HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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6.10.12

252. MONSIEUR DICKSON RÊVE ET LORSQUE MONSIEUR DICKSON RÈVE IL VOIT DES FANTÔMES OU UN FANTÔME OU UNE FANTÔME.

Henry Dickson était couché sur le divan. Il regardait le chien dormir devant le feu de foyer. En octobre, il aimait allumer le feu pour le voir et l'entendre. Comme des millions de gens avant lui pendant des millions d'années.

Le chien aimait le feu. S'approchait si près et devenait si chaud qu'on dirait qu'il allait brûler ou s'enflammer. Mais ça n'avait pas l'air de le déranger.

Il était bien content pour lui.

Car monsieur Dickson ne dormait pas. Non qu'il avait des soucis. Non, il dormait moins. Et passait du temps à regarder le plafond et la lumière de la lune dans la fenêtre. Pleine lune, ce 6 octobre.

À un certain moment, il s'endormirait. Après, il dormirait. Mais ça prenait de plus en plus de temps.

Compter les moutons?

Compter les morts.

Il compta les gens qu'il avait tué. Il en avait gardé un souvenir vague. Aucun remord. Aucune pitié.

Ce qui devait être fait l'avait été. C'aurait pu être tout aussi bien lui.

Et, un jour, c'était inévitable, ce serait lui. Ce qui le laissait tout à fait indifférent.

Un de moins sur 7,000,000,000.

6, 999 999 9999

Statistique.

Recyclage.

Tombent les feuilles, tombent les hommes. Homère a déjà dit quelque chose comme ça. Où tous les auteurs qui durant des siècles ont fini par être connu sous ce nom d'association au moment où l'écriture étant enfin inventée, il a bien fallu nommer ce qui était devenu un texte.

C'était souvent à ce moment que la petite blonde.

Apparition/hallucination/rêverie/fantasme/demi-sommeil.

C'était dans des moments de ce genre lorsqu'entre demi-éveil et demi-rêve qu'elle arrivait.

Nue.

Elle lui faisait signe de se taire du doigt sur sa bouche.

Chut!

En effet, le moindre son aurait détruire le songe fragile. Songe?

Elle marchait, devenait translucide, transparente, invisible et s'élevait et flottait, ses pieds ne touchant plus les planches du parquet, volait doucement, traversait les obstacles puis redescendait et marchait, pieds nus. Selon la nuit. Ou la lune de la nuit. Ronde.

Elle était nue.

S'approchait du lit. Ou du divan.

Se glissait sous les draps.

Si c'était un rêve, ce rêve avait un certain poids. Elle était légère mais le matelas se creusait lorsqu'elle y montait.

Ou ne se glissait pas sous le drap mais montait dessus.

Enserrait les jambes de monsieur Dickson sous ses jambes et penchait la tête vers lui.

L'embrassait.

Longuement.

Puis, par petit mouvement rond du bassin, comme une mouffette, elle s'installait à une nouvelle place. Saisissait son pénis bien droit de sa petite main droite car elle était droitière. Et le guidait vers sa bouche.

Et pendant des heures ou ce qui semblait des heures, elle le suçait.

D'abord doucement, longuement, langoureusement. De ses lèvres, de sa bouche, de ses joues.

Puis de plus en plus furieusement. Férocement. Une femme qui en voulait.

Une des rares femmes qui avaient un orgasme en faisant une fellation.

Il éjaculait dans sa bouche.

Elle avalait le sperme en se léchant les lèvres. Ses yeux devenant comme furieux.

Mais elle n'existait pas et c'était un rêve.

Parfois, elle arrivait nue, encore, et, cette fois-là, elle grimpait sur lui. S'installait sur son pénis. Et le guidait d'une main entre ses jambes. Et, lentement, le laissait entrer en elle. Ensuuite, elle ne faisait rien.

Elle fermait les yeux tout à ce qu'on ne pouvait pas appeler méditation et qui n'avait pas de nom. Car il ne faut pas tout nommer.

D'une suprême habileté, ses muscles vaginaux le pressait. Comme on traie une vache. Une idée qui lui était venue. Elle l'enserrait, le tirait, le poussait. Régulièrement.

Jusqu'à ce que l'inévitable se produise. Il éjaculait en elle. Et elle poussait un petit ronronnement de chatte.

Ce n'était pas une femme qui avait des orgasmes bruyants.

Mais rien de ceci n'était vrai.

Des rêves.

Parfois, elle arrivait. Nue encore. Montait sur lui. Encore. Et à petites enjambées escaladait ses jambes, son ventre, sa poitrine et sa bouche où elle s'installait.

Il avait ses petites et grandes lèvres et sa vulve et son clitoris sur sa bouche et c'était à lui de jouer de cet instrument délicat.

Et elle resterait là tant qu'il ne jouerait pas. Elle était patiente. D'une infinie patience.

L'odeur rendait un peu fou.

Et il jouait d'elle, commençant par des mélodies simples et faciles.

Jusqu'à ce qu'à l'autre bout, tout en haut, elle commence à sonner et réciter.

Il était difficile de dire ce qu'il aimait le mieux.

Pendant qu'elle lui faisait une fellation, il aimait jouer avec ses cheveux. Si longs et si fins. Lui masser les épaules et le cou. Ce qu'elle aimait. Car elle suçait différamment lorsqu'il lui massait les cou ou les épaules.

Ou il jouait avec ses seins. Ses mammelons. Comme il en jouait lorsqu'elle était à cheval sur sa bouche. À la merci de sa langue.

Elle aussi avait une langue, très longue, surpenamment longue et très agile. Il n'avait jamais vu une femme avec une langue aussi longue. Et elle était experte dans son maniement. Cherchait l'urêtre, le gland, le frein. Trouvait. Trouvait toujours.

Mais c'était lorsqu'elle était à cheval sur ses jambes et lorsqu'elle avait son pénis dans sa  bouche.

Mais tout ceci était un rêve, un fantasme, une hallucination, une psychose.

Rien de tout ceci n'était vrai.

Et il éjaculait dans sa bouche ou dans son vagin. Ou ses mains.

Combien de fois.

Elle était insatiable.

Et il s'endormi.

*

6. 18 oct. 2012. État 2