Henry Dickson regarda le petit Chaperon Rouge, ici, la petite blonde, repartir avec son petit panier et ses trésors.
Un sac recyclable d'IGA.
Et dedans, un pistolet Colt 1011. Et une boite de balles .45.
Il lui conseilla d'en acheter des neuves car il doutait de l'efficacité de celle-ci. Mais ayant été conservées dans un endroit sec, elles pouvaient être aussi mortelles que lors de leur dernière sortie de l'usine. La boite de carton qui les contenaient était également sèche et droite ce qui rassurait pour la poudre de la balle et celle de l'amorce.
Elle avait aussi 2 grenades MKII.
Il n'avait pas répondu à son souhait de voir l'une d'elle sauter. Ce qui l'avait déçue. Mais elle n'était pas déçue longtemps.
Si ce n'était que ça pour lui faire plaisir.
Mais.
C'était le soir.
Mais.
Le bruit porte loin en campagne quand tout est silencieux.
Et la nuit, c'est encore pire. Et on risquait de voir rappliquer des indésirables curieux. Tout ce qui se passait ici attirait l'attention même de gens qui prétendaient le contraire et ne se mêlaient généralement que de leurs affaires.
Ça lui ferait un presse-papiers de qualité.
Et elle avait aussi son coupe papier indispensable. Une belle dague à égorger. Qui n'avait tué personne mais qui le pourrait si on l'encourageait un peu. Le Spitfire du couteau. Comparé à un des plus beaux avions de guerre de l'époque.
Seuls les amateurs comprennent ce genre de chose.
Il vit la jeune femme dans sa jolie robe aller vers son auto. Il vit le vent dans la robe. Et pensa que c'était lui. Le vent était vraiment son ami.
La lumière dans l'auto lorsqu'elle ouvrit la porte.
Les phares qui s'allument et tracent la route à suivre.
Et il suivit des yeux l'auto de moins en moins lumineuse dans la longue allée.Les lumières rouges des feux de position arrière qu'il suivit jusqu'à ce qu'ils disparaissent au tournant de là-bas.
Mélancolie.
Elle était délicieuse, tout à fait comestible et ne demandait pas mieux. Mais les jeunes femmes sont trop compliquées.
Il revoyait son sourire.
Il lui avait expliqué.
Et souriait toujours aussi souvent.
Pire. Il lui avait expliqué ça aussi. Elles peuvent tomber enceinte à tout moment. 7 milliards d'humains et encore un de plus. 10 milliards dans 50 ans. 10 000 000 000. Comme si c'était indispensable. Le condom. Il peut péter. Le stérilet et le cuivre qui tue les germes et les microbes et les embryons. Ou leurs possibilités. Mais qui peut ne rien faire. La pilule. Régulièrement, la dose n'est pas celle qu'il aurait fallu. Et on l'oublie si bien.
Elle aurait pu se rembrunir. Tant de femmes ont la mèches courtes des vieux explosifs. Comme si elles attendaient d'éclater à tout moment et voilà qu'arrivait le moment. Pour toutes les choses dont elles auraient pu se fâcher avant.
Elle aurait pu ne pas revenir. Mais elle était revenu et revenait encore.
Et souriait toujours.
Et un oeuf de plus. Hop! Une embryon de plus. Hop! Un bébé. Le 7,000,000, 001. Quoiqu'on ait dû dépasser le chiffre depuis un moment.
Il restait la fellation et la sodomie. Activités plaisantes. Mais frustrantes quand. Quand.
Il la revoyait comme si elle était là. 2o ans. Parfaite. Ses longs cheveux. Sa peau fine, si fine, à ce point délicate, si lustrée. Les hormones femelles ayant produit l'idéal des peintres, des poètes, des musiciens. Des millions d'années d'évolution pour arriver à elle.
Programmée comme toutes ses semblables pour repeupler le monde.
Et il avait assez de femmes dans son agenda électronique. Une de plus?
Généralement, les femmes ne lui manquaient pas. Plus l'âge passe, moins elles manquent. Plus la mort se rapproche moins on y pense.
Signe parmi d'autre que la mort
Les femmes, c'est la jeunesse et la vie.
Mais c'était sans doute la présence, le parfum et l'odeur de la petite blonde. Le grain de sa peau. La façon qu'elle avait de le frôler subrepticement. De tendre la main pour qu'on l'aide. Et la touche au même moment.
Et de vous embrasser pour un oui et un non. Parce que ça lui faisait plaisir. Sur la joue. L'autre joue. Ou le front. Comme un cousin.
Et de vous serrer pour vous faire ressentir sa poitrine. À pleines mains, à pleins bras comme les enfants content.
Qui ne serait content de sa présence?
Et trouverait la maison vide remplie de son absence?
En ce moment, il aurait vraiment envie de la toucher.
Mais le temps était passé. S'il était en ville, il appellerait quelques une de ses amies et il y en a bien une qui accepterait de soigner son mal. Puisqu'elle en tirerait grand bien à son tour. Ce genre de soulagement ne pouvant être que communautaire. Il fallait être discret et ne pas parler de ce qui motivait ce soudain souvenir de mémoire. Ressouvenir. Tiens je passais par là.
Ce que ne pouvait ignorer une femme d'expérience. Motif menteur et difficilement dissimulable et qui n'était donc pas passé inaperçu mais qu'en êtres civilisés et de bonne compagnie, on ne mentionnait pas. Comme si c'était tout à fait hors sujet et bien loin des pensées de chacun. En effet, justement, précisément, à ce moment, il passait par là.
La visite acceptée avec joie ou hésitation, signe qu'il y avait quelqu'un ou quelque chose, là, maintenant.
La visite se transformant en souhait de bonne santé et de future rencontre. Lorsque le temps sera plus libre.
La visite donnée et reçue. Tout sourire. Les yeux plein d'eau. Souvenirs. Le café et les souvenirs échangés. Et le temps qui passe. Qui se fait tard. La route, le chemin, l'heure qui inquiète. Pourquoi sortir? Est-ce bien prudent? Demain, ne serait-ce pas mieux?
Mais la ville était loin. Et son calepin/calendrier/aide-mémoire ne lui était d'aucune utilité.
Il reboucha le trou du plancher de la cuisine.
Si quelqu'un, lui, son chien, son chat, revenait et tombait dans le trou et se cassait une jambe?
Finir comme le gars de la cheminée.
Personne qui ne peut vous venir en aide. Personne qui ne vous entend.
La petite blonde reviendrait probablement demain mais était-ce si sûr?
Pas besoin de visser et clouer. Faire un plancher net de planches solides même si branlantes.
Et décider quoi faire de tout ce qu'il y avait en bas.
Il fallait le plus rapidement possible se débarrasser du Semtex. Il pouvait sauter à tout moment. Mais s'il n'avait pas explosé depuis toutes ces décennies. Ni aujourd'hui. C'était probablement un signe qu'il n'exploserait pas demain. Ce serait bien être malchanceux, s'il choisissait d'exploser, là, maintenant. Aussi bien ne pas y penser. Puisqu'il n'avait aucune intention de trimbaler tout ça de nuit, maintenant, là.
Lorsque la petite blonde reviendrait, il déciderait du où et du comment. Discrètement. Et ce n'était pas la première fois, qu'elle et lui, fasse disparaître des choses. Elle avait même un don tout à fait particulier pour les disparitions. Comme le chat.
Comme le chait qui était encore on ne sait où. Et qui reviendrait encore d'on ne sait où. S'il revenait.
Mais il revenait toujours.
Il pensa à ses seins. Ses fesses. Sa taille fine et longue. Ses jambes et ses cuisses.
Il se demanda s'il aimait mieux les seins ou les fesses.
Toutes choses indispensables et dont on ne peut se passer. Un joli cou. Indispensable le cou. Et les grands yeux. Le petit nez. La grande bouche aux lèvres comme il faut.
Oui, une grande bouche comme il faut.
Il se demandait comme à chaque fois qu'il voyait une jolie femme si elle suçait bien.
Sucer est bien. Sucer bien encore mieux.
Sucer longuement et parfaitement, si bien.
Et il revoyait sa petite langue dont elle se servait souvent et régulièrement pour lécher ses lèvres et ses innombrables dents blanches lorsqu'elles devaient être sèches.
Il revoyait ses petits poignets. Ses petites mains. Ses minuscules doigts.
Il se demanda si elle masturbait bien. Il les sentit presque autour de son pénis en érection. Son pénis, d'ailleurs, était déjà en érection depuis un moment. Avec toutes ces pensées. Sans même que les doigts de. Les doigts si fin de. Mais malgré tout une poigne puissante. Ferme. Qui sait serrer et empoigner.
Il vit des images. Et tout ceci lui paraissait très bien.
C'était une jeune femme qui léchait beaucoup. Sa tasse de café, le bord de sa tasse, le café qui débordait. Le lait chaud sur le café.
Et ses lèvre et ses dents.
Et elle léchait bien ce qu'elle léchait.
Indispensable chez une femme. Lécher.
Mais il y avait la voix.
Et le rire.
Le sourire. Indispensable le sourire.
Mais le rire. Comment décrire le son de cet instrument humain. Comment il était lorsqu'il était parfait.
Tant de femmes avaient une voix. Et un rire. Disons, désabréable. Qui promêt d'autres désagréments. Et pourtant, combien d'hommes ne remarquent rien. Ces indices devraient pourtant suffire. Elles ne sont pas de leur espèce. Ou si elles le sont, tant pis pour eux.
Il préféra penser à autre chose.
Il était l'heure de se coucher mais il avait trop d'énergie pour dormir. Il fallait qu'il s'épuise un peu. Faire du Sudoku ou du poker à l'ordinateur ne l'intéressait pas. Comme dans la maison il n'avait pas accès à Internet, il avait en échange des logiciels de jeux pour passer quelques générations de solitude.
Mais il y avait mieux.
Il alla chercher les photos de ses amies. Elles aimaient toutes être photographiées. Une femme qui aime qu'on la photograpie s'aime, aime son visage, son corps. Aime que des yeux la regarde. La dévore. Une femme aime se montrer. Habillée. Ou dévêtue.
Et certaines plus que d'autres.
Pour la plupart c'était le visage. Parfois le corps sage. Quelques-unes pas sages du tout.
Les choses changeant sans cesse, le film Polaroïd si utile a cessé d'exister. La compagnie a fait faillite victime du progrès; ne pouvant résister à la nouvelle forme de photo instantanée et numérique. Mais le besoin existant encore, faire une photo instantanée, au moment voulu en un seul exemplaire sans laisser de trace, par exemple dans la mémoire d'un ordinateur ou, pire, sur Internet. Fuji a fait sa propre version du film compatible avec les anciens appareils. Et des amateurs ont acheté la vieille compagnie ou ce qui en restait, referont les anciens films et referont fabriquer les anciens appareils en Chine ou au Japon. Peut-être par Fuji.
Parce que.
Et, en femmes prudentes, elles ne voudraient pas se laisser photographier n'importe où et en faisant n'importe quoi avec ou par n'importe qui. Même si ce n'était pas tout à fait n'importe qui.
Et les photos peuvent être de bons aide-mémoire pour se rappeler de ses exploits.
Comme j'étais jeunes et belles, elles se disent.
_ On a fait ça! Tu ne trouves pas ça un peu... ? Non! Tu penses qu'on peut le refaire?
_ Mais cette fois, ce sera comme ça.
Il aligna les séries de photos. Les plus humbles et polies, qu'on pourrait présenter en public. Ou sur son passeport. Mais sur les photos de passeport ou de permis de conduire, on n'a pas le droit de sourire. Et il aimait les femmes qui sourient.
Ces photos.
Et les autres.
Celle-là. Non. Pas celle-là. Comme on déplace les cartes d'un jeu.
Elle ne correspondait pas à l'humeur du jour ou de l'heure ou à la qualité de son sang du moment.
Mais celles-là, oui.
Il fallait plus. Il fallait moins.
Aucune femme n'est parfaite. Mais à plusieurs, elles atteignent parfois la perfection.
Choisit un visage inspirant. Et un corps l'étant tout autant.
Mais pas nécessairement le visage de ce corps-là ou le corps de ce visage là.
Et la bouche, une autre, en train de faire une fellation inspirante. Il avait fallu un retardateur et un trépied. Comme des milliers d'autres amateurs photographies avec retardateur, trépied, mise au point, calcul de la lumière. Déplacer une chandelle ou un chandelier. Mais cet artisanat en avait valu la peine.
Il avait fait son choix. Et aligna les photos. Visage. Bouche. Seins. Vulve. Important, la vulve. Indispensable.
Bon choix.
Comme un autel votif pour un culte
Il était content de lui. Et d'elles. Elles avaient bien mérité des oestrogènes, de l'université et de la patrie.
Et il se masturba longuement.
Et avec satisfaction.
En les regardant longuement
Éjacula finalement. Trop rapidement.
Et fatigué de sa journée, alla se coucher sur le divan.
Sa nuit serait sans rêve comme il les aimait. Il détestait rêver.
Demain, il serait mort ou vivant, ce qui le laissait tout à fait indifférent.
*
5.6 oct. 2012. État 2
