6 octobre 2012. 3 heures du matin
Henry Dickson dormait. Et les derniers policiers s'en allaient. L'ambulance, les camions de pompiers se dirigeaient vers la catastrophe suivante: le théâtre d'été en flamme.
L'officier regarda le chaos dans son rétroviseur en quittant l'allée de terre. Plus on s'éloignait, plus le chaos rapetissait et devenait insignifiant. Il aurait aimé savoir la cause de tout ça mais pas tant que ça et ça s'annonçait trop compliqué. La simplicité d'une vie heureuse et épanouie exigeait qu'on évite les complications.
Qui s'en plaindrait? Le principal intéressé s'en foutait.
Et les autres, tous les gens qui étaient morts, probablement de mort naturelle - la connerie est la cause de bien des conséquences dont la mort tout à fait logique, prévisible et, souvent, espérée. On peut donc dire que c'est une mort naturelle.
Ils auraient dû mourir bien avant. Ils n'auraient pas fait autant de dégâts. Personne ne les regrettera.
Mais, déformation professionnelle, il lui restait un petit arrière goût dans la bouche. La sensation d'un travail baclé. Mais son bureau était plein de dossiers qui réclamaient sa concentration, qui exigeaient des solutions. Des heures de sa vie. Avec parents, amis, avocats, victimes. Tous bruyants.
Mais même à ça.
Il aurait aimé.
Alors que s'était-il passé ce 6 octobre 2012 ?
Essayons de comprendre.
*
9 oct. 2012. État 1
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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