12 septembre 2012. Midi et 7
Henry Dickson observait les joueurs. Et les joueurs l'observaient et s'observaient pour savoir qui allait commencer.
Est-ce que ça allait être le chef? Le gentil animateur du comité de bienvenue des taxi? Trop lâche, il attendrait son tour. Puisque c'était le chef, il poussa un de ses hommes.
Ceux-ci n'aimaient pas le tour que prenait la situation. Ils pensaient que sitôt qu'ils se montreraient, l'invité du jour, pisserait dans ses culottes. Ils pensaient que sitôt qu'ils montreraient les bâtons de baseball et expliqueraient ce qu'ils allaient en faire. Ils pensaient.
Mais rien ne se passait comme prévu. Monsieur Dickson ne pissait pas, ne vomissait pas, ne pleurait pas, ne suppliait pas.
Le genre d'activité que faisaient généralement leurs ennemis. Et la plupart du temps, ils étaient moins nombreux que maintenant.
Tout le long du trajet qui les avait amené ici, ils s'étaient raconté ce qui allait se passer, comme ça serait amusant. Comme violer une fille. Elle est à terre et elle braille. Ils savaient de quoi ils parlaient.
Ils pisseraient dessus après comme ils font pour les filles à terre.
Tout le long de la route, tout en buvant leurs émotions, ils s'étaient raconté tout ça. En à force de boire et de marcher sur les cannettes qu'ils jetaient à leurs pieds près des pédales des remorqueuses, ils avaient fini par.
Et, l'homme qui était supposé être un lâche, une tapette, l'espèce la plus minable des hommes, les attendait.
Sans bouger.
Comme s'ils n'étaient pas là.
Et, en effet, monsieur Dickson regardait le paysage qui était très beau cette journée là. L'air était doux. Aucun son désagréable. Il y avait bien des oiseaux quelque part mais on ne les voyait pas. Les arbres étaient pleins de nids d'oiseaux invisbles mais on ne les entendait pas. Bientôt les petits allaient partir.
Belle journée pour mourir.
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7 oct. 2012. État 1
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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