HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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3.11.13

422.118.26. OÙ IL EST PROUVÉ QUE LES JUIFS PEUVENT PROVOQUER LA FIN DU MONDE

Monsieur Franz Kafka fut celui qui trouva le premier.

Pour le moment, on ne savait pas s'il y avait autre chose à trouver. Et s'il fallait chercher encore. Ou s'il valait mieux se contenter de ce qu'on savait et venait d'apprendre. Tout en attendant la catastrophe finale.

Il blêmit.

Fit un signe et plusieurs à monsieur Hitler comme un plongeur qui manque d'air et est sur le point de suffoquer ou de se noyer. Selon l'option qui serait préférable. 

Il désignait une tablette sur le mur. Et sur cette tablette une boite de verre qui aurait pu être aussi bien un aquarium. Mais il n'y avait pas de poisson. Par contre, il y avait un vieil objet dans la boite de verre qui servait comme on fait dans les musées pour protéger le trésor qu'elle enferme.

_ Stupéfiant.

_ La lance de Longinus.

Mademoiselle la secrétaire se dirigea vers ses 2 énergumènes pour voir ce qu'ils avaient découvert et qui les mettaient dans cet état.

Monsieur Hitler qui avait toujours préféré lire au lieu de travailler et d'étudier. Qui se réfugiait dans la bibliothèque de son école à la première occasion comme il le fera plus tard lorsqu'il était au grand air de la ville. Les bibliothèques municipales étant chauffées et éclairées et ouvertes très tôt jusqu'à très tard, c'était le refuge idéal entre 2 repas et la salle commune où dormaient les mendiants comme lui. Une fois qu'il eut découvert qu'existait sur Terre des endroits aussi élégiaques, il ne voulait plus en sortir, rivé comme une huître à son rocher ou une perle dans son coquillage béni. Même à son art, il préférait la lecture. Préférant imaginer des oeuvres faites que de s'astreindre à les travailler et à les faire longuement. Y penser suffisait. Une fois pensées, elles étaient déjà faites. Et l'ennuyaient déjà. Mais selon la logique des hommes, pour qu'une chose existe, il ne suffit pas de l'imaginer et de la concevoir, il faut la travailler. User du bois, du papier, du métal, de l'encre. Sinon, les incrédules ne seront jamais satisfaits. Car la matière ne se laisse pas faire sans qu'on lui paie son poids d'heures et de sang. Et il faut les croire. Ne dit-on pas qu'il faut 10 000 heures pour perfectionner quelque art que ce soit. Que ce soit la gravure des timbres ou la sculpture du sucre filé. Donc monsieur Hitler qui s'intéressait aussi à l'Histoire et avait lu tous les livres qui lui passaient entre les mains, savait très bien de quoi son ami parlait.


Tandis que monsieur Kafka, au lieu d’entreprendre un travail productif ou d’aller en classe pour apprendre comme ses petits camarades à devenir un citoyen utile et responsable, préférait lire à la bibliothèque scolaire, municipale, acheter d'autres livres dans les librairies - car il était relativement plus riche que monsieur Hitler qui lorsqu'il eut dépensé l'héritage de sa mère se retrouva sans le sous comme la célèbre cigale de la fable - ou chez un bouquiniste enfoui dans un temple de bois remplis du plancher au plafond de livres rares ou dont personne (sauf lui) ne voulait. Ou rester chez lui allongé toute la journée avec un livre. Un lit. Un canapé. Tout lui était bon, pourvu que cela libère son corps de la pesanteur afin de permettre à son esprit de s'envoler. Il avait lu toute sa vie, ce qu'il préférait à vivre. 

Der Bücherwurm

Книжный червь

Bookworm

Ils seraient 2 vieux savants peu intéressés des affaires du vaste monde. Préférant la solitude studieuse d’une bibliothèque poussiéreuse et silencieuse au bruit de la ville. À la fin de leurs jours, il ne resterait de chacun d'eux qu’un être désincarné et de cet ectoplasme, que des yeux myopes collés à la page en train de se lire. Après leur mort, le bibliothécaire dira en chuchotant à un nouvel apprenti: voilà où ils étaient. Ils ne bougeaient plus. On les a cru vivant longtemps. Puis on a pensé qu'ils étaient morts parce qu'ils ne bougeaient plus. Et, en effet, sans indisposer personne, discrètement, ils étaient morts. Dorénavant, on disait qu'ils hantaient ces lieux. L’enfer des analphabètes est devenu le véritable Paradis des amoureux des livres. Charmante histoire. 

2 rats de bibliothèques

Et monsieur Kafka, en tant que Juif avait des motifs égoïstes bien particulier pour être troublé par cette découverte. Ainsi sont les Juifs !

_ On ne s'attendrait pas à voir un tel objet ici.

_ C'est donc une sorte d'église ?

La pointe de lance a toujours appartenu à une église et au trésor des rois. Jamais à un particulier aussi riche qu'il soit, si c'est arrivé, et tout prouvait effectivement que c'était le cas, les conséquences peuvent être dramatiques.

La Sainte Lance avait la réputation de procurer la victoire à tous les conquérants qui l'avaient en leur possession. Si la personne ou l'organisation qui l'a actuellement, ici, sait ce qu'elle fait et quels sont les pouvoirs historiques ou mythiques de cet objet sacré, c'est une organisation très dangereuse. Et nous sommes dans son coeur.

_ Ils savent ce qu'ils font. Il y a un historique à côté de la vitrine de verre. Et la liste de tous les possesseurs précédents. 

_ Ils l'ont volé.

_ Ceux qui pensent l'avoir actuellement ont une copie parfaite à la place.

_ Nous sommes dans l'estomac du démon. Ou le cerveau d'un fou.

Mademoiselle la secrétaires les écoutait discuter sans comprendre un mot de ce qu'ils racontaient. Ce qui était compréhensible, ils étaient des hommes. Des hommes d'un haut calibre intellectuel. Des esprits et des âmes d'élite. Elle, une simple secrétaire. Pire, une femme. On ne pouvait donc trop en attendre. 

_ Qu'est-ce qui vous prend? Au lieu de consacrer toutes vos ressources à trouver le moyen de nous sortir d'ici, vous vous extasiez devant une vitre poussiéreuse contenant un vieux machin rouillé. 

Messieurs Hitler et Kafka la regardèrent comme on observe un enfant difforme et handicapé. Avec une pitié charitable.

_ Sortir ? Pour aller où ?

_ Pour quoi faire?

_ Nous sommes déjà mort.

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3 nov. 2013. État 1