Nous retrouvons nos 3 amis (terme générique) devant l'ouverture du mur.
Monsieur Kafka s'est remis de ses émotions. Il ne cesse de perdre conscience devant un danger (et est probablement homosexuel).
Mademoiselle la secrétaire est méfiante.
Et monsieur Hitler réfléchit à voix haute.
_ Le choix qui s'offre à nous est simple. Il y a 3 ouvertures. Toutes 3 inaccessibles. Il y a la porte qui nous a mené ici. Nous ne pouvons revenir sur nos pas. Pour retourner au garage ? Pour y être capturé inévitablement. Ou choisir au hasard une des portes menant sur un des étages précédents et vers un danger nouveau dont nous ignorons tout. Et la meule qui est devant la porte découragerait toute tentative provenant d'un esprit raisonnable. Mais je ne décourage personne d'essayer. Qui sait un athlète chanceux pourra contribuer par son dévouement et son sacrifice à l'avenir de l'Autriche.
Personne n'avait vraiment envie de se dévouer pour l'avenir de l'Autriche. Ce qui était affligeant.
Monsieur Kafka avait calculé que si quelqu'un tombait dans la fosse aux parois d'acier lisse, il serait immédiatement saisi par les rouleaux de pierre. Et entre le moment où le premier pied y passerait, puis la jambe et la cuisse et l'autre pied. Jusqu'à ce que tout le corps se soit faufilé dans l'interstice de 1 pouce, il faudrait une minute. Il ne pouvait calculer la vitesse des rouleaux en marche qui n'était pas extrêmement rapides mais pas exagérément lent. Ce serait pénible, certainement douloureux. Mais bref.
Cette analyse donnée d'un ton neutre sans enthousiasme exagéré ni démonstration excessive de pessimisme et de désespoir (rappelons que monsieur Kafka est Juif), ne suscita aucune vocation.
Mademoiselle la secrétaire étant femme, donc pessimiste et d'un négativisme affirmé ne se sentit aucune vocation au martyre.
On pouvait espérer que le mécanisme ne fonctionnant pas souvent - il s'était mis en marche trop tard - ce qui leur avait sauvé la vie sans aucune contribution personnelle - en toute logique, ils auraient dû être tous morts - il n'y a pas de justice - c'est uniquement le hasard qui - bref, il y aurait une discussion intéressante à avoir à ce sujet mais ce n'était pas le moment - donc, ce système était défectueux. Jusqu'à quel point?
Il se pouvait que le mécanisme se bloque lorsqu'utilisé à sa pleine capacité. Par exemple, lorsqu'un corps y serait introduit. Bien sûr, ce serait déplaisant pour la personne qui aurait la jambe prise entre les rouleaux de pierre. Mais ce ne serait pas plus plaisant pour les spectateurs qui devraient supporter ses hurlements de douleur et de détresse.
Les rouleaux bloqués - par le corps en train d'être broyé comme on vient d'expliquer - les 2 autres participants à l'expérience pourraient glisser sur la parois, passer sur le corps - probablement évanoui (à cause de la douleur) - et l'escalader pour atteindre l'autre côté.
Mais même si tout fonctionnait parfaitement et au delà de toute espérance, on se retrouvait devant le même problème insoluble. Trop de choix, c'est comme pas assez de choix. Ainsi, il arrive que de nombreux hommes se trouvent perdus entre les allées des grands magasins. Alors que les femmes, consommatrices nées - ce qui entraîne inévitablement la ruine de leur ménage - sont ravies. Monsieur Kafka raconta son horreur de devoir choisir une paire de chaussette parmi des milliers sur 20 mètres d'étagères. Quoi choisir ? Quelle erreur ferait-on?
Même chose pour l'édifice.
Où aller?
Quel étage?
Quel palier ?
Quel nouveau piège nous attendrait-il ?
Qui sacrifier ?
Question complexe qui n'avait pas été étudiée avec la pondération qui convenait.
*
État 1. 15 nov. 2013
