Henry Dickson
Observe les chiens à la jumelle se tenant prudamment loin de leur zone de chasse. Se demandant si la jolie blonde sera là cette nuit.
LES CHIENS. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE
Sans être particulièrement doux, le chien n'est pas généralement méchant lorsqu'il est seul et détendu. Et lorsqu'il n'a pas le costume de chien. Il se confond alors avec les autres espèces de la société. Il peut même lui arriver d'êre craintif.
Quoique cela puisse arriver parfois car lui et les autres chiens sont sélectionnés selon leur agressivité et leur capacité d'obéir aux ordres mêmes les plus stupides.
Il va de soi qu'il peut être stupide même sans ordre car sa capacité intellectuelle n'est pas un critère de sélection primordial.
Mais même dans ce cas, s'il peut être dangereux et l'est parfois, souvent par simple stupidité personnelle, ses possibilités de nuisance sont malgré tout limité du simple fait qu'il est solitaire même costumé en chien. Quoique ils soient redoutables lorsqu'ils sont en groupe.
Surtout contre des gens désarmés.
Face à des individus possiblement armés, leur cerveau reptilien recommence à réfléchir et ils font preuve de la plus grande prudence qui peut les amener à faire de longs détours et à attendre quelques décennies le temps de réfléchir sur la meilleure attitude à prendre.
C'est pour ça que la Mafia et autres organisations sociales dynamiques et inspirantes sont traitées avec la plus grandes cironspection et qu'il faille souvent une génération pour se décider à trancher une branche morte nuisible (de la génération passée ou d'une génération plus vieille encore) à l'organisation souvent sous l'inspiration de membres plus vigoureux et plus jeunes de la dite organisation à qui ces rameaux flétris qui s'entêtent à perdurer et à ne pas tomber font de l'ombrage.
Les chiens font parti du bras armé des riches et puissants qui contrôlent la simili-démocratie (comme il existe du simili-poulet vendu en tranches dans les épiceries) au même titre que l'armée qui n'intervient que lorsque la première ligne de défense de l'$ associé à failli.
Préférablement contres des civils désarmés. Comme les chiens
Ou pour envahir un autre pays et le voler. Il en est ainsi depuis le commencement des villes. Ou des sociétés.
Il y a des milliers de manifestants ce soir comme les autres soir. Et un attroupement de chiens arrivent pour les disperser.
Ils troublent l'ordre public.
On a fait venir les chiens à 6 heures du matin. Ils ont revêtu leurs uniformes puis se se sont réunis dans la salle d'attente du chenil. Le mâle dominant de la meute les a informé de la situation. De dangereux terroristes voulaient détruire la ville. On cassait des vitrines. Il ne fallait pas tenir compte de leur âge ou de leur sexe. Jeunes ou femmes, ce n'était qu'une apparence trompeuse camouflant des ennemis. D'autant plus sournois qu'ils n'en avait pas l'apparence.
Ensuite, on les a fait s'assoier sur des banquettes de métal, mariner 18 heures dans leur jus. Casqué, botté, ganté. Avec sur leur dos leur armure de Darth Vader nazis. 50 livres d'armures, de gadgets douloureux et d'armes.
Parfois, on le revêatait d'un costume vert pour camoufler leur ensemble noir de guerrier. Parfois, on les montrait tout en noir. Le costume vert étant censé détendre l'atmosphère ou, au moins, ne pas l'envenimer davantage. Comme si personne ne savait ce qu'ils faisaient là. Si on les envoyait tout en noir, c'est qu'on avait décidé de ne pas détendre l'atmosphère et de terroriser un peu avant de casser des gueules.
On pouvait aussi les gazer, les tirer aux balles de plastiques dure (assomme ou crève les yeux) ou contenant de la peinture (afin de reconnaître un participant à la manifestation quand elle se serait terminée de façon à... heu! l'appréhender avec toute la délicatesse qui convient, lorqu'il serait enfin seul et sans témoin.
Au besoin, on pouvait tirer dessus au pistolet standard et réglementaire qui tue.
Il y avait la matraque de métal à ressort télescopique. Et la matraque de bois ou fibre de verre conçue pour faire très mal. Et il fallait fesser le plus fort possible comme lorsqu'on joue au baseball.
Anciennement, on se servait de sabre quand on était à cheval pour tailler en morceaux les manifestants. Ou on tirait dessus au mousquet quand on eut des mousquet. On pouvait ajouter une baïonnette pour piquer dans les foules.
Maintenant, on les passe à l'attendrisseur. Le but éducatif est le même: vous faire comprendre quelle est votre place dans la société.
En bas.
Et dans cettes position quelle attitude ou comportement convient le mieux: la soumission.
Il faut obéir.
On vous dira à quoi tantôt. Ou on vous l'a déjà dit mais vous n'écoutiez pas. On va vous le dire. Et on va s'arranger pour que cette fois l'information rentre.
Vous n'êtes pas dans l'Allemagne Nazie. Erreur. L'Allemagne Nazie n'était que l'étape de perfection ultime de tout gouvernement. Et la population rééduquée et obéissante, le peuple idéal espéré par tout État, Église ou Chambre de Commerce.
La peur et la douleur sont les véhicules de l'information que l'on veut faire parvenir au cerveau en utilisant d'autres voix que la vue ou l'ouie qui ont échoués. Il est surprenant comme l'information éducative peut tout aussi bien circuler par des coups dans le dos, sur l'épaule, la cuisse, les fesses ou la tête. À chaque coup, on devient plus attentif et écoute d'avantage.
Ils étaient les plus forts et tous les autres devaient comprendre que, malgré leur nombre, ils étaient les plus faibles. Et qu'on pouvait en faire ce qu'on voulait. Ce qu'on démontrait en tapant sur ceux qu'on attrappait. Leçon pour celui ou celle qui était cognée et ceux ou celles qui regardaient.
Dans la salle de béton, ils avaient chaud, suait, étaient mouillés, répandaient leur testostérone les uns sur les autres.
De temps en temps, un mâle dominant venait les voir pour les motiver. Dire que la fin approchait.
Ailleurs on étudiait la situation. Comme on ferait pour la météo. Les courants d'air seraient-ils favorables? Politiquement. Journalistiquement. Quel était l'état de population. Que disaient les radios et la tv. Les journaux toujours en retard paraîtraient le lendemain. On ouvrait les fenêtres des tours à bureaux, se mouillait le doigt dehors et on le tendait au grand vent. D'où venaient les courants? Une petite brise de l'ouest ou un fort vent de l'est. Et on communiquait ses impressions sur l'état de son doigt mouillé. Enfin, l'ordre vint du Très Haut pour redescendre tout en bas. Ça avait suffisamment duré. Les commerçants se plaignaient. Et les automobilistes aussi. On leur prenait leurs rues qu'ils avaient payées de leurs taxes.
Pour se détendre, ils faisaient leur propre musique rythmée en frappant de la matraque sur leur bouclier. Pendant des heures.
Finalement, après cette attente frustrante et exaspérante, on ouvrait les portes du chenil pour les faire entrer et s'entasser dans leurs fourgonnettes. Direction le champs de bataille. Arrivée sur le champs de bataille. On ouvres les portes de la fourrière.
_ Faîtes le ménage! Clairez moi-ça! Je ne veux plus voir personne dans les rues.
On venait de lancer l'assaut. Et ils se ruent sur les manifestants matraque en l'air.
Festivail de la fracture du crâne et de la commotion cérébrale.
Coma en vue.
*
21.22 mai 2012. État 2
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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