HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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6.11.13

423.119.27. OÙ IL EST PROUVÉ QUE LES FEMMES SONT DES ÊTRES INFÉRIEURS

Mademoiselle la secrétaire dactylographe a encore mal à la tête. 

Et est dépeignée. 

Ce qui n'est pas féminin.

Elle ne sait pas - et ne comprendrait pas (donc inutile d'essayer de lui expliquer) qu'il a fallu la sacrifier pour le bien commun. Soit le bien de tous. 

Ou, du moins, son sacrifice fut nécessaire pour la survie de nos 2 héros: monsieur Adolf Hitler et monsieur Franz Kafka. 

Sacrifice qui ne fut pas définitif, comme on vient de voir. D'où les bruits variés de la personne sacrifiée. Insuffisamment. 

Sacrifice qui lui sauva également la vie. Car ses nerfs surexcités allaient prendre le contrôle de sa raison. Il fallut donc la débrancher. 

Abruptement. 

Certes. Mais avec le ménagement nécessaire.

Femme matérialiste, habituée à ses petites manies de la vie de tous les jours, tout à fait à sa place dans une maison avec des enfants où, sans fin, se répètent la même routine, les mêmes tâches qui pourraient être abrutissantes pour tout autre qu'elle ou des membres de son espèce. Heureusement, la Nature l'a programmée ainsi. 

Donc si peu faite pour la grande aventure, les tragédies grandioses. Et les découvertes archéologiques d'importance capitale.

Il est donc tout à fait compréhensible qu'elle ne comprenne pas ce qui excitait tant ses 2 comparses. 

Elle allait ajouter quelque chose au sujet de la fascination morbide qu'entretiennent les hommes envers les armes. Alors qu'il y a tant de belles choses dans la vie.

Et, en plus celle-là, était hors d'usage et rouillée. Et, probablement, salissante si on la touchait. 

Quel manque de poésie. Soupira monsieur Kafka.

Mais elle ne pouvait comprendre la beauté et la perfection technique - 2 qualités non contradictoires - qu'avaient eu le pilum.

Celui-là était en piteux état, mais il avait été, jadis, en parfait état de marche. Une arme exceptionnelle. Il suffisait de l'imaginer. 

Ce que parvenait très bien à faire monsieur Hitler et monsieur Kafka. L'un parce qu'il avait été ému et troublé par les contes de son enfance où on lui contait de façon imagée les faits d'armes de la grande nation germanique. Il y avait parfois des dragons. Et monsieur Kafka parce qu'il était submergé dans le merveilleux et le surnaturel. La réalité étant une variante du conte qui en possédait tant. En fait, il avait toujours eu de la difficulté à différencier les 2. 

Une lance. 

Une courte épée. Presque ridicule comparée aux magnifiques épées médiévales. 

Les manoeuvres ordonnées des légions Romaines avaient suffi à leur assurer la suprématie sur presque la moitié de la Terre pendant 1000 ans. Jusqu'à ce que Rome succombe à ses contradictions internes. 

Comme auraient dit Marx qui n'existait pas à ce moment. Et il parlerait du capitalisme qui n'existait pas encore lui non plus. Quoiqu'il ait existé depuis toujours de riches parasites sans scrupule vivant aux dépends d'autrui. Et il arrivait régulièrement à ces derniers de finir décapités par ordre du roi de leur époque lorsqu'il commençait à trouver que ça avait assez duré. 

Bref, on ne fait que sauter d'avant en arrière et de retour de quelques millénaires ce qui donne un peu le tournis. On revient donc au présent. Qui est, lui-aussi, passé depuis un bon moment, vu de l'époque de nos lecteurs. Et tous nos protagonistes morts depuis un bon moment. Mais on fera comme si. 

Tous regardaient la pointe de lance ou de javelot rouillée par le sang. 

Les 2 hommes parce que c'était fascinant. 

Poétique. 

Elle, qui les regardait, pour essayer de comprendre ce qu'ils pouvaient bien voir de si fascinant. 

Et qui n'y arrivait pas.

Ce qu'elle voyait.

Une longue et mince tige de fer noir surmontée d'un fer en triangle ou, plutôt, à 4 côtés, comme une longue pyramide. La tige faisait 1 mètre de long et était divisée en 3 parties forgée ensemble. Le piquant, au bout, d'environ 10 centimètres. Et, à l'autre bout de la mince tige, le manche ou la hampe de bois incrustée dans la tige (et qui n'était pas là à ce moment) car la tige s'évasait et s'ouvrait au bas pour insérer la lance de bois taillée à 4 côtés, elle aussi, pour une meilleure prise. Qui n'était pas là, on vient de le dire, mais que l'on peut imaginer. Un rivet faisait tenir les 2 éléments: hampe et fer. 


Il y avait au mur, une reproduction de la statue de saint Longinus par Gian Lorenzo Bernini. Présentant théâtralement une variation tardive de la lance. À l’époque, on n’avait plus la moindre idée à qui elle ressemblait. Ce qui permet de différencier les faux tardifs. Qui ne pouvaient qu’imiter les seules armes qu’ils connaissaient. Celles des soldats de leur temps. L’original de la statue résidant au Vatican, dans la basilique Saint Pierre de Rome. Réalisée vers 1630. Marbre de 440 cm. 15 pieds de haut. Avec son piédestal.


Il y avait une autre sculpture. Le tombeau du pape Innocent VIII par Antonio Del Pollaiuolo. 1492. On avait reproduit uniquement la statue de bronze du pape sur son trône. Bénissant ou menaçant les gens. Sa bouche ouverte semblait insulter ou crier à jamais. Étrange. Le pape tenait la Sainte Lance. Encore une copie. Le triangle de la pointe étant trop large.

La tige et la pointe originale pesait environ 1000 grammes. Pour la peser ou avoir une idée de son poids, il aurait fallu la sortir de sa boite de verre.

Bien lancée, elle pouvait traverser un bouclier et une armure. Portée de 40 mètres. 

Bien conçue. Le choc brutal et mortel de l'arrivée sur sa cible, cassait le rivet et la lance se séparait de sa pointe ce qui faisait que l'ennemi ou son voisin, ne pouvait la retirer de son bouclier ou du corps de son voisin, percé de part en part. Elle était bien fichée. Pour la relancer aux soldats Romains qui venait de la lui envoyer. Ce qui aurait été injuste.

Mais on pouvait aussi s'en servir pour attendre de pied ferme un ennemi et l'embrocher l'inconscient qui se lançait sur eux. Avant de réfléchir. 

À pieds ou à cheval.

1000 ans plus tard, les mercenaires Suisses perfectionnèrent le procédé d'embrochement avec une longue lance de 12 pieds. Et les cavaliers en armure sur leur cheval blindé - ancêtres des char-d'assaut - qui terrorisaient jusqu'alors (avant qu'on réfléchisse davantage et trouve enfin cette parade) tout le monde, affrontèrent leur destin. 

Les idiots invulnérables jusqu'alors se lançaient sur des milliers de lances fichées en terre et pointée vers eux ou leur cheval; pour finir comme des papillons dans une vitrine.

L'éternelle course aux armements, cette joute scientifique entre l'armure et la flèche (arc, arc Anglais, arc inverse Mongol, arbalète)/lance/balle. Aussitôt que l'un des 2 arrivait à sa perfection, l'autre faisait soudainement un progrès inattendu, démodant définitivement l'autre. Et envoyait au trépas les imprudents qui lui avaient fait trop confiance trop longtemps. La Réalité aimant à jouer avec les espoirs et les déceptions des humains.

Les Romains pouvaient aussi s'en servir comme, plus tard, les baïonnette, pour se lancer sus à l'ennemi. Bien des joies étaient donc possibles.

Donc

En l’an 33, un vendredi. Dans la nouvelle numérotation encore en vigueur, l'an zéro ou un, est la naissance du Christ. 

Un soldat Romain aurait percé de sa lance le cœur de Jésus sur la croix. 

Converti par la suite, il sera appelé Saint Longin ou saint Longinus

Jésus, le Juif de Nazareth, fondateur d’une petite secte de 12 disciples Juifs dont l’un. Juif aussi, le vendit. Il est difficile aux humains de vivre ensemble sans que la chicane pogne. 

Judas. Qui devient lui-aussi saint. 

Si pour la plupart des gens, il fait figure de traître, de ce qu'il y a de pire dans le Juif, capable de tout pour de l'$. 

D'autres, qui pensent davantage, devinent que sans son intervention, Jésus n'aurait pu être capturé. Et rien ne se serait passé ensuite comme prévu. Pour la beauté de la chose, l'aspect théâtral et dramatique, bref, humain, il fallait une trahison et un traître. Bien visible. Jésus ne pouvait tomber comme tout le monde et se casser le cou. Ensuite, ce serait l'opéra. 

Donc, un traître désigne jésus aux gardes venus l'arrêter et qui ne l'aurait probablement pas reconnu.

Et, comme le suicide est interdit parce que notre vie ne nous appartient pas, nous ayant été accordé par Dieu qui, seul, décidera du moment où ils nous la retirera; il fallait pousser l'ignominie jusqu'au  bout. Judas, déicide, se suicidera.

Honte éternelle sur lui.

Judas s'est donc sacrifié lui-même. 2 fois. Il savait que la prophétie devait être accomplie. Il fallait que ça reste simple, logique, compréhensible, journalistique, romanesque, policier. 

Ou a été sacrifié par Dieu, le père de Jésus, qui l'a manipulé. Dieu était capable de tout et il a montré et pas qu'une fois qu'il était capable du pire.

Car, si Dieu sacrifiait son fils pour le Salut des hommes, condamnés à jamais pour le Péché Originel (inventé par Dieu afin de punir Ève et Adam - c'est compliqué). Il fallait que les hommes participent et le tuent aussi.

Une pomme.

Ce ne devait pas être fait n'importe comment. Il était écrit qu'il serait trahi. Qu'il fallait qu'il meure. Pour une pomme.

Comme Jésus était Dieu, fils de Dieu - Homoousian et consubstantialiset savait lire les esprits et les coeurs, il savait très bien qu'il serait trahi et par qui (il le révéla même lors du dernier repas en commun avec ses disciples - Léonard de Vinci a très bien illustré la scène). 

Ou c'était un parfait crétin. 

Pas Dieu du  tout. 

N'importe qui, qui a dirigé quelque chose ou participé à la moindre assemblée ou réunion, sait que quelqu'un dans le groupe le trahira. Parce qu'il ne pourra tout simplement s'en empêcher. Quitte à nuire ou à détruite l'organisation au complet, par simple esprit de contradiction, parce qu'il le pouvait tout simplement et ne pouvait tout aussi simplement s'en empêcher. 

Mais on est ici avec un Dieu. 

Et le mot a toujours semblé imprécis aux croyants. 

Il pouvait donc s'il le voulait éviter cette fin dramatique. Tout à fait inutile. Car on vient de dire que le Péché Originel qui atteignait et entachait tous les hommes depuis la Création et les empêchait d'aller au Ciel était une calamité de Dieu (le Père). Qui aurait pu effacer tout ça s'il le voulait. Voilà. J'ai gaffé. On recommence à neuf. 

Donc, Dieu ou le Diable tentèrent Judas. 

Le Dieu des Juifs (supposé le même que le Dieu des Chrétiens selon l'Église - mais c'est faux) n'exige que le prépuce des bébés de son peuple Élu. Les autres n'étant que du bétail. Pas élu. Ni circoncis. Lorsque cette idée fut plus largement connue, on le reprocha aux Juifs. 

L'Église Catholique qui régnait alors sur l'Occident aurait pu tous les massacrer comme elle l'avait fait pour tous les adeptes des religions antiques, préféra croire qu'ils ne savaient ce qu'ils faisaient. Et que cette vieille tribu était le seul témoignage vivant (même si involontaire et récalcitrant) qui le reliait à Jésus. Juif, lui-aussi. 

Dans les textes secrets des sorciers Juifs, on condamnait pour concurrence illégale et blasphème, Jésus et Marie, sa mère, à bouillir pour l'éternité en Enfer dans des chaudrons de merde. Encore une fois, lorsque cette traduction fut connue, on réfléchit en haut lieu à la nécessité d'exterminer cette engeance une bonne fois pour toutes. On avait tué pour bien moins que ça. Mais lors des discussion, le parti de la clémence fit oeuvre de compassion et de modération. Après tout, ces malades mentaux ne savaient évidamment pas ce qu'ils faisaient. Car sans cet oubli volontaire des insultes, il ne serait plus resté un Juif en occident et personne ne saurait même qui c'est. Comme il est arrivé aux adeptes, prêtres et lieu de culte multimillénaires Grecs et Romains et autres païens. Et autres sorciers.

Bref, l'histoire des religions, comme on vient de voir brièvement, est compliquée. 

Donc Judas est un saint. Et un martyr. Une sorte d'espion ou de kamikaze sacrifié pour la Bonne Cause.

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État 1. 6 nov. 2013