HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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9.10.12

270. FAUT-IL PARDONNER À SES ENNEMIS OU LES TUER?

6 octobre 2012. 20 heures 10.

Il se passait encore ceci

Henry Dickson dormait et pendant ce temps tout un tas de Grands Méchants Loups ne dormaient pas.

Si on y regardait de plus près, on se rendait compte que les Grands Méchants Loups étaient un peu amoché. Il y en avait un en chaise roulante. D'autres avec des béquilles. Ou des attelles aux genoux, aux coudes, au cou, aux poignets. Des cannes. On oublie les canne. Un des rares intacts était parti à la poursuite de la petite blonde en camionnette GMC.

Rien ne se passait comme ils voulaient.

La petite blonde venait de la maison. Il y avait de la lumière dans la maison, au loin. Ils pensaient pouvoir approcher avec leurs véhicules et faire ce qu'ils avaient à faire. Mettre le feu à la maison. Au hangar à auto. Un beau feu de joie.

Si Dickson les voyait, il était capable de tirer dans le tas. Ce type-là était une vraie terreur. C'était à cause de lui qu'ils étaient amoché comme ça. C'était à cause de lui qu'ils étaient ici. Ils voulaient être remboursé. Ils allaient le faire payer.

Mais comme ils avaient peur de lui, ils auraient préféré qu'il ne soit pas là. D'abord la maison et le hangar, ensuite, quand on aurait le temps. Lui.

Ils laissèrent donc tous leurs véhicules dans une clairière. Il fallait faire le reste du chemin à pieds. En silence.

Et vite.

Ce qui n'était pas facile. Marcher dans l'herbe et les feuilles - on était en automne- n'est pas facile si vous êtes intacts mais si vos jambes vous lâchent, que vous avez mal partout, que.

_ On aurait du attendre.

_ Attendre quoi?

_ Attendre quoi! Quelle question! Tu t'es vu! Tu as vu les autres. On a l'air de quoi? D'une bande de zombies sorties de leurs tombes. Tout le monde branle, glisse. Dans un mois, on aurait été en forme.

_ Dans un mois, il y aura de la neige. On laissera des traces.

_ Il faut faire peur. En silence. On est la vengeance tombé du ciel. Un tas de merde qui va lui pleuvoir sur la tête.

_ Je n'aime pas la comparaison. Cherche toi z'en une autre.

_ Vous vous croyez en classe de français. Merde! J'ai de la misère à perler. Il m'a cassé une dent qui est tombé au fond de ma gorge et elle ne veut pas sortir. Ça m'étouffe.

_ Chacun a ses raisons de se venger.

_ On va pas laisser un étranger faire la loi.

_ Je suis sûr qu'il est juif!

_ Non. C'est pire. Un intello qui lit le Devoir.

_ Je suis sûr qu'il fait du bicyque. Comme une tapette.

_ T'a vus comment il t'a arrangé la dernière fois la tapette!

_ Vos gueules! Vos crisse de gueule! Si on veut l'avoir, faut rester ensemble. Et arrêtez de parler. J'ai l'impression de voir des pisseuses regarder la TV.

Sur ces sages paroles, ils se turent. Et continuèrent à avancer. Lentement. Pas très sûrement. Car il faisait noir puisqu'il faisait nuit. Et il devait éclairer leur chemin en visant leurs pieds avec une lampe de poche. Pour éviter qu'on ne voit la leur de loin. On pouvait la voir si on regardait mais rien ne dit qu'on regardait. Et si on regardait, on le sauriat bien assez tôt.

Un boiteux poussait la chaise roulante. Et pousser une chaise roulante avec un infirme - provisoirement- assis dessus, les pousser tous les 2 sur l'herbe, la terre, le gravier, était épuisant. Encore plus, si le pousseur était amôché lui aussi. En fait personne n'était intact. On aurait dit une assemblée de paralytiques allant voir Jésus pour se quêter un miracle. Quitte à le crucifier s'il ratait son coup. Quitte à le crucifier quand même s'il réussissait pour exercice illégal de la médecine. Et parce que Jésus aurait cet air supérieur de celui qui sait, qui juge, qui en sait plus, qui a étudié, qui lit dans les livres. Qui se croit plus intelligent. Qui est plus intellgent. Ce qui est encore pire.

Voilà donc ce qui se passait.

Et le pire, le pire, il y avait pire, c'était l'odeur. C'était d'être obligé de porter la tombe de l'ami du fils du garagiste. Qu'on avait lâchement tué à coups de bâtons de baseball à la tête. Monsieur Dickson et le garagiste. Monsieur Dickson on pouvait se venger. Le garagiste, on pouvait pas. Il aimerait pas.

On était allé le récupérer au salon funéraire. Où il était dans un congélateur, le temps qu'on sache quoi en faire. Il aurait aimé voir ça. Et le chef actuel des Grands Méchants Loups qui avait été son ami du temps de son vivant, disait qu'on ne pouvait pas le priver d'un pareil plaisir. Que d'en haut, il voyait. Mais que d'en bas, il verrait encore mieux.

Donc, ceux qui étaient les moins amochés portaient le cerceuil. Rempli de bidons d'essence. Ce qui le rendait sacrément lourd.

Les 6 porteurs commençaient à trouver que c'était une sacrément de mauvaise idée.

Le petit groupe de malades chroniques se dirigeant vers Lourdes commençaient à trouver que le chemin de la vengeance était bien long et terriblement lent.

Déjà en partant, ils avaient mal partout. Et plus le temps passait, plus le chemin s'allongeait et s'éternisait, plus ils avaient mal.

Ils pensaient que ce serait le fun. Ils avaient bu un peu ou beaucoup avant de partir ce qui au fur et à mesure avait transformé une idée stupide en une idée intéressante et, puis, en une idée passionnante.

Mais il fallait marcher pour la réaliser.

On ne se rend pas compte comme marcher est difficile et compliqué quand on a mal aux pieds, aux chevilles, aux genoux.

Et quand en plus il faut porter une tombe.

Ils n'étaient pas encore arrivé à la maison qu'ils n'en pouvaient plus. Ce n'était plus que des plaintes, des lamentations. Comme ils regrettaient leurs sofas et la TV ou les sites de jeu ou pornos d'Internet. Pour ceux qui étaient arrivés au XXI ième siècle.

Parvenu au hangar, ils ne pouvaient plus avancer. Il ne restait que peu de distance pour atteindre la maison mais ils en étaient incapables. Et, il se mettait à mouiller.

Une pluie froide d'octobre. Dans une nuit froide. Il allait probablement geler. Et eux gelaient déjà.

Il fallait se trouver un abris. Ils étaient à côté de la grange à autos de monsieur Dickson et cassèrent le cadenas qui retenait la porte coulissante.

_ Enfin. On est à l'abris.

_ Plus de pluie. Je suis tout mouillé.

_ Qu'est-ce qui nous a pris de venir ici?

_ Si jamais il nous voit, il nous tue cette fois.

_ Ce n'est pas un monstre, c'est un homme. Et il mourra comme tous les autres. Quand on sera un peu reposé, on va te montrer comme

_ Eh! Vous avez vou ces autos.

_ Il ne se prive pas.

Les lampes de poches allumées montraient tous les véhicules brillants et cirés qui resplendissaient comme de gros insectes au soleil.

_ On n'est pas venu pour admirer sa collection.

_ On se repose un moment et on va à la maison.

On déposa le cercueil du mort qui commençait à peser dans les doigs, les poignets et les épaules. C'était la tombe qui était lourde pas le mort qui avait été toujours un petit format. Petit mais agressif, pour compenser sa taille. Taper avant qu'on se moquer de vous.

_ Eh, les gars! J'ai amené quelque chose pour vous réchauffer.

_ De l'alcool ?

_ On a bu pas mal avant de partir. Mais c'est trop pesant. Et je l'ai laissé dans les autos. Tantôt, on boira pour fêter la victoire.

_ Alors quécéqueta amené?

_ Des pilules de toutes les couleurs.

_ Donne.

Et ils avalèrent des pilules de toutes les couleurs. Des rondes. Des allongées. Des petites et de grosses.

Les effets étaient différents. Certains devenaient excités. D'autres endormis. Mais plus aucun ne ressentait de douleur. Le bonheur en comprimé.

Et avec les pilules, des idées leur venaient. Des idées qu'ils n'avaient pas pensé. Qui les faisaient rire.

_ Et en attendant que la pluie finisse, si on s'occupait des autos de Dickson.

Tous trouvèrent que c'était la meilleure idée du jour. Encore meiilleure aurait été l'idée de rester chez soi à regarder une joute à la TV ou l'écouter à la radio.

_ Je pense que j'ai grafigné la peinture

Tous rirent. Et ils se mirent à faire de belles estafilades, une sorte de concours, sur la peinture.

_ Oh! le phare d'auto.

De sa béquille, il avait cassé le phare avant de la Ford de collection.

_ Oh! Le pare-brise de monsieur Dickson.

Il avait trouvé un cric et en avait donné un bon coup dans la vitre. Qui s'étoila.

Et chacun prit l'outil qui lui convenait à l'établi pour taper où il voulait. La carosserie. Les vitres. Les phares. On ouvrait les portières et déchirait les sieges au couteau. Vidait l'essence dessus.

Ils avaient retrouvé leur force pour mal faire. Riait. Tapait. Bossait. Cassait. Fracassait. Pas autant que s'ils avaient eu toutes leurs forces mais pas mal.

Chacun prenait un véhicule ou se mettait à 2 pour taper et casser. Percer les pneus. Ou les déchirer.

Bien vite, il n'y eut pas un véhicule intact, d'autant plus qu'il y en avait tout de même assez peu. Et qu'ils étaient, eux, plus nombreux que les autos disponibles.

Ils riaient comme des enfants faisant une bonne blague

_ Quel dommage qu'il ne soit pas là?

_ Oui, il aurait aimé nous voir et participer.

_ Il a d'autre jeu, il est en train de fourrer la blonde.

_ Mais il devrait avoir fini. Ca ne prend pas tant de temps pour fourrer une femme.

L'un d'eux avait compté toutes ses forces et lancé un pneus dans un pare-brise. La moto était par terre. Et on tapait sur son réservoir d'essence. Et à coups de pieds sur les rayons de ses roues pour les casser et les tordre.

Le carnage dura et dura. Il ne restait plus rien d'intact. Ils étaient épuisés. Comme s'ils avaeint violé tout un pensionnait de communiantes.

Ils s'assoirent par terre ou sur une auto, un ski-doo ou une moto abîmée pour reprendre des forces. Le plus dur restait à faire: envahir la maison et donner la leçon de sa vie à l'étranger qui n'aurait jamais dû venir ici et qui n'était venu ici que pour les narguer.

Ils soufflaient comme des tondeuses à gazon.

La douleur revenait dans leurs membres qu'ils avaient traités sans ménagement. Il fallu prendre le reste de pilule que le distributeur de pilules lançait dans les airs. Vidans les bouteilles de plastique. On ramassait celles qui tombaient terre. Ou on se penchait pour les lécher avec la terre.

Une voix leur parvint du fond du hangar.

_ Et les gars vous n'avez pas vu le meilleur?

Ils allèrent vers lui en boitant et en râlant, traînant des crics, des haches, des marteaux.

_ Qu'est-ce que c'est?

Il y avait des piles de boites de bois sur le sol de béton.

_ La collection de bouteille de vin de Dickson.

_ Mais tu trouves pas que les boites sont un peu petites. Et il n'y a pas écrit vin dessus.

_ Niaiseux! C'est de l'importé. Ils écrivent pas comme nous parce qu'ils ne parlent aps comme nous. C'est des importés. Des gens d'ailleurs.

_ On va lui montrer à Dickson à pas écoeurer le peuple

Et ils se mirent à frapper les caisses de bois.

Frappant, cassant le vieux bois. Parfois quelque chose s'en écoulait. Du sable. Du sel. Ou un liquide poisseux. Ou quelque chose qui ressemblait à de la gelée, de la morve, de la bave, de la vase.

Et ils frappaient.

Monsieur Dickson et la petite blonde, soigneusement, avec la plus grande attention, avaient sortis une à une les caisses de SEMTEX de la cave secrète. Car certaines boites commençaient à se désintégrer et leur contenu coulait entre les planchettes. ça pouvait couler et empoisonner le puit. Ou couler et sauter.

Une à une, ils les apportèrent au garage. Les placant sur la partie de béton du sol du garage. Étendant une bâche de plastique pour qu'au cas où ça coule. On ne savait pas.

Si ça explosait ce serait au moins loin de la maison.

Et ça n,avait pas explosé depuis les décennies que c'étati caché, en bas.

Il fallait simplement être soigneux. Ne pas les brusquer. Surtout ne pas les échapper. Comme si les caisses contenaient de la verrerie, du cristal, des boules de Noêl. Ou un enfant nouveau né. Une petite fille dit la petite blonde.

Et un boiteu à ce moment prenait une caisse et la lançait de toutes ses forces sur les caisses que les autres crétins frappaienjt à coups de barre de fer.

Et il y eut l'explosion.

Une première qui déchiqueta ceux qui étaietn à proximité.

Pendant ce temps, un autre crétin mettait le feu à l'essence qu'il avait répandu partout. Coupant toute retraite au groupe.

La première explosion avait fait un trou d ans le mur par où était sorti les débris de crétins. ce qui fit un appel d'air qui alimenta les flammes et transforma tout le garage en four crématoire. Les crétins étaietn en train de brûler vif.

2 crétins sortirent en hurlant du garage engouffré dans les flammes qui léchaient leur peau et faisait fondre leurs yeux et leurs vêtements

Les flammes montaient du hangar comme si c'était un bûcher funéraire Hindous ou Viking. L'incendie atteignit le reste des caisses intactes, la plupart était redevenu inerte apre`s tout ce  temps. Mais pas toute.

Et le garage fut soufflé.

Tout ce qu'il contenait partit dans les airs. Machinerie, autos, camions, humains.

L'incendie fut soufflé et éteint.

Le cercueil du chef des crétins s'envola dans les airs, le corps qu'il contenait se désagrégea et sa tête parti comme un projectile vers la fenêtre de la cuisine de la maison de monsieur Dickson. Que le bruit avait réveillé. Que l'incendie avait surpris. Et il arriva à la cuisine au même moment que la tête traversait les carreaux de verre pour tomber bruyamment dans le lavabo.

Boum!

Voilà ce qui s'était passé entre 8 heures 30 du soir et minuit.

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9 oct. 2012. État 1