HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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3.11.13

420.116.24. MONSIEUR ADOLF HITLER DEVIENT POÈTE

Vos yeux n'étincellent plus.

Ils ont perdu leur éclat. 

Ils ne brillent plus.

Ils sont si ternes.

Monsieur Kafka approuvait distraitement le texte du message que lui lisait monsieur Hitler. Quand monsieur Hitler était dans cet état d'exaltation, il valait mieux applaudir avec lui,

Les concepteurs de l'agence - intellectuels stipendiés capable d'inventer n'importe quoi pour manger dans leur auge. Quoiqu'ils ne voient pas leur noble et lucrative profession sous cet angle - était incapable, pour le moment, de trouver le reste. Il y avait un reste de poésie à trouver. On pouvait se fier à eux. Ils pouvaient présenter les avantages indéniables d'une religion, d'une guerre, d'un médicament (réel ou imaginaire) ou d'un emprunt public avec un sentiment communicatif de conviction qui faisait plaisir à voir. 

Comme d'habitude, mademoiselle la secrétaire dactylographe faisait grise mine. Sans doute ses maux féminins mensuels. Ils affectaient son cerveau et il ne fallait pas lui en vouloir. Après tout, la femme est le résultat d'une malédiction divine. Et elle-même, en plus d'être une plaie pour l'homme, est une épidémie pour elle-même.

Ils étaient là tous les 3 à attendre quelque chose. 

Le Destin. Ou un cataclysme quelconque.

Si rien ne venait modifier leur situation actuelle, il ne leur restait plus qu'à redescendre péniblement l'escalier (quoique descendre soit toujours plus facile que monter, du point de vue médical, ce que monsieur Kafka et ses poumons apprécierait. )

Le pire était donc à prévoir. Ce qui est une absurdité, bien sûr. On peut donc dire que le pire était probablement certain quoique la forme qu'il prendra et se manifestera dans toute la variété des pires possibles, restait pour le moment une surprise ce qui ne pouvait qu'inquiéter les coeurs faibles.

Un moment ou un autre, quelqu'un découvrirait leur présence. 

C'est à ce moment que monsieur Kakfa eut une illumination. 

_ La porte la mieux fermée du monde est celle qui est invisible.

_ C'est un nouveau jeu, demanda monsieur Hitler qui quitta son texte élégiaque ?

_ Ou la porte qu'on n'essaie même pas d'ouvrir parce qu'elle n'existe pas. 

Monsieur Hitler et la secrétaire le regardait comme s'ils essayaient de diagnostiquer une nouvelle folie. 

_ Parce qu'on est certain qu'elle n'existe pas. 

_ Intéressant! Vous la voyez cette porte?

_ Non.

_ Fumerie d'opium ? Éther ? Absynthe ?

La secrétaire démontrait plus de connaissance pour ces choses interdites qu'il n'était convenable pour une jeune femme. Son passé que l'on pensait pur et sans tache, comme était idéalisé celui de toute jeune et jolie femme, avait-il, néanmoins, des recoins obscurs ?

_ Donc la porte n'existe pas. L'escalier est uniquement décoratif. Il ne mène à rien et ne va nulle part parce que les architectes ont eu un moment d'inspiration ludique, partagée par leur commanditaire, le constructeur ou entrepreneur immobilier et l'acheteur de cet immeuble.

_ Il est donc tout à fait inutile. Et on a dépensé beaucoup d'$ pour un escalier imaginaire ou une imitation comme a fait dans le passé pour les tunnels qui ne débouchent sur rien et les chambres funéraires doubles et les faux tombeaux dans les pyramides.

_ Donc, il y a une porte.

_ Oui.

_ Et on ne peut la voir.

_ Probablement. 

_ On ne peut la voir, non parce qu'elle n'y est pas ou n'existe pas mais parce que...

_ Parce qu'on l'a construite ainsi.

_ Camouflée dans le mur.

_ Comme la porte invisible que l'on a utilisé dans le garage et qui nous a mené ici. Une porte noire dans un mur noir dans un garage non éclairé tout noir. 

_ Il faut donc chercher ici, une porte blanche, dans un mur blanc, dans une salle à peine éclairée.

Monsieur Hitler, homme de décision, fit la seule chose possible dans les circonstance, ordonna à toutes les personnes présentes de toucher le mur et de pousser.

Il se passerait bien quelque chose.

_ Puisqu'on ne peut le voir, on peut la toucher, la manipuler.

_ Parce qu'il y a une porte.

_ Non. Il est impossible que l'on voit une porte parce 

_ Parce qu'on l'a voulu ainsi.

_ Parce qu'il est impossible, inconcevable qu'il n'y ait pas de porte. 

Rappelons qu'une porte est une ouverture dans le mur par où on circule, entre ou sort.


Monsieur Hitler qui était un érudit avait quelques définition de cet objet. 

Une porte est une ouverture assurant le passage pour entrer dans un édifice ou pour circuler dans ses pièces.

Une porte est un passage pouvant être fermé et ouvert par un élément d'huisserie menuisée que l'on fait pivoter, soulever ou glisser sur le côté


Une porte dérobée est une porte secrète dissimulée dans un mur, une bibliothèque qui donne un accès secret à un lieu interdit

_ Si on ne comprend pas les motivations de ceux qui ont fait tout ceci, il suffit de comprendre les nôtres. Il nous faut une porte. Nous trouverons une porte.

_ Et ils l'ont fait parce qu'ils ne pouvait pas ne pas le faire.

Et ce fut mademoiselle la secrétaire dactylographie qui la trouve et plongea la tête la première dans la brèche qui venait à l'instant d'apparaître dans le mur. 

Il y avait bien une porte.

Qui s'ouvrit sans bruit, révélant un espace vide là où un instant avant il n'y avait qu'un vaste (pas tant que ça) mur lisse, dur, opaque et muet.

Et cette porte menait bien quelque part.

Tout ceci était éducatif, logique et fascinant.

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État 1. 3 nov. 2013