HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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15.5.12

84. MONSIEUR DICKSON VISITE LE ZOO

Henry Dickson

Descend de la porte pliante de l'autobus.

Les 2 pieds dans l'eau.

Le vaste monde devant lui. Tous les possibles.


Arrive en ville

Enfin

Arriver dans un trou.

Pas le même que la dernière fois au cas où on s'habituerait. Toujours laisser la victime désemparée.

Le soir, c'est encore mieux.

L'autobus démarre.
Comment sortir du trou?
Sort du trou.

Décide!

Droit devant

Avancer

Marcher.

Ne pas courir pour attirer l'attention. Heureusement pour lui monsieur Dickson ne peut plus courir.

Et il s'en fout!

Mais tout en marchant, il se demande ce que ferait quelqu'un qui aurait des raisons de vivre. Ou une petite madame avec sa valise à roulettes, son sac à dos, son sac à main et ses petites chaussures?

Robes colorées comme une perruche.

Mais il est seul
Recherche taxi.

Ouhhouuh! Taxiiiii!

Il n'y a pas de taxi, il n'y a rien ici sauf dans le fond des gens qui parlent et fument
Quelque chose dans la manière de se tenir, de se grouper, de regarder. Quelque chose qui dit: LOUCHE!

Mais qui viennent de le voir. Et qui tous le regardent.

Regardant à gauche et à droite quelques-un des individus louches observent si celui qui vient vers eux est seul.

Loin.
Semblent se multiplier.

Loin. Mais pas assez.

Ne pas les regarder dans les yeux, les animaux détestent ça. Et les mâles dominants du troupeau y voient une provocation. Bon temps pour les mouflons, les orignaux, les boeufs musqués de se taper à coups de têtes et de cornes. Évitez le conteact visuel. Ne pas baisser la tête ou regarder par terre non plus ce qui est un signe de soumission. En montrant son cou, on démontre qu'on est inoffensif, certainement pas un mâle dominant, n'a rien à cacher, ne veut de mal à personne, qu'on ne saurait pas comment de toute façon et qu'on pourrait vous briser le cou ou vous égorger si on voulait et qu'on les laissserait faire. On est sans défense. Vous voyez, vous pouvez nous égorger. Difficile d'être plus soumis que ça! Quel meilleur signe de bonne foi? Mais comme je reconnais que vous êtes le plus fort et que je n'ai aucune intention de réclamer votre place et vos femelles, vous ne me ferez rien. Hein! Je me tiens dans le coin et je broute un peu. Pas trop. Ça ne vous dérange pas? Vous ne saurez même pas que je suis là! Vous pouvez piétiner mon herbe si vous voulez.

Ce qui fonctionne avec les animaux normaux obtient l'effet inverse chez les animaux des villes. Sans défense, quelle aubaine. Trop lâche pour se battre. Pire qu'une femme! Je ne sais pas ce qui me prend, j'ai tout à coup envie de cogner. Quelqu'un. Un touriste. On va casser une gueule pour se mettre en forme, goûter un peu de sang, lui faire les poches. Rien de mieux qu'un bon petit déjeuner nourrissant pour commencer la journée!

À 10 contre 1 c'est mieux.

Si c'est une femme, c'est encore mieux.

Ne pas marcher directement vers eux. Ne pas regarder droit devant comme si on voulait les affronter. Ne pas regarder droit devant et au-dessus d'eux comme si on était supérieur.

Ne pas faire semblant de ne pas les voir en regardant de côté comme on fait pour les mandiants, signe qui pourrait être interprété comme que ce qui est autour (eux) ne vaudrait pas la peine d'être considéré. Moins que rien.

Nuances subtiles.

Les Iniuts ont 20 noms pour la neige. Et les Japonais 20 nuances différentes de blanc. Invisibles pour les Occidentaux.

Va

Droit vers eux puisque la sortie est là.

On avait vraiment bien choisi l'endroit. Asphalte sombre, corrodée, fissurée, détruite, sale, eau sale de la dernière pluie, brillante sous la lune. Lune ronde. Froide. Indifférente. Lune des fous. La terre est si gorgée d'eau là où il n'y a plus d'asphalte qu'elle ne peut plus boire. Déborde et s'étend. Grosse flaque sale. Sur la terre et dans l'asphalte cabossée. Miroir de la lune encore.

Terrain découvert.

Dans ce genre de situation, les petits herbivores ont l'instinct de se cacher, de se creuser un terrier. Ou de tourner en rond pour perdre leurs poursuivants tout en revenant à leur point de départ afin de ne pas les amener à leur cachette.
Si quelqu'un a tendance à se sentir insécure, persécuté, à l'impression d'être suivi. Observé. Épié. Que quelqu'un quelque part lui veut du mal. Qu'une puissance maléfique.

Souvent.

Il n'a peut-être pas tout le temps tort

L'endroit idéal.
Début du zoo

Quartier des primates

À chaque voyage, il y en a plus.

Avec l'immigration, il y en a maintenant de toutes les couleurs.

Et ils s'attroupaient en bandes en attendant.
En attendant quoi?
Que la police les repère.

Alors que monsieur Dickson se dirigeait vers eux, ils lèvent la tête d'un seul mouvement pour regarder derrière lui.
Voiture de police.
Il n'avait pas été le seul à les voir.
Qui fait du profilage racial et social comme le bourgeois gentilhomme faisait de la prose sans le savoir; ce qui permet aux mêmes policiers de dire tout étonnés des accusations qu'on leur fait qu'ils ne font pas délit de sale gueule ou de pauvre nègre. Ou de pauvre tout court. C'est tout naturel, ça vient tout seul. C'est un don!
Ne pouvait pas dire la vérité: on contrôle la population des pauvres, et les pauvres individuellement, un à un. On les surveille. Comme les spécialistes font pour les souris des maisons et autres pestes. On soustrait. Afin d'éviter que la population n'augmente sans cesse. Même s'ils ne pourront jamais l'éradiquer. Même si on fait semblant avec les slogans de «la guerre au crime» ou «guerre à la drogue».

Surveiller les pauvres pour éviter qu'ils ne prolifèrent, ne se répandent et ne sortent de leur territoire (quartiers en attente de démolition).

Et ne jamais perdre de vues les jeunes pauvres agressifs. Les furieux. Car tous ne se résignent pas facilement. Et depuis que l'Église n'est plus là pour prêcher la docilité et la résignation avec promesse pour les doux d'un vie meilleure dans l'Au-Delà. Il faut augmenter les effectifs policiers.

Mais la plupart n'ont pas le cerveau suffisamment développé pour penser. Manque de stimulation dans les jeunes années. Né dans une toilette de fast food. Femme (mère) ivre morte dans un coin ou jamais là, été faire un autre client. Le petit abandonné au milieu de l'appartement mal chauffé tout seul avec une boite de carton de nourriture à chien vide. Boite de carton. Souris. Coquerelles comme animal de compagnie.

Impossibilité de se concentrer. Hyperactivité. Tendance à l'emportement, à la précipitation, à ne pas réfléchir à ce qu'on fait et à ses conséquences. On fait ce qui nous passe par la tête au moment où ça passe. On cogne. On attaque les passants. On vole ce qui brille. On l'échange pour 1/10 de sa valeur au receleur ou à la boutique de pawn shop. Une à tous les coins de rues. Comme les bars clandestins. Alcool fabrication maison, drogue artisanale, filles. Mademoiselle Hépatite C ou Madame VIH. Flambe son cash en jouant aux cartes, buvant, se droguant, fourrant une autre pauvre.

Et on recommence quand on a été lavé et vidé. Parce qu'il faut manger, se loger, boire, se droguer, fourrer. Dans l'ordre que l'on veut!

Ou on devient ambitieux et se met à cambrioler. L'appartement voisin. L'immeuble d'à côté. Des pauvres voisins. Puis on va vers les voisins plus riches qui ont des maisons. Les autos. Les commerces. Avec un masque. Quand on est habitué, au début, on n'y pense pas toujours.

Le cerveau.

Si on n'a pas été arrêté à l'étape A et B, on passe à C. Vente de drogue. Revendeur, distributeur, grossiste. Entrepreneur homme d'affaires indépendant créateur de croissance et de richesse.

Et on se met à tuer pour éliminer la concurrence.

On veut sa place au soleil. On finira dans un champs de blé d'inde.

La société est comme ça. Elle produit ses pauvres, génération après génération. Comme s'il en manquait. Parce que c'est sans doute nécesaire comme tout ce qui existe sinon ça n'existerait pas.
Comment savoir si  tu es bien si tu ne peux te comparer avec plus mal que toi? Et as-tu vraiment réussi dans ta vie s'il n'y a pas au moins quelqu'un qui a visiblement raté la sienne?
Et la police fouine ou se tient aux aguets pour que les gens d'en haut, ceux juste un peu plus haut et jusqu'au très haut, puisse vivre en paix.

Une autre voiture de police.

Ils le font sans le savoir en toute innocence. Comme on est doué. Comme on fait des rimes ou de l'aquarelle.

Encore une voiture de police.

C'était mieux avant?
Avant il n'y avait que des individus louches blancs.


Qui se reproduisaient de génération en génération dans les taudis des quartiers pauvres. Nourris au chips et au 7-UP. Très mauvais pour les neurones et le cerveau. Pas grave, le dommage est déjà fait, la mère se droguait pendant sa grossesse.

Et sa mère se saoulait pendant sa grossesse.

Et sa mère ne buvait que de l'eau en crevant de faim.

Il aurait été alors plus simple d'entourer de barbelés ces quartiers que de construire de coûteuses prisons. Puisqu'ils allaient inévitablement finir en école de réforme puis en prison pour adultes dès qu'ils seraient en âge de voler une sacoche. Ou à leur graduation en voleur de dépanneur. Direct le pénitencier fédéral pour les peines de 2 ans et plus.

Ou stériliser leurs mères ou leurs pères.

Comme on devrait faire en Haïti.

Avant.


On y a déjà pensé mais c'est illégal.
Les individus louches des classes inférieures ne sont pas assez intelligents pour comprendre que s'habiller comme des orignaux, des zèbres, des ratons laveurs ou des mouffettes ne fait qu'attirer les chasseurs de trophée ou collectionneurs de panaches.

Ou les amateurs de mouffettes.


S'attrouper ensemble est encore pire (ce qu'ont appris à leur dépend les bancs de morues).

Ou les arbres du nord.

Hé! Un attroupement de pins en liberté, sort la scie mécanique!

On vous voit encore de plus loin dans le parc. Comme une tache d'huile qui fait fuir les femmes à poussettes.
(Note: passer inaperçu serait mieux)

Et, ici, qu'est-ce que c'est ici? Certainement pas un parc. Un imeuble incendié pas reconstruit. Ruines rasées pour faire parking en plein jour mais le soir terrain de chasse  idéal.

Les policiers sortis des voitures leur parlait.
Ils étaient régulièrement suivis par les amateurs d'ortographe et de prononciaton (tiens! un vol de corneille, si on allait voir!) qui leur demandaient leurs faux papiers.


Depuis quand ils étaient sortis de prison.


Pourquoi ils étaient encore vivants.

Et si leurs copines étaient mineures.
Ce qui est illégal ici et qu'on ne se permettrait pas de faire avec les gens habillés autrement qu'en pauvres, en immigrés ou en noirs. Quoique si un noir est bien habillé et sort d'une Jaguar, certains flics peuvent venir le renifler pensant que c'est un pimp.
Ou prenaient leurs photos.
Ce qui est illégal aussi.
Cette occupation relativement sans danger leur évitait de se confronter à la Mafia.


Les individus qui ont l'air louche ne le sont pas toujours, ils aiment avoir l'air bizarre ou, pire, ne savent pas qu'ils le sont et pas assez de batteries pour comprendre qu'ils sont des épouvantails à police (les épouvantails ne font peur à aucun moineau ou poulet sauf s'ils ont une scie mécanique ou des crocs de bûcherons comme dans le film).

Un peu comme les miroirs et les grelots dans une cache à perruches. Elles adorent. 
L'illégale ou légale.


Ils n'avaient pas le temps.
Une occupation folle à suivre les turbans. Les bandanas. Les chaînes, bracelets, bagues en or. Les T-shirt SHIT. KILL THE PIG!

Vraiment? Kill the pig!

Et les lunettes fumées.

Vous avez quoi dans vos poches?

Et le couteau à cran d'arrêt, c'est pour se peigner?

Vous deviez vous rapporter le mois dernier à votre agent de probation.

Vous sortez provisoirement de prison. La commission des libérations conditionnelles à décidé de faire de vous des civils à l'essais. Une gaffe et en dedans pour le reste de votre sentence.

Il vous était interdit de fréquenter des individus louches avec des casiers judiciaires.

Vous deviez travailler le jour et retourner à la maison de transition pour le souper et ne plus en sortir avant le lendemain. Couvre-feu.

Cette fille est en fugue d'un centre jeunesse.

Les voitures de police s'en vont une à une avec dans chacune quelques-uns des touristes amateurs de verdure.

Il y en a tout de suite moins sur le parking. L'air est plus léger, serein. On philosopherait si on avait tendance.

Et il y avait le risque d'avoir bobo.
Et pas plus de temps pour les magouilles des maires.


Ou des politiciens corrompus (pléonasme) perchés sur le gouvernement et qui chient comme des pigeons sur la tête des électeurs.

Tellement habitués qu'ils ne le remarquent plus. Et prêts à la réélire pour un autre 5 ans de chierie.


Cette fois le bobo ne serait pas probablement pas physique mais mise à la retraite assurée.

Et les hommes d'affaires corrompus. L'esprit fermier dans toute sa splendeur.

Des amateurs ici, comparés aux grands prédateurs et aux innombrables parasites sociaux.

Aidés des parents, professeurs, fournisseurs de contenu des médias, curés, publicitaires qui apprennent à obéir, être docile. Le plis pris, c'est pour la vie.

Qu'on vous chie dessus est tout à fait normal.

Ici, de simples rats agressifs. Une victime à la fois.

Danger des rats comparés aux grandes bêtes sociales qui se nourrissent de la société entière.

En bas. En haut.

Lumière.
Taxi.
Plusieurs. Choisir au hasard ou le premier de la file.

Chauffeur: Immigrant.  Algérien. Ex-médecin. Son frère tué à coups de burin pour lui défoncer les vertèbres, les côtes et la cage thoracique par des croyants amis de dieu qui a toujours eu de belles relations. Quittant un pays de fous pour un autre avec d'autres fous.

Aime jaser et connaît la géographie de la ville. Bien!
Destination hôtel.


Ne dérangerait pas son amie numéro 1 en arrivant subrepticement. Elle pouvait être avec son mari régulier.

Incident diplomatique.


Monsieur Dickson n'était pas jaloux, défaut bourgeois.


Mais, son mari à elle l'était. Normal, c'était un bourgeois.

Un monsieur avec des principes.


Et quand elle était tannée des bourgeois, elle venait faire un tour à la maison.


Parfois, on voyait son mari amateur des solides valeurs morales à la tv. Ou il ronronnait comme un gros chat qui vient de croquer une souris. Avec la queue qui dépasse et frétille encore de ses babines.

Il parlait de l'excellence, de la volonté, de la valeur de l'effort dont il était un exemple évident.


Dernièrement, à la tv, on lui avait posé des questions sur son voyage en beau bateau blanc. Et il avait débité sa cassette. VRRRRRR!


Cette fois pas aussi content que d'habitude.

Le beau gros bateau blanc propriété d'un des plus gros entrepreneur véreux ami de la Mafia. Lui et son beau bateau blanc avaient été vu aussi à la tv. L'intérieur de son bateau aussi. On lui avait posé des questions au sujet de ses invités. Mais pas au sujet de sa décoration ce qui aurait été aussi intéressant. Il répondit qu'il recevait qui il voulait. Était-ce un hasard, on lui demanda, si c'étaient des hauts fonctionnaires de la ville ou de la province. Chefs de police. Avocats. Juges. Députés. Maires. Ministres. Banquiers. Boursicoteurs. Gros actionnaires. Patrons de journaux, radio, tv. Que du beau monde.

Tout le monde les connaît et sait ce qu'ils font mais on est toujours incapable de les arrêter. Pas de chance.

Il avait des amis partout. Des amis reconnaissants. Avec l'$ des contribuables.

Tous ensembles, ils parlaient croissance, excellence et création de richesse.

Arrivée à l'hôtel.


Réservation d'une chambre.

Souper.
Dodo.

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16 mai 2012. État 2