi des bruits.

Et l'homme qui n'avait plus de visage était tombé à terre tout en respirant encore.

Ça s'était passé si vite.

Ensuite, l'homme qui arrivait et allait partir sortit un pistolet Sig Sauer et fit éclater chacune des 3 têtes d'une balle.

Il regarda ensuite la femme qui respirait toujours. Le couteau qui respirait avec elle. Se soulevait ou descendait selon les mouvements de sa cage thoracique.

Rien à faire.

L'homme, le seul homme vivant, fouilla la poche de la veste de cuir du mort le plus proche de ses pieds et trouva un téléphone cellulaire, un Blackberry. Appela le 911 disant qu'il avait vu. Vu quoi?

L'ambulance arrivait pendant que la téléphoniste essayait de le retenir pendant qu'on enregistrait l'appel pour qu'il donne plus de détail. Pendant qu'une autopatrouille arrivait.

Mais l'homme avait déjà jeté le téléphone sur le mort.

C'aurait pu se passer ainsi.

*

27 juillet 2012. État 1

Morts: 3