HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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5.7.12

163. HISTOIRE DE FANTÔME

Henry Dickson lit le journal destiné aux clients du café en prenant son cappucino. La mousse est particulièrement réussie.

Gros titre sur le journal qui tache
SUICIDE D'UNE ADOLESCENTE MALHEUREUSE.
Sous-titre:

LA JEUNE FILLE DE 15 ANS A LAISSÉ À SES PARENTS UNE LETTRE DE 3 PAGES DANS LAQUELLE ELLE RACONTE CE QU'ELLE A VÉCU.

Citation:

C'est la faute de la vie.
Des gens jaloux qui veulent gâcher notre bonheur.

Encadré avec extrait de la lettre de l'adolescente et de son journal personnel:

Citation:
Je me sens si seule.

Titré:
UN CRI DU COEUR
La mère de la jeune fille a accepté de parler aux médias, pour sensibiliser les gens à la violence et au harcèlement à l'école.
_ Je veux que le geste que ma fille a posé n'ait pas été fait pour rien, que ce soit un cri d'alerte pour tout le monde. Qu'on en retire du positif.

La mère de l'adolescente qui s'est enlevé la vie lundi parce qu'elle était victime de harcèlement espère que le geste de sa fille saura éveiller les consciences.
La jeune fille répétait souvent à ses parents qu'elle n'était plus capable de supporter les actes d'intimidation verbaux et physiques dont elle était victime.
_ Ma fille ne voulait plus aller à l'école. Et je l'en ai retirée préférant lui donner des cours à la maison mais la direction de l'école a menacé de me poursuivre et d'alerter la DPJ, la Direction de la Protection de la Jeunesse. La directrice de l'école a dit que les Services Sociaux allaient me retirer ma fille. Alors j'ai du forcer ma fille à retourner là-bas. La semaine suivante, elle était morte.
La mère de l'adolescente dit que les écoles ne sont pas outillées pour répondre aux besoins des jeunes victimes d'intimidation. Même si un dépliant vient d'être mis à la disposition des écoles par le ministère 
Très en colère, la mère affirme être intervenue plusieurs fois auprès de l'école pour dénoncer les actes dont sa fille était victime. Les appels à l'aide lancés aux intervenants de l'école n'ont pas donné non plus les résultats souhaités. Des jeunes ont été suspendus, mais le harcèlement et la violence n'ont jamais cessé. Et lorsqu'ils revenaient, ils se vengaient  contre sa fille qui les avait dénoncés.
 Maintenant, c'est au gouvernement que la mère éplorée lance son message.
_ Je n'en veux pas à la direction. J'en veux au système qui fait que les budgets ne sont pas là pour aider les enfants.

Titre

VOIR NOTRE SECTION SPÉCIALE:

LA MÈRE DE L'ADOLESCENTE SE CONFIE

SA CLASSE ET L'ÉCOLE SOUS LE CHOC

LA CLASSE POLITIQUE SOUS LE CHOC.
Photo de la jeune fille.
Le suicide de la jeune fille suscite émoi et réflexion
La vice-première ministre et ministre de l'Éducation, des loisirs et des sports comprend la problématique
Cette histoire a rebondi à l'Assemblée Nationale, mercredi, où plusieurs politiciens se sont dits bouleversés par la mort de l'adolescente.
En Chambre, la ministre s'est d'ailleurs dite indignée que des drames comme celui-ci soient encore possibles au Québec:
_ On sent que c'est inacceptable dans notre société. 

Selon elle, l'intervention auprès des agresseurs doit dépasser le cadre scolaire:
_ Il faut qu'il y ait des conséquences pour l'agresseur. Ça ne peut pas être juste de dire : Tu es exclu de l'école et tu t'en vas à la maison pendant 5 jours. Il y a un support à donner à l'agresseur. Il a besoin d'aide aussi. Son comportement violent et asocial est un appel à l'aide. Il faut augmenter son estime de soi et qu'il apprenne à la manifester son besoin d'aide et son besoin d'être reconnu de manière positive. Il faut aussi être capable de rejoindre les parents de cet enfant agresseur et leur permettre de se conscientiser. Il faut les aider dans leur cheminement. Et il faut qu'ils reconnaissent leur besoin d'aide.

Titre

80% DES ÉCOLES ONT ADHÉRÉES À UN PROGRAMME D'AIDE CONTRE L'INTIMIDATION

Le premier ministre: 

_ Il s'agit probablement d'un drame terrible et un possiblement un signe qu'on doit sans doute s'interroger comme société. Oui, il y a des questions à se poser.
La chef de l'opposition officielle a souligné que le gouvernement devait revoir la coordination de ses actions afin d'améliorer la prévention en matière de violence, de harcèlement, de sexisme à l'école.

Citation:
_ Ça tire les larmes, on pense toujours à nos enfants. 

Durant la période des questions à l'Assemblée nationale, l’opposition est revenu sur la question en dénonçant les nombreuses failles dans le système de prévention. Reprochant notamment au gouvernement d'avoir mis en place un plan d'action pour lutter contre l'intimidation scolaire qui ne serait qu'une coquille vide. Et on manque de dépliants explicatiifs.

La mairesse de la municipalité où s'est produit le drame, si elle se joint de tout coeur aux parents dans leur deuil, reproche aux médias d'envenimer l'affaire et qu'il serait maintenant préférable de se recueillir dans le deuil communautaire. Autrement, tout ceci serait nuisible au tourisme, au développement des sa municipalité, aux investisseurs et créateurs d'emplois et aux acheteurs de maison qui pourraient penser que le village n'est pas sécuritaire.
La direction de l'école affirme que toute l'école est ébranlée.

Titre

TOUTE L'ÉCOLE EST ÉBRANLÉE

La directrice:

_ Cet acte est inacceptable et incompréhensible. Une enquête administrative sera effectuée auprès du corps enseignant en collaboration avec le syndicat. Tout le personnel sera mis à contribution. Un comité étudiera la question et proposera des pistes de réflexions et des amorces de pistes de solution: Y avait-il moyen de déceler qu'un tel drame couvait dans l'école? Quels ont été les signes annonciateurs ou est-ce un éclair inattendu et imprévisible sous un ciel bleu sans nuage? Une révision sera effectuée dans le code de vie remis à tous les élèves au début de l'année scolaire pour la cohorte de l'année prochaine. Un chapitre sera ajouté déconseillant l'intimidation. Et un dépliant explicatif sera remis à chaque élève.

Le conseil d'établissement qui réunit des représentants des parents et des professeurs étudie l'installation d'une boite bleue qui serait ajouté au mur du corridor permettant aux élèves de partager leur vécu anonymement. Il y aurait à côté des fiches où on pourra cocher que tout va bien ou donner les noms des élèves avec qui on a de la difficulté. Il y aura un petit soleil souriant pour les plus jeunes.

L'école compte environ 1000 élèves et un sondage sera effectué auprès des élèves. 

Un pédo-psychiâtre devait la rencontrer pour procéder à une évaluation sur son potentiel de violence. Malheureusement, elle s'est tuée avant. Ce qui empêchera malheureusement toute forme de traitement.

Le pédo-psychiâtre:

_ Elle seule disait qu'il y avait un problème dans cette école modèle. Cette propension à penser être la seule personne raisonnable au milieu de tous les autres tenait du délire de persécution. Tendance à la victimisation, comportement névrotique masochiste/agressif. Dénoncer les autres, les rendre responsable de son comportement délinquant et à ne pas se rendre compte que l'on fait aussi parti du problème au lieu d'apporter des solutions. Tout ceci devait être étudiée la semaine prochaine.

QUELQUES TÉMOIGNAGNES:

_ Il est aberrant que l'école milieu de vie, d'apprentissage de connaissance et de compétence et de la vie sociale en vue de l'épanouissement personnel devienne un lieu où on meurt. Seule comme un chien.

Autre témoignage:

_ Elle ne voulait pas mourir seulement cesser de souffrir. Et elle a choisi la fuite dans la mort.

Une cellule de crise a été déployée à l'École numéro 312 que fréquentait la jeune fille. Des psychologues ont rencontré les élèves de la classe de la jeune fille, ses camarades, et ensuite tous les élèves de l'école pour leur permettre de s'exprimer, d'extérioriser leurs émotions, de ventiler leur vécu. Ce fut très émouvant. Tout le monde l'aimait.

Des intervenants ont proposé un atelier sur le bonheur et le dialogue.

La classe d'art plastique sera consacré à l'extériorisation du vécu. Les élèves pourront dessiner ce qu'ils ressentent.

Dans la classe de français, on proposera d'écrire des poèmes sur son ressenti face à ce drame.

La classe de science religieuse aura pour thème le désespoir et l'amour de Dieu.
Dans un point de presse donné en après-midi, la direction de la Commission Scolaire a expliqué qu'elle avait mis en place un programme pour étudier la problématique du suicide et des ateliers de consciencisation pour contrer l'intimidation à la demande du ministère de l'Éducation du Loisir et des Sports. On préparait un dépliant.
Le directeur général de la Commission Scolaire affirme qu'une enquête sera menée à l'intérieur de l'école pour comprendre ce qui s'est passé et apporter les correctifs nécessaires. Et on demande un budget supplémentaire au ministère.
_ On cherche toujours les causes et les coupables. La  responsabilité est partagée. C'est dans ce sens-là qu'il faut se regarder, regarder individuellement, personnellement, les interventions que l'on peut faire. Et nous avons déjà un programme de sensibilisation destinée aux écoles avec des dépliants, des autocollants. 

Ce conseil a été formulé par un sergent, porte-parole de la Sûreté du Québec:

_ Il faut favoriser la communication avec les enfants. Se questionner en cas de changement de comportement. Encourager les parents à découvrir ce qui se passe au moindre soupçon, et à dénoncer les comportements pour que les choses avancent.
Le site Internet de la Sûreté du Québec héberge une section dédiée aux conseils pour prévenir le taxage et les intimidations. Et on peut télécharger un dépliant.
Sous-titre.

COMMENT LUTTER CONTRE L'INTIMIDATION À L'ÉCOLE: VOTRE AVIS
On peut cliquer pour participer au sondage en ligne

Le porte-parole de la direction de la Commission Scolaire:
_ La Commission Scolaire toujours soucieuse de la satisfaction de ses membres, souhaite s'assurer de la qualité des services offerts au sein de son institution. C'est pourquoi un court sondage téléphonique sera réalisé dans quelques mois auprès de certains membres sélectionnés au hasard.
Vendredi midi, l'équipe Internet de notre journal vous invite à participer à un clavargade en direct sur les moyens de lutter contre l'intimidation à l'école. Le directeur des services cliniques en français de l'organisme Jeunesse on T'écoute, tentera de répondre à vos questions.
Le CSSS, Centre de Santé et de Services Sociaux, est sur un pied d'alerte et a dépêché des intervenants, psychologues et travailleurs sociaux pour soutenir le personnel et les élèves de l'école où est survenu l'incident, depuis mardi. Et distrubuera des dépliants.
Des élèves de la polyvalente ont raconté que la jeune fille était fréquemment la cible d'intimidation physique et verbale de la part d'autres jeunes de l'école. Des garçons et des filles. Et certains professeurs la traitaient rudement. C'était celle qui se faisait le plus punir et harceler dit un élève. Les sentiments des jeunes qui acceptent de parler vont de la tristesse à la colère.

Titre

LES SENTIMENTS DES JEUNES VONT DE LA TRISTESSE À LA COLÈRE

TOUTE L'ÉCOLE EST ÉBRANLÉE

D'autres élèves ont dit ne pas comprendre ce qui était arrivé. Ils n'avaient rien remarqué de particulier. Tous l'aimaient.

Titre:

TOUS L'AIMAIENT

CE DRAME EST INCOMPRÉHENSIBLE

Certains élèves disent qu'elle était solitaire et ne parlait à personne.
Sous-titre.

UNE JEUNE FILLE SOLITAIRE S'ENLÈVE LA VIE

INTIMIDATION À L'ÉCOLE: LE DOUBLE TRANCHANT DES RÉSEAUX SOCIAUX.

LES DANGER D'INTERNET

Une page Facebook, qui a été créée en mémoire de l'étudiante, fait aussi état d'histoires d'intimidation.
Sur une autre page qui montre plusieurs photos d'elles, on la traite de maudite vache et de putain. Et lui dit de crever. Bon débarras! Des adolescentes écrivent qu'elles sont bien contentes qu'elles soient mortes. L'une d'elle donnt un lien avec YouTube où elle fait une chanson amusante sur ce suicide. Une photo la montre pendue dans l'armoire sous l'escalier du sous-sol comme l'a retrouvée le concierge de l'école.
Les lignes du Service d'Écoute réservée aux jeunes ont été ouvertes aux élèves de l'école  particulièrement touchés par cet incident.

Et le psychologue de l'école avec le professeur d'art plastique feront dessiner les élèves sur une feuille 8 1/2 x 11, de façon à exprimer leur vécu et leur sentiments. Avec des crayons de couleurs. Ou des crayons de cire Crayola pour les plus jeunes. Les plus vieux pourront se servir d'aquarelle. Ou faire des sculptures en papier mâché.
La directrice générale du service d'écoute rappelle que le problème du harcèlement est un problème qui concerne aussi les adultes:
_ Plus ils sont conscients, concertés, plus qu'eux disent non à ce phénomène d'intimidation, qu'ils interviennent rapidement, qu'ils confrontent les jeunes qui intimident, plus qu'on a des chances de succès

Titre

L'IMPORTANCE DE LA CONCERTATION
Tous rappellent l'importance de se concerter pour éliminer le problème de l'intimidation.
Des témoignages particulièrement touchants ont été écris sur les feuilles et les bannières de tissus blanc accrochés à la clôtude de métal Frost surmontés de barbelés ceinturant la cours d'asphalte de l'établissement scolaire. Des lampions blancs ont été allumés. Des ballons blancs ont été lancés. Un livre de signature a  été déposé sur le gazon afin que ses amis lui lancent un dernier message d'amour.
La Sûreté du Québec a confirmé que les policiers assisteraient le coroner dans cette enquête.
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5. 17 juillet 2012. État 3
Mort. 1