Henry Dickson
Lisait toujour. Une voix. La même.
_ Il n'y a pas de brosse à dents.
_ Si. Il y a la mienne.
_ Non, merci.
_ Manger une pomme fait aussi bien.
_ En avez-vous quelque part? Dans la cave?
_ Ça adonne bien. Une caisse. Chacune enveloppé individuellement. Et une caisse de boites de pâte à dents en tube. Madame, vous avez gagné le gros lot.
_ Dans la cave.
_ Vous savez, en bas, on y est allé tout à l'heure.
_ Vous seriez chou d'y aller pour moi.
_ Et je serai quoi si je n'y vais pas.
_ Vous êtes plus près de la cave que moi et il faudrait que je mette la robe de chambre de votre amie.
_ Vous m'avez dit que vous aimiez vous promene nue. J'aimerais vous regarder vous promener nue. En quelque sorte nos gouts sont voisins.
_ Et si je vous montre mon pieds nus en haut de l'escalier?
_ Pas suffisant. Lorsque vous serez en bas, vous monterez une brosse à dents pour moi aussi, celle qui est en haut est un peu ébréchée. Vous venez de m'y faire penser.
_ Vous voyez qu'une épouse peut-être utile.
_ Ça vous tente tant que ça de coucher dans votre auto?
_ J'y vais.
_ Vous êtes si mignonne quand vous vous fachez!
Bruit d'un livre qu'on vient de lancer dans l'escalier.
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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