6 cctobre 2012. 8 heures du soir.
Il s'était d'abord passé ceci.
Henry Dickson saluait la petite blonde ou son auto qui s'en allait.
Elle avait soupé et l'avait félicité pour ses progrès culinaires. Un jour, ce qu'il préparait serait bon. Bien conscient de ses limites, il disait que ce qu'il faisait était mangeable et que bien des Africains affamés en seraient contents.
Avant de la laisser partir avec ses trophées, il lui avait enseigné quelques dictons et proverbes.
D'abord, un pistolet Colt 1911 est fait pour tuer. Elle rectifia: pour se défendre. Il répondit que c'étaient des mots de moumounes. Si on ne peut accepter le fait qu'un pistolet est fait pour tuer. Que le mot pistolet et le verbe tuer, vont dans une seule phrase, on n'a pas assez de maturité pour se promener avec un tel objet. Ce n'est ni un trophée, ni un objet décoratif, ni un objet de collection. Même si bien des gens qui en possède affirmeront que c'est dans ce seul but. Libre à eux. Mais il ne leur prêterait pas son chien.
C'était un état d'esprit qui avait ses obligations. Apprendre à le tenir. Comme si c'était un objet dangereux. Que l'on doit manipuler avec respect et politesse. Un objet dangereux et mortel mais aussi délicat qu'une montre Suisse. Objet que l'on peut facilement briser. Pas si facilement que ça, ce n'est pas du verre mais il peut ou une de ses petites pièces fragiles et un de ses ressorts intérieurs puisse ou pourrait. Comme un objet coûteux. Comme une merveilleuse machine. Un outil contenant des milliers d'années d'évolution de la technique et des milliers d'heures de réflexion. Machine fabriquée, usinée par d'autres machines conçue par des ingénieurs très savants. Dessinées par des techniciens subtils.
Un pistolet vide doit être considéré comme s'il était chargé. De toute façon, à moins que vous ne l'ayez déchargé vous mêmes, que vous ayez enlevé le chargeur, fait glisser la glissière pour faire sortir la dernière des balles qui pouvait se trouver dans la chambre de mise à feu, vous ne savez pas s'il est chargé, s'il reste une balle et s'il peut vous tuer.
Même s'il est vide et que vous savez qu'il est vide parce que vous avez enlevé vous-même le chargeur et que vous avez vous-même fait glisser le canon et vu par vous-même qu'il n'y avait plus aucune cartouche dans la chambre. Vous ne le pointez jamais vers une personne qui serait en face de vous. Ni vers vous-même.
Vous le prenez, le portez, le manipulez comme s'il était chargé. Comme s'il pouvait tuer au premier moment d'inattention.
Il faut donc être attentif et vigilent avec une arme. Cette arme.
Il y a tant de responsabilité et d'obligation.
Mais si vous décidez de le pointer vers quelqu'un c'est parce que vous aurez pris la décision de tirer sur elle et de la tuer.
Et tirer est très simple.
On appuie sur la gachette et le coup part.
Il suffit de viser une cible et une personne et de peser sur la gachette.
Et il y a ensuite un trou dans la cible de papier ou la personne. Et la personne saigne, souffre et meurt.
C'est très facile.
Si on ne veut pas réfléchir à tout ça. Si on ne veut pas avoir ces responsabilité envers cette machine et les gens sur qui on ne veut pas tirer et sur ceux sur qui on veut tirer, on ne touche pas à ça.
Bien sûr, des tas de gens qui ne réfléhissent pas et qui ne réfléchiront jamais ont des armes, touchent à des armes, les traitent n'importe comment. Alors, ces gens, il leur arrivera inévitablement malheur.
Avoir des responsabilités et être responsable est ennuyant.
Apprendre à tirer en était une. Savoir comment cette délicate machine fonctionne aussi. Ce qui n'était pas si long. Et la petite blonde apprenait vite.
Et, parmi les obligations, il y avait celle de charger l'arme et de la garder ainsi. Si on n'ose toucher une arme à feu vivante, on ne devrait pas en avoir une chez-soi. Ou sur soi. Cette arme est uniquement faites pour tuer. La laisser vide est contre sa nature.
Il prit donc la boite de cartouches, en inséra 7 dans le chargeur. Il lui montra comment sortir le chargeur de la crosse. Et comment l'y faire entrer. Il ajouta une huitième cartouche dans la chambre. Donc le pistolet aurait 8 coups.
Il lui montra où était la sécurité. Comment la désactiver et où.
Ainsi, elle n'aurait qu'à viser et tirer. L'arme était grande et lourde dans sa petite main mais pas trop immense. Elle pouvait la manipuler.
Il lui fit mimer ce geste. Viser le mur. Il était trop tard pour viser et tirer à balle réelle. Une autre fois. Mais si besoin, elle saurait quoi faire.
Elle rangea précautionneusement le pistolet, 3 chargeurs pleins de 7 balles chacun. Et la boite de cartouches dans son sac IGA. Comme si le pistolet Colt 1911 était vivant. Pouvait la mordre. La griffer. Ou la tuer. Ce qui était le cas.
Ensuite, il y avait les grenades. Elle en avait pris 2 pour faire des appuis-livres. Quelle idée? Il lui dit donc que si jamais elle était aux prises avec ses pulsions ménagères, ce qu'il ne fallait surtout pas faire. Et il le lui montra. Ce qu'il ne fallait pas faire était simple. Et si on faisait ce qu'il ne fallait pas faire, le résultat serait impressionnant. 5 secondes pour courir, se cacher. Ou lancer l'objet le plus loin possible. Il ne lui fit pas exercer son lancer. Il pensa qu'elle était assez forte pour lancer assez loin. Ce qui suffisait.
En partant, elle remarcia son grand-père (ironique) de prendre soin d'elle.
Et le Petit Chaperon Rouge partit avec son petit panier vers sa petite auto. Et la petite auto s'en alla le long de l'allée.
Le Petit Chaperon Rouge chantait car elle aimait chanter.
Pendant ce temps, le Grand Méchant Loup surveillait
*
9. 19 oct. 3 novembre. 2012. État 3
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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