6 octobre 2012. Minuit
Henry Dickson rentra dans la maison en attendant les policiers. Il alla faire un tour dans la cuisine et pensa qu'il valait mieux laisser la tête coupée où elle était, endroit qui lui allait définitivement très bien - un lavabo- que de la toucher. Pour en faire quoi? Et la mettre où? Puisqu'il était de nouveau en sa présence et qu'ils n'avaient pas été présentés l'un à l'autre, comme il avait du temps de libre, il devint curieux et se demanda sur qui était posé cette tête avant d'aboutir à cet endroit dans cette position peu confortable.
Il prit un couteau dans le bloc de bois à couteaux de cuisine posé sur l'évier et retourna la tête brûlée. En effet, elle était brûlée, difficilement reconnaissable. Les cheveux aux endroits où il en restait étaient roussis. La tête n'avaient pas d'yeux. Elle en avait probablement eu mais, actuellement, elle n'en avait pas. Ce qui rendrait difficile son indentification. Le feu avait rongé ses lèvres et il restait beaucoup de dents figées dans la mort dans une sorte de grimace furieuse.
Mais la tête n'avait pas complètement été rongée par les flammes. Il en restait un bout à peu près intact qui devenait visible quand on la soulevait et la faisait légèrement rouler à la pointe du couteau.
Et cette tête ne lui était pas inconnu.
Face de rat.
Un des membres du charmant petit couple du délicat comité de bienvenue du 5 septembre. Qui avait essayé de faire culbuter son taxi. Qui avait essayé de les écraser. Si la tête était ici, la tête de son complice aussi, puisqu'il semblait qu'ils allaient toujours par paire. Sa tête était probablement encore emmanchée sur son corps. Ici ou là? Un des 2 brûlés vifs?
Difficile à dire puisqu'eux étaient inidentifiables. Brûlés comme ils étaient. Mais on leur trouverait bien un nom une fois dans la salle d'autopsie. On fait des miracles de nous jours.
Si la tête était là. Et probablement celle de son ami, c'est signe que la leçon ne leur avait nullement profité. Il aurait dû les tuer tous les 2. Mais, à ce moment, il y avait le chauffeur de taxi. Il faut être exagérément civilisé lorsqu'il y a des témoins. Il fut exagérément et inconsidérment civilisé et en fut remercié lorsque face de rat - la tête ici présente- et son ami et des tas d'amis vinrent lui rendre visite il y a un mois.
Visite de courtoisie.
Entre ami, c'est comme ça, on se fait des visites et on prend un café.
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7 oct. 2012. État 1
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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