HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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23.11.13

444.141.48. MADEMOISELLE LA SECRÉTAIRE DEVIENT UN OBSTACLE SUR LA VOIE DU PROGRÈS.

Quand monsieur Hitler revint avec la lance - il y en avait tant sur les murs qu'il lui avait fallu du temps pour choisir - la situation s'était encore empiré comme si c'était possible.

On a dit que la planche - en fait 2 planches superposées (provenant d'anciennes tablettes d'étagères de bibliothèques) faisait la largeur d'une chaussure, ce qui permettait amplement à 2 pieds d'avancer presque confortablement dans le long sens de la planche. 

Mais

Mais à force d'hésiter, de remuer, de faire mouvoir la planche sous ses pieds, elle avait, sans le vouloir, actionné le mécanisme et le plancher s'était ouvert tout grand. Sous ses pieds.

Mademoiselle la secrétaire se trouvait donc au-dessus des pieux de fer. Qui n'avaient jamais été si proche d'elle. 

Heureusement la planche qui lui serait d'assise tenait bon.

Mais rien ne disait que si cette situation se prolongeait indûment que la planche ne casserait ni ne basculerait.

Les hurlements de mademoiselle la secrétaire risqueraient d'attirer du monde. Car au fond de ce trou de pierre, on devait avoir comme une chambre d'échos renvoyant et augmentant tous les sons.

Monsieur Hitler, tout à son Destin contrarié n'avait pas pensé à ce détail. Monsieur Kafka lui fit une image de la situation. Il avait le don cruel de deviner, de percevoir et d'imaginer le futur ou les mots lu dans un journal ou un roman comme des situations réelles. Comme s'il aurait pu leur toucher. Ou être touché par eux. 

Mademoiselle la secrétaire pleurait sur sa planche au milieu du (petit) ravin. Petit. Certes. Mais éminemment menaçant.

Elle n'irait pas plus loin.

Comme l'âne proverbial sur un pont branlant, elle était figée sur place. Il aurait fallu qu'un père, un mari ou un frère la batte pour qu'elle se décide enfin d'avancer. La peur du coup prochain devenant pire que celle du danger un peu plus lointain. Il est bon que l'homme soit sévère avec la femme et l'éduque sans cesse afin que comme l'âne, elle soit soumise et obéissante. C'est la mollesse des hommes qui fait les femmes indisciplinée et rebelle. 

La situation ne pouvait durer indéfiniment. 

Bientôt, elle tomberait. Ses jambes fatiguées de trembler se déroberait sous son poids. Non qu'elle soit lourde mais tout son corps tenait sur ses 2 petits pieds posées sur ces faibles planches.

Monsieur Kafka toujours tenté par le démon de l'irrésolution et de l'indécision était devenu muet. 

Il fallait faire quelque chose. 

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État 1. 23 nov. 2013