HISTOIRES DE FANTÔMES

__________________________________________________________________________________________________

HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

___________________________________________________________________________________________________

18.5.12

87. UNE JEUNE FEMME QUI VA MOURIR VIENT DE PERDRE SA PERRUCHE

Henry Dickson

Regardait les gargouilles sur le toit d'un vieil édifice de pierre. Comme si elles le surveillaient. Il leur dit bonjour. Elles ne répondirent pas.

IL

ELLE

Il sentit quelque chose de mou et d'onctueux frapper sa poitrine et découvrit, plus bas, une jeune femme désolée. Un peu distraite, elle ne regardait pas où elle avait et avait buté contre lui.

Il s'excusa. Elle s'excusa. Ils s'excusèrent.

Ses seins qui avaient servi de pare-chocs évitant un terrible accident était juste du format qu'il fallait.

Et, situé plus haut, il avait une vue, on dirait «imprenable», dans les prospectus touristiques sur la jolie fente courbe et ronde prolongeant son décolleté et invitant à la découverte de paysage nouveau. Sa peau d'une finesse absolue était le plus proche de la perfection qui puisse être atteinte en ce monde. Et il n'y avait pas de mots pour décrire la finesse de celle de ses seins. Dont il ne pouvait voir que ce qu'elle avait permis de voir ne pouvant que deviner le reste et en rêver.

Elle lui sourit. Magnifique sourire.

Sa mère lui avait répété souvent qu'une jeune fille et une jeune femme doit sourire. Et que sourire vous ouvre toutes les portes de la vie. Ce qui prouve que sa  mère était vraiment naïve mais très gentille. Comme sa fille.

Elle sourit encore. «Sourire désarmant» aurait-on dit autrefois.

Personne n'était mort, ni n'avait vu sa vie ou son intégrité physique menacée. Les jolies seins tout juste comme il faut ayant amortie le choc terrible d'une jeune femme distraite percutant un homme distrait.

Elle se recula, désolée, contrite, gênée et repartit. En parlant toute seule.

Monsieur Dickson observa un moment ses fesses qu'elle avait rebondies juste comme il fallait. Et sa taille fine les mettait en valeur. Ou l'inverse. Voir une jolie femme vous met en joie pour la journée.

Il regretta de ne pas avoir eu le temps de regarder son visage étant un peu distrait et l'esprit ailleurs.

Ensuite, il recommença à observer les gargouilles de pierres grises érodées par le temps et les orages, se demandant quel sculpteur de gargouilles et de monstres de conte de fée les avait fait. Et si on pouvait les voir de plus près.

Avant de partir, il avait trouvé un de ces monstres de pierre enterré dans sa cave lorsque l'idée stupide lui avait pris d'envisager d'y faire couler un plancher de béton. La femme de ménage qui venait de mourir lui avait pourtant dit de ne jamais creuser là sans préciser la raison. Lorsqu'il lui avait parlé de son projet de bétonnage. Les choses sont bien comme elles sont et personne n'a envie qu'elles changent. Phrases sybillines sous forme d'avertissement ou de menace? Menace? Non. Prémonition? Encore une fois, elle avait dit que si elle pouvait parler, elle en aurait des choses à dire. Maintenant, il était trop tard, le Dieu Cancer l'ayant emporté dans son domaine monstrueux. Et elle ne pourrait jamais plus parler.

Il avait eu le temps d'observer les finesses des traits de son monstre personnel mais était trop loin pour les comparer à ceux d'en haut. Même sculpteur?

La jeune femme continuait son chemin. Perdue dans ses pensées.

Triste.

Elle venait de perdre sa perruche.

Un cokatiel ou perruche calopsitte pour être précis. Une brave perruche. Appelée perruche par toute la famille. Et dénommée New York par sa mère qui s'entêtait à la faire parler. Mais pas suffisamment. Quoique ces oiseaux peuvent imiter la voix, celui-là n'en avait pas envie.

Attachante, enjouée, affectueuse, sa soeur ou son frère.

Après 30 ans de bons et loyaux services, comme on dit des employés et collaborateurs fidèles, la perruche était morte.

Un matin, elle l'avait trouvée morte au fond de sa cage, toute recroquevillée.

À ce moment, elle était seule pour la pleurer. C'était l'amie de la famille. Le seul souvenir qui lui restait de cette famille puisque son père et sa mère était disparue. 10 ans depuis.

Intelligente, têtue, aimant la compagnie. Elle n'avait que de bons souvenirs de son oiseau familial. Oiseau communautaire.

Ne pouvant se résoudre à la jeter aux ordures, elle lui avait fait une petite tombe avec une boite vide de pâtisserie et l'avait enterrée derrière le cabanon ajoutant de vieilles briques sur sa tombe pour éviter que les chats ou les chiens ne la déterre.

On s'attache aux perruches comme au gens. Et il y a des animaux qui sont plus sympathiques que les humains qui ne devraient même pas porter ce nom alors qu'utiliser le mot «animal» ne fait que rabaisser à un ordre inférieur l'équivalent d'un frère ou d'une soeur. Ou, au moins d'un cousin.

Et c'était le dernier lien qui la liait encore avec ses parents. En plus de l'immeuble à logements. Une idée de son père. Comme il voulait qu'elle soit libre de faire ce qui lui plaisait et dégradant le fait d'obéir aux ordres d'un patron et de consacrer sa vie à l'enrichissement de celui-ci n'obtenant en retour que le minimum obligatoire en plus du plus parfait mépris, il lui avait offert un immeuble.

Il aurait pu lui donner sa valeur mais la trouvait bien jeune pour disposer à sa guise d'autant d'$. Bien sûr, elle aurait pu aller contre sa volonté et le mettre en vente. Elle ne cessait de recevoir des offres et, plus le temps passait, plus sa valeur augmentait. Plusieurs fois le coût de l'achat. Elle aurait pu aller contre sa volonté puisque aucune clause testementaire ne l'obligeait à quoique ce soit. L'immeuble était bien à elle. Elle aurait alors disposé de quelques millions sans les soucis que lui causaient tous ses locataires.

Mais en échange, elle aurait obtenu un plus grand soucis encore: tout cet $. Quoi en faire? Alors qu'il y a tous ces pauvres. Dépenser quoique ce soit aurait été une torture. Et penser que cet $ travaillait jour et nuit à la banque et faisait des intérêts composés pendant qu'elle dormait alors qu'il y a tant de gens qui travaillent de leur main pour à peine arriver à bouffer, l'aurait rendu malade.

Quelqu'un qui s'était retrouvé dans cette situation à la mort de ses propres parents lui avait dit qu'elle ne connaissait pas sa chance. Être libre de sa vie à 20 ans comme les anciens aristocrates alors que tous les autres doivent travailler pour vivre. Et que même ceux qui en auraient les moyens se croient tenus par une sorte de perversion religieuse de continuer à accumuler de l'$.

Un autre avait tout donné. Il n'avait besoin de rien.

Reculant devant le pont à sauter, elle conservait son immeuble. Son père, avec raison, avait prévu que ça l'occuperait et lui éviterait de trop penser. Elle avait un logement au sous-sol dans l'endroit le moins populaire. Et les loyers de tous ses locataires contribuaient à payer son logement.

Elle ne voulait pas qu'ils aient l'impression qu'elle les exploite d'où parfois l'autre impression que c'est elle qui se faisait parfois exploiter par eux.

Pour ne pas être à la merci des corporations des électriciens, plombiers, menuisiers, plâtriers dont les tarifs ruineux mineraient ses profits, il lui avait fait suivre un cours de concierge. Vu qu'elle n'avait aucune envie de faire quoique ce soit, aussi bien apprendre des choses utiles. Et savoir comment réparer les tuyaux, les prises électriques, les cuisinières, les frigos, les hottes de poèle, tenir un marteau, visser une vis, planter un clou, changer une tuile de céramique de la douche, déboucher un évier, boucher un trou dans le plâtre des murs, repeindre un logement après le départ des locataires, compter ses sous, ect. l'occupait sans qu'elle dépende de personne.

Elle qui se jugeait paresseuse n'arrêtait pas. Il lui fallait se procurer suffisamment de piles pour changer celles de tous les détecteurs de fumée. Et il y avait une vente à la quincaillerie. Boite de 20.

Et comme elle travaillait beaucoup, elle avait moins l'impression de ne pas mériter l'$ qui lui parvenait tous les mois. Comme il y avait toujours quelque chose de brisé quelque part ou toujours un de ses locataires ayant besoin d'une aide quelconque, elle travaillait pour son immeuble comme s'il était son patron et la payait en retour.

Et quand elle se couchait dans son petit logement (à côté des armoires des locataires, réservés à leurs gros objets type vélo, glacière de camping) elle avait moins l'impression de ne pas mériter de vivre.

Ou de se sentir seule sur terre.

Apprendre à ne rien faire n'est pas si simple que l'on croit. Depuis toujours, elle se tenait en forme et avait décidé de continuer systématiquement tous les jours de l'année. 2 heures d'exercice par jour, ce qui était au moins 2 heures d'utilisées parmi toutes celles disponibles de la journée. Car il lui restait malgré tout du temps libre puisque tout ne brisait pas tout le temps et que les locataires ne mettait pas tout le temps le feu à leur appartement en méditant à la chandelle. Et s'était aménagé un petit gymnase privé à côté de son logement. Un cube Zen. Là où il y avait la vieille fournaise à charbon que l'on avait débitée en morceaux pour l'extraire (les portes qui avaient permis de l'introduire ayant été recouverte de nouveaux murs lors des rénovations précédentes et il était donc impossible de la faire sortir intacte.)

Et le soir, elle pleurait en attendant de dormir se sentant la femme la plus seule de la terre. Comme lui disait une vieille tante qui la gardait et la giflait lorsqu'elle pleurait: tu auras au moins une bonne raison de pleurer! Et, il est vrai, qu'un enfant qui pleure dort plus rapidement qu'un autre. Quoique les expériences comparatives n'aient pas été faites avec le sérieux qui convient, l'expérience étant illégale. Comme elle giflait aussi ses autres enfants, y compris son grand fils de 20 ans, elle était aussi mal lotie que les autres. Le malheur étant la chose gratuite la plus disponible et la mieux partageable.

LUI

Il en avait assez.

Il fallait que quelqu'un paye.

Il avait encore son marteau à la main. La tête de fer du marteau Eastwing (tout métal du manche à la tête, inusable) couverte de sang, de peau, de cuir chevelu et de cheveux.

Et de cerveau.

Il venait de défoncer le crâne de sa femme et de ses enfants.

Il en avait le droit.

Ses enfants étaient à LUI et ELLE voulait les lui prendre. Sous prétexte qu'il était un mauvais père.

La chienne!

Toutes les femmes sont des salopes. Et il venaient de donner un coups de marteau dans la bouche de la femme qui l'avait regardé de travers. Il avait les vêtements couvert du sang et de la cervelle de sa femme et de ses enfants ce qui lui donnait un air répugnant.

La femme s'étaient retrouvé avec un immense cratère rouge à la place de ses dents et une immense plainte mêlée de gargouillis émergeait de cette caverne sanglante. Et il l'avait achevée en lui faisant aussi exploser le crâne comme à toutes les autres.

Toutes des chiennes.

S'il pouvait les tuer toutes.

IL était un DIEU furieux muni d'un marteau. Comme le THOR de la bande dessinée. Il allait rétablir la vérité. Rééquilibrer la balance du bien et du mal.

Une femme attendait toute seule l'autobus.

Il la frappa derrière la tête et le marteau entra jusqu'au manche. En tombant, elle faillit lui arracher son outil des mains. Et il dut lorsqu'elle était au sol, s'aider des ses pieds et de toute la force de ses mains pour l'extraire de cette tête.

Elle mourut sur le cou sans même savoir ce qui lui arrivait.

Une de moins.

Combien en avait-il tué?

Pas assez.

Évidamment!

Il ne pouvait pas toutes les tuer mais il en tuerait autant que possible. Il avait un message à porter au monde. Le règne de la FEMME était terminée. Elle serait de nouveau soumise ou elle mourrait.

Il était fier de lui. Exalté. Un disciple de la vraie foi apportant la bonne parole au bout de son marteau.

Une femme le dévisageait (elles ont toutes les même air stupide qui vous donne l'envie de les tuer toutes) lorsqu'il arrivait vers elle et elle n'eut que le temps de protéger son visage qu'il voulait enfoncer en le protégeant de son avant bras qui cassa net et sec au contact de l'outil bienfaisant et sacré.

Elle hurla de douleur ce qui le fit fuir.

Pourquoi devrait-il fuir? C'est lui qui était dans son droit. Il ne faisait que rétablir le droit des hommes, une femme à la fois.

Et chaque fois que sa loi divine s'appliquait, un bruit sourd comme un bouchon de champagne qui saute se formait. Lorsque le marteau frappait le crâne. POF! Ou quelque chose du genre.

Il aimait ce bruit.

Une à une, il les tuerait toutes.

C'est alors qu'il vit la jeune femme qui avait acheté un livre sur les perruches. Et le lisant. Se demandant si elle devait cette fois se procurer des Inséparables. N'était-ce pas tourner les couteau dans la plaie vu qu'elle était toute seule et qu'eux se bécoterait toute la journée.

Un autre Cockatiel?

L'autre, son presque frère ou fils, avait été si bien que la comparaison paraîtrait peut-être difficile. Et il fallait aussi tenir compte de la vie de ce petit être. 30 ans. Un bail. Une hypothèque. Mais les perroquets comme les Ara vivent 70 ans. Les tortues plus de 100 ans. Un chat 12 ans. Une gros chien,  6 ans. Plus ils sont gros moins ils vivent.

Ou il était temps qu'elle se trouve un chum.

Mais elle trouvait tous les hommes idiots comparé à son père.

Était-elle lesbienne?

Fallait-elle qu'elle explore cette possibilité?

Toutes sortes de questions compliquées pour une femme qui allait mourir dans un moment le crâne défoncé par un merveilleux marteau, chef d'oeuvre de l'ingénierie moderne.

ELLE

Elle le vit.

LUI

Il l'avait vu depuis un moment. Ils étaient seuls. Il arrivait en hurlant marteau levé.

ELLE

Elle figea.

Son esprit devint absent.

Ailleurs.

Regarda le ciel.

Il faisait une vraie belle journée. La mort était belle. Enviable. Souriante.

Elle était détendue. Comme des milliers d'autres avant elle.

Souple. Soumise. Souriante.

Mais attentive.

Docile.

Le vent caressait ses cheveux.

La mort dansait.

LUI

L'homme arrivait sur elle, rouge de rage. Les yeux exorbités. Fous. Obscène.

Son bras et son marteau effleurèrent son bras et sa main qui l'accompagna dans son mouvement. Fidèle. Unis ensemble. Comme faisant parti de l'attraction du même astre.

Son père qui lui disait sans cesse de ne pas penser. De laisser son corps la guider. Lui seul saurait quoi faire à ce moment. Pour cela, il fallait répéter. Ce n'est que 100 000 fois plus tard que les connections neuronales seraient refaites.

L'artisan pâtissier qui fait ses chef-d'oeuvre en sucre filé doit manipuler son poids en sucre avant de commencer à maîtriser son art. Il faut 15 ans. Comme il faut 15 ans pour parvenir à graver un timbre. Ou callygraphier un texte.

Emporté par son mouvement, l'homme se précipita lui-même à terre.

Le choc avec l'asphalte devenue son ennemie fut dur, très dur. Il avait plongé en pleine face emporté par son marteau.

Il se releva péniblement. Boitait.

Et revint à la charge.

Cette fois, son bras se déplia sans qu'il le veuille et il fonça dans le mur derrière elle. Le mur était devenu son ennemi. Les briques entrèrent dans son visage. Chaque brique s'imprimant dans sa peau.

Et la main tenant le marteau, entre marteau et brique fut brisée.

Qu'est-ce qui se passait?

Un homme normal, prudent, se serait dit que quelque chose se passait et qu'il valait mieux après 2 tentatives ratées de laisser faire.

Mais cette petite salople le défiait. Elle ne le regardait même pas. Contemplant sa propre main dont la douceur de la peau et la finesse des doigts avaient de la fasciner.

Une lesbienne!

Les pires. Celles qui se lèchent entre elles.

Cette fois, il n'allait pas se laisser faire. Il ne fonça plus. Avançant comme une scie. Donnant de grands coups de marteau à droite et à gauche. Imparable. Toute personne vivante entrant dans ce cyclone mourrait. Tout membre de ce corps serait brisé.

Comme sa main droite ne fonctionnait plus, il avait changé de main pour tenir le marteau. Aucune importance. La gauche était moins forte que la droite mais suffisamment forte avec un marteau au bout pour anéantir toutes les saloperies de chiennes d'ordures de lesbiennes qui pervertissent la jeunesse.

Le vent sifflait.

À chaque mouvement de faux qu'il faisait, le marteau devenait un appareil musical qui laissait entendre une bruit sournois.

Elle reculait. L'observant comme un animal étrange. Ne lui voulant aucun mal. Lui et elle faisant parti de la nature bienveillante.

Elle avait reculé jusqu'au mur et ne pouvait aller plus loin. Le mur était son ami. Comme l'asphalte sous ses petites chaussures noires. L'air était son ami. L'air dans ses cheveux. Le son du marteau dans son air était son ami.

Elle regarda d'un air apaisé l'homme furieux qui allait mourir.

Elle ne pouvait aller plus loin, le marteau passa devant son visage et elle admira la perfection de sa forme. Il lui en faudrait un comme ça. Tout ce qu'elle avait était le vieux marteau de son oncle. Sa tête de fer ne tenait plus dans le manche de bois sec et s'était envolé la dernière fois ce qui avait bien fait rire le frère de son oncle.

La tête du marteau effleura son visage, puis le mache, ensuite le poing. Et vint le poignet qu'elle fit tourner. Arriva le coude qui se plia dans le mauvais sens. Le coude ne peut plier ainsi sans se rompre. Et le coude se rompit. Puis vint l'épaule. L'épaule aussi ne peut aller que dans un certain sens beaucoup d'autres lui étant interdit. Le corps prenant obligatoirement des poses obscènes lorsqu'il doit se soumettre à son épaule.

L'homme était d'une façon lié à son épaule, à son coude et à son poignet. Comme s'il se défaisait.

Le cou de l'homme peut se déplacer dans certains sens et pas d'autres. Les vertèbres limitant les variations possibles.

La colonne vertébrale est composée de 24 vertèbres. Et le cou de 7 vertèbres cervicales. Soutenant le crâne et le reliant au reste du corps.

Une de ces vertèbre se brisa.

Comme on mange un biscuit sec.

Snap!

Et il tomba.

Mourut dans les secondes qui suivirent.

ELLE

Elle l'observa mourir.

C'était la première fois qu'elle voyait un être vivant mourir. C'était la seconde fois qu'elle voyait un être vivant mort. Elle pensa à sa perruche.

Le damné avait retrouvé la paix.

C'était la première fois qu'elle tuait quelqu'un. Son père l'avait prévenu des tas de fois que ce ne serait pas agréable. Mais elle aurait toujours le choix d'être une victime et de mourir. Mais ce serait elle qui déciderait. Et personne ne le ferait jamais à sa place.

Mais elle avait aussi l'impression de ne pas avoir décidé grand chose. Son corps et ses membres ayant pris la relève de son esprit dès que le danger se précisa. Étant plus rapide que toute les réflexions qu'ele pourrait se faire.

Chaque mouvement répété avec son père. Et continuellement répété depuis qu'elle était seule dans son petit dojo personnel devant la grande photo de son maître Morihei Ueshba, ce grand poète du vide.

Et les mouvements de l'homme avait été complémentaires aux siens. Prévisibles. Elle ne faisait que les précéder, les suivre, les accompagner. Comme des pièces s'emboitant les unes dans les autres.

100 000 fois.

Et le mouvement se pense lui-même.

Faisant parti du jeu et de la danse de l'univers. Tirant leur force de la terre, de l'air.

Finalement, elle préférait être vivante.

Oui, elle préférait vivre. Même si ce n'était pas vraiment elle qui avait choisi.

Elle était un jouet. Lui était un jouet. Et son marteau sale était un jouet. Il pensait le maîtriser. Transformant un merveilleux outil en instrument de destruction. Il ne savait pas ce qu'il faisait. Était un élément de désordre et d'inesthétique dans cette belle journée. L'ordre du monde s'était rétabli. Il aurait été rétabli de toute façon. Puisque le désordre ne saurait durer et provoque inévitablement sa propre destruction. Son énergie cahotique ne faisant que retrouver les grands cercles.

Elle soupira.

Tuer est une terrible responsabilité.

Et il fallait qu'elle ramène les batteries pour les détecteurs de fumée. Il valait mieux qu'elle fasse cette dépense au lieu d'attendre que tous les locataires le fasse. Certains étaient si disraits. Elle avait parfois l'impression d'être la mère d'une grande famille un peu dysfonctionnelle.

Quand elle revint chez elle, elle fut contente de voir que son immeuble n'était pas en feu. Elle se dit que, dorénavant, elle serait plus optimiste.

*

MORT: 1

Identité et particularité de la victime: Perruche


Sexe de la victime: Inconnu ou non spécifié


Cause de la mort: Naturelle. Vieilissement organique et cessation graduelles des activités vitales.

MORT: 1

Identié de la victime: Inconnu


Sexe: Masculin


Cause de la mort: Rupture des vertèbres cervicales entraînant la déchirure de la moelle épinière.

Note: Bon débarras!

Identité de l'assassin: Inconnue

Âge de l'assassin: 25 ans

MORT: 4

Sexe des victimes: Féminin 2. Masculin 2
                 

Cause de la mort: Fractures mutiples du crâne provoquées par un instrument contondant (écrase, défonce mais ne coupe pas ni ne perce) probablement un marteau

*

18. 20 mai 2012. État 2