HISTOIRES DE FANTÔMES

__________________________________________________________________________________________________

HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

___________________________________________________________________________________________________

28.4.12

44. HENRY DICKSON N'AIME PAS LA POLICE ET LES SQUELETTES DANS LES CHEMINÉES

Henry Dickson

Regarde par la fenêtre de la porte d'entrée la plaque que lui tend un des 2 hommes qui viennent de cogner à la porte et de le réveiller.

Des policiers.

L'herbe à puces et la police.

Il les fit entrer puisqu'il n'avait pas le choix. Leur dit bonjour parce qu'il était poli et qu'ils étaient 2 et armés. Même si c'étaient des détectives en habit de ville, la tradition veut qu'ils soient armés. Et puissent vous tuer en état de légitime défense.

L'un d'eux lui dit qu'ils venaient sans mandat et qu'il n'était pas obligé de répondre. S'il refusait de parler, il était libre de le faire, c'était un de ses droits en tant que citoyen honnête ou non (pour le moment, ils ne savaient pas encore à qui ou quoi ils avaient affaire) de refuser de parler.

Dans ce cas, poursuvit l'autre. Nous reviendrons avec un mandat d'un juge et nous perquisitionneront votre maison. Et nous vous amèneront menotté au poste de police pour vous interroger. Encore là, vous aurez le droit de refuser de répondre ou de ne parler qu'en présence de votre avocat. Mais nous aurons le droit de vous retenir en cellule 24 heures, le temps de vous faire réfléchir. Et si nous n'avons rien contre vous, nous vous remettrons en liberté. Puis, nous reviendrons chez-vous avec un second mandat pour...

Des gens disent qu'ils aimeraient connaître leur avenir mais, au fond, quand on y pense, ce n'est pas si intéressant que ça. L'avenir de la plupart des gens est sinistre. Et ils meurent tous à la fin. Ce qui enlève toute surprise au film. Et même les meilleurs. Ce qui n'est vraiment pas juste.

Il les fit asseoir à la grande table. Lui, s'assit de l'autre côté. 2 contre 1.

On lui apprit qu'on reprenait l'enquête au sujet du squelette dans la cheminée. Comme il était le principal témoin...

ll fit remarquer qu'il y en avait un autre

On lui répondit qu'on venait de prendre la déposition du briqueteur qui l'incriminait...

Il répondit que c'était bien essayé mais qu'il en doutait. Comme il croyait à la bonté des hommes et du genre humain, il ne croyait pas qu'une telle injustice soit possible. Non qu'il soit un ami ou un parent de l'artisan mais ils avaient eu, jusqu'à présent, de bonnes (professionnelles) relations.

_ Vous auriez pu téléphoner, j'ai le téléphone. Un seul. Ce qui vous aurait éviter de vous déplacer.

_ Vous avez raison. Mais nous aimons poser des questions et entendre de vive voix les réponses. Et regarder la personne qui répond. Suivre ses réactions.

_ Nous aurions pu vous demander de venir au poste. Nous avons une salle d'interrogatoire très confortable.

_ Je n'en doute pas.

Le détective lui demanda s'il pouvait enregistrer la conversation ou s'il préférait venir au poste, dans la salle d'interrogatoire, où ils seraient enregistrés et filmés.

_ Ce qui nous évite, lors du procès, les accusation de pression indue, menace ou coups sur les témoins et suspects. On dit tant de choses de la police.

_ Ce n'est certainement pas moi qui vous blâmera d'user de ces précautions élémentaires. Il y a tant de gens sournois capables de dire n'importe quoi.

Un détective ouvrit sa mallette et en sortit un dossier. Il ouvrit la chemise et en sépara quelques photos qu'il glissa vers lui. 

_ Si vous voulez examiner ces photos.

_ J'examine.

Monsieur Dickson examina et garde ses idées pour lui. 

_ Ces photos concerne l'affaire... Le numéro n'est pas important. Nous dirons, comme tout le monde, le squelette dans la cheminée.

Il parla au magnétophone et lui dit la date (jour, mois, année) et le jour (en lettres) et le sujet de la conversation du jour. Avec les noms des personnes en présence. Les 2 détectices de la SQ et lui, principal suspect ou témoin de l'affaire. Le qualificatif idéal étant encore vague pour le moment.

Pendant ce temps, monsieur Dickson examinait les photos.

Une photo de crâne. Probablement celle du squelette.

Une photo d'arme à feu.

Une photo d'une botte

Une photo de la maison avec les techniciens en scène de crime sur le soit, le camion de pompier et sa grande échelle allongée sur le toit, la cheminée et un autre pompier.

_ Nous allons commencer par l'exhibit numéro 1

Il désigna la photo du crâne

_ Reconnaissez-vous ceci?

_ Non. Si c'est le squelette, c'est la première fois que je le vois de si près. Comme je l'ai déjà dit aux techniciens qui sont venus avant vous et m'ont déjà interviewé - vous avez sans doute lu leur rapport- je n'ai vu le squelette qu'une fois. Lorsque j'étais sur le toit avec le briqueteur qui évaluait les dégâts de l'orage. En passant, à cause de l'enquête, la cheminée n'est pas encore réparée. C'est lui qui a descendu une lampe en bas de la cheminée pour voir s'il n'y avait pas d'autres dégâts, craquelures, fissures. Et il a cru voir quelque chose de bizarre. Il est allé chercher une sorte de mini-caméra avec un film et l'a descendu. C'est là qu'il a cru voir. On ne voyait pas grand chose. L'image n'était pas bonne. Et si ça avait l'air d'un squelette, c'était entouré de déchêts.

Si vous me dites que c'est une photo du crâne du squelette, je vous crois mais je n'en ai aucune idée. Homme ou femme?

_ Ici, c'est nous qui posons des questions.

_ Vous ne pouvez même pas me dire le sexe; j'imagine que vous ne voudrez pas me dire le nom...

_ Nous sommes ici pour recueillir des informations et non pour en donner.

_ Alors, tout ce que je peux dire et voir, c'est que c'est un crâne. Je ne sais même pas s'il est réel ou non.

_ Vous n'avez pas vu le squelette lorsqu'on l'a retiré de la cheminée

_ J'imagine que vous avez été informé du cafouillage de cette journée. Les crétins du SWAT on failli me tuer parce qu'ils se sont trompés d'adressse. Ensuite, je n'ai pas trop voulu m'en mêler. Il y avait déjà suffisamment de gens sur le toit.

_ Vous tenez à ce que le mot «crétin» figure dans le rappor

_ Vous préféreriez «abrutis».

_ Nous écrivons ce que vous nous dites.

Et il écrivait en effet à la main au stylo sur les pages lignées format papier à lettre.

_ Si vous aviez aviez été menotté, eu une botte sur la tête et été visé par des armes à feu que diriezv-vous?

_ Ce n'est pas de nous qu'il s'agit mais de vous.

_ Le terme «abrutis» me paraît précis.

_ Nous enregistrons aussi tout ce que vous nous dites. Une secrétaire transcrira le tout.

_ Alors vous n'avez pas à vous donner tout ce mal pour noter à la main...

_ Je note ce que vous me dites et mon interprétation de ce que vous me dites. Vos tics.

_ Si c'est ce tout ce que vous avez à nous dire au sujet de la première photo, passons à la suivante.

Il mis le doigt sur la photo de l'arme. Un colt 45 standart rouillé.

_ Une arme à feu.

_ Avez-vous déjà vu cette arme?

_ Non. D'où vient-elle?

_ Elle était aussi au fond de la cheminée. Après avoir recueilli les cendre avec l'aspirateur, ils ont fouillé le fond avec un aimant très puissant au bout d'une corde et receuilli des tas de petits objets.

_ Le squelette était armé. Une des explications possible est que c'était un voleur...

_ Il est encore trop tôt pour arriver à cette conclusion.

Ensuite, ce fut la photo de la bottes. Mystère total. Puis une photo de quelque chose qui avait l'air d'une boucle de ceinture...

_ Vous n'en savez pas plus.

_ Vous en savez probablement plus que moi. Et puisque vous ne voulez rien me dire, je ne suis pas prêt de connaître le fin fond de cette histoire. On oublie que ce mort est mort chez moi.

_ Nous ne l'oublions pas. Depuis combien de temps habitez-vous cette maison?

_ 6 mois.

_ Et avant?

_ Où j'habitais avant?

_ Non. Nous le savons déjà. Mais savez-vous qui était dans cette maison avant?

_ En parlant avec le vendeur, celui-ci m'a dit qu'il l'avait habité 2 ans. Et, celui à qui il l'avait achetée, 3 ans. Mais il n'en savait pas plus.

_ Vous avez son adresse?

_ Celle de mon vendeur mais pas celle du sien. Il faudra lui demander.

_ Donc, la victime est là depuis un moment et il faudra retrouver la chaîne de tous les propriétaires et leurs notaires pour savoir qui était là au moment de l'événement. Nous ne pouvons pas dire accident ou crime.

_ Pendant que nous étions place nous avons fait une enquête de voisinage à votre sujet, la routine

_ Ben oui!

_ Vous êtes connu de vos voisins, avez une bonne répution parmi eux et les commerçants de la ville y compris à la Caisse Populaire où vous avez un compte, vous n'avez pas de dette ou vous les payez. Vous payez vos taxes. Pas de dossier judiciaire. Même pas de contravention.

_ Je suis un citoyen et un conducteur exemplaire. On devrait faire un message avec moi.

_ Alors pourquoi le maire vous a t-il désigné comme une sorte de fauteur de trouble? Vous savez qu'il est ensuite décédé dans des circonstances que nous désignerons prudamment comme trouble?

_ Si je le sais! J'étais là. Comme par hasard. À la cérémonie du machin. Comme tout le monde j'avais vu des travaux et je pensais qu'on allait réparer l'égoût fluvial qui déborde à tous les printemps. Ça fait une énorme flaque dans la rue. Et ça gèle. C'est un tue monde pour les piétons et les automobilistes. Encore l'année dernière, 3 personnes âgées ont glissés et sont cassées ou la cheville ou le col du fémur.

_ Si je comprend bien, le maire avait quelques ennemis.

_ Le maire avait une façon bien personnelle de se servir des finances municipales. Disons que la moitié du village le détestait et l'autre moitié lui mangeait dans la main. On aime bien les hommes forts et qui gueulent.

_ Mais pourquoi parler de vous?

_ Il m'a vu. Je suis toujours poli. Les personnes âgées qui sont avec leurs petits fils me donnent en exemple: voilà un homme poli, prend exemple sur lui. Mais je ne sais pas pourquoi, il ne m'aime pas. On dit qu'il voulait cette maison. On dit tant de choses. Elle était à vendre depuis des années, il n'avait qu'à l'acheter. Ce n'est que par hasard, en passant par ici que j'ai vu le panneau à vendre! Peut-être est-ce une attirance sexuelle inavouée. Mais le sujet de notre différend ce jour-là, en fait, de sa montée de lait, ne me concernait pas directement. C'était son nouvau projet qui ne passait pas. Le suppositoire entrait mal et il fallait trop forcer. Il a commencé à recevoir des tomates. C'est la première fois qu'il reçoit des tomates. Ses neurones ont commencé à griller. Il ne pouvait pas croire que ça venait de ses bons concitoyens. Il a toute suite mis la faute sur les étrangers. Dont moi. Puisque j'étais là.

_ C'est tout?

_ Ce n'est pas tout. Ses neurones étant au BBQ, il a poursuivi en parlant des Talibans qui viendraient mettre des bombes ici. Puis des Juifs. Il a dit quelque chose comme: on dit qu'il en est mort 6 millions, pourtant il y en a encore partout, on dirait des coquerelles. 6 millions, ce n'est pas assez!

_ Charmant.

_ Ensuite, il a accusé la seule conseillère de l'opposition d'être une putain.

_ Nous ne connaissions pas tous ces détails.

_ Et encore, je ne suis pas resté jusqu'au bout. On m'a raconté le reste. Je n'allais tout de même pas l'engueuler parce qu'il me traite de maudit étranger, de voleurs de maison, de proxénète et de chien d'anglais. Et la femme dont je viens de vous parler est la présidente du club des Fermières, son mari chef des marguillers, membre de la Société Saint Jean Baptiste.

_ C'est à ce moment que ses conseillers qui étaient présents pour partager ses lauriers se sont fait casser la gueule. Ce qui lui serait arrivé à lui-aussi s'il n'avait pas filé.

_ Donc vous déduisez...

_ Je ne déduit rien. C'est votre job. Mais lorsqu'un homme a autant d'ennemis et sait les multiplier encore, il arrive un jour...

_ Pas tout le temps.

_ Les suspects? La moitié du village. Et l'ancien maire. Et celui qui s'est présenté contre lui et qui aurait été élu s'il n'y avait pas eu d'irrégularité lors de l'élection. C'est ce qu'on dit.

_ Et on dit autre chose?

_ Oh que oui! Vous en avez pour le reste du mois.

_ Pour vous la fin tragique du maire est...

_ Bon débarras! Comme vous diront la plupart des gens.

_ Cette déclaration pourrait vous faire mettre dans la liste des suspects.

_ Avec la moitié du village.

_ Et le jour ou le soir de sa mort, vous étiez

_ Comme on voit à la tv quand il y a ce genre de chose et que la police interroge le chef de la Mafia: Il jouait aux cartes avec des amis. Et, moi aussi, je jouais aux cartes avec, peut-êre pas des amis, mais de bons compagnons joueurs de cartes.

_ Toute la nuit?

_ Oui. Mieux. À la maison. Elle est grande et il y a la place. Et c'est au matin, lorsque nous terminions la dernière partie qu'un employé d'un des joueurs est venu nous apprendre la nouvelle.

_ Et la réaction des autres joueurs?

_ Comme la mienne. Ils étaient fous de joie. Et on a fêté ça. Si vous aviez été là, vous auriez pu leur donner à tous des contraventions pour conduite en état d'ébriété.

_ Vous savez que tout ce que vous dites est enregistré et que je note aussi.

_ Enregistrez et notez!

_ Vos explications me semblent logiques. Pour ce qui est de la morale... Nous les ajoutons aux autres explications concernant le dossier du maire dont nous nous occupons aussi. En haut lieu, on veut que ça se règle rapidement. Compenez, un maire. Si les gens commencent à régler eux-mêmes le cas des maires parce que le Ministères des Affaires Muncipales dort sur la switch. Revenons à ce qui nous a amené ici: Une chose que nous aimerions mettre enfin au clair: pourquoi avez vous attendu tant de temps avant de prévenir la police?

_ Je vais essayer de mettre au clair les dates. Il y a eu la tempête du 15 avril...

_ Vous êtes sûr?

_ Depuis des jours, on ne cessait de parler du Titanic dans tous les médias. Et, au moment de son naufrage, le 15, il y a cette tempête. Il est difficile d'oublier. Des tas d'arbres sont tombés partout. Ici, aussi. Quelques-uns. Et il y a eu des bruits sur le toit. Le lendemain, je suis monté avec le briqueteur local pour examiner les dégâts. Le 16. Un lundi. La tempête a eu lieu un dimanche et impossible de trouver de la main d'oeuvre ce jour-là. Le lundi, le 16, c'est là qu'on a vu..

Il regardait ses notes.

_ Et vous n'avez appelé la police que le 23

_ Il y a eu le dégâts à réparer. L'assureur à prévenir. L'électricien. L'émondeur. On n'a pas eu trop de temps de libre cette semaine.

_ Mais vous ne trouviez pas ça urgent? Le cadavre dans votre cheminée?

_ Où vouliez-vous qu'il aille? Il était là depuis... Je ne sais pas. Disons des années...

_ Qu'est-ce qui vous fait dire ça?

_ Un corps ne devient pas un squelette instantanément. Je ne sais pas combien de temps il faut pour qu'un corps se momifie ou ... Votre médecin-légiste le sait plus que moi. Quand j'ai pu faire le plus urgent, j'ai téléphoné. Pour ce que ça a donné.

_ Que voulez-vous dire?

_ Un instant, je prend mon agenda. Téléphone à la police, lundi 23 mars à 9 h. du matin. Comme je n'avais pas de nouvelle, j'ai rappelé le lendemain, le 24. J'ai résumé l'affaire. On m'a dit que le dossier était entre les mains des spécialsites souvait son cours.

_ Et qu'avez-vous fait?

_ Rien.

_ Je rénove la maison. Il y a des tas de choses à faire, à décider. J'étais dans la maison et l'autre était dans sa cheminée. Je n'ai pas vérifié s'il y était encore mais j'ai supposé. J'ai reçu des appels du briqueteurs qui avaient acheté et reçu les briques de remplacement et qui attendait de commencer le travail. Je lui ai dit qu'on ne pouvait rien faire sans l'arrivée de la police.

_ Vous n'étiez pas pressé?

_ Pas que moi. La police est finalement arrivé, pas plus pressée que moi, dans les circonstances que j'ai raconté au début, 1 mois plus tard. Le 20 mai. Un beau cafouillage. Et vous voilà, 1 mois plus tard, le 20 juin.

_ Nous faites-vous des reproches?

_ Vous devez avoir pas mal de dossiers sur le feu. Mais c'est vous qui me reprochiez de ne pas avoir été rapide...

_ Avez-vous quelque chose de plus à nous dire sur cette affaire même si nous ne vous avons pas posé de question à ce sujet?

_ Non.

_ Alors, dernière question: connaissez-vous le nom de l'homme...

_ Donc c'était un homme?

_ C'est un élément de l'affaire qui pourrait vous être utile dans votre réflexion. Avez-vous déjà entendu parler d'un homme qui aurait été vu ici, serait disparu, ou qu'une légende ou des rumeurs ou des racontards aurait associé à une cheminée, une mort dans une cheminée...

Comme il n'en savais pas plus, il lui tendit son rapport constitué de plusieurs pages manuscrites écrite au bic bleu pour qu'il le signe. Mais il voulait le lire avant.

_ Je ne signe jamais quelque chose que je ne lis pas. Je n'ai pas de carte de crédit parce qu'il y a des pages et des pages de petits caractères illisibles et incompréhensibles dans le contrat. On s'engage à faire des choses dont on ne sait rien. Si jamais je veux une carte de crédit, j'engagerai un avocat pour lire à ma place.

De mauvais gré, il lui tendit son rapport.

_ On dirait que vous n'avez pas confiance en nous?

_ Ah ouin! Vous signez des choses sans les lire...

_ Jamais...

_ Ben moi non plus! Et je commence la page 1 et il y a déjà des choses avec lesquelles je ne suis pas d'accord.

_ Le magnétophone a enregistré et continue à enregistrer toute notre conversation.

_ Mais il n'écrit pas. Je n'ai jamais dit ce qu'il y a au paragraphe 2.

Il reprit son rapport.

_ J'ai transcrit ce que vous m'avez dicté.

_ J'en doute. Parce que ce n'est pas comme ça que ça s'est passé. C'est votre interprétation de ce que j'ai dit.

_ Vous croyez que je me suis trompé?

_ Vous êtes comme un critique littéraire qui commente un film. Vous avez parfaitement le droit d'avoir vos idées, de commenter. Mais en tant qu'auteur du film, j'ai le droit d'être en désaccord. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Et certainement pas ce que j'ai dit. Et, encore là, paragraphe 3. Vous avez beaucoup d'opinion. Vous dites que j'hésite. Semblez sous-entendre que je cherche à inventer un mensonge. Je dis que j'ai pensé. Nuance.

_ Vous ne signerez pas!

_ Jamais. Je ne lirai même pas les pages suivantes. Si je me fie au texte des 2 premiers paragraphes, on en a pour la journée. Je ne vois pas commencer à annoter chaque page. Signez les si vous voulez. Après tout, c'est votre oeuvre. C'est votre compte-rendu de ce que vous pensé avoir vu et entendu. C'est bien comme ça. Et vous avez la cassette sonore de notre conversation.

_ Ce n'est pas suffisant.

_ Vous avez vos habitudes. On a 2 choix. J'appelle mon avocat qui va relire chaque ligne de votre rapport. Vous lui enverrez une photocopie. Il y mettra ses notes. Il y mettra un mois s'il le faut. Ou je vais faire une bonne action. Comme je tiens comme vous à ce que cette affaire se règle. À condition que vous me teniez au courant. Et je veux en savoir plus. Par exemple le nom. Et ce qu'il faisait là. Mon avocat me déconseillerais de faire ce que je vais faire mais je vous propose de faire mon propre rapport. Les points essentiels de ce que je vous ai dit. Je le signerai. Mais je ne signerai jamais votre texte. C'est votre oeuvre. Je vous en laisse tout le mérite. À vous de voir.

_ Nous pourrions vous convoquer au poste et...

_ Cette fois, j'enverrais mon avocat qui me dira que j'ai le droit de garder le silence et qui viendra avec moi pour répondre à ma place. Comme il ne sait rien de l'affaire, ça promet d'être plaisant. À chacune de vos questions, il vous lira un point de droit qui vous empêche de me poser cette question. Il est très bon et très cher et je l'aime beaucoup et il m'aime beaucoup parce que je le paie bien. Vous avez vraiment envie d'être encore sur ce dossier l'année prochaine.

Ils se regardèrent et réfléchirent en silence en se regardant.

Si on avait été en Amérique du Sud, ils m'auraient sauté dessus pour me casser la gueule. Accusé ensuite d'avoir résisté à mon arrestation et attaqué des agents. Et le juge m'aurait envoyé en prison 5 ans, le temps que l'affaire arrive enfin au stade du procès. Et j'aurais eu 20 ans de prison. Dépendant du fait si j'avais avoué à force de coups de pieds dans le couilles et de pisser du sang. Ou si je n'avais rien avoué même avec une scepticémie causé par le foie et la rate bousillé. Il ne faudrait pas compter sur l'intervention de l'ambassade Canadienne qui ne protège que les grosses perruches.

Ou ils m'auraient tué tout de suite. Parce que j'aurais attenté à leur honneur de mec en uniforme. Si j'étais une femme dans la même situation, ils m'auraient enculé avant.

Parce qu'on n'était pas en Amérique du Sud et que je n'étais pas un pauvre voyou de base qu'on peut brasser un peu, ils conclurent que je pouvais écrire ce que je voulais puisque de toute façon tout ce que je pourrais dire ou écrire pourrait être retenu contre moi. Et il y avait déja une mini-cassette de 90 minutes pleines d'aveux possibles. Tout dépendant de l'ardeur de l'avocat de la couronne.

*

27 avril 2012. État 1