HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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6.5.12

67. MONSIEUR DICKSON REÇOIT LA VISITE DE 2 GRANDS MÉCHANTS LOUPS QUI VEULENT ESSAYER LEURS PETITS POTS DE BEURRE SUR LUI

Henry Dickson

Regardait le chien qui dormait en rêvant des rêves de chiens (lesquels?) et qui cessa subitement. S'éveilla et regarda vers la porte.

Chance, ce n'est pas un modèle jappeux. Rien de pire que ces hystériques de chiots qui pensent qu'ils doivent s'exprimer sans cesse.

Un long moment plus tard, comme la maison n'était pas bien isolée (ou pas du tout) bruit de pneus sur le gravier.

De la visite.

Alla voir à la fenêtre.

2 camionnettes Chevrolet Suburban noires stationnaient dans la cour. 2 hommes par camionnette. Impossible de voir s'il y en avait plus. Du premier véhicule, 2 hommes sortirent. Tandis que les 2 autres restaient de veille dans l'autre. Impossible de savoir combien ils étaient.

Pour lui éviter de fuir?

Big Government dans toute sa splendeur.

Ils montèrent l'escalier. Habits noirs. Copie FBI. Disparuent dans l'angle mort de la fenêtre. Cognèrent à la porte. Main ferme. On sait que vous êtes là! Silence.

Monsieur Dickson alla à leur rencontre sans aucune émotion particulière.

Salut! Salut!

Petits coups de têtes muets.

_ Vous savez ce qui nous amène ici?

_ Je suppose que vous êtes venus pour me le dire. À 2, la voix porte mieux.

Les 2 prononcèrent leurs noms, montrèrent leurs cartes. SCRS. CSIS. Service Canadien de Renseignement et de Sécurité. Canadian Security Intelligence Service.  Mélange de CIA, MI5, MI6, Papa Burger. Il y avait bien leurs noms sur les cartes. C'était très bien fait!

Agent niveau 3. Bébé Burger. Cette affaire ne nécessitait pas davantage. Mais on en avait mis plusieurs dans le menu familial pour compenser.

_ Notre service est responsable de protéger les canadiens contre les menaces à la sécurité nationale en faisant enquête sur ces menaces.
_ Content de l'apprendre, je me sens toute de suite mieux protégé. Et, vous, il vous faut 2 camions et 4 hommes pour venir ici, en région. Vous aviez peur de ne pas pouvoir repartir?
_ Le sujet qui nous amène ici est de la plus haute importance...
_ J'en suis sûr. Venez dans la salle, il y a une grande table, on pourra papoter dentelles et jupons. Désolé, vous arrivez trop tôt. ll n'y a plus rien à bouffer ni à boire à part l'eau du robinet.
_ Vous n'avez pas l'air de prendre très au sérieux le but de notre visite?

_ Je prends tout au sérieux.

Il leur fait signe de s'asseoir. Prend le journal Le Devoir et leur ouvre dans la face. Lui, lisant. Eux, de l'autre côté de la table, attendant. Faisant hum! hum.

_ Mes sudoku sont en retard.

_ Nous avons un horaire très chargé.

_ Pas moi, je ne fais rien.

_ Pouvons-nous commencer cette réunion?

_ Vous avez l'air de ne pas prendre au sérieux notre présence?

_ Mais je ne connais pas le but de votre visite. Il m'est donc difficile de moduler le dégré de sérieux nécessaire sur mon visage radieux. Et comme le ministre des Travaux Publics vient d'inaugurer un viaduc sans route pas loin d'ici, toute initiative gouvernementale m'intéresse. J'ai été voir comme tous les gens des environs. De toute beauté. Comme c'est biodégradable et fait en glaise, ça va tomber en poussière lorsque la route sera commencée ou terminée. Au choix. Pas grave, on en fera une autre. Avec un autre ministre pour l'inauguer.

Et ce que vous voyez est mon sérieux habituel. Je n'en ai qu'un. J'ai appris que tout ce qui existe est si insignifiant qu'il ne faut s'y intéresser que brièvement en s'amusant si possible. Rien n'a d'importance. Et j'ai la plus profonde indifférence envers tout ce qui existe. Et je me doute que ce qui vous amène est aussi prodigieusement insignifiant. À moins que les Martiens cannibales ne soient débarqués? Non ?

_ Vous n'avez pas l'attitude qui convient à un citoyen Canadien patriote et concerné face à la grave crise politique qui nous menace.

_ Comme la crise précédente qui a fait dépenser des centaines de millions en balles de golf avec la feuille d'érable Canadienne afin de sauver la patrie des méchants séparatistes. Si le juge qui s'occupait de l'affaire n'avait pas tchoké, le premier ministre et une grande partie du Conseil de Ministres finissaient en prison. Vous voyez, je suis un citoyen concerné qui se préoccupe de sa nation. Mais je suis sûr que vous allez m'informer au sujet de l'attitude qui convient en ce moment pour un citoyen concerné gouverné par le nouveau parti Conservateur. Bon. Vous m'avez indiqué quelle attitude ne convenait pas mais  pas encore sur quoi on va la poser?

Ils étirent leurs bras, font sortir les manchettes blanches et leurs boutons CSIS de leurs vestes noires. Prennent leurs aises à la grande table et sortent de leur mallette des tablettes électroniques IBM.

Cravates noires.

Avaient-ils des fixes-chaussettes noirs pour tenir leurs chaussettes noires dans leurs souliers noirs avec des lacets noirs comme il était obligatoire chez IBM et le FBI ?Modulation budgétaire: la police provinciale et municipale en est encore au Bic et à la tablette lignée. La police militaire à l'ordinateur portable Japonais VAIO Sony. Et eux sont à l'étape des tablettes. IBM. Par mimétisme.

_ Ce qui nous amène est la découverte récente du squelette dans votre cheminée.

_ Récente! 3 mois.

_ Il a fallu faire enquête avant de venir. Et notre arrivée concerne un supplément d'enquête à l'enquête en cours.

_ Encore?

_ On n'est jamais trop sérieux.

_ Qu'est-ce qu'il a fait ce pauvre type pour mériter autant d'attention? On l'a oublié comme certains époux font de leurs épouses et, tout d'un coup, ils se rappellent d'elles lorsqu'elle les reçoit chez eux avec son avocat. Il n'y a pas d'affaires plus récentes? Il y a des femmes qui disparaissent ici. On ne retrouve que leurs têtes. Ça n'intéresse personne?

_ Nous ne nous mêlons pas des affaires civiles qui relèvent de la juridiction de la police.

_ Et ça, ce n'est pas une affaire civile qui relève de la juridiction de la police? Elle est même venu planter son claim. Et vous vous en mêlez quand même. Est-ce qu'ils sont au courant que vous vous en mêlez? Je suis sûr qu'ils auraient dit que vous allez brouiller les pistes mais il y a si longtemps que toutes les pistes doivent être brouillées. Un brouillon de plus ou de moins. Remarquez que si on est capable de trouver l'identité d'une momie de 5000 ans en Égypte et de reconstituer son mode de vie, ce ne doit pas être si dur. Quoique ce soient des ethnologues et des archéologques qui s'occupent de balayer au pinceau tout ça. Je ne sais pas si la police est ce qui est vraiment indiqué pour les morts pas frais. D'un autre côté, on annonçait avoir découvert un agent du MI6 mort enfermé dans son sac de sport depuis 6 mois dans sa baignoire chez lui. Sans que personne ne s'inquiète ou ne vienne lui faire coucou. Et les enquêteurs du MI6 affirment qu'il est entré tout seul et a barré le sac. Sacrément doué, on a voulu montrer que n'importe qui ayant des perversions sexuelles comme la sienne pouvait en faire autant et un contorsionniste a pu entrer dans le sac, même après 300 fois, il n'arrivait pas à barrer le sac de l'intérieur. Remarquez qu'on n'a pas essayé de l'innocenter, de dire qu'il avait été zigouillé par l'opposition, qu'il est mort en devoir, en héros, tué sadiquement. Non. Seulement un pervers sexuel aimant être attaché. Un imbécile mort étouffé dans son prore sac de hockey. Comme si on essayait de nuire définitivement à sa réputation afin qu'on n'accorde aucun sérieux à ce qu'il aurait pu laisser comme témoignage. Curieux! Vous ne trouvez pas ça curieux? J'écoute les nouvelles et je profite du fait que vous êtes là pour avoir des nouvelles plus fraîche. Vous devez avoir des nouvelles de vos petits copains Britannique?

_ Encore une de ces nouvelles scandaleuses destinées à ridiculiser les services gouvermentaux! Nous ne savons rien de cette affaire qui ne semble pas être bien sérieuse. Vous regardez trop la tv.

_ CBC. BBC. En passant, puisqu'on est condamné à reparlé du squelette dans la cheminée, ils l'ont amené. Avec eux. Il y a même des techniciens qui ont poussé la conscience professionnelle au niveau de l'apostolat en essayant de trouver des empreintes digitales. Admirable! Vos indices sont probablement à Montréal. Aucune nouvelle depuis.

_ Les personnes et services concernés ont eu les nouvelles nécessaires, les personnes que cette affaire ne concernait pas n'avaient pas être informé. Nous avons obtenu des journaux et médias nationaux qu'ils n'en parlent pas avant que nous complétions notre enquête et fermions le dossier.

_ Et on reparlera de la liberté de la presse et de la démocratie. Et nous sommes en temps de paix. Qu'est-ce que ce sera en temps de guerre?

Comme ce journaliste qui la veille de la reddition de l'Allemagne a annoncé le scoop de sa vie. La guerre était finie! Personne n'était encore au courant. L'État Major de l'armée Allemande venait de se rendre dans une ancienne école à Reims. 2.41 a. m. Fuseau horaire de France. 7 mai, 1945. Et ce sont les Allemands qui ont annoncé eux-mêmes à la radio leur reddition. Jeté dehors comme un chien par les censeurs de l'armée et ses boss de l'Associate Press.

Parce que Churchill et Truman avaient décidé de retarder la nouvelle de la capitulation pour une journée afin de permette à Staline d'orchestrer une autre cérémonie de capitulation à Berlin. L'embargo de l'État Major Suprême Allié était pour des raisons politiques et non pour protéger les troupes ou la population. Et Staline était encore un allié. 67 ans plus tard, les patrons de l'AP s'excusent pour la façon dont il a été traité. Nouvelle de CBC.

_ Peu importe ce qu'on a pu dire et ce qu'on dit maintenant, ce qui a été décidé l'a été pour des raisons de politique supérieure et non de politicailleries politiciennes. Raison d'État. Et nous devons nous plier.

_ Je vois que vous pliez beaucoup et ne demander que ça!

_ Vous cherchez à nous provoquer mais nous n'entrerons pas dans votre jeu.

_ Bien. Bien. Commencez!

_ Que pouvez-vous nous dire sur le cadavre?

_ Rien que j'ai dit lors des 2 interrogatoires précédents. Celui de la police. De la police militaire. Ce que vous regardez en ce moment dans votre i Pad IBM. Il y a un miroir derrière vous et je vois tout.

_ Nous allons commencer par l'identité de cet individu. Avez-vous des raisons de croire qu'il puisse être identifié un jour. Des rumeurs. Des papiers trouvés dans cette maison concernant cette affaire. Car si cet inconnu...

_ Inconnu ?

Monsieur Dickson répéta le nom que les policiers militaires avaient révélé. Personne qu'il connaissait de près ou de loin, mais il est bon de savoir. Les agents de niveau 3 blèmirent.

_ Ce n'est pas comme ça que ça doit se passer. Rien ne se passe comme ça devrait se passer. Ce sont des informations confidentielles du niveau le plus élevé.

_ Et même ceci ne devrait pas être mentionné. Mon collègue a trop parlé. Oubliez ce qu'il vient de dire. En partant, nous vous ferons signer un document assurant la sécurité et la confidentialité de notre entretien.

_ Ils l'ont su grâce à son collier de chien. Homme. Nom. Groupe sanguin. Unité. Date. J'ai vu la photo de la police militaire. Ta. Da.

_ Nous nous doutions qu'il y avait eu des fuites dans ce dossier mais nous ignorions qu'elles provenaient de l'armée.

_ Vous avez une copie de leur dossier et de leur rapport et vous ignoriez...

_ Supposons que cet homme s'appelait ainsi, ce que nous refusons de confirmer..

_ L'armée l'a fait pour vous. Ne vous fatiguez pas plus.

_ Que pouvez-vous nous dire que vous n'avez pas dit lors des précédentes enquêtes? Mieux, vous allez nous redire ce que vous avez déjà dit. Pour voir si les différentes versions concordent. Et puisque vous avez eu du temps pour penser, quelle information nouvelle vous pourriez partager avec nous?

Des fonctionnaires dans toute leur essence. Puisqu'il fallait en passer par là, passons!

Lorsqu'il arriva à la fin, ils furent un brin déçu. Remarquèrent en duo que c'était un peu court.

_ Un inconnu loge dans ma cheminée. Depuis qu'il a un nom, il est moins inconnu. Mais on n'a toujours pas été présenté.


_ Nous sommes déçus, nous pensions que depuis ce temps, vous auriez pu avoir du temps pour penser, réfléchir ou recevoir des confidences?
_ De qui? On m'a dit que cette affaire datait de 70 ans? Avec un jeu de 10 ans, plus ou moins. Qui est encore vivant pour avoir vu quelque chose et, en plus, être capable d'en parler? Et qu'on le comprenne en plus! Si vous alliez au CHSLD local, vous trouveriez peut-être des gens de 90 ans ou plus mais dans quel état?
_ Qui vous a parlé de cette période de temps?
_ Quoi, les 70 ans? Les gens de l'armée.
_ Encore! C'est une autre information confidentielle, de même que tout ce qui concerne cette affaire. Et, bien sûr, l'identité de la victime.
_ Confidentielle, comment?
_ Il s'agit d'une affaire concernant la sécurité nationale, une possible menace à la sécurité nationale, toute divulgation d'information non précédemment validée et approuvée par les instances concernées constituerait une trahison.
- Wo!
_ Les peines concernant les personnes reconnues coupables de trahison pouvant aller jusqu'à la détention à vie dans une prison militaire sans possibilité de libération confidentielle et sans communication avec l'extérieur. C'est une offense très grave. En temps de guerre, elle peut mener jusqu'au peleton d'exécution. Pour un ancien militaire come vous, même si vous ne faites plus actuellement parti du corps de l'armée, il s'agirait aussi du tribunal militaire et de la cours martiale. La punition serait encore plus dure que pour un civil.
_ Dans quel monde vivez-vous? Et dire que vous êtes là pour informer! Vous me faites pitié!
_ Attention à ce que vous allez dire!
_ Vous allez me poursuivre parce que je vous aurai fait de la pépène? Vous ne savez pas encore que la police a interrogé tout le monde qui me connaissait et avait eu connaissance de faits concernant la maison, c'est à dire tout le village.

À ce moment, on n'avait pas encore de nom officiel. Une fois l'armée sur place, les interrogatoires ont repris avec le nom, cette fois. Provenant du labo de la police. Et des photos de plus.

Et lorsque je vais au village, on me demande, monsieur Dickson et cette affaire du mort, du cadavre, du squelette dans la cheminée?

On me demande parfois des nouvelles de ma cheminée. Non, elle n'est pas encore réparée. Impossible d'y toucher avant que la SQ, la police militaire et, probablement vous, donnent leur OK!

Je vais tous les jours au bureau de poste, à l'épicerie, à la boucherie, à la Caisse Pop, à la librairie, à la bibliothèque, au café internet, à la boulangerie, au cinéma, au bar western à danseuses, au musée photographie de l'histoire du village dans le presbytère, mais pas tous les jours!

Et il n'y a pas une fois où un client ou une cliente ne m'en parle. Et chacun ou chacune a son opinion. Sa théorie. Ou celle de celle qui le lui a dit.

Les ethnologues seraient ravis et en feraient un livre ou une série d'émissions comme il y a déjà eu sur des légendes similaires. On avait fait le tour de la province et on les a présenté, une fois, à Télé Québec. Après, on a tout de suite effaçé les rubans par mesure d'économie pour enregistrer dessus.

Ça va s'ajouter à la légende locale comme le cheval noir du Diable qui a servi à transporter les pierres de l'église. Le Diable qui danse et attire les jeunes filles dans cet art diabolique pour les exciter. La sorcière crucifiée sur la porte de l'église. Le curé pendu. Le curé mort décapité disant sa messe sa tête dans ses bras à minuit le Mercredi des Cendres. La sorcière qui a tué ses 4 maris en leur faisant couler du plomb fondu dans l'oreille pendant qu'ils dormaient et qu'on a pendu aussi dans une cage de fer pour la laisser pourrir aux 4 chemins tout près. Et les têtes des vendus aux anglais qui flottent sur les eaux et quiconque les voit mourra dans l'année. Et le prêtre qui vient chaque année dire sa messe avec ses enfants de choeur parce qu'il a un jour précipité sa messe de Noël afin de bâfrer comme tous les autres au Réveillon du seigneur du village, ici, dans cette maison. Et la petite orpheline enchaînée dans une cage. Et la petite bossue enchaînée dans son grenier. Et le père qui garda sa fille prisonnière pendant 30 ans, dans une pièce secrète de sa cave, après avoir dit qu'elle avait été enlevée et qui lui avait fait d'autres enfants. Et des enfants à ces enfants. Il avait donc une autre famille avec elle dans sa cave et une autre dans la maison. Et sa première épouse, jamais ne fut assez curieuse pour aller voir. Et la négresse que l'on a torturé en lui brisant les jambes pour qu'elle avoue avoir fait avaler des aiguilles au bébé de sa maîtresse et que l'on a brûlé vive. Et les fillettes prises de transe disant que le curé les avait engrossées en leur jetant un sort pour leur dérober leur virginité. La moitié du village a été pendue par l'autre moitié. Et le curé qui excitait si fort les soeurs vierges du couvent qu'on le dénonça et sous la torture avoua les avoir envoutée. On lui brisa les jambes, les bras et la cage thoracique à coups de barre de fer avant de le jeter au feu. Et ce curé qui bégayait si humilié de son peu de talent et qui fit brûler la chaire de l'église par son bedeau et qui voulu brûler l'église avec tous ses paroissiens avant qu'on ne surprenne son plan et le pende à la plus grosse cloche du clocher. Et cet espion de Napoléon qui fut dénoncé et qui fut pendu puis dépendu encore vivant puis on lui ouvrit le ventre pour en sortir les tripes et, enfin, on lui coupa bras et jambes et finalement la tête. Une de plus.

_ Si on écoute tout ça et même si on en croit la moitié ou le tiers, on n'a pas vraiment envie de vivre ici!
_ Et ce n'est fini. Si vous avez empêché les grands médias d'en parler et avez réussi, avec la gang de lèche-culs qui travaillent là, pas surprenant. Le petit journal local en a parlé. Et les journaux locaux et régionaux aussi, ceux distribués dans les Publi-Sac, le sac de pub et d'échantillons d'anti-sudorifique à la fraise que l'on glisse sur votre poignée de porte chaque semaine. Ou que l'on garroche sur votre galerie. 100,000 copies. Tout le comté est au courant. Je ne sais pas ce qu'il en est des autres comtés. Le Publi-Sac étant distribué dans toutes les poignées de porte de la province.
Et ce n'est pas le plus beau. Une femme que je connais publie une sorte de fanzine ou mensuel familial distribué par la poste à tous les membres de sa famille. Afin que peu importe où ils se trouvent, ils aient des nouvelles du clan. Naissance, baptême, mariage, anniversaire de tous les enfants, cousins, neveux. Les diplômes obtenus. Et, bien sûr, les nouvelles locales. Et quelle plus belle nouvelle locale dans un village où il ne se passe rien que celle d'un squelette. On ne parlait que de ça ici. Il fallait bien qu'on en parle ailleurs. Et la famille est un peu partout dans le monde. USA, Canada: votre pays, France, Angleterre, Japon. Nommez-les!
Il n'y avair rien de plus hot! que depuis l'affaire des immigrants, lorsque le conseil municipal de l'époque a voté un code de vie, comme dans les écoles primaires, une loi contre le tchador et contre la lapidation des femmes. On en a parlé partout. Ils ont passé pour des cons arriérés. Même si je les approuve.
Et pour ce qui est du secret, vous n'avez qu'à pitonner sur Google. Henry Dickson et ses histoires de fantômes. Henry Dickson et le squelette dans la cheminée.
Il y a même des films sur YouTube. Moi, par terre, avec une botte de flic sur la tête. Les pompiers et leur grande échelle, l'ambulance avec la civière et le policier blessé, le sac dans lequel on amène le squelette.
Il y a même un jeu avec son nom. Gratuit.

Les généalogistes essaient de trouver tout ce qu'ils peuvent depuis que son nom circule. Et vous me parlez de confidentialité! Hé! Ho!
_ Nous ne savions pas que c'en était rendu aussi loin. Il semble que l'affaire soit hors de contrôle depuis un moment, il va falloir reprendre le contrôle.
_ Avec Internet et des centaines de millions d'internautes. Le diable est sorti de la bouteille. Impossible de l'y faire rentrer. Faudra faire avec. Et ce n'est pas si grave. Qu'est-ce que peut faire de si terrible un homme mort depuis 70 ans?
Ils se regardèrent, poussèrent ensemble un soupir de découragement, prirent une résolution que entraîna un autre soupir.
_ Nous aurions dû commencer par ce fait de la plus haute importance. Notre erreur. Désolé! Quand nous avons invoqué la possibilité de jugement pour trahison, nous ne voulions pas vous faire peur...
Ben voyons!
_ Nous pensions à un autre élément de l'enquête. L'homme dont tout le monde parle et dont personne ne devrait parler est un traître. Il était recherché pour trahison. Il a mis en danger la sécurité du pays à ce moment, lors de son vivant. Et même mort,

_ ... il menaaaace hooooo! encore la sécurité du pays.

_ Il n'y a pas de quoi rire.
_ Et vous pensez qu'en me «révélant» cette information confidentielle - nia! que des millions de gens... et tout le village est au courant- je vais faire dans mes short. Et la seule chose que vous auriez pu me «révéler» pour que je ne vous prenne pas pour des Raéliens ou des adeptes de Dan Brown qui pense que la Reine d'Angleterre est parente en ligne directe de Jésus est en quoi et à qui un homme mort depuis aussi longtemps peut-il nuire? Quel est ce secret? Et qu'est-ce qu'on gagne en le trouvant? Ça fait des décennies que Reader's Digest a son concours et personne gagne jamais!
_ Nous ne pouvons pas vous le dire. Il s'agit d'éléments du dossier encore plus secrets.
_ Le secret dans le secret, comme les poupuées russes. Le secret d'État.

Le gouvernement, la bureaucratie, l'armée, les services secrets servent le plus souvent à cacher des bavures. On nettoie et pousse sous le tapis et on défend à toute personne d'épousseter. Rien vu. Rien connu. Pas vu. Pas pris.

S'il y a des personnes qui peuvent se sentir menacées, ce doivent être quelques grosses pondeuses, à la retraite ou sur le point d'avoir leurs cartes bleues ou n'importe quelle couleur réservée aux légumineuses de choix. Ils ont été responsable ou la cause ou témoins muets de quelques grosses bouses de vache. Ils pensaient que tout avait été oublié. Et c'était le cas. Et voilà que ressurgit du passé un nom, un corps. Peut-être une vie? Quelqu'un qui a participé, été victime ou témoin, aussi, de cette chierie. Et comme un jeu de domino, tout peut basculer. Leur belle retraite. Leur belle réputation. Leur nom dans les manuels. Parce que si on cherche, si on tire sur le fil de la quenouille ou de la balle de laine ou de la chaussette, on trouvera le fil qui se défile et se démêle et, tout au bout, leurs noms. Ils doivent être très vieux. Intouchables. Ou en haut de l'échelle. Sur le toit. Tout près des Cieux! Une poussée et ils dégringolent. Et peut-être que ce n'est pas seulement une seule merde mais toute une diarrhée historique qui surgira de la soul à cochons et du trou de cul des verrats.
_ Vous parlez bien légèrement des personnes d'élite qui nous dirigent. De tels propos seraient plus compréhensibles de la part d'un terroriste. D'un agent étranger ou d'un ennemi de l'État Canadien, de ses alliés de l'Otan. D'un traîre en puissance ne demandant qu'à trahir ou l'ayant déjà fait.
_ Le terrorisme n'existe pas!

Ils frisent la crise d'apoplexie. On remet en doute la Transsubstantiation ou le fait que des sorciers juifs ou musulmans dont les couettes de cheveux sont des antennes pour le Divin doivent yeuter et bénir une vache égorgée et saigner vivante pour pouvoir l'approuver comme viande comestible pour les juifs et les arabes primitifs cinglés. Il y a même un seau: oui, cette vache a souffert autant qu'elle a pu pour le divin. On l'a béni pour vous. Allah ou Yavhé est grand!
_ Rien que pour avoir dit ça, vous mériteriez la prison. Des gens sont morts dans la défense de notre pays contre le terorrisme.
_ Blabla!

_ Comment osez-vous!?
_ Des gens sont morts pour avoir voulu appliquer le terrorisme à d'autes pays. On parle toujours tout le temps du terrorisme amateur, d'artisans sans le sous, politisé, religieux, cinglés mais jamais du terrorisme d'État appelé Guerre. Ou, plus discrètement: opération noire, de commando quand il s'agit d'assassiner en douceur un adversaire. Ça on n'en parle jamais. Parce qu'on attire toute l'attention sur ces minus avec leurs bombes minables quand les vrais pays terroristes en ont pour des milliards et des milliards. Dans ce cas, on l'appelle autrement. Ce n'est que pour la défense des intérêt du pays qui est la défense des intérêts des ceux, quelques-uns, le 1 %, qui possèdent les pays, les riches. Pas la population, le 99 %. On est en Afghanie, afin de contrôler la base militaire Afghane en vue d'une future attaque contre l'Iran. Personne ne regarde de carte ou de globe terrestre. Vous ne pouvez attaquer l'Iran qui est pris en sandwich entre l'Afghanistan et l'Irak que si vous êtes dans les 2 tranches de pain. L'Irak attaqué illégalement pour son pétrole. Envahi. Occupé. Comme les nazis faisaient et ce pourquoi on les accusé et pendu. Du moins leurs chefs vivants à Nuremberg. Vous pouvez, bien sûr, attaquer tout de même l'Iran mais ce sera plus difficile. C'est pour ça que, présentement, on essaie de refaire en Syrie le coup de la Libye.
_ Trahison!
_ Ce que je dis, des tas de journaux et de sites Internets et de blogs le disent. Pas les journaux papier de toilette remplis de lèche-culs officiels. Vous allez mettre combien de monde en prison?
- Nous nous laissons emporter. Ici, contrairement à d'autres pays, la démocratie existe et la liberté de parole et d'opinion
_ Tiens! Je me demandais quand vous alliez vous en souvenir. Il me semble me souvenir aussi que c'est votre job de les défendre. J'ai peut-être mauvaise mémoire, je vieillis.
_ Si vous connaissiez tout de cette affaire, vous parleriez plus prudemment et vous comprendriez la difficulté de notre tâche. Oui, il s'agit d'une trahison. Mais nous ne pouvons en dire davantage.
_ Encore. Vous ne pouvez en dire davantage parce parce que vous n'en savez pas plus. On vous l'a dit ou chuchoté. Et ça vous a suffi. En bon chienchien de son maître. Donne la papatte, va chercher la baballe.

Je vais essayer d'imaginer. Tiens, je fais une crise de haute pression et j'imagine. Juste pour vous. Le coup de Dieppe numéro 2. Une attaque surprise mal planifiée aux objectifs flous qui a provoquée un massacre. Ça a dû arriver des tas de fois et il y a eu tellement de morts qu'on a pu en oublier quelques unes. J'imagine aussi puisqu'on est dans l'imagination que les responsables survivants s'ils ont une job de ministre n'ont pas envie. Ou même si c'est leur fiston qui sont ministres. La famille, c'est sacré! Et nommer le mort qui est peut-être un témoin peut entraîner toute une série de conséquences... Alors on balaie très fort. Comme pour une partie de curling.

Et le pire est que vous n'en savez rien. Parce que vous n'êtes pas assez important pour qu'on vous dise ce qu'il en est réellement. Parce que dans votre job, on n'informe que si l'information est indispensable à celui qui fait le job afin qu'il puisse faire son travail.

Certainement pas si c'est une bavure qui peut le démotiver. Lui faire douter du service, du ministère, de ses boss ou de leur raison. Ou de leur état mental.

Qui fera qu'un témoin de plus sera au courant. Et pourra témoigner contre vous. Et on ne se fiera pas à la docilité de carpette de quelqu'un à qui on demandera de vous torcher le cul ou de vous sacrifier pour vous.
_ Mais nous vous disons que c'est une trahison, pourquoi ne le croyez-vous pas?
_ Parce que les gars de l'armée considèrent que celui que vous appelez un traître comme un héros. Mettez-vous d'accord!

Un des agents manque d'avaler sa langue. Et tousse à s'étouffer parce qu'elle ne passe pas. L'autre, plus maître de lui-même conserve son calme et son sens de la répartie.
_ Oh! Il ne s'agit que de cela. Les soldats sont de grands enfants, ils croient à des choses fumeuses comme la gloire, l'honneur, la bravoure, le serment, la parole donnée, les hymnes patriotiques, le salut au drapeau. Et parce qu'ils croient ce qu'on veut, on leur donne en récompense de petits hochets, de petits rubans, de jolies médailles. On leur laisse leurs jouets puisque ça leur fait plaisir.

Nous nous occupons des vraies affaires, du fond des choses. Nous sommes des hommes sérieux.
_ Je le savais. Vous ne savez rien. On vous envoie sonder le terrain. Et c'est un coup de Dieppe puissance 10. Mais je ne sais pas ce que c'est. Il faudrait qu'un historien spécialiste de la deuxième guerre mondiale passe en revue toutes les saloperies qui sont arrivées et trouvent la pire et je crois qu'on ne serait pas loin de ce fameux dossier secret.
Ils étaient vraiment fâchéfâché.
_ Partons! Il ne veut rien entendre. Il ne comprend rien. Inutile de perdre davantage notre temps.

Mais pas avant que le plus agité laisse planer une menace pas si discrète...
_ Vous entendrez parler de nous!
_ Où? À la tv?
Monsieur Dickson pour éviter qu'ils ne changent d'avis leur avait ouvert d'avance la porte et les accompagnait sur le perron. Le chien qui avait senti un changement d'humeur de la part des participants à la réunion grondait doucement et montrait des dents. Qu'il avait nombreuses, longues, pointues.

Puissance de la machoire: 300 kilogrammes par centimètre carré.

Il avait le don de deviner l'humeur de son maître et de comprendre qu'il était dans une de ses variantes de sa mauvaise humeur et en présence de gens, également de mauvaise humeur, qui ne lui voulaient pas de bien. Et sentant très bien l'évolution et les nuances des intentions belliqueuses des gens qui entouraient son maître, s'arrangeaient pour se placer discrètement entre eux et lui. Brave chien!
_ Je ne sais pas ce qui me retient...
Un des agents étaient vraiment vraiment de mauvaise humeur. Il rêvait d'abus de pouvoir.
_ Vous n'êtes pas de la police et même de la police, il y a des bornes à ne pas dépasser. Je pourrais vous foutre dehors à coups de pieds au cul!
_ Vous auriez pu. Lorsque vous étiez plus jeune. Nous avons lu votre dossier. Vous avez une jambe assez amoché.

Il ricane. Subtilement. Montrant ses canines comme un chien.

_ Fini le Taekwando.
Il ricana en disant qu'il est tragique de vieillir. Et qu'il pourrait le pousser en bas de la galerie sans qu'il puisse les empêcher. Un vieillard tombé de sa marchette. Accident regrettable.

_ Et à 2 contre 1...
_ Vous avez raison, le Taekwando c'est fini. Les Coréens aiment les jeux de jambes. Au Japon, on préfère les jeux de mains avec le Karaté. Mais c'est brutal et je suis devenu pacifique.

_ Un pacifistes. Lâche en plus!

_ Pas pacifiste mais pacifique. Je ne cherche pas le trouble mais si on m'en fait. Et, miracle, un grand sage a inventé une science de la paix en action pour les gens poétiques comme moi. Maître Morihei Ueshiba. Poète, mystique. Il est mort en 1969 et je ne l'ai malheureusement pas connu mais j'ai eu la chance de rencontrer un de ses élèves.

_ Nous sommes 2 et à 2 nous sommes plus jeunes que vous et superentraînés.

_ Homme de peu de foi!

_ Krav-Maga Israélien. Mossad !

Et sans même finir sa phrase, il frappe. En s'agitant beaucoup tout en faisant encore plus de bruits, supposément pour désorienter l'adversaire: une petite fille de 6 ans qui joue avec son set de vaisselles en plastique. Pensant le prendre par surprise et lui faire très mal.

Il n'eut pas le temps de finir la phrase que monsieur Dickson prenait le revers du poing qui se dirigeait vers lui, le déplaça du dos de sa main et le fit tourner, de son autre main, engloba le bras de l'autre homme qui se préparait à frapper lui-aussi et les fit tomber de l'escalier en vol majesteux.

Comme les grandes oies blanches qui passaient par milliers en V au-dessus de sa maison.

2 agents des services secrets Canadien en train d'apprendre à planer.

Moment historique. Prenez une photo.

Les 2 autres agents de rechange de la Suburban jumelle avaient bien vu que la conversation virait à l'orage mais n'osaient s'en mêler. Quand ils virent leurs collègues voler dans les airs, ils sortirent de leur camionnette pistolets mitrailleurs au poing.

MP5K. Heckler & Koch. 9 mm. 30 coups en rafale. 900 coups par minute. Vitesse 400 mètres seconde. 1278 Kilomètres heure. Mach 1.04. Énergie 470 joules. Balle blindée. FMJ. Full Metal Jacket. Masse de la balle. 8 grammes. Munition de l'OTAN. Merveille de la technologie Allemande.
Rien à faire que de mourir.

Les 2 autres agents se relevaient douloureusement en sortant leur Glock 30.

Gaston Glock.

Autrichien.

Calibre .45. 10 balles.

Le massacre

*

5. 6 mai 2012. État 1.2