Henry Dickson décapait une chaise de la cuisine dans la cave
Pendant ce temps quelque part en ville
Un escabau.
L'homme avait installé l'escabau de bois de 8 pieds au milieu du salon et avait inspecter le plafond avec un détecteur à clou ce qui lui avait permit de repérer une poutre ou un madrier de 2 X 4 (difficile à savoir) sous le plafond de tuiles décoratives supposément accoustique ou antibruit en papier compressé. Il avait fait un avant trou avec sa perceuse et commencé à visser une gros crochet avec sa pince blocable Vise-Grip. Il descendit pour admirer le travail. Il n'était pas bon bricoleur. En fait, il était un très mauvais bricoleur et sa femme, son ex-femme, se plaignait sans cesse du temps qu'il mettait à installer ou se décider d'installer une étagère. Une des innombrables raisons de son départ.
Et quand il se décidait à l'installer ce qui pour tout homme le moindrement doué et doté de 2 mains et de 2 yeux fonctionnels (un seul oeil suffisait mais les 2 mains étaient indispensables) prendrait 15 minutes lui prenait 3 heures et le mettait en nage. Avec le ferme propos de ne plus recommencer avant l'Apocalypse de Saint Jean.
Et bien sûr, ce n'était pas au bon endroit. Pas très droit. Et sur les multiples trous utilisés avant de trouver le bon, il y en avait un certain nombre, propablement tous, qui abîmait la belle peintre choisie par son épouse. Ex. Une des autres raisons de son départ.
Il n'était naturellement maladroit et pas habile de ses mains. Ou infirme. On n'avait qu'à choisir le terme le plus ou le moins offensant selon l'usage désiré. Une autre raison du départ de son ex.
Mais le crochet était bien installé. Tout près de la lampe (hideuse) qu'avait choisie, achetée et fait installer par un électricien (qu'il avait payé) (tout en fait) son ex.
Il alla chercher le pistolet de police Smith & Wesson .38 canon de 6 pouces. Pas le meilleur, le plus puissant ni le plus précis disait son encyclopédie mais suffisamment et bon et précis pour ce qu'il avait envie de faire. Il l'avait acheté à un marché aux puces. De la veuve d'un agent. La police ne se servait plus de ces armes, remplacés par des pistolets Glock et elle avait peur de le savoir chez elle. Comme s'il n'attendait qu'un moment pour sauter sur elle. Elle avait donné en prime la boite de balle. Son mari en avait hérité lors de son départ et ne s'en était jamais resservi jusqu'à sa mort naturelle 30 ans plus tard. Le tout datait de 40 ans et probablement fonctionnait très bien. Ou assez bien. Il avait essayé le revolver à vide et le mécanisme avait un son agréable. On l'avait gardé au chaud, au sec, pas une trace de rouille, encore bien huilé. Si son mari ne tirait plus, il huilait bien. Et l'arme de service ne demandait qu'à être sortie de son étui de cuir et à resservir et se rendre utile.
Il avait aussi fait une provision des pilules pour le coeur que lui donnait son médecin. Les avait ramssées et réunies en une seule bouteille.
Médecin qu'il venait de perdre puisqu'il avait pris sa retraite. Remplacé par une femme médecin dépressive qui ne prenait pas de nouveaux patients et s'était débarrassé d'une partie des anciens. Les cas les plus compliqués. En fait pas remplacé du tout. Elle ne comprenait pas comment son ancien collègue faisait pour traiter autant de gens. Elle prévoyait accorder du temps de qualité à ses patients aussi l'abus de travail serait néfaste pour la relation médecin/personnel soignant/patient. Soigner et donner des pilules ou signer des prescriptions pour la pharmacie était en-deça de ses compétences. Elle préférait donc des patients jeunes, relativement bien portant et qui ne se plaindrait pas sans cesse de bobo chroniques indéfinissables et impossible à diagnostiquer qui lui obligerait à s'arracher les yeux dans un dictionnaire médical ou la base de donnée du Collège des Médecins.
La secrétaire de la clinique lui avait téléphoné pour lui dire de venir reprendre son dossier médical, il en aurait besoin lorsqu'il aurait choisi son nouveau médecin. Choisi. Chosir. Comme s'il avait le choix. Depuis que les femmes constituaient la majorité des étudiants en médecine, il y avait de plus en plus de médecins diplômés mais de moins en moins de patients qui pouvaient trouver un médecin. Si on continuait ainsi on arriverait à un ration de 1 médecin pour 1 patient mais entre 2 remises en question, il n'est pas sûr qu'il serait soigné s'il avait le malheur d'avoir quelque chose qui ressemble à un symptôme. Ne voulant pas se ruiner la santé comme leurs collègues masculins et faisant régulièrement des enfants, elles. Bon. À quoi bon. Il n'y a qu'une université qui impose des quota de 50% homme/femme. Une anglaise. Pour les autres ce serait un sacrilège. De toute façon, dorénavant il n'aurait plus besoin de médecin.
Il avait acheté chez Rona une bonne corde de nylon. 100 % nylon. Noyau câblé à trois brins conçu pour absorber l’énergie et les chocs et réduire la force d'impact lors d’une chute ou d’une mise sous tension. Plus élastique mais aussi plus résistante aux abrasions et aux coupures et résistant mieux aux chocs. Résiste également au raidissement du cordage lors de son vieillissement. Vos noeuds seront plus souples et plus faciles à effectuer disait le texte qui avait l'air de savoir de quoi il parlait. 7/16 de pouce. Point de rupture 7,400 livres. Approbation CSA 4, 500 livres. Charge de travail sécuritaire 450 livres. Élongation 3% à 300 livres. Élongation maximale au point de rupture 18%. Poids 5.3 livres pour 100 pieds. Il en avait pris 20 pieds, il y avait un rabais pour un rouleau entier de 50 ou 100 pieds mais il ne voulait pas gaspiller. 20, ce qui était bien suffisant. Il lisait le dépliant tout en faisant le noeud. Avec la section des noeuds du dictionnaire pour se guider. Un noeud simple et efficace. De toute façon un noeud compliqué aurait été hors de sa portée. Avec le temps, il l'aurait réussi mais il en aurait besoin ce soir.
Il monta dans l'escabau. Passa le noeud autour de son cou, le serra. et fit un bon noeud sur le crochet. Calcula la distance. Bon. Les pieds ne toucheraient pas le sol.
Il ouvrit le couvercle de la boite de pilules. Un de ces couvercles compliqué pour empêcher les enfants de jouer. Toujours difficile à ouvrir pour les maladroits et les arthritiques. Il était les 2. Il fallait aligner une petite flèche blanche sur le couvercle blanc avec un petit vide difficile à voir mais qu'on pouvait sentir au bout du doigt sur le bord du goulot de la petite bouteille de plastique transparente. Fallait mieux ne pas être myope. Et il l'était.
Il fallait suivre la posologie. Il était dangereux, contre indiqué, extrêmement dangereux de dépasser la dose prescrite qui était d' 1/2 comprimé le matin et 1/2 comprim le soir. On cassait la petite pilule en 2.
Il mit le flacon dans sa bouche, le renversa et avala les pilules d'un coup. Jeta le flacon qui fit un petit bruit en tombant. Et au moment où il sentit que quelque chose se passait dans sa poitrine, au milieu, sous le sternum et que ce serait vite déplaisant.
Il aligna le canon de l'arme sur son front entre les 2 yeux avec une inclinaison légère. Il avait testé la position de côté au-dessus de l'oreille devant un miroir mais il était difficile de bien viser. La crosse serrée à 2 mains et les 2 index sur la gachette. Le canon bien enfoncé dans sa peau. Il avait déjà relevé le chien pour se faciliter le choses. L'arme à double action se transformant en arme à simple action. L'action simple consistant à peser sur la gachette.
Il savait qu'il était maladroit et qu'au dernier moment il allait probablement oublier quelque chose ou que quelque chose ne fonctionnerait pas.
Aussi il n'avait pas pris de ce chance.
*
22 juillet 2012. État 1
Mort. 1
