HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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28.5.12

101. DES CHEVEUX D'APPARENCE PLUS SAINE. SI SAINE QU'ILS BRILLENT. UNE PLANÈTE PLUS SAINE. LES SYSTÈMES VROUM-V NATURE AVEC BIOÉLECRICITÉ RENDENT LES CHEVEUX JUSQU'À 4 FOIS PLUS RÉSISTANTS ET LES NOUVELLES BOUTEILLES AÉRODYNAMIQUES BIODÉGRADABLES FAITES DE MATÉRIEUX NATURELS D'ORIGINE VÉGÉTALE (60 % CANNE À SUCRE SAUF LE BOUCHON) SONT DES CHOIX SAINS POUR LA PLANÈTE. NOUS AVONS RÉVÉLÉ LE POUVOIR DE LA NATURE. VOUS VOUS ENTRAÎNEZ TRÈS FORT POUR AVOIR UN CORPS FERME ET SAIN QU'EN EST-IL DE VOS CHEVEUX?

Henry Dickson

Écoute les nouvelles qui sont généralement de mauvaises nouvelles. Et, parfois, de très mauvaises nouvelles. Ensuite, plus rares mais pas autant qu'on le voudrait, il y a les horribles nouvelles.

_ L'escouade des crimes majeurs de la brigage des crimes contre la personne de la police enquête au sujet d'une valise contenant un torse humain. La valise a été découverte par un passant ...

Sur un tas de sacs à ordure de plastique noirs laissés illégalement sur le bord de la rue hors des heures permises pour le ramassage. Comme tous les passants, il faisait un détour dans la rue pour éviter ce tas de vidange abandonné sur le trottoir. Et qui l'empêchait de marcher dessus. Et ce qui a d'abord attiré son attention, c'était une grosse valise de voyage. Posé sur le sommet du tas de sacs noirs. La valise semblait en bon état et fermé. Comme si on l'avait oublié là ce qui était absurde. Et la valise était pesante puisqu'elle écrasait les sacs sur lesquels elle était déposée.

Comme il aimait la photo. Et les photos déprimantes de Diane Arbus qui aimait les scènes angoissantes et les gens bizarres (dépressive, se suicide en avalant des barbituriques et en s'ouvrant les veines.) il se dit que c'est une scène surréaliste ou existentialiste qui valait la peine d'être sinon immortalisée du moins remémorée. Une fois que les éboueurs seraient passés, il ne resterait rien de tout ça. Et cette grosse valise - une valise est le symbole des voyages, des voyageurs, des déménagements- l'intriguait. S'il avait été écrivain, mieux, philosophe, il aurait interprété d'une manière plus satisfaisante pour l'esprit, le mélange ou l'union de ces 2 objets si dépareillés. La valise, symbole de liberté et les sacs de poubelle, symbole de. De. De l'hyperconsommation actuelle. Voilà. C'est celà! Il en était encore à travailler le texte de sa photo lorsque.
Et autre chose attira son attention.

Il y avait des tas de vers blancs, des asticots, qui rampaient sur et autour de la valise et semblant en sortir. Et sur les sacs noirs où était posé la valise comme des passagers du métro attendant l'occason d'y entrer. Un liquide sombre et puant sortait et coulait par l'ouverture du couvercle.

Encore une chose attira son attention. Le vrombissement des grosses mouches à merde vertes fluorescentes.

Et l'odeur était, disons, caractéristique. Mais comme il n'y avait pas de restaurants dans les environs qui auraient pu jeter leurs restes de nourriture avariéee, il appela le 911 pour qu'on prévienne la police. Ou n'importe qui.

Les rats eux-aussi appelés au festin gambadaient sur les sacs noirs comme des enfants sur des trampolines et des plongeoirs.

_  Plus d'information sera rendue publique après l'autopsie a dit un porte-parole de la police à notre journaliste.

La police ne voulait pas non plus dire le sexe, l'âge, la couleur de la victime présumée.

La voirie de la ville envoya des fonctionnaires pour zyeuter tout ça. Sont arrivé dans une camionnette au logo de la ville. L'avenir est au bout du ravin ou quelque chose comme ça. Comme d'habitude, l'un a attendu en bas pendant que l'autre, le petit nouveau, faisait le travail. A escaladé le tas de sacs noirs et ouvert la valise et est tombé sur le cul.

Les mouches se sont précipitées sur lui. Dans les yeux, les oreilles, le nez et les narinese parce qu'il respirait et la bouche parce qu'il hurlait.

Mais les plus intelligentes des mouches sont entrés dans la valise comme un essaim de gêpes pour sucer le sang et pondre.

Pendant que les asticots blancs, déjà pondus et les oeufs blancs tout juste pondus.

Il n'y avait que ça dans la valise autour de... la chose. Qui faisait une sorte de cocon blanc oauté sur lequel était déposé... ça. On aurait dit de la ouate ou de la neige sauf que ça bougeait. Remuait.

Le passant et le fonctionnaire plus âgé (et sage) (la raison qui lui faisait donner des ordres et envoyer un novice se salir dans les vidanges à sa place) montèrent dans la boite de la camionnette F 150. Pour voir.

Le fonctionnaire qui avait déjà travaillé dans les égouts dit quelque chose pendant que le passant prenait des photos pour sa page Facebook.

Comme s'il était attiré par l'odeur, comme les mouches à merde, un premier journaliste arriva. Sans qu'on l'ait appelé. Ou, plus logiquement, il suivait sur son scanner les radios de la police, des ambulances, des taxis et des fonctionnaires de la ville. En mode aléatoire. Au cas où. Entendit l'appel du vieux fonctionnaire au poste de police. Et la réponse de l'auto-patrouille qui se détournait de sa destination et arrivait.

Le journaliste a donc pu interviewver le même passant qui était toujours là et donnait son opinion à tout le monde. Il dit aussi qu'il pensait que c'était une femme. Et avant que la police ne le confisque, le journaliste lui avait fait envoyer les fichiers de son téléphone cellulaire par courriel au poste de radio où il travaillait. Qui n'avait pas besoin d'image mais de mots nombreux avec des émotions (on était servi) mais également affilié à un réseau de stations de tv et des journaux où on serait ravi d'avoir des images. On ajouterait aussi des mots et des émotions. Mais moins.

Un peu plus tardif, le journaliste du journal Photo-Police arrivait. On ne lui permit pas de s'approcher pour prendre des photos. Mais il en prit en grand angle de la rue, du trottoir, du tas de vidange et des policiers interrogeant les fonctionnaires de la voirie. Et le passant. Et les gens attroupés qui ne cessaient de venir voir ce qui se passait.

Le camion du service technique de la police scientifique arrivait. Débarqua ses astronautes bleus qui montèrent une tente bleue sur le tas de vidange pour pouvoir inspecter, mesurer, prendre la température et aussi des photos à l'abris des passants et des journalistes curieux.

Alors qu'il se débattait avec son zoom, il apprit que le passant avait aussi des photos. Le journaliste de la station radio prétendait qu'il avait les droits et qu'il fallait contacter le service spécialisés dans la vente des photo. Le passant répliqua qu'il n'avait rien signé mais que s'il lui donnait son appareil Nikon (avec téléobjectif), il lui signerait tout ce qu'il voudrait. Les droits mondiaux s'il voulait.

Avant de décider, il demanda à voir les fameuses photos. Car s'il avait pris des photos avec son téléphone cellulaire, il n'avait rien vu lui-même. Il voyait mal d'où il était, juché dans la boite de la camionnette. Mais il était bien positionné. Et levait l'appareil au bout de ses bras pour obtenir un effet de plongée. Mais l'objectif de son appareil était HD. Mise au point automatique. Et si quelque chose avait été là, à voir, son appareil l'aurait certainement vu. Ou il n'avait photographié que la vision désespérante d'innombrables sacs de vidanges noirs et luisants.

Une exposition dans un musée n'intéressant pas le journaliste de Photo-Police, il voulait voir.

Le journaliste de la radio ne les avait pas encore vu lui non plus, les ayant envoyé à son chef de pupitre au cas où. Ça pouvait être flou, bougé, trop loin, mal visé.

Il fallit en tomber par terre. Mais le journaliste de Photo-Police avait déjà signé un contrat au dos d'une contravention et échangeait son Nikon. Pas grave, il allait avoir maintenant le D 4.

Ensuite, il lui demanda son impression. Comme il avait demandé celle des flics qui l'empêchaient d'avancer. Après avoir pris aussi sa déposition, les premiers policiers arrivés en auto (visiblement pas des intellectuels) les avaient repoussés afin de ne pas nuire au travail des policiers extratrestres pendant qu'ils sécurisaient la scène de crime en étendant des rubans jaunes. Ils étaient donc là tous les 2 à lui poser des questions. Et il aimait répondre.

C'est lorsque leur chef vit les 3 hommes fascinés par un petit écran brillant qu'il alluma lui aussi et décida de réquisitionner l'appareil.

Le journaliste/photographe/rédacteur/avocat/propriétaire de Photo-Police intervint et lui dit qu'il fallait qu'il signe un contrat comme quoi il lui remettrait l'appareil et son contenu. Le policier rétorqua que c'était maintenant un indice utile à l'enquête et qu'il pouvait le ramasser comme tous les autres.

Le journaliste dans sa fonction d'avocat lui dit qu'il en débattrait en cours et que c'était le juge qui déciderait, probablement dans l'intérêt de la Justice et de la police, comme d'habitude, mais ce serait dans un mois.

Au plus tôt.

Il y avait des centaines d'étudiants à juger et la plupart refusaient de payer leurs contraventions pour avoir participer à une manifestation illégale et il fallait leur faire une place dans des prisons déjà surchargées. Le bordel.

Le policier gradé qui n'était pas d'humeur aurait pu se laisser aller à son impulsion du moment qui lui recommandait fortement de donner un coup de poing sur la gueule du journaliste. Mais il y avait 5 témoins qui n'étaient pas de la police et qui ne voudraient probablement pas corroborer sa version des faits voulant que le journaliste l'ait attaqué et tenté de s'emparer de son arme. Et le journaliste était aussi avocat. Il signa donc son papier. Les autres signèrent comme témoin et il put récuper le téléphone photo et sa carte mémoire.

Tout le monde était content. Le policier qui ne se voyait pas expliquer à son supérieur comment il avait pu repartir sans un indice aussi important. On ne pouvait juger de son importance tant qu'on ne pouvait pas comparer ses photos avec celles des spécialistes en scène de crime. Après tout, le passant avait pris les premières photos avant que tout le monde arrive et mette de la pagaille partout.

Le passant avait un Nikon presque neuf auréolé de tant d'enquêtes sur la Mafia, les Hells Angels, les meutres conjugaux, ect. Rien que comme objet de collection, c'était un petit trésor.

Le journaliste maintenant dans son rôle de rédacteur en chef de Photo-Police pensait déjà à la maquette du prochain hebdo.

Le journaliste de la radio avait son scoop du jour. Et ce serait aux patrons de la tv et des journaux de sa chaîne de se battre pour les droits des photos qu'ils avaient pu contempler tout à leur aise. Avant qu'on ne les retire de sous le nez. Ils pouvaient regarder mais pas plus.

Et c'est avec tous les autres, en regardant l'écran de son appareil et en faisant défiler les photos sur l'écran de son appareil que le passant avait pu découvrir ce qu'il avait prit en image ou ce que l'appareil avait vu et prit en image sans qu'il ait le moindre contrôle.

Même s'il n'y avait pas de tête ni de bas du corps, ni de bras, le fait qu'on ait coupé ses seins en laissant 2 grands ronds sanglants permettait de deviner ou de supposer qu'il s'agissait d'une femme ou d'un homme très mince à qui on aurait cisaillé les pectoraux. Ou un transgenre.

_ Le mystère demeure. Et nous passons à la circulation. Bouchon et embouteillage sur la...

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MORT. 1

Cause de la mort: Inconnue.

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29. 31 mai 2012. État 2