Henry Dickson.
1. N'avait jamais tellement aimé la vie. Ou même simplement le fait de vivre. Et plus il avait vécu, ce qui pour lui lui paraissait bien long, plus il s'était rendu compte de la véracité de ce raisonnement simple qui était le sien déjà dès ses 10 ans: La vie ne vaut pas la peine d'être vécue! Et puisqu'on mourra de gré ou de force à 100 ans pourquoi attendre si longtemps?
2. Attendait confortablement de crever. Puisqu'il n'avait plus aucune envie de vivre. N'en ayant d'ailleurs jamais eu beaucoup.
3. N'avait pas besoin d'$ puisqu'il en avait suffisamment. Et dépensait toujours moins que ses revenus. Il n'avait jamais eu de dettes ce qu'il considérait comme une sorte d'esclavage.
4. Avait calculé qu'au rythme de ses dépenses (même modestes) il n'aurait plus un sous dans 10 ans et qu'il serait alors temps de se tirer une balle dans la tête puisqu'il détestait l'idée de mendier. Mais il paraît qu'on s'y fait assez rapidement.
5. Vivait donc modestement en sage et en philosophe puisqu'il n'avait plus aucune ambition (il en avait déjà eu)
6. Suite à série de circonstances compliquées, il hérita d'un collègue de travail, trafiquant de drogue dans ses loisirs et collectionneur d'opium Afghan, une jolie somme. Dont il perdit la moitié lors du krash boursier et bancaire de 2008. Les États sauvèrent les banques avec l'$ des contribuables et des fonctionnaires (dont il vient de mettre 10,000 à la porte dont une série de mères célibataires enceintes pour équilibrer son budget) (Note: Fin mai 2012, ce serait 20 000). Le patron de la banque qui avait investi massivement l'$ de ses clients qui ne cherchaient que des placements de père de famille nombreuse dans des produits commerciaux aventureux et dynamiques (et passionnants) (selon lui) fut retrouvé pendu.
7. N'avait pas besoin de maison. Il vivait très bien à l'hôtel et les hôtels qui font parti des industries spécialisés dans l'habitation, le savoir vivre, le confort et la politesse ne vous demandent rien sauf de modestes $.
8. A maintenant 1 maison. Une grande maison. 1 très grande maison. 1 très très grande maison. Et il n'a aucune idée du pourquoi il l'a acheté.
9. N'avait pas besoin d'auto. Puisqu'en ville il y a des taxis qui se spécialisent dans le transport des gens. C'est même leur métier aussi surprenant que ça paraisse. Il y a aussi l'autobus et le métro. Et le trottoir mais il faut alors se déplacer soi-même. Ce qui est très amusant une fois qu'on en a l'habitude.
10. A acheté 1 auto (hybride) qu'il ne voulait pas acheter et qui l'a amené à voyager et à trouver la maison qu'il ne voulait pas acheter.
11. N'avait pas besoin d'auto supplémentaire puisqu'il en avait déjà une. Il en a maintenant 2
12. N'avait plus besoin de femme, trouvant qu'un abonnement à la revue Penthouse faisait tout aussi bien.
13. Avait suffisamment d'animaux de compagnie pour, justement, lui tenir compagnie. Et il ne serait la raison de vivre d'aucun d'entre eux. Et aucun ne le suplierait de ne pas l'abandonner en le menaçant de ciseaux de couture. Il en a maintenant 4. Moins une qui a disparue. Plus une qui rôde quelque part.
14. N'avait pas pas vraiment besoin d'animaux de compagnie. Il a un chien. Et un chat de gouttière qui rôdait et qu'il a nourri et qui n'est plus jamais reparti et ne veut plus jamais remettre le nez dehors au cas où il ne pourrait plus revenir et qui est quelque part.
15. N'avait pas besoin de garage, d'un hangar ou d'une grange mais on lui fit remarquer que l'auto qu'il venait de se procurer ne se conduisait que l'été. Une décapotable à traction avant. Modèle qui n'est pas idéal pour l'hiver. La chaufferette étant une option qu'on n'a pas jugé indispensable au moment de l'achat, il y a 50 ans. Et il n'y avait pas de dégivreur à vitres, de lave glace à ce moment de l'histoire de la technologique automobile. Par contre, les essuie-glaces (en option) ont été achetés. Et l'auto n'a pas de pneus d'hiver, n'a jamais été conduite l'hiver et a toujours été dans un hangar même l'été pour protéger la peinture du soleil.
16. N'avait pas besoin d'une moto, d'une moto 3 roues Spider, d'un skidoo, d'un tracteur (avec souffleuse et gratte à benne articulée pour pelleter son entrée d'1 kilomètre), d'une auto hybride et d'une décapotable rouge.
17. Effectivement, il aurait besoin d'un hangar pour tout ranger sinon il va pelleter jusqu'à ce qu'il crêve.
18. N'a pas besoin de confiture puisqu'il n'aime plus le sucré. Lui qui était jadis gourmand et quasi glouton.
19. Mais quand il va au village, les femmes (pas toutes) ne cessent de lui donner des pots de confitures maisons.
20. La femme numéro 5 (ou 4 si on ne retrouve pas cette dernière) lui conseille de les accepter car on veut lui faire plaisir. Pourquoi les refuser? Pourquoi faire de la peine à ces gentilles cuisinières. Et s'il refusait qui sait ce quil qui arriverait? Et, elle dit que ce n'est pas seulement pour lui mais c'est aussi pour la maison. Une sorte d'offrande. Qu'il range dans une étage à la cave. Et que mange la jeune femme numéro 4 ou 5. Qui est particulièrement gloutonne en toutes sortes de choses.
21. N'avait pas besoin d'une jeune femme de 20 ans belle à se damner (auraient dit les anciens avant de la jeter au feu) qui est entré un jour dans la maison un jour de pluie et n'en est plus jamais repartie (sauf brièvement pour faire des choses qu'elle-même à de la difficulté à expliquer) et se promène toujours toute nue dans la maison et qui squatte la baignoire de fonte (particulièrement chaude et confortable) (selon elle) et le grand lit des invité(es) (si doux avec des draps de lin égyptien) où elle dort toute la journée et toute la nuit, encore toute nue.
Monsieur Dickson demeure stoïque face à toutes ces épreuves
*
MORT: 2
Cause de la mort: Inexpliquée
Pendaison
2 mai 2012. État 1
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
__________________________________________________________________________________________________
Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
___________________________________________________________________________________________________