Henry Dickson
Observait la faune et la flore du parc
ET ELLES
Assis sur son banc, il observait aussi les femmes.
Qui étaient plus amusantes à regarder que les oiseaux ou les rats à fourrure. Ou les ivrognes et les gangs de rue dans le fond.
On aurait dit que chacune s'était donné la mission d'étonner le monde ou, plus modestement, de décorer la parc. Une sorte de concours publicisé nulle part mais dont chacune était seule à en avoir entendu parler. Pour, finalement, arriver de partout colorées et parfumées.
D'ajouter à la Nature qui avait souvent tendance à se relâcher faisant trop dans la verdure. Vert. Vert foncé. Vert pâle. Pire. Brun. Brun foncé. Brun pâle.
Si la Nature s'étaient défoulées avec les insectes très colorés et des formes savamment imaginées, plus la bête grossissait plus elle devenait flemmarde devant la surface à couvrir et se contentait de tons neutres.
C'est alors que les femmes entrent en jeu. Formes, couleurs, tons, comme si elles étaient de gigantesques insectes ou cousines des papillons. Mais leurs corps n'étaient pas seulement fait de tissus, il contenait aussi leurs formes personnelles si particulières et si intéressantes à observer pour un homme. Prouvant qu'elles étaient d'une autre espèce prodigieusement intéressante. Autre que celle des écureuils et des oiseaux. Ou des fleurs qu'elles imitent intensément.
Mais aussi des hommes.
Dont la fonction principale consistait à regarder. Et, s'ils étaient jeunes, à songer à la scène la plus humliante de leur vie scolaire qui n'en manquaient pas afin d'éviter une érection.
Formes qui faisaient tout leur possible pour émerger des peaux et carapaces de tissus protectrice de toutes les nuances, textures et transparences.
Et qui dès qu'il y avait assez de lumière et de soleil et de chaleur après l'automne et l'hiver interminable commençaient immédiatement à se dévêtir en public. Les robes et les jupes montant sans cesse. Et les décolletés et les bras et les épaules et les tailles devenant de plus en plus intéressants. Vastes et profonds. Et elles se penchaient sans cesse pour offrir au monde un moment de leur intimité.
Et elles bougeaient en plus. De leur danse si particulière. Communiquée à tout leur corps aquatique. Comme s'il leur était impossible de respirer ou de déplacer un doigt sans que la main ne se mette à valser.
Et si la loi et la coutume n'avait pas été si tatillonne, beaucoup se seraient rapidement promenées nues comme le papillon éclos de son cocon. Lui-même étant une ex-chenille kamikaze. Peut-être pas toutes nues, faisant attendre ce plaisir, sachant jouer en experte de ce qu'on montre, laisse deviner, suggère, mais juste assez pour faire ressurgir de leurs tombes les ex-policiers des brigades de la moralité et la succession de prédicateurs enragés vouant aux gémonies les femmes pécheresses, pire, les femmes pécheresses scandaleuses coupables de corruption des moeurs.
Et en plus, si on s'en approchait d'elles ou si elles s'approchaient de vous, elles sentaient bon.
Et elles avaient de beaux yeux et un magnifique sourire.
Elles étaient la meilleure preuve que Dieu existait.
PENDANT CE TEMPS
Le savant comme tous les savants du monde étaint très méticuleux.
La procédure devait être suivi. Le protocole expérimental respecté. Il manquait d'objets d'étude et cherchait ses échantillons.
Pour ses expériences, il avait besoin de spécimens authentiques. Comme ils étaient fragiles, il devait les manipuler avec soin. Il faudrait les suivre, les attraper, les capturer, les ramener intacts dans son laboratoire pour les mesurer, les peser, les photographier, les numéroter.
Tenir ses dossiers à jour sans secrétaire (faute de subvention) était difficile. Mais il était soigneux, qualité indispensable à un homme de science. Sinon ses expériences auraient été sans valeur.
Et il notait tout. Les paramêtres et les graphiques, les mouvements de ses aiguilles. Sa plus grande peur était de se tromper.
Dans son laboratoire, il avait installé une sorte d'aquarium de plexiglas rransparent au format d'un cercueil qui était son éprouvette. Et, à l'intérieur, il y avait son spécimen fraîchement ceuilli.
Une femme.
Il l'avait endormie, dévêtue, pesée.
Il notait.
Après avoir fermé le couvercle de la tombe de verre, il pesa sur divers boutons colorés mettant en branle le processus.
Dans quelques secondes, la tombe serait vidée de son air. Et le spécimen mourrait.
Afin de l'endormir, il avait utilisé une substance se dissolvant dans l'eau qui se métabolisait facilement et n'ajouterait rien à sa masse corporelle.
Elle dormait et ne se rendit pas compte qu'elle mourut. Le passage entre le sommeil et la mort se fit si imperceptiblement que le savant dû regarder ses cadrans afin de vérifier ses signes vitaux.
Le plus gros du travail était fait: capture, insensibiliasation, retour au laboratoire. Il restait le plus délicat.
Connaissant son poid avant la mort, il allait la peser encore une fois pour connaître son poid après la mort.
Avec le temps, ses méthodes s'étaient perfectionnées et il avait incorporé la balance à sa cage de verre pour spécimen. Il connaissait donc son poids avant et toutes les variations qui suivraient jusqu'à la mort et, ensuite, après la mort.
Il fallait être rapide et précis. Car le processus de déconposition - il l'avait remarqué- est très rapide. Perte de liquide, d'eau, de substance, modifications corporelles dont il ne fallait pas tenir compte car elles fausseraient ses calculs. Il ne fallait tenir compte que des chiffres résultant de la mort immédiate. Lorsque le pouls s'arrête, le coeur cesse de fonctionner, l'encéphalogramme devient plat. Lorsque l'écran réunissant tous les signes vitaux ne monterait plus qu'une ligne plate et infinie. En plus d'un bourdonnement agressif.
Ces appareils avaient été prévus pour prévenir les opérateurs lorsque l'état de santé du patient se détériorait, ce qui était considéré comme une anomalie à rectifier le plus rapidement possible d'où le signal d'urgence agressif.
Mais pour lui qui s'en servait dans un sens tout à fait inverse, la mort était nécessaire et bienvenue. Une caractéristique recherchée. Qu'on la lui signale une fois était pratique mais pas qu'on le fasse indéfiniment.
Il n'avait pas pu modifier ces appareils n'ayant pas les connaissances suffisantes, il pouvait en essayant les endommager. Un signal bref lui aurait suffi et il souffrait la torture en entendant ce son pénible et agressif. Et interminable. Il ne pouvait que débrancher l'appareil de la prise de courant pour retrouver la paix et la sérénité si nécessaire au chercheur. Mais à ce moment, il n'avait plus besoin des appareils. Quelques secondes lui suffisait.
Il nota donc le poid. Avant. Après la mort.
Sur le dossier, il y avait le nom de la femme capturée, son âge, la date de sa récolte. Vérifiée sur ses papiers d'indentité.
Il rangea le dossier dans le classeur mural. Chaque chemise de dossier avait ses languettes colorées selon l'année et le mois.
Il aimait regarder le bel assemblage que faisaient tous ces dossiers réunis, ceci le rassurait sur la bonne marche des choses et l'ordre du monde.
Ceci l'apaisait.
Il avait introduit les paramètres dans l'ordinateur et en une fraction de seconde, la machine intellegente lui donna les graphiques et les courbes nécesaires.
Il avait beau répéter sans cesse l'expérience qui devenait néanmoins de plus en plus raffinée au fur et à mesure qu'il perfectionnait ses méthodes, il arrivait toujours au même résultat.
Contrariant les traités anciens.
Beaucoup de chercheurs dès que les méthodes scientifiques se raffinèrent suffisamment à la fin du XIX siècle avaient poursuivi le même rêve ancien.
Mesurer l'esprit. Peser l'âme.
On continua avec plus d'intensité dans les périodes de guerre qui offre à la science tant de spécimens vivants qui n'intéressent plus personne. Et au cours de la dernière guerre, dans les camps de concentration, on poursuivi ces expériences. Le nombre de cobays étant quasi infini. Et ils étaient là de toute façon pour mourir.
Eut, au moins auraient la chance de mourir en douceur, élément indispensable de l'expérience, tout traumatisme pouvant fausser les donner. Mais dans d'autres laboratoires, on s'intéressait à la vie et à la souffrance, ce qui faisait des derniers instants des patients un enfer.
Non qu'il y eut une bonne science et une mauvaise, de bons docteurs et des méchants mais la science a de nombreux pères tous à la recherche de la vérité cachée dans la Nature. Tous des gens passionnés guidé par un idéal des plus élevé. N'acceptant aucune compromission. Certaines expériences provoquant inévitablement la mort, comme effet secondaire. Et certains protocoles pouvant être éprouvant ou même douloureux pour l'être vivant qui les subit. Mais c'était nécessaire. Les sentiments étaient exclus car pouvant fausser les résultats.
21 grammes.
C'est le poids de l'âme tel que calculé par les plus grands esprits.
Il n'allait pas mettre en doute leur sérieux. Mais ses calculs soigneux et répété un grand nombre de fois corroboraient, le résultat était faux.
Il avait beau peser les femmes avant et après leurs décès, décès survenus dans les circonstances les plus adéquates, il n'y avait aucune variation.
Par la suite, lorsque le processus de rigification et de corruption commençait les chiffres variraient. Mais ce n'était pas la quantité de liquide qui s'évaporait ou suintait ou s'échappait des sphincters qui l'intéressait. Ceci avait été calculé maintes et maintes fois selon les climats, l'altitude, la gravité.
Il fallait bien se rendre compte, quelle que soit la femme utilisée, le résultat était le même. Malgré des différence de grandeur, de poid, de masse corporelle, de tissus adipeux, l'âge, la race.
Aucune variation.
Mais les variations pouvaient se produre sur un plus grand nombre de spécimens. Il ne se laisserait pas abattre par la fatalité.
Le résultat provisoire actuel était terrible et effarant mais en bon scientifique, il se devait de l'accepter. Il faut rendre compte de la nature et de ses mystères sans préjugés.
Le résultat actuel.
Les femmes n'ont pas d'âmes.
Il avait testé 30 femmes et aucune n'avait d'âme.
Quel serait le nombre de candidates nécessaires pour pouvoir affirmer, preuve scientifique à l'appuis, qu'on se retrouve devant une vérité nouvelle.
Sans doute difficile à supporter. Mais il était un esprit scientifique neutre et sans préjugé. Il acceptait la vérité de ses méthodes et de ses instruments.
Les calculs ne mentaient pas.
Il n'avait pas à sa disposition les millions de cobayes des expérimentateurs Allemands, Russes ou Japonais. Même les chercheurs des USA s'étaient laissés aller à chercher du côté de la médecine noire ou de la science sombre et obscure. Par amour de la vérité. Terribe e fatal destin que de faire avouer la nature et de la fouiller malgré elle pour découvrir ses secrets.
Combien de femmes lui faudrait-il pour mener à terme ses expériences? Il avait toute la ville comme vivier et couvoir.
50.
Plus serait le mieux. Mais elles n'étaient pas si facile à attraper. Quoique beaucoup du fait de leur éducation étaient dociles et confiantes toute prêtes à s'abandonner dans les bras de n'importe quel homme comme toute femelle du monde vivant. Instinctivement, elles se jetaient dans les plus communs des pièges. Car il leur fallait assurer le destin de leur race et de leur espèce, procréer. Et c'était tout à fait contraire à toute doctrine de prudence. Car elles n'étaient que des instruments au service d'une cause plus grandiose que leur éphémère existence. L'éternité de l'espèce et les quelques souffles d'un individu. Et même ce mot était une illusion. Et la nature et l'instinct de leur race les poussaient vers leur destin. Qu'un certain nombre ou la majorité périsse ce faisant ceci ne comptait pas pourvu qu'il y ait suffisamment de naissances auprès des survivantes. L'ADN de leur loitain ancêtre pourrait survivre une génération d'existence de plus.
Il lui fallait des machines plus précises.
50.
Ce serait suffisant.
*
MORTS: 30
Sexe: Féminin
Cause de la mort: Suffocation.
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2 juin 2012. État 1
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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